Après une interminable absence (quoique... moins longue que le grand gouffre de l'année dernière pour ceux qui s'en souviennent), je poste enfin le nouveau chapitre. ENFIN. Si vous êtes encore là après tout ce temps, vous êtes des warriors, des survivors, des guerriers et des surviveurs en bon français et je vous envoie des pétales colorés par écrans interposés ! Si vous n'arrivez pas à les voir, fixez une ampoule pendant cinq secondes et regardez n'importe où ailleurs. ... ou non en fait, ne faîtes pas ça. Ce sont des pétales invisibles. Voilà, c'est plus safe.
Pour me rattraper un peu, je pense que c'est le chapitre le plus long de la création... et le plus gratiné aussi. Beaucoup de citron. Deux citrons. Vous êtes prévenus, venez pas dire que ça pique après. Bon et je pense que suite à ce chapitre, je ferai une petite pause côté Midorima pour me consacrer complètement à ces deux pauvres poussins qui sont censés être les personnages principaux de cette fic mais qui finissent par ressembler à des guests, à force. Il est temps de rattraper ça. En tout cas, pour Midorin c'est un feu d'artifice.
Les commentaires maintenant... et ouhloulou y en a beaucoup. ( o .o)
chizumi-san : Cette fois tu as eu le temps de la poster, ta review xD Tes reviews, devrais-je dire, je vais toutes les regrouper d'un coup pour répondre. Mais au passage même si tu commentes les chapitres plus anciens ça n'a aucune espèce d'importance, en tout cas n'efface pas tout un commentaire que tu viens d'écrire juste parce qu'un chapitre t'as prise de vitesse ! Ca devrait pas arriver si souvent, mais la preuve que si... xD La fin c'est pas encore pour tout de suite. Il y aura très probablement 3 parties, or la deuxième se finit avec ce chapitre quasiment. Donc encore une. Et là ce sera la fin~
Ne-ne pleure pas à cause de Kise ! Aaah, qu'est-ce que j'ai fait ?! C'est lui qui doit être torturé, pas vous ! Enfin ça va ensemble, c'est logique en fait... bon, pour te rassurer, on trouvera une solution pour lui. Promis. On peut pas le laisser tout seul dans la mouise comme ça, le pauvre. J'aurais pas relevé ton jeu de mots sur la profondeur, sinon... je le trouve pas si nul, moi xD Donc, si je comprends bien, tu voudrais un rapprochement amical... physique, entre Kuroko et Kise ? Est-ce que c'est encore "amical", à ce stade... remarque, ça peut arriver aussi. La preuve plus bas (quoique). En mettant de côté l'aspect physique, je suis pour un rapprochement amical ausis entre eux~ J'aime bien leur duo, un peu "Je t'aime, moi non plus" :3 Mais je vois ce que tu veux dire quand tu dis qu'ils ont l'air de s'éloigner... c'est dû au fait que Kise est intimement convaincu que personne ne peut l'aider et qu'il n'en vaut pas la peine non plus. Du coup Kuroko reste un peu sur le carreau... c'est vrai, c'est pas joyeux dit comme ça.
Je passe à ta review numéro 2~ ... Aaah, voilà ! Tu l'as dit ! Je savais que tu étais intéressé, tu veux un oneshot KiKuro et tu me le demandes à moi ! Traîtresse ( = v =) *tousse* Bon, ce serait pas totalement hors de portée pour moi... juste très très improbable xD Mais c'est une bonne idée, peut-être que je ferai un oneshot pour les 200 reviews~ Sur qui, par contre, mystère. Si tu as vraiment relu toute la fic depuis le début, tu as... beaucoup de patience et d'indulgence. Alors sache que ton amour est réciproque ( - 3 -) Pour ce qui est du titre... tu t'en doutais sûrement mais non, ça n'a pas vraiment de rapport avec Aomine (vu le rôle qu'il a dans la fic, ça serait vraiment du trollage gratuit xD) Bon, en tout cas si tu te poses encore la question, je vais t'en donner la réponse pour que tu ne te casses pas la tête plus longtemps : en fait le titre est tiré du tome 23, qui s'intitule "Aozora no hi" si ma mémoire est bonne, et la traduction en anglais doit donner quelque chose comme "A day with blue skies". C'est aussi l'expression reprise dans l'anime pour le tout premier épisode de l'arc Teikô, et comme j'ai adoré cet arc, c'est plus ou moins ce qui m'a donné envie d'écrire cette fic, j'ai tout simplement repris cette phrase qui m'évoque l'époque où ils étaient tous ensemble et où tout allait bien :3 Et puis accessoirement oui, ça évoque aussi Kuroko, et la couleur de Teikô. Donc c'est tout bénèf' xD
Je comprends totalement ton sentiment pour le premier chapitre... on dirait vraiment que le début de l'histoire et les chapitres récents ont été écrits par deux personnes différentes xD Bon, c'est pas plus mal, j'aurai au moins un peu progressé avec tout ça ( o v o) Et puis j'étais dans une atmosphère beaucoup plus morne et apathique quand j'ai commencé cette fic, au final c'est plus joyeux que ce que j'aurais pensé xD Mais tant mieux. C'était mon époque hôpital, d'ailleurs, mais t'en fais pas, j'ai jamais été hospitalisé dans une chambre comme ça, je m'inspire juste de ce que j'ai pu voir par-ci par-là ;3 Je trouve souvent les médecins un peu détachés quand ils parlent du cas d'un patient. Bon, c'est normal, ils en voient tous les jours, pendant toute leur carrière, ils peuvent pas prendre tout à coeur, ce serait intenable psychologiquement. Mais ça donne une impression bizarre, des fois. Et pour Kuroko qui se rappelle même plus où il habite, c'est effectivement pas terrible comme accueil xD En tout cas, je dois t'avouer très humblement que j'ai une connaissance limitée sur l'amnésie, par contre j'ai beaucoup potassé l'inconscient et la psychanalyse ( = v = ) Donc je suis parti du principe que les souvenirs de Kuroko ont été refoulés plus qu'oubliés, suite à un traumatisme, et c'est la mise en contact avec des objets ou des personnes auxquels il est lié par un affect fort qui suscitent la réémergence d'images passées. Concernant les parents de Kuroko... ça mériterait encore quelques éclaircissements c'est vrai, mais c'est Nanamine qui leur a conseillé de quitter Tokyo parce que la famille d'Akashi les menaçait. Après ça, ils n'ont pas osé éloigner Kuroko de tout ce qu'il avait connu en sachant qu'il était amnésique, et c'est Nanamine qui les tient au courant de l'évolution de la situation. Momoi a dit qu'ils ne voulaient plus le voir, mais c'est seulement une manière pour eux de justifier leur absence, en attendant qu'il soit complètement rétabli. Curieux, je sais. Honnêtement, le premier chapitre a des incohérences avec le développement de l'histoire et là-dessus, on sent le bricolage xD Oui, Momoi pleure trop. Mais comme je l'ai dit, les premiers chapitres ont pas été écrits dans la bonne humeur xD D'ailleurs je concevais un peu cette fic comme un parallèle avec ma situation. J'avais l'impression de me soigner en même temps que Kuroko, et une fois qu'on s'est remis sur pieds lui et moi on a pu repartir sur quelque chose de plus joyeux. C'est sans doute pour ça que cette fic me tient particulièrement à coeur, même après tout ce temps :3
L'accident de Kuroko fait un peu bête, comme ça. C'est un peu tout une série de catastrophes qui a fait que. Ca n'aurait même pas été un accident du tout d'ailleurs si Kuroko avait fait attention à ce moment-là. Mais bon, il était pas tellement dans ses baskets le pauvre poussin. Muahahaaa, la vieille bique a une fan insubmersible ! En vrai, je ne suis pas doué pour écrire les persos féminins. Je les connais trop mal, et dans ce contexte en particulier c'est difficile de les laisser prendre leur place. En fait, j'avais de quoi décrire précisément le background de chaque personnage au début de cette fic, mais ça aurait pris 10.000 ans, donc certains ont été mis de côté. Peut-être plus tard... Oui alors moi jouer au ninja en chaussettes, j'évite, parce que ça finit généralement avec les orteils dans la porte xD C'est bien les chaussons, j'en ai pas eu pendant plus d'un an et maintenant qu'ils sont re-là, je découvre une jouissance nouvelle ( 0 . 0) Akashi avec un yukata, ça peut se trouver si tu cherches ;3 Moi aussi, j'aime beaucoup les voir avec des vêtements qui sortent de l'ordinaire. Je suis les official arts qui sortent régulièrement, et je dois dire que j'aime beaucoup l'évolution vestimentaire d'Akashi. Il a un style très... très comme s'il achetait toutes ses fringues dans le rayon Femme. Ca lui va très bien, soit dit en passant. Bon, après ce réquisitoire contre Momoi, je crois que j'ai fini de lire toutes tes reviews xD Encore merci pour tes messages et ton soutien, je ferai mon maximum pour mener cette fic à terme ! Et j'espère que tu seras là pour la lire jusqu'au bout~
