Titre : Le papillon

Pairing : Akashi x Kuroko ; ainsi que d'autres couples qui arriveront plus tard.

Rating : M

Genre : UA, Romance, Hurt/Comfort

Disclaimer : Les personnages sont ceux de Tadatoshi Fujimaki, seule l'histoire est de moi

Note de l'auteur : Bonjour tout le monde !

Me revoici cette fois-ci avec une fiction sur ce couple. J'espère sincèrement que vous l'apprécierez car cette fiction me tient énormément à coeur, pour le fait que j'aime énormément l'univers du cinéma mais aussi car évidemment j'aime ce couple x) Je n'ai pas vraiment grand chose à vous dire, à part bien sûr des remerciements pour Louna Ashasou qui a corrigé ce chapitre, et qui corrigera les autres. Si vous avez le temps, n'hésitez franchement pas à aller faire un tour sur son profil, et pourquoi pas lire ses histoires ;)

Un petit mot aussi pour Riddikuluss : ça y est, me revoici avec le projet dont je te mettais l'eau à la bouche ! J'espère franchement ne pas te décevoir avec ce premier chapitre du coup ç.ç


Le papillon

Scène 1


Quand on cherche désespérément quelque chose, on ne le trouve pas.

Et quand on s'efforce d'éviter quelque chose, on peut être sûr que ça va venir vers nous tout naturellement.

Haruki Murakami.


Les caméras mobiles se mouvaient pour capturer la scène extérieure qui était en train de se dérouler devant une poignée de personnes. De l'autre côté de ces caméras, derrières leurs appareils, des hommes se chargeaient de l'éclairage tout comme du son pendant que sur le plateau les acteurs jouaient leur texte. En ce moment même, le héros pleurait la perte de son meilleur ami en train de mourir sur le terrain ; et bien que le personnel derrière la caméra ait eu connaissance du script, rien n'empêchait que derrière son dos il pouvait clairement entendre de nombreux reniflements. Un sourire presque imperceptible s'étira sur le coin de ses lèvres : un nouvel oscar était assuré.

Sous ses yeux avisés, les acteurs déambulaient selon le script. Au moindre faux pas, il était là pour les reprendre et cela ne le dérangeait aucunement de faire répéter une même scène des dizaines de fois. Autant de fois que ce serait nécessaire afin d'atteindre la perfection. Tous les acteurs n'étaient pas capables de telles prouesses, et il était connu en tant que réalisateur pour être extrêmement strict voire même cruel envers ses employés. Mais n'était-ce pas naturel ? Il était celui qui avait l'idée de créer ce film, qui s'y était engagé et il avait lui-même trouvé un producteur prêt à financer son projet. Il faisait jouer ces personnes et donc leur apportait un salaire et peut-être même une future notoriété. Cependant, son travail ne s'arrêtait pas là. Ce serait trop facile sinon. Il n'était pas simplement assis là sur son fauteuil rouge de réalisateur à se tourner les pouces et regarder les choses se faire, bien sûr que non. Sans lui, le tournage du film ne pourrait avoir lieu et il ne pourrait donc ni se retrouver prochainement en salle ou encore bien plus tard dans des pochettes DVD. Son avis était crucial et il était le seul à savoir où les choses devaient aller ; puisqu'il était le propriétaire de cette idée qui faisait en ce moment même jouer des centaines de personnages, importants ou non, au cœur de son histoire. Il contrôlait tout.

La scène touchant à sa fin et le ciel s'obscurcissant petit à petit pour démontrer l'heure tardive, sa voix s'éleva sur le plateau et tous les regards se tournèrent vers lui. Il était temps d'arrêter pour aujourd'hui ; car les acteurs étaient fatigués et que le nombre de scènes à tourner pour la journée avait été respecté. Les caméras s'éteignirent alors et les personnes mortes devant ces dernières se redressèrent pour venir discuter avec leurs collègues qui soupiraient de soulagement, cette journée était enfin terminée.

« Bon travail, Sei-chan ! »

Les yeux vairons de l'interpelé se tournèrent vers son assistant qui agitait gaiement sa main pour le saluer. Akashi laissa son collègue le rejoindre et reprit ensuite sa marche. A ses côtés se trouvait dorénavant un grand brun dont les cheveux descendaient au niveau du menton, un sourire triomphant étiré jusqu'à ses oreilles à l'idée de pouvoir marcher à ses côtés. Ils ne discutèrent pas vraiment et Reo, son assistant pour la réalisation de ce film, savait que cela faisait partie de son caractère. Il n'aimait pas discuter pour ne rien dire ou se tenir au courant, par le biais de son camarade, des dernières nouvelles sans intérêt. Que sa mère soit malade ou au contraire en bonne santé, qu'en avait-il à faire, sérieusement ? Il avait toujours été ainsi, non pas par manque de courtoisie mais simplement car c'était dans sa nature. Il n'était pas friand des discussions qui n'apportaient rien, et cela Reo l'avait parfaitement intégré.

Pourtant, la voix de ce dernier s'éleva.

« Sei-chan… tu avais une interview de prévue aujourd'hui ? » Demanda ce dernier en pointant de son index le duo de journalistes qui patientaient derrière les barrières en plastiques délimitant la zone de tournage, et empêchant de l'autre à des inconnus de venir empiéter sur le terrain.

L'attention d'Akashi se porta sur ces deux personnes à une vingtaine de mètres de lui, et observa longuement cette jeune femme à la chevelure coupée court tenant dans le creux de ses mains un petit cahier ainsi que son micro personnel. Derrière elle, un homme tenait sur son épaule sa caméra apparemment éteinte puisqu'aucune lueur rouge n'était apparente.

« Vois avec le producteur à propos des scènes tournées et appelle-moi dès que tu auras eu son rapport. N'hésite pas à apporter toi-même les modifications nécessaires, compris ? »

Akashi faisait confiance au point de vue avisé et sérieux de Reo, ce fut ainsi qu'il pouvait lui permettre de toucher à son film. Un large sourire se forma sur les lèvres du brun comprenant parfaitement la raison de cette demande. Il savait très bien que le rouquin ne laissait personne toucher à son film habituellement et était donc flatté que son supérieur lui laisse un tel champ de travail. Quelques mauvaises langues diraient que de travailler avec le célèbre Akashi Seijūrō était pénible et épuisant, seulement Reo n'était pas d'accord avec les deux premiers points. Pour travailler convenablement avec Akashi et être aussi efficace que ce dernier, il fallait en vouloir. Sans ça, ce n'était pas la peine de lui faire face. Après avoir intégré cela, tout ne dépendait plus que de la résistance de la personne en question.

Les pas du réalisateur l'emmenèrent auprès de ces journalistes venus pour l'interviewer. La rencontre était prévue, il ne l'avait aucunement oubliée, seulement il était une nouvelle fois exaspéré par l'impatience de ces derniers à venir à lui. Toutefois, Akashi était toujours heureux de s'entretenir avec les médias, puisque cela lui permettait de promouvoir ses films et de se frotter les mains de satisfaction. Savoir manier les mots, comprendre où voulait en venir son interlocuteur et le dépasser pour ainsi pouvoir le manipuler et lui faire poser les questions qui pour lui seraient intéressantes, était un de ses jeux préférés.

Y arrivait-t-il avec cette jolie brune ?

« Excusez-moi pour mon retard, où voulez-vous que nous nous installions ? » Demanda-t-il avec un faux sourire digne des plus grands