Nnem's : Mon Nnem's~ Bonjour à toi, 4 mois plus tard xD Non, Kise ne va pas manger des chatons, j'aurais tous les amoureux des animaux sur le dos et les fans de Kise aussi tant qu'à faire, mon masochisme a ses limites. En plus j'ai un visuel... moche. Très moche. Pour la peine, je me garderais bien de te donner des indices... mais une de tes propositions est la bonne~ Ca ne t'aide pas du tout, je sais :D Concernant la langue de pute (c'est pas moi qui le dis, c'est toi hein), bien sûr qu'elle savait que Kise était pas ce qu'il y a de plus fidèle. Mais comme tu l'as dit, elle kiffe grave manipuler les gens, cette brave dame. Du coup, maintenant qu'elle est en position de le faire chanter, elle le met sous pression. Pour se rendre plus indispensable à ses yeux, tu vois le truc. Et pour le numéro de téléphone, je pense qu'une fille qui le donne à quelqu'un en ayant clairement l'intention d'attirer le-dit quelqu'un dans son lit sait écrire de façon... reconnaissable. Fin de la parenthèse. Ma foi oui, je pense qu'il est juste allé là-bas pour tirer son coup, sauf que depuis les règles ont changé et ça a pas trop fonctionné comme il voulait. Déception. On sent toute ta frustration accumulée sur ses "cchiiii" xD Moi j'aime bien, en fait je crois que si c'était dit par quelqu'un d'autre, ça pourrait potentiellement m'énerver aussi. mais j'adore son seiyuu. Il a une voix qui me met de bonne humeur. Du coup je me suis laissé prendre (... euh, enfin, façon de parler, "prendre" comme euh... oui bon bref). Mais je partage ton sentiment dans le fond. C'est vrai que Kise amène rarement du drama dans l'histoire, et j'étais assez choqué et mal à l'aise la première fois que j'ai vu son dark mode dans le manga (Black Kise est parmi nous). Du coup, depuis je me dis... il passe peut-être juste son temps à essayer de cacher ses défauts. Vu qu'on est plus populaire en ayant l'air parfait. Mais paradoxalement, ça énerve son entourage et ça lui rend pas tellement service. Ensuite, le fait que touuuut le monde passe son temps à souligner combien il est sexy de la mort qui tue (ils le sont tous mais soit, on doit pas avoir les mêmes yeux), ben c'est pas une situation très enviable au fond. Ca fait un moment que je me dis que les gens trop beaux vivent avec un sacré poids sur les épaules. Ils sont constamment remarqués et harcelés par leur entourage. Quoiqu'ils fassent. Ils ont un visage qui attire et qui fait qu'on a d'autant plus de mal à remarquer ce qu'il y a derrière. Alors des fois, ils doivent sans doute se demander s'ils sont vraiment eux-mêmes, ou cette image devant laquelle tout le monde est en perpétuelle admiration. Je voulais développer cette idée à l'occasion et voilà, occasion trouvée avec Kise~
Au tour de Kuroko, maintenant. Même s'il a évolué tout au long du manga, je crois qu'on peut quand même dire que Kuroko ne respire pas la confiance en soi. Il passe sa vie à constater qu'il est inférieur aux autres (physiquement en tout cas), mais bon, c'est lui qui l'a choisi. Dans l'absolu, il est pas si fluet non, c'est juste que... t'as vu avec qui il traîne, sérieusement ? xD N'importe qui normalement constitué se sentirait riquiqui à côté de Midorima et Aomine. Et personne ne le remarque jamais, alors que Kise... voilà xD Normal qu'il les envie tous un peu. Et normal qu'il développe un sentiment de sympathie avec Akashi sur ce plan-là, mais ça c'est mon interprétation~ nyufufu. Oui, je suis d'accord, Kuroko a pas servi à grand-chose. Ceci dit, je ne vois pas trop comment il aurait pu. La situation de Kise est tellement peu familière pour lui qu'il a sans doute du mal à se mettre à sa place. Et puis Kuroko est du genre à écouter quand quelqu'un lui raconte ses problèmes, sans trop savoir quoi dire en retour. Je respecte ça, je fais pas beaucoup mieux faut dire xD Donc voilà. Ce sera pas lui, la clé pour sauver Kisecchi (non, je ne te provoque pas, pas de parano, non mais oh !).
Akashi et Kuroko dans le prochain chapitre, promis ! Pour l'heure, y en a d'autres qui vont se faire déniaiser... Et "fucking Akashi", c'est non. Juste non. Pas encore... aheum, BREF. Je me ferai un plaisir de leur faire plaisir... très prochainement ( = 3 = ) (Bon, et ton PS là mais... est-ce que tu te rends compte de ce à quoi tu penses dans ton lit, très sérieusement ? Des mecs qui font une bataille de polochon en pyjama ? Non. Des chatons qui courent après leur queue, n'importe laquelle ? Non. Toi, tu fais des hypothétiques théories sur la compatibilité ou non d'Akashi et du prout. Je crois qu'on a atteint une étape dans nos conversations. Quelle étape je sais pas, mais une étape, ça c'est certain xD Enfin, je pense qu'après avoir lutté contre ton auto-censure pour visualiser cette scène, tu en seras arrivée à la même conclusion que moi. Akashi ne fait pas de prout. Jamais. D'ailleurs y a pas une seule lettre de commune entre ces deux mots, CQFD) Bonne lecture, p'tit nem ;3
estelou : Ah, enfin quelqu'un qui ne me parle pas que de Kise xD Non ok, je caricature, mais parfois je me demande si tout le monde se rappelle bien que le personnage principal ici c'est quand même KUROKO. Et Akashi. Qui sont parfaitement adorables ensemble oui, c'est pas moi qui vais te dire le contraire... Bref, bienvenue parmi nous, j'espère que la suite te plaira tout autant ;3
Cristalyn : N'aaaw, ça me fait plaisir que Momoi et Midorin trouvent grâce à tes yeux ( TT v TT) Je les adore, ces deux-là. Mais... mais lire toute la fic en une nuit... tu as la foi, mon enfant... es-tu seulement humain...? ( 0 -0) Bon, eh bien en tout cas, pour ce qui est du MidoTaka, tu vas être servie... pas plus tard que tout de suite. Aaah, qu'est-ce que j'aimerais pouvoir développer Hanamiya et Kiyoshi... un jour, un jour. En tout cas si j'ai pu te faire aimer un tant soit peu Akashi, tu m'en vois comblé. Ciao ciao, bonne lecture~
NoirSoleil : Merci pour ta review~ Et merci d'avoir jeté un coup d'oeil à mes dessins, c'est trop gentil, j'accapare tellement de ton temps ( TT v TT) Vraiment navré pour ce faux espoir avec le petit message, j'avoue que je me doutais que beaucoup de gens auraient cette réaction... xD Enfin, après toute cette attente, je peux enfin poster un chapitre... sans Kise cette fois, désolé. Il en faut pour tout le monde ( = v = ) Que cela ne gâche pas ta lecture ;3 A la prochaine !
Cookiiie : Welcome my friend ! Wow, tout le monde a droit à son petit mot gentil avec toi, je te remercie pour eux tous ;3 Bonne lecture, j'espère que tu aimeras la suite de l'histoire avec le même enthousiasme !
Allez, on s'arrête là avec le blabla, bonne lecture les muffins.
Chapitre 29 - Préférence
- Bonjour, vous cherchez quelque chose ?
- Des chaussettes arc-en-ciel.
- … des… quoi ?
Décontenancée, la vendeuse cligna des yeux tout en observant Midorima, qui réitéra sa demande, une pointe d'agacement dans la voix.
- Je cherche des chaussettes couleur arc-en-ciel. Vous avez ça ?
- Euh… dans le rayon Enfant, peut-être…
Las, le jeune homme fit demi-tour sans prendre la peine de passer chez les 6 – 12 ans. Ce n'était jamais que le troisième magasin de vêtements qu'il faisait. D'ailleurs, le fait que les boutiques qu'il fréquentait habituellement n'aient pas ce genre d'articles à leur catalogue ne l'étonnait qu'à moitié. Et le regard perplexe et un peu inquiet que lui lançait la jeune employée alors qu'il quittait les lieux était plutôt justifié.
En principe, quiconque connaissait Midorima n'aurait pas trouvé si étrange qu'il se mette subitement à la recherche de chaussettes multicolores, ou même de tout autre objet loufoque. L'horoscope peut faire faire à celui qui y croit des choses formidables.
Seulement aujourd'hui, la raison qui motivait ses recherches était un peu différente. Ce matin encore, la journée s'annonçait, sinon bonne, du moins pas trop mauvaise. Il s'était levé à l'heure, chaque geste rituel accompli dans une chorégraphie parfaitement huilée, il s'était habillé, et était allé prendre son petit-déjeuner. C'était exactement l'horaire auquel Oha Asa était diffusé sur la chaîne d'information qu'il regardait. Et aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait quasiment jamais raté une émission.
"Aujourd'hui, les Cancers sont en deuxième position. Votre objet porte-bonheur est un rouleau à laquer !"
Bon, les prévisions étaient plutôt bonnes. En plus d'être bien classé, il avait aussi un lucky item facile à trouver. Ils en avaient certainement un dans le placard dont la dernière utilisation devait remonter aux travaux d'il y a six ans.
Même si son signe était annoncé parmi les premiers, il attendait toujours jusqu'à la fin pour savoir qui était placé dernier, pour savoir quelles personnes il devrait absolument éviter de croiser dans la journée s'il ne voulait pas devenir une victime collatérale de leur malchance.
Mais aujourd'hui, plus que d'habitude, il guettait avec appréhension les derniers résultats. C'était le 21 novembre.
L'anniversaire de Takao.
Les signes se succédaient les uns après les autres, et il ne le voyait toujours pas. Jusqu'à ce que la petite voix haut-perchée qui annonçait assène joyeusement sa sentence :
"Et ceux qui sont en douzième position aujourd'hui sont… les Scorpions. Pas de chance ! Evitez de répondre aux coups de fil suspects. Votre objet porte-bonheur est… des chaussettes arc-en-ciel."
… Pourquoi des chaussettes arc-en-ciel.
Non, pourquoi aujourd'hui. Finir douzième le jour de son anniversaire, est-ce que c'était seulement possible.
Midorima resta prostré un long moment au-dessus de son assiette. Un lucky item pareil, c'était sûr qu'il n'en aurait pas avec lui (quoique, c'était Takao… non, quand même, pas à ce point-là). Et sortir sans porte-bonheur dans ces conditions était un pari risqué.
Cette tête en l'air n'avait certainement pas conscience du danger. Il n'avait d'ailleurs jamais pris les horoscopes au sérieux – tout au plus leur accordait-il le mérite d'être l'une des lubies les plus attachantes de son partenaire. Mais Midorima était loin d'être aussi insouciant. Oha Asa l'avait tiré d'une mauvaise passe par le passé, et depuis, son exactitude n'avait fait que se confirmer. Aussi ne prenait-il jamais un avertissement à la légère.
Il risquait d'arriver quelque chose à Takao s'il ne faisait rien.
… Sauf qu'il n'était plus censé le voir. Rien ne justifiait qu'il se pointe chez lui avec une paire de chaussettes pour chasser la mauvaise fortune.
Il se leva, débarrassa, et finit de préparer son sac. Incapable de se décider. De se sortir cette histoire d'horoscope de la tête, surtout.
Non, il se débrouillerait très bien sans lui.
D'un pas lourd, mais pressé, il prit la direction de la station de métro.
A quoi bon. Pourquoi s'embêter à acheter un porte-bonheur qu'il ne lui donnerait jamais. Il n'avait qu'à se soucier de lui-même. C'était déjà bien assez.
Il s'aligna derrière les gens qui attendaient en file indienne sur le quai pour monter dans le métro. Rapidement, il palpa son sac. Son rouleau à laquer était bien là.
Pourtant.
C'était comme s'il avait oublié quelque chose d'important.
Ou pire – comme s'il l'avait perdu.
- … Crotte.
D'un coup, alors que la rame venait de s'arrêter devant lui, il fit marche arrière, bousculant sans trop s'en soucier les gens qui lui barraient le passage, et reprit le même chemin en sens inverse. Plus vite. Il ressortit du métro, remonta le trottoir à l'envers en direction de chez lui. Tout ça en répétant à voix basse "bordel de bordel de bordel de bordel de", en rythme avec chacun de ses pas.
L'université était dans l'autre sens. Il avait raté son train. S'il se décidait à rebrousser chemin maintenant, il pouvait encore espérer arriver à temps.
Mais sa décision était prise. Il passa chez lui vider les bouquins encombrants de son sac. Et se mit en quête des chaussettes arc-en-ciel.
Ce ne fut qu'en fin de matinée qu'il trouva enfin ce qu'il cherchait – dans un magasin de prêt-à-porter pour adolescentes en pleine crise vestimentaire dans lequel il n'avait osé rentrer sans ses lunettes de soleil. En plein mois de novembre, effet vieux-bonhomme-louche-et-un-peu-pervers-sur-les-bords garanti.
Une fois sorti de cette boutique aux airs de cabinet de curiosités, il se posa sur les marches d'un immeuble voisin pour souffler, et contempla sa prise durement acquise.
- …
Bien. Il avait les chaussettes. C'était déjà quelque chose.
Le tout était de savoir s'il était prêt ou non à franchir la deuxième étape.
- Donc si je résume, tu as fait toute la galerie marchande pour me trouver des chaussettes flashy, sans envisager deux minutes qu'acheter un parapluie ç'aurait été… plus utile, peut-être ?
- … C'était une matinée compliquée.
Takao pinça ses lèvres pour ne pas rigoler. Le Shin-chan détrempé qui attendait sur le pas de la porte lui rappelait curieusement cette sorte de chien aux oreilles tombantes qui vous regarde comme si le monde entier s'était retourné contre lui… ah oui, le cocker.
Manifestement, il s'était pris une sacrée douche sur le chemin.
- Tiens.
Regardant résolument ailleurs, Midorima tendit le bras devant lui et plaça la paire de chaussettes (sèches, grâce à leur emballage plastique) sous le nez de leur heureux destinataire.
- … c'est la version cryptée de "Tiens Takao, j'ai un cadeau pour toi~?"
Pas de réponse. Sans masquer son soupir, celui qui avait ouvert la porte dans un vieux jogging orange le débarrassa de son présent, qu'il lui offrait avec la délicatesse d'un lamantin dans une piscine gonflable.
Un long silence s'installa. Situation ô combien inconfortable où chacun est persuadé que c'est à l'autre de parler et où au final, personne ne dit rien.
Croyant mettre fin au malaise alors qu'il ne faisait que l'aggraver, Midorima la planta là et marcha vers la cage d'escalier.
- … Et c'est tout ?
Il réfléchit un instant, puis se retourna.
- Bon anniversaire.
- Oui nan, d'accord mais…
Takao cherchait ses mots. Bon, il n'avait pas tort, sur le papier. Mais il n'allait quand même pas lui faire croire qu'il était venu ici juste pour lui sortir un vieux message de carte de vœux.
- Tu vas pas partir comme ça, si ?
Midorima lui donna l'air d'hésiter. Un sourire un peu triste se dessina sur le visage de Takao.
- Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus.
Ravalant sa salive, l'autre acquiesça.
- En effet.
- Comment tu vas ?
"Mal. Je rends mes devoirs en retard alors que ça ne m'était jamais arrivé et aujourd'hui j'ai carrément séché une journée de cours, tout ça parce que je me prends la tête à cause de toi."
… Aucune chance qu'il lui dise ça.
- Bien. Rien d'extraordinaire. Et toi ?
- Bof.
Il attendit. Mais il n'y avait pas de suite. Juste "bof".
- … Comment ça, "bof" ?
- Ben, comme ça. Bof.
- Tu peux développer ?
Sa voix prit un ton impatient. Il comprit, en voyant le sourire malicieux de Takao pointer le bout de son nez, qu'il le faisait tourner en bourrique. Maintenant c'était lui qui se retrouvait à poser les questions.
Amusé, le petit brun daigna répondre, néanmoins.
- J'aimais mieux quand on se voyait plus souvent.
Peut-être parce qu'il avait pris ça comme un reproche, Midorima fronça les sourcils et rétorqua d'un ton abrupt :
- J'y peux rien. Moi non plus, ça me fait pas plaisir que tu me fasses la gueule. Mais c'est ton choix.
Ce sur quoi Takao cligna des yeux. Surpris.
- Mais je te fais pas la gueule.
- …
L'information contradictoire avait visiblement provoqué comme un petit court-circuit dans la base de données. Et à en juger par le petit "Pfft" qui échappa à Takao tandis qu'ils se regardaient dans le blanc des yeux, Midorima devait faire une tête qui laissait clairement voir combien il s'était attendu à tout, sauf à ça.
- Tu plaisantes, j'espère ? C'est pas toi qui m'as pris la tête l'autre jour et qui me donnes plus aucune nouvelle depuis ?!
- Si, mais j'étais juste temporairement fâché.
- Et je suis censé le deviner ?!
Takao fit mine de siffloter en regardant la porte d'en face, soucieux d'éviter les deux yeux moribonds qui le fusillaient depuis le bout du couloir.
- T'avais qu'à passer un coup de fil, ça aurait résolu le problème.
- C'est toi qui aurais dû le faire.
- Non, c'est toi.
- C'est toi, Takao ! C'est toi qui as commencé avec tes histoires…
- Hein, t'as dit quelque chose ? J'entends plus rieeeen~
Et Takao plaqua avec emphase ses deux mains sur ses oreilles, tout en chantonnant à pleins poumons pour couvrir les protestations de son interlocuteur. Plus Midorima lui disait d'arrêter, et plus il persistait, les yeux fermés pour mieux l'ignorer.
- Arrête ça ! C'est tout ce que tu trouves à faire, franchement ? T'es un vrai gamin !
Il n'était pas prêt de s'arrêter, vu comme il avait l'air de s'amuser. Il ne fallut d'ailleurs pas longtemps pour que l'un des voisins vienne taper contre sa porte pour leur dire de se taire. Sur le coup, Midorima eut envie de l'envoyer paître, mais songea dans un deuxième temps que s'il avait lui aussi eu affaire à un abruti qui chante à tue-tête sur le palier, il aurait eu une réaction similaire – voire même probablement plus virulente.
A bout de nerfs, il finit par traverser le couloir d'une traite, et attrapa le bras de Takao pour décoller sa main de son oreille.
- Tais-toi, on va se mettre tout l'immeuble à dos !
Cette fois, enfin, il se décida à arrêter de crier. Le niveau sonore redevint acceptable pendant un temps.
- J'avais envie de t'embêter~
Un temps seulement.
- Oui bah c'est réussi, crétin !
Brusquement, la porte derrière lui s'ouvrit en grand, et le voisin qui s'était excité tout à l'heure aboya en short et en pantoufles :
- C'est pas bientôt fini, votre scène de ménage ?! Allez faire ça chez vous, sacs à merde !
Et il claqua le battant avec une violence peu commune.
Interdit, le jeune homme à lunettes resta dressé droit comme un i dans la direction de la porte. C'était la première fois de sa vie qu'il se voyait qualifié de "sac à merde". Pour de multiples raisons, Midorima était mortifié.
Takao lui tapa dans le dos comme pour lui présenter ses condoléances, mais il ne desserra pas les dents d'un iota.
- Ma théorie, c'est qu'il vit très mal son célibat. Du coup, dès qu'il voit des enfants, il les traite de "sacs à merde". Je pensais qu'il renoncerait quand j'arrêterais de ressembler à un enfant mais non, c'est presque comme une expression de fin de phrase, pour lui. Du coup, depuis que je suis petit, je l'appelle M. Sac à Merde~
Ridicule. Si ce n'était que ça, il aurait encore pu répliquer quelque chose. Mais il y avait pire.
Il avait bien dit "scène de ménage" ? Ce vieux bonhomme vulgaire savait ?
Et pire encore…
Midorima avait oublié de lâcher le bras de Takao. Il le tenait toujours résolument, mais sans aucune raison valable, désormais.
- Je… euh…
Takao haussa un sourcil, avec un large sourire. Et dans sa hâte de vouloir faire comme si de rien n'était, son vis-à-vis commença clairement à surchauffer des joues.
Il lâcha brusquement son bras.
- … j'ai été surpris, c'est tout.
- Mais oui.
Comme il parlait à voix basse, Takao se rapprocha un peu. Midorima pencha la tête, et, étant donné leur différence de taille, quand Takao relevait la sienne pour le regarder, leurs visages se retrouvaient tout juste l'un au-dessus de l'autre.
- On ferait mieux de pas faire ça sur le palier, comme il a dit.
Après un court flottement, l'autre répondit d'un laconique : "Hm".
Ils franchirent le seuil. Et fermèrent la porte.
Aussitôt, Takao l'attrapa par le col et se jeta sur lui. Midorima parvint à contenir son élan et lui rendit la pareille avec la même force. Leurs gestes étaient tellement pressés qu'ils en arrivèrent une ou deux à se cogner les dents ou même à rater complètement leur cible dans le feu de l'action. Midorima finit par prendre la tête de Takao entre ses mains pour le maintenir à peu près en place. Il le sentit sourire contre ses lèvres et glisser sa langue contre la sienne en réponse. Comme il avait les mains prises, ce fut lui qui se chargea tout seul de dézipper son gilet orange – et il l'envoya valser quelque part au hasard.
Midorima le plaqua contre le mur de l'entrée dans un "bam" sonore. Le dos de Takao heurta l'interrupteur. Ils se retrouvèrent dans la pénombre.
Tant pis.
Takao se laissait presser allègrement contre la cloison. Il fit glisser la veste humide de ses épaules et commença sans trop voir ce qu'il faisait à déboutonner la chemise pas beaucoup plus sèche qui collait à la peau de son partenaire. Les longs doigts avaient quitté sa nuque pour lui parcourir le dos et les hanches. Dans un soupir, il prit la lèvre inférieure de Midorima entre ses dents.
La seconde suivante, sa ceinture avait sauté et son pantalon lui tombait déjà à mi-cuisses.
Takao fut secoué d'un petit rire et souffla :
- Tu devrais prendre les devants plus souvent.
Midorima chercha quelque chose à répondre au milieu de ses idées complètement chamboulées – le trou noir. Takao en profita pour lui murmurer à l'oreille :
- Fais-le jusqu'au bout.
Et il lui prit les mains pour les plaquer sans ménagement sur ses fesses. Ce qui suscita chez son petit copain un long frisson des pieds à la tête. Il resta pétrifié un moment, ses deux paluches posées sur l'arrière du caleçon de Takao et celui-ci se délectant de ses joues toutes rouges. Littéralement. Il alla même jusqu'à passer un petit coup de langue sur l'une d'elle, ce que Midorima réprouva d'un regard. Ses mains, elles, ne bougeaient pas d'un pouce.
- T'as déjà perdu l'habitude ?
- … Quelle habitude.
Pour se donner une contenance, il plongea son visage dans son cou et embrassa maladroitement la peau blanche que dévoilait le col du t-shirt. Takao eut un petit rire nerveux en sentant le bout de son nez le chatouiller. Puis il étouffa un gémissement, parcouru par un tremblement d'une nature toute différente. La main de Midorima avait commencé à le caresser à travers son sous-vêtement.
- Hm… mm…
Lui aussi enfouit son visage contre son épaule. Il chercha à tâtons la boucle de sa ceinture. Mais ses mains tremblaient en même temps que les longs doigts massaient le bout de son membre, là où le tissu était déjà devenu humide.
Dans le semblant de lucidité qu'il lui restait, il s'étonna de la dextérité de son partenaire pour ce genre de tâche. Et songea distraitement que c'était peut-être bien le genre de type à avoir des techniques de masturbation ultra sophistiquées et – non non non, vite, penser à autre chose. Des légumes. Très bonne méthode de diversion, les légumes.
Coup de chance, Midorima arrêta bientôt de le titiller pour lui ôter son sous-vêtement. Bref répit où Takao put enfin viser juste et trouver sa ceinture, qu'il déboucla d'une traite. Il pouvait largement voir au relief de son pantalon qu'il en était au même point que lui.
- Takao…?
Un peu surpris, l'intéressé releva la tête.
- Hm ?
Ni l'un ni l'autre ne cherchaient à cacher leur respiration désordonnée. Tout en se demandant ce qui se passait, Takao le regarda zieuter à droite à gauche et pincer ses lèvres. Il allait dire un truc gênant. Cent pour cent.
- D-dis non si ça ne te convient pas, mais… je me demandais… est-ce que…
L'attente était une vraie épreuve pour les nerfs. Pas que pour les nerfs.
Puis d'un coup, le lunetteux sortit à la vitesse de l'éclair :
- Est-ce que tu serais d'accord pour qu'on inverse, aujourd'hui ?
- Euh… les rôles, tu veux dire ?
Midorima hocha imperceptiblement la tête. Le regard de Takao se mêla en un instant d'une grande admiration – Shin-chan a demandé ça ? Il a vraiment demandé ça, à haute voix ?! – et d'une sérieuse appréhension dans le même temps. Pas qu'il soit contre l'idée, sur le principe… mais concrètement, comment dire…
- … On peut toujours tenter…
C'est ça. Restons prudents. Midorima sembla percevoir sa réserve, pas bien difficile à comprendre. Il vira au cramoisi et bafouilla hâtivement un semblant de phrase réconfortante dont il perdit le fil en route. Takao sourit. Il avait déjà dû fournir un effort colossal pour formuler sa demande. Dire un mot de plus était au-dessus de ses forces – il était retourné dans son mode gros nounours embarrassé.
- C'est ok, je te dis. De toute façon, l'un ou l'autre, ça m'est complètement égal.
Midorima se risqua à le regarder dans les yeux, sans doute pour vérifier qu'il était sincère. Mais rien que parce que c'était Takao, il savait qu'il ne lui mentait pas.
Comme pour reprendre là où ils s'étaient arrêtés, il l'embrassa à nouveau, et le souleva contre le mur.
- S-Shin-chan ?!
Il peina à articuler en même temps que le tumulte des bisous reprenait de plus belle.
- Maintenant.
- Ok mais – aah, non pas là, ça chatouille – juste deux secondes !
Freiné dans son élan, Midorima prit sur lui pour ne pas paraître trop irrité. Il reposa Takao sur le plancher. Rapidement, celui-ci finit de faire glisser son pantalon qui dégringolait le long de ses jambes en secouant les pieds l'un après l'autre, puis saisit son partenaire par la main et l'entraîna dans le salon. Etant donné qu'ils s'attrapaient par ce qu'il leur restait de vêtements et se mangeaient le visage à tour de rôle, les quelques mètres qui les séparaient du fauteuil leur prirent bien cinq minutes à parcourir.
Doucement, Takao le poussa sur le siège, toujours suspendu à ses lèvres, et Midorima se laissa asseoir sans protester. Il s'enfonça dans le dossier mou et profond tandis que l'autre l'enjambait pour se mettre à califourchon au-dessus de lui. Takao attrapa le bas de son t-shirt et le souleva par-dessus ses épaules, laissant Midorima passer ses mains sur le torse qui s'étirait devant lui. Le t-shirt tomba sur le sol, et Takao se pencha pour déboutonner la chemise à moitié défaite. Il sentit une main passer dans ses cheveux et les ébouriffer à rebrousse-poil. A chaque bouton qu'il ôtait, il passait un petit coup de langue sur la peau blanche qu'il dévoilait au fur et à mesure. Midorima laissa filtrer un gémissement rauque en sentant sa bouche s'attarder sur son torse. Au-dessus de lui, Takao nu comme un ver semblait totalement maîtriser la situation.
Plus pour longtemps.
Lorsqu'il eut finit de glisser son pantalon jusqu'à ses chevilles et qu'il remonta sur lui, il marqua une pause. Cet instant suffit à les ramener un peu sur terre vers des préoccupations plus… concrètes.
- … Je… vais chercher le lubrifiant.
Sans trop se soucier de la confirmation, Takao s'éclipsa et disparut pendant trente secondes, laissant Midorima seul en sous-vêtement sur le fauteuil. Ce furent de loin les trente secondes les plus embarrassantes de toute son existence.
- Pardon, je suis re-là.
Comme une fleur – une grosse fleur qui fit grincer toute l'armature du siège –, le petit brun sauta à sa place et se remit à genoux sur lui. Naturellement, les yeux de Midorima ne décrochèrent pas de la pendule suspendue au mur.
Ce fut à ce moment que Takao remarqua un détail tout à fait singulier.
- Mais… tu es passé des slips aux caleçons ? J'y crois pas, Shin-chan a level up~
- …! Je vois pas pourquoi tu te réjouis.
Dans un désir évident de le faire taire, le lunetteux embarrassé l'attira vers lui, et frôla nerveusement sa bouche.
- … Je ne sais pas si c'est une bonne idée, tout compte fait… Eh !
D'un coup, Takao avait tiré son sous-vêtement jusqu'à ses genoux. Au revoir, le boxer. Midorima fit mine de se redresser, ce qui ne rendit pas sa situation beaucoup plus confortable. Et quand il risqua un regard vers Takao, complètement nu au-dessus de lui, c'était à peine s'il se souvenait comment il s'appelait.
Finalement, ça faisait longtemps. Tout ça.
Il entendit le bruit du gel qui sortait du tube lorsque Takao le pressa sur ses doigts. Puis il le lui tendit de l'autre main, tandis que celle où il avait généreusement appliqué le lubrifiant partait dans la direction opposée. En essayant de trembler le moins possible, Midorima prit le tube… les yeux rivés sur le doigt qu'il le voyait s'enfoncer doucement entre les cuisses.
- Nngh…
Takao serra les dents, et tenta de garder ses hanches stables en même temps qu'il bougeait son doigt. Midorima observa son expression. Il était tellement tendu. Et son visage presque aussi rouge que le sien. Il essaya d'insérer un deuxième doigt – sa bouche s'ouvrit dans un spasme. Et Midorima sentit un autre spasme le secouer ailleurs.
Impossible qu'il reste sans rien faire. Il avait besoin de le toucher.
- Je peux le faire… si tu veux.
Takao ouvrit un œil et le regarda d'un air un peu perdu. Puis il acquiesça avec un sourire.
- Ok. Tu permets que je m'occupe de toi alors.
Détournant brièvement le regard, l'autre marmonna une sorte de "oui" inaudible. Il n'en fallut pas plus à son partenaire pour s'atteler à sa nouvelle tâche.
D'un coup, Midorima sentit le gel froid enduire son sexe et une main le prendre sans aucune hésitation, puis commencer à l'étaler vigoureusement. Les mouvements de Takao étaient si fermes et assurés qu'il se trouva dans l'incapacité de respirer pendant plusieurs secondes.
- M-moins vite…
- Ah, désolé.
Difficile de savoir s'il l'était vraiment, avec sa petite mine réjouie. Avec moins de délicatesse encore que d'habitude, Midorima pressa le produit sur ses doigts et en glissa deux à la place de ceux de Takao. Ce fut à son tour de se retrouver le souffle coupé.
Il serra les dents, et écarta un peu plus les jambes. Ses doigts tentaient de s'étendre au maximum à l'intérieur – autrement dit, quasiment pas. Midorima n'essaya même pas d'en glisser un troisième, et Takao eut un petit rictus stressé. Il allait sentir passer la pilule.
- … Tu es sûr que tu veux le faire ?
Ils avaient arrêté leurs caresses. Prudemment, le petit brun se plaça correctement sur lui. Et lui adressa un clin d'œil.
- T'es bien placé pour savoir que la première fois, c'est pas la meilleure.
Il aurait espéré au moins le faire ronchonner un peu, faute de pouvoir le faire rire. Mais Midorima paraissait encore plus sérieux que d'habitude.
Ses mains étaient posées sur les bras du fauteuil, et à cet instant, Takao pu clairement voir ses ongles s'enfoncer dans le tissu.
- … Si ça fait trop mal, dis-le-moi.
Sa sollicitude lui fit un drôle d'effet. Même lui ne put s'empêcher de baisser la tête avec un petit air gêné. Il était tellement adorable. Pour lui, il aurait été prêt à faire n'importe quoi.
- Promis.
Ils s'embrassèrent un petit moment. Puis Takao s'assit progressivement sur lui, dirigeant son membre dans le bon angle. Le souffle court, Midorima le regarda faire. Un soupir grave lui échappa lorsqu'il commença à le pénétrer. Presque aussitôt, Takao s'interrompit. Il expira un bon coup, puis reprit. L'avancée se faisait lentement. Très lentement. Il le vit bouger une de ses mains pour soulager son érection négligée depuis trop longtemps. Reprenant un peu ses esprits, Midorima se chargea de le faire à sa place. Il le caressa doucement, comme pour l'encourager à continuer.
Mais il ne tarda pas à bloquer. Il s'arrêta une nouvelle fois. Son visage crispé parlait pour lui. Celui qui l'observait d'un air inquiet lui demanda s'il voulait arrêter. Takao refusa et lui certifia que ça allait. L'inverse l'aurait étonné.
- J'ai pas fait tout ça pour rien, quand même…
Avec une petite pointe d'amusement dans la voix malgré tout, il passa ses bras autour du cou de Midorima et pencha sa tête vers lui. Ses mèches noires cachaient son visage, et Midorima se douta que c'était sans doute un peu voulu. Sans qu'il lui laisse le temps de poser plus de question, il reprit sa descente, et lui ferma les yeux, la bouche ouverte comme pour prendre une grande inspiration.
C'était tellement étroit. Une sorte d'étau qui se resserrait de plus en plus. La lenteur avec laquelle il progressait le rendait fou. Incapable de bouger, il étira vainement sa tête en arrière, ses doigts s'ouvrant et se refermant sur du vide.
- T-Takao… faut que… tu te détendes plus que ça…
- C'est ce que je fais… je peux pas faire… plus…
Il entendit sa voix se briser sur les derniers mots. Jetant un coup d'œil dans sa direction, il constata à son expression qu'il avait beau prendre sur lui tant qu'il pouvait, sa limite était atteinte.
Midorima posa une main sur sa hanche, et voulut le faire s'arrêter. Mais bientôt, une autre main vint rejoindre la sienne.
- Encore un tout petit peu… j'y suis presque.
Il hésita. Takao était décidément une incorrigible tête de mule. Ceci dit… dans le genre, il n'était pas mal non plus. Mais il n'aimait pas du tout l'idée qu'il était en train de lui faire mal.
Prenant son silence pour un consentement, celui-ci accéléra brusquement la manœuvre, franchissant les derniers centimètres qui le séparaient de Midorima d'un seul coup. Il laissa échapper un cri, tandis que l'autre lâcha un gémissement au moment où leurs bassins se heurtèrent.
Inconsciemment, il se pressa contre Takao et commença à bouger. Avant de se rendre compte qu'il allait encore une fois trop vite en besogne. Le petit brun l'avait laissé faire, haletant, encore sous le choc de ce qu'il avait lui-même provoqué.
- Ca y est, Shin-chan… ça y est complètement…
Il avait des larmes au coin des yeux, mais il murmurait avec le sourire. Son visage était tout près, au point que sa respiration mettait de la buée sur les lunettes de Midorima. Il ne voyait plus grand-chose à présent.
Juste à côté de son oreille, il entendit le petit rire nerveux de Takao.
- N'empêche… ça fait quand même super mal…
Là-dessus, Midorima pouvait compatir. Il tenta de se rappeler de ce que faisait Takao pour lui rendre cette étape plus agréable les autres fois. Mais il avait du mal à réfléchir.
Surtout maintenant que le Takao en question ondulait d'avant en arrière sur ses cuisses.
Un peu tremblant, il reposa ses mains sur les deux accoudoirs, et laissa sa tête partir contre le dossier du fauteuil. La seule partie de son corps qui bougeait, c'était son bassin qui allait et venait au rythme de son partenaire.
- Hmm…
Le plaisir qu'il éprouvait se manifesta tout naturellement en un long gémissement langoureux, qu'il interrompit aussitôt qu'il en eut conscience. Takao prit un air amusé et vint lui suçoter hargneusement la base du cou.
Ses mouvements restaient encore prudents. Midorima se contraignit à ne pas augmenter la cadence.
Il continua son va-et-vient, doucement, glissant lentement dans le fond du fauteuil. Les vagues de plaisir le parcouraient tout entier et lui donnaient singulièrement chaud. Sous ses yeux mi-clos, il voyait le corps de Takao arqué au-dessus du sien. Il l'entendait qui peinait à contenir sa voix à chaque fois que leurs bassins se heurtaient. Leurs souffles se confondaient et s'intensifiaient. Malgré ses lunettes embuées, Midorima distinguait les mouvements de sa main et la gouttelette translucide qui perlait à l'extrémité de son membre. Cette vision l'accapara complètement. Il la regarda rouler le long du bout rougi et humide, pour se perdre entre les doigts qui le recouvraient et le découvraient à intervalles réguliers. Peu à peu, le jeune homme à lunettes sortit de sa passivité et tendit la main pour remplacer celle de Takao. Il enveloppa son membre et se mit à le caresser plus vite qu'il ne le faisait jusqu'alors.
Ses gémissements devinrent plus aigus, plus incontrôlables. Ils s'échappaient de sa bouche à chaque fois qu'il rebondissait sur Midorima, comme si l'air était soudainement expulsé de ses poumons.
- Aah… hmm, Sh-Shin… -chan… je vais bientôt…
Le-dit Shin-chan se surprit à penser "Déjà ?", malgré le fait qu'il n'était lui-même plus très loin du compte. Il échangea un regard avec Takao. Celui-ci comprit le message. Et se serra contre lui le plus possible, l'embrassant avec passion alors qu'il se confondait en petits murmures étouffés.
Il poussa un cri. Midorima sentit le liquide chaud gicler sur son ventre. Il ralentit, remplaçant le rythme effréné par de longs et profonds coups de hanches qui arrachèrent encore quelques plaintes éreintées à son petit ami. Puis il ferma les yeux au bout du troisième, le plus silencieux et le plus stoïque possible, au moment où l'orgasme devint irrépressible.
Takao resta immobile jusqu'à ce que ses spasmes eurent complètement cessé. Il y eut un bref silence, leurs épaules se soulevant et s'abaissant comme s'ils venaient de s'arrêter net après un sprint. Puis il s'écroula sur lui, et laissa à Midorima le soin de se dégager. Par inadvertance, il ferma les yeux. Et sentit aussitôt une bouffée de fatigue le submerger. Peut-être le temps grisâtre et pluvieux n'arrangeait-il rien à l'affaire, mais maintenant, il devait lutter rien que pour soulever ses paupières.
Il regarda Midorima. Lui aussi avait l'air complètement à plat.
Il avait dû le transporter sur le canapé juste après qu'il ait piqué du nez.
Car lorsque Takao rouvrit les yeux, il était recroquevillé sous une couverture – sans vêtements, naturellement – allongé sur les deux tiers du divan. Le troisième tiers était occupé par un Midorima assis, avec des vêtements secs, diligemment plongé dans la lecture d'un livre.
Une petite lueur espiègle dans les yeux, Takao le poussa du bout du pied.
- Yo.
- Tu es réveillé ?
- Je crois. J'ai dormi longtemps ?
L'autre consulta sa montre.
- Une bonne heure.
- La vache…
Il laissa échapper un petit rire, et s'enfonça un peu plus sous la couverture.
- Ne te rendors pas.
- Je sais, je sais. J'ai juste froid.
A peine eut-il fini sa phrase qu'il avisa son t-shirt sur le plancher. Dans un sursaut, il se redressa pour l'attraper…
- Oh… misère…
Et retomba lourdement à sa place, raide comme une pierre. A côté de lui, Midorima haussa un sourcil.
- Ça va ?
- … jusqu'au niveau du nombril, ça peut aller… mais plus bas, c'est un supplice.
Naturellement, le principal responsable se garda bien de faire le moindre commentaire. Comme pour le dédommager, il se baissa et ramassa son t-shirt pour lui.
- Merci.
Avec d'infinies précautions, Takao tenta de ne rien bouger d'autre que ses bras pour l'enfiler. Lorsqu'enfin il y fut parvenu, il n'envisagea même pas le caleçon qui traînait un peu plus loin. C'était au-dessus de ses forces.
- M'en veux pas hein mais je risque de pas être très actif pour le restant de la journée...
Comme il était toujours allongé, garder la tête droite pour regarder Midorima était hautement inconfortable. Il ne tarda pas à la laisser retomber sur le canapé, et entendit une voix un peu préoccupée lui demander s'il avait besoin de quelque chose.
- T'en fais pas, tant que personne ne s'en prend à mes fesses, je survis assez bien.
- Elégant.
- J'aurais pu faire ça plus trash. En fait c'est simple, dès que je bouge, j'ai l'impression que quelqu'un prend un marteau-piqueur et me le…
- Un mot de plus et je t'abandonne sur ce canapé, handicapé ou pas.
La menace fit son effet. Le moulin à paroles réduit au silence poussa un soupir faussement plaintif et ferma les yeux. Bien qu'il se trouva à portée de main, Midorima n'avait pas repris son livre.
- … On n'est plus disputés, hein ?
- Parce que tu as encore des doutes ?
Il rigola doucement. Non, vraisemblablement pas.
- Cool. Tu veux bien me répondre alors, cette fois ?
Interloqué, Midorima tourna la tête vers lui.
- A quel sujet ?
Les bras croisés derrière la tête, Takao ouvrit un œil, et poursuivit avec un sourire :
- Qu'est-ce qu'il y a entre Akashi et toi ?
L'intéressé ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, mais en tout cas sûrement pas à ça. A peine eut-il posé sa question qu'il leva les yeux au ciel d'un air excédé.
- Tu vas pas recommencer ?!
- Tu le sais peut-être pas mais j'aime pas trop qu'on me cache des trucs. Surtout des trucs qui ont l'air importants.
Midorima ouvrit la bouche. Puis la referma. Et Takao, qui voyait par-là sa théorie confirmée, se redressa tant bien que mal sur les coudes pour le toiser allègrement.
- Allez, dans ma grande mansuétude, je suis prêt à tout entendre. … Enfin avec plus ou moins de mansuétude. Si vous avez fait des trucs pendant que nous deux, on sortait ensemble, je suis pas sûr de le prendre avec le sourire ou en tout cas pas un sourire hyper épanoui…
- Qu-quoi ?! Attends une minute, d'où est-ce que tu sors ça?!
Ses protestations étaient noyées dans le flot de paroles de son interlocuteur, qui s'interrompit néanmoins pour le dévisager avec des yeux ronds.
- Quoi, c'est ça ?!
- Mais bien sûr que non, t'es débile ou quoi ?!
Visiblement soulagé d'un poids énorme, Takao se laissa tomber sur le coussin. Et grinça des dents en sentant le contrecoup lui remonter dans le dos.
Il ne manqua pas la petite touche de rose qui colorait discrètement les joues de Midorima, qui comme par hasard s'affairait précisément maintenant à nettoyer ses lunettes avec la plus grande attention.
- … Tu croyais vraiment que…
Comme sa phrase restait en suspens, le petit brun l'observa avec intérêt.
- Que quoi ?
- … que j'avais ce genre de relation avec lui ?
Takao pouvait dès à présent affirmer que le sujet le mettait très mal à l'aise. Pour autant, cela ne remettait pas en cause sa sincérité.
- Non. T'auras peut-être du mal à le croire, mais je te fais confiance. Et puis tu mens tellement mal de toute façon, je t'aurais grillé si tu l'avais fait.
La tête de Midorima pivota vers lui avec un petit "Muh !" agacé. Takao se moqua ouvertement de son air courroucé, ce qui lui valut un coup de coussin en plein sur le nez. Pour se venger, il approcha son pied et lui toucha les côtes du bout de l'orteil. Ce à quoi, par réflexe, l'autre répondit en dégageant violemment sa jambe contre le dossier. L'instant d'après, Takao gigotait mollement sous sa couverture, qui ne lui couvrait plus grand-chose d'ailleurs, agonisant lentement dans la souffrance que lui causait son postérieur.
- Désolé…
- Je vais bien, très très bien…
Rajustant nerveusement ses lunettes, Midorima tira pudiquement le plaid sur Takao sans croiser son regard. C'était clair que le voir diminué de la sorte le faisait un tout petit peu culpabiliser.
- Donc tu me jures que vous êtes juste amis, rien de plus ?
… A se demander s'il n'en profitait pas un peu pour lui faire du chantage affectif et lui tirer les vers du nez.
- … Maintenant oui.
Silence.
- Comment ça "maintenant" ?!
- Arrête de bouger dans tous les sens, tu vas encore te mettre à chouiner après !
Comme un enfant qu'on prenait à faire une bêtise, Takao eut une petite moue boudeuse, et s'allongea bon gré mal gré sur le dos.
Cette fois, il attendit calmement que Midorima se décide à parler.
- … Bon, si c'est le seul moyen que tu arrêtes de me bassiner avec cette histoire… C'est vraiment pas important mais… garde ça pour toi, s'il te plaît.
- Ok.
Il inspira, et ne quitta plus le plancher des yeux.
- C'est juste un truc qui est arrivé quand on était au collège.
Ce jour-là, Akashi était venu chez Midorima pour réviser leur prochain contrôle.
En vérité, ce que son hôte avait fait passer pour une séance de travail tout à fait cordiale relevait plutôt d'une stratégie d'espionnage mûrement réfléchie. C'était seulement la fin de leur première année à Teikô, mais Midorima avait déjà eu tout le loisir de remarquer que celui qui se classait systématiquement premier aux tests, c'était Akashi. Qu'importe le sérieux avec lequel il révisait, lui finissait toujours par se faire coiffer sur le poteau.
Aujourd'hui, au moins, il aurait l'occasion de jeter un coup d'œil au Saint Graal – les notes de cours d'Akashi – et observer sa façon de travailler. Toute énigme a forcément une solution.
Ils étaient assis sur le tapis de sa chambre, avec ouverts devant eux quatre ou cinq cahiers et livres de cours. Akashi lui posait des questions sur le shogunat d'Edo. Mais malgré toute sa concentration, après deux heures de révisions intensives, Midorima constata que sa réactivité commençait à décliner.
- Ca ne te dérange pas si on fait une pause ?
- Pas du tout.
Ce disant, Akashi referma le livre d'histoire, et Midorima étira ses muscles endoloris, à commencer par les épaules.
- Ca m'intrigue depuis tout à l'heure : c'est une boîte de chocolat, là-bas ?
Surpris, le garçon à lunettes suivit son regard, et aperçut la boîte rose ornée d'un gros ruban à pois qui dépassait d'une de ses étagères. Il aurait dû la ranger mieux que ça…
- Je ne les ai pas encore mangés.
- C'était pour la Saint Valentin ?
La bouche de Midorima se tordit discrètement. Akashi l'observait avec un regard amusé.
Il rajusta ses lunettes et alla chercher la boîte. Il la déposa entre eux, et l'ouvrit.
- Tiens, si tu en veux.
- Non merci, ils sont pour toi de toute façon.
- J'ai rien demandé, moi…
L'autre garçon sourit discrètement. Il fréquentait Midorima depuis assez longtemps maintenant pour savoir qu'un rien l'embarrassait. Nul doute que recevoir des chocolats de la part d'une fille de leur âge avait dû le mettre dans tous ses états.
Il ne changea pas de sujet pour autant.
- C'est celle qui passe tous les jeudis pour regarder la fin de l'entraînement ?
Visiblement pris de court, Midorima cligna des yeux.
- Comment tu le sais ?
- Simple déduction. Elle a l'air de s'intéresser à toi.
Il ne sut pas quoi répondre. A vrai dire, il n'avait jamais vraiment remarqué cette fille avant qu'elle ne lui offre ses chocolats. Tout ceci ne faisait pas tellement partie de ses préoccupations, et il n'en parlait pas davantage.
Inutile de dire qu'avoir ce genre de conversation avec Akashi rendait le tout encore plus déconcertant.
- Peut-être.
- Tu t'en fiches ?
Bizarrement, cette histoire semblait attiser sa curiosité. Et Midorima, qui voulait s'en débarrasser au plus vite, lâcha hâtivement :
- Je m'intéresse pas aux filles. J'ai autre chose à faire.
Exactement. Il avait mille autres choses plus importantes à penser. Les cours. Le club de basket. L'horoscope. Pour synthétiser, sa vie gravitait exclusivement autour de ces trois points. Et elle ne déviait jamais de son axe.
Akashi poussa un soupir songeur, et ne dit plus rien. Un drôle de silence s'installa, si bien que son compagnon n'eut d'autre choix que de lui demander à quoi il pensait.
Il leva lentement la tête, et lui demanda :
- Et si moi je t'en avais offert, tu aurais réagi comment ?
Un temps. Le temps qu'il réalise que c'était bien ce qu'il avait entendu.
- … Comment ça ?
Akashi lui donna l'impression d'hésiter une fraction de seconde, puis il se rapprocha doucement de lui, et le fixa droit dans les yeux.
- Je te demande si tu préfères les garçons aux filles.
- Je…
Il était tellement déboussolé qu'il en aurait presque oublié de répondre.
- N-non… non, je crois pas…
Akashi sourit. Il était assis juste à côté de lui à présent. Si près que leurs épaules se touchaient.
Inconsciemment, son cœur s'accéléra.
- … Pourquoi ?
Il scruta son visage avec appréhension. Mais Akashi ne le regardait plus. Du moins, pas dans les yeux. Et sa frange l'empêchait de bien le voir.
- Je me suis dit qu'avec toi, je pourrais peut-être vérifier.
- …?
Il ne le vit que lorsqu'il se pencha vers lui. Fidèle à lui-même, il était calme et en pleine possession de ses moyens.
Il s'en fallait juste de quelques détails – sa voix moins assurée, ses yeux légèrement hagards – pour deviner qu'il hésitait un peu, cependant. Et Midorima le trouva étrangement proche. On aurait dit que cette habituelle distance qu'il y avait entre eux s'était évaporée.
Proche, c'était un euphémisme. Akashi se penchait si près qu'il recula, inconsciemment. Le mur derrière lui l'arrêta.
- …"Vérifier" quoi ?
S'il l'avait voulu, il aurait eu cent occasions de le repousser. Physiquement, il avait très nettement l'avantage.
Mais l'idée ne l'effleura même pas. Il ressentait juste une irrépressible curiosité, à l'idée de savoir ce qui se passerait après. Et du stress. Beaucoup de stress.
Comme il devait avoir l'air de paniquer, Akashi s'éloigna un peu et s'assit en face de lui, presque sur le point de rire.
- Voir ce que ça fait. Ça n'engage à rien et puis ça ne sortira pas de cette chambre. Tu peux refuser… mais si tu ne dis rien, je prendrai ça pour un consentement.
Sans prévenir, il se rapprocha d'un coup et, après que ses pupilles de chat aient guetté sa réaction pendant quelques secondes, Midorima vit ses lèvres s'entrouvrirent et se retrouva tétanisé lorsqu'il les sentit toucher les siennes. Qu'est-ce qui était en train de se passer au juste ? Comment ils en étaient arrivés là ?
Puis ses sens lui revinrent petit à petit. Lui délivrant une foule de sensations dans une pagaille indescriptible. Sa tension augmentait comme au moment de mettre un panier décisif en plein match.
A la différence près que cette excitation ne se manifestait pas du tout de la même façon, dans le cas présent…
Lorsqu'il eut fini, Midorima remonta contre lui ses jambes qu'il avait croisées en tailleur, et jeta un coup d'œil inquiet à la porte. Elle était fermée, mais pas verrouillée. Sa mère était dans le salon, sa sœur dans sa chambre un peu plus loin. Ils ne pouvaient surtout pas prendre le risque d'être surpris.
Mais Akashi n'en avait pas l'intention non plus. Il se leva, et tourna silencieusement le loquet. Comme il s'en retournait à sa place, la voix encore douce et enfantine de Midorima l'interrompit.
- … Eteins la lumière.
Ils se regardèrent quelques secondes.
Akashi, surtout, l'observait avec une attention toute particulière. Et lorsqu'il fut convaincu qu'il ne changerait pas d'avis, il éteignit.
Pendant les premières secondes, où leurs yeux n'étaient pas encore accoutumés à l'obscurité, ils se fièrent au bruit pour savoir où était l'autre. Akashi était revenu à côté de lui. Un peu angoissé malgré tout, Midorima essaya de se rappeler de ce qu'il avait lu par-ci par-là, sur internet ou dans des livres, comme le font certains enfants lorsque le sujet commence à attiser leur curiosité. Il retira ses lunettes, et les posa aussi loin qu'il pouvait pour éviter qu'elles se fassent écraser. C'était à peu près tout ce qui lui vint à l'esprit.
Akashi lui n'avait pas l'air de se poser trop de questions. Ou en tout cas, il faisait bien semblant. Il posa sa main sur son bras et l'embrassa encore. Midorima ne savait pas trop s'il aimait ça ou non. C'était plutôt ses mains qui accaparaient son attention. Les sentir sur lui était tellement agréable. Peut-être parce que personne ne l'avait jamais touché comme ça avant.
Il n'osait plus parler. Ce fut à son partenaire de briser la glace.
- Tu peux le faire aussi, tu sais.
Mais il n'amorçait pas le moindre mouvement. Akashi prit sa main, et la posa contre son torse. Au lieu du tissu, Midorima sentit le contact chaud de sa peau. Il avait dû ouvrir sa chemise à un moment donné. Il sentait son cœur contre ses doigts.
C'est seulement là qu'il réalisa qu'il n'était pas le seul à paniquer. Akashi aussi, même s'il ne le montrait pas, avait le cœur qui battait à cent à l'heure dans sa poitrine.
Enfin, il prit sa résolution, et décrispa un peu ses muscles raidis. Il caressa son torse à peine musclé, son ventre, tandis qu'Akashi reproduisait à l'identique ses mouvements par-dessus son t-shirt. Il avait du mal à ne pas respirer trop fort. Il sentit ses lèvres se poser dans son cou, et la différence de température lui donna l'impression d'être bouillant.
Progressivement, ils se collèrent l'un à l'autre, émettant des petits sons étouffés, tout en continuant de glisser leurs mains sur leurs corps. Midorima ferma les yeux.
C'était bon. Mais il avait besoin de plus. Chaque fois qu'Akashi descendait ses mains, il espérait un peu malgré lui qu'elles continueraient plus bas cette fois.
Il n'osait pas se risquer à faire le premier pas. Est-ce qu'ils seraient obligés de retirer leurs vêtements ? C'était trop gênant… Et si sa mère venait toquer à la porte sans qu'ils aient le temps de se rhabiller ? Non, aucun risque, elle était dans le salon, elle ne viendrait pas jusqu'ici…
Akashi dut sentir qu'il divaguait, car il murmura dans son oreille :
- Tu veux qu'on continue ?
Il s'était arrêté, et le regardait droit dans les yeux. Ils voyaient suffisamment bien dans la pénombre pour distinguer leurs visages, maintenant. Et Midorima ne savait plus où se mettre, au vu de la situation.
Il trouva tout de même le moyen de retourner la question.
- Et toi ?
L'autre baissa la tête, et Midorima suivit innocemment son regard.
- J'ai plus tellement le choix de toute façon…
Rapidement, il releva la tête et fit comme s'il n'avait rien vu. Akashi sourit, et vint se serrer contre lui, cherchant le contact de ses mains avec empressement.
- A-attends…!
Etonné, le garçon aux cheveux rouges s'interrompit. Midorima se leva, faute de savoir comment formuler sa demande, et lui fit comprendre qu'ils seraient mieux sur son lit que par-terre. Ce à quoi Akashi ne trouva rien à redire.
Ils s'assirent tous les deux sur le matelas, et reprirent là où ils s'étaient arrêtés. Cette fois, il n'y avait plus d'ambiguïté. Ils savaient jusqu'où ils pouvaient aller.
Midorima garda les yeux fermés. Il le laissait jouer avec ses lèvres, les prendre et les relâcher. Le bruit seul suffisait à le faire rougir.
Enfin, la main d'Akashi effleura son pantalon. Instinctivement, il rompit le baiser et se recroquevilla, par pudeur plus que par peur. Mais son partenaire lui souffla que tout allait bien, puis reprit avant qu'il n'ait le temps de se poser plus de questions.
Il étouffa une plainte en sentant ses doigts suivre exactement la courbe de la bosse qui déformait son pantalon, puis remonter et décrire à nouveau le même demi-cercle. Un peu tremblant, il approcha sa main de l'entrejambe d'Akashi. Tout en essayant de ne surtout pas y penser.
Mais il n'eut pas à faire beaucoup d'efforts. Le va-et-vient continu sur son pantalon le laissa bientôt complètement vulnérable. Des gémissements lui échappèrent alors que les caresses se poursuivaient à travers la toile épaisse du jean. Il dut prendre appui sur ses mains pour éviter de basculer en arrière. Haletant, il regarda Akashi déboutonner méticuleusement son pantalon, puis descendre la braguette. Lentement. Midorima ne put contenir totalement sa voix lorsque son sous-vêtement se trouva exposé à leur vue à tous les deux. Même si Akashi ne le touchait pas. Il sentait qu'il était à bout.
Avec précaution, son vis-à-vis ôta les boutons de son caleçon, et la respiration de Midorima s'accéléra. Lorsqu'il l'eut complètement dégagé du sous-vêtement, il eut à peine le temps de poser la main sur lui avant que l'autre garçon n'atteigne sa limite, et ne vienne se répandre entre ses doigts.
Akashi continua de le caresser lentement, tandis qu'il reprenait péniblement son souffle et ses esprits.
- Plutôt rapide.
Même si une certaine partie de son anatomie était encore entre les mains d'Akashi, Midorima ne se garda pas de répliquer d'un ton mi acerbe, mi essoufflé.
- Pourquoi, toi tu fais mieux ?
Ce à quoi l'autre répondit par un sourire provocateur avant de prendre un mouchoir sur la table de chevet.
- Essaie, tu verras bien.
Interdit, Midorima le regarda essuyer ses doigts, puis rouler le mouchoir en boule et tirer vers la poubelle. Il ne s'attarda même pas à vérifier s'il avait marqué ou non – effectivement, elle était dedans – et déboutonna son pantalon. Le baissa. Il s'allongea sur le dos, exposant son corps dénudé de la tête jusqu'aux cuisses. A se demander s'il poussait vraiment la provocation jusque-là, ou s'il voulait juste profiter de la couette bien rembourrée pour s'installer plus confortablement.
Quoiqu'il en soit, Midorima ne s'attarda pas sur cette vision, et se mit à genoux au-dessus de lui. Il approcha sa main de son bassin en essayant de paraître le moins hésitant possible, autrement dit un peu brutalement. Akashi sursauta et réprima son réflexe de se dégager. Sans le vouloir, le garçon au-dessus de lui avait réussi à lui faire perdre sa sérénité à toute épreuve. C'était imprévu, mais au moins il avait gagné en naturel.
Akashi étant de presque six mois son cadet, et dans l'ensemble beaucoup plus petit que lui, Midorima ne s'étonna pas tellement de la différence de taille. Simplement, à le voir comme ça allongé en dessous de lui, sans défense et sans les grands airs qu'il se donnait la plupart du temps, il lui paraissait encore plus jeune.
Sa voix était de plus en plus aigüe à mesure qu'il posait la main sur lui. Son corps frêle s'arquait au-dessus des draps qu'il agrippait de chaque côté.
Oubliant presque ce qu'il était en train de faire, Midorima le contemplait, fasciné.
Il descendit sa main entre ses jambes, et Akashi les serra instinctivement. Puis il se laissa aller à nouveau. Les doigts répétaient le même parcours, caressant la surface qui se présentait à eux dans un sens, puis dans l'autre.
Le visage tendu et la bouche entrouverte, il souleva légèrement ses hanches pour augmenter le contact, tant la frustration devenait insupportable. La main finit par le reprendre et recommencer ses va-et-vient, et il poussa un long soupir.
Midorima le regardait se tordre de plaisir sous lui et en demander encore.
A ce moment, il eut conscience qu'il n'avait jamais rien vu d'aussi érotique.
Il vit Akashi sourire, et sursauta discrètement. Avec ce timing, on aurait dit qu'il lisait dans ses pensées.
… ou bien un indice beaucoup plus trivial l'avait mis sur la voie.
Midorima essaya de se mettre dans un angle qui l'empêcherait de le voir – peine perdue, il aurait dû fermer son pantalon tout à l'heure. A force de faire traîner les choses en longueur, et d'avoir ce genre de visuel sous les yeux surtout, son petit lui s'était remis d'aplomb.
Il ronchonna en silence. S'ils commençaient à se renvoyer la balle à tour de rôle comme ça, ils y seraient jusqu'au dîner. Akashi avait une parfaite vue sur lui, mais tant pis, il fallait qu'il le fasse
En même temps qu'il accélérait ses coups de poignets, son autre main vint le soulager un peu. Sensation bizarre de ne pas être à sa main. Et encore plus bizarre d'avoir les deux mains prises.
Inconsciemment, il accéléra encore et encore. Sa prise sur Akashi glissait. Celui-ci attrapa son poignet, pour le stabiliser, ou pour le ralentir. Une plainte plus forte que les autres lui échappa.
L'instant d'après, une traînée blanche se répandait sur son ventre qui se soulevait et s'abaissait frénétiquement. Midorima céda presque au même moment.
Il s'appuya d'une main sur le lit, essoufflé.
Une minute s'écoula pendant laquelle leurs battements de cœurs continuèrent à résonner à toute allure dans leur poitrine.
Akashi croisa son regard. Mais ne dit rien.
Ils gardèrent le silence. Leurs têtes étaient vides.
Au bout d'un monde, Midorima se redressa pour prendre des mouchoirs, et les lui tendit.
- Désolé pour… ça.
Comme Akashi essuyait son abdomen, il fit non de la tête.
- C'est rien.
Cette fois, il marcha jusqu'à la poubelle pour le jeter, et en profita pour se rhabiller. Midorima fit de même.
Il s'assit sur le bord du lit, encore traversé de résidus de sensations qui lui donnaient un peu l'impression d'être ailleurs. Soudain, il vit une main tendue devant lui qui le sortit de sa léthargie. Akashi avait ramassé ses lunettes.
- Merci.
Il les prit et les remit en place sans trop le regarder. Akashi ne fit aucun commentaire. Son sourire était compréhensif, comme pour lui indiquer qu'ils n'avaient pas besoin de s'étendre sur le sujet.
Midorima hésita. Mais la question lui brûlait les lèvres.
Levant les yeux vers lui, il demanda :
- Ça ne change rien au fait qu'on est amis, hein ?
Le visage de son camarade s'adoucit un peu plus.
- Bien sûr que non. Si ça ne change rien pour toi, alors pour moi non plus.
Puis il indiqua les livres éparpillés par-terre, et retourna s'asseoir au milieu d'eux.
- On continue ?
Midorima acquiesça, rajusta ses lunettes. Et ils reprirent leurs révisions là où ils les avaient laissées, comme si rien ne s'était passé.
A l'époque, Midorima avait eu du mal à distinguer la part de jeu de la part de sérieux dans leurs actes. Aucun d'eux n'était revenu sur le sujet par la suite, et de fait, l'expérience n'avait jamais été renouvelée. Ils avaient continué à se côtoyer comme ils le faisaient avant. En apparence, en tout cas.
Il était difficile de dire si cela avait changé quelque chose pour Akashi. Il excellait tant à rester imperturbable que percer à jour ses états d'âmes s'avérait extrêmement hardu. Mais de son côté, Midorima s'aperçut d'un détail troublant.
Avant qu'il ne s'en soit rendu compte, il passait un temps considérable à l'observer. Parce qu'il était plus proche de lui que tous les autres, soit, mais pas seulement.
Depuis ce jour-là, il ressentait un besoin d'être en sa présence plus fort qu'auparavant. Il se sentait plus frustré quand il esquivait ses questions en souriant. Et surtout, bien qu'il eut du mal à l'admettre, il s'en voulait d'être apparemment le seul à envisager de recommencer, alors qu'Akashi lui semblait avoir les yeux ailleurs.
C'était donc tout naturellement qu'il avait su pour Kuroko. A force de surveiller son acolyte – parfois même à son insu –, il ne lui avait pas fallu longtemps pour remarquer à quel point son attitude était plus apaisée et bienveillante dès que le petit nouveau était dans les parages. Il leur avait néanmoins accordé le bénéfice du doute jusqu'à l'été, où il avait été témoin d'un geste d'intimité entre eux qui laissait difficilement la place aux questionnements.
Il ne l'aurait jamais avoué, mais en découvrant la nature de leur relation, il s'était senti jaloux. Il n'avait jamais follement apprécié Kuroko, et Akashi était plus ou moins son seul ami proche. Autant dire qu'il avait l'impression de se faire voler la personne qui comptait le plus pour lui.
Puis Akashi avait changé, ils s'étaient séparés, et chacun était reparti de zéro dans son lycée respectif. C'est à ce moment-là qu'il avait connu Takao. Même s'il lui en faisait voir des vertes et des pas mûres, il avait su combler le vide laissé par Akashi.
Très bien combler même, à voir où ils en étaient aujourd'hui.
Lorsqu'il eut fini de raconter ses déboires de collège, Midorima lui tourna le dos, espérant bien qu'après avoir fait un tel sacrifice, il serait enfin délivré des suspicions absurdes de son partenaire.
- Voilà, j'ai dit tout ce que je pouvais en dire. Satisfait ?
Pensif, Takao émit un long soupir, comme s'il se penchait sur un problème éminemment complexe, puis lâcha :
- Tu sais, si tu m'avais juste dit "J'avais le béguin pour Akashi au collège jusqu'à ce qu'un beau jour, ma rencontre avec toi donne un sens à mon existence", ça t'aurait épargné ton monologue de 4 pages.
- Qu…?! Non mais je rêve, c'est toi qui me fais du chantage depuis tout à l'heure pour que je parle ! Et je ne te permets pas de déformer mes propos comme ça !
- Oui enfin y a pas grand-chose de déformé…
- Je savais que je n'aurais pas dû t'en parler.
- Allez, reste là…
Mais Midorima était décidé à se lever, et dans l'état actuel des choses, Takao ne pouvait pas vraiment jouer au chat et à la souris. Il laissa donc sa tête retomber sur le canapé, et le regarda à l'horizontale alors qu'il soulevait son sac bourré à craquer.
- Tu lui en veux pas ?
Comme il venait de remarquer que son porte-bonheur manquait à l'appel, Midorima ne lui lança qu'un vague grognement interrogatif, avant de se mettre à chercher frénétiquement son rouleau à peinture.
- D'être sorti avec Kuroko plutôt qu'avec toi.
Il avait fini de soulever tous les coussins, et se mettait maintenant à quatre pattes pour inspecter sous le canapé.
- Non. Je n'en ai de toute façon jamais eu l'intention.
Il se redressa bientôt, couvant du regard son rouleau enfin retrouvé. Il resta un moment à le contempler, assis sur le parquet, juste à côté de Takao.
- Maintenant que j'ai un élément de comparaison, je me rends compte que ça n'avait rien de sérieux.
Son compagnon tendit la main, et passa gentiment ses doigts dans ses cheveux. Lui le regarda faire, un peu perplexe. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui touche les cheveux. A la fois parce qu'il était plus grand que la majorité de son entourage, mettant ainsi sa tête hors de portée, et parce qu'à peu près personne n'était assez familier avec lui pour avoir ce genre d'attention.
Personne sauf Takao.
Il se pencha vers lui et l'embrassa brièvement. C'était sans compter la main derrière sa tête qui l'empêcha de s'enfuir, et le contraignit à rester un peu plus longtemps.
- Merci de m'en avoir parlé en tout cas. En plus, c'était très mignon.
- La première phrase suffisait.
Takao desserra sa prise, le sourire jusqu'aux oreilles.
Soudain, quelque chose attira son attention.
Pointant du doigt un point derrière Midorima, il demanda d'un ton surpris :
- C'est quoi, tout ça ?
Incrédule, l'intéressé se retourna… et sentit son cœur rater un battement en voyant le contenu de son sac répandu sur le sol. Il avait dû shooter dedans dans son désespoir de retrouver son rouleau tout à l'heure. Et ce qu'il y avait à l'intérieur de ce sac…
- … Mais… qu'est-ce que tu trimballes, au juste ? Une lampe de bureau, une balle de golf, un guide de voyage, une pelle à tarte… y a même un canard en peluche ? Tu fais l'horoscope de toute la semaine en un jour, maintenant ?!
- Bien sûr que non ! C'est pas pour moi !
Il se précipita pour tout ranger sans réaliser ce qu'il avait dit. Mais à peine le premier objet rentré dans le sac, il s'arrêta.
Sans la plus petite note de moquerie dans la voix, Takao lui demanda :
- Alors ils sont pour moi ?
- … Je ne savais pas quand est-ce que je te reverrais, alors… je les ai accumulés. Ils ne servent plus à rien alors, si tu ne les veux pas…
Le doigt de Takao tapota doucement son épaule. Docile, il se laissa aller contre le bord sur canapé, et il le prit dans ses bras.
- Merci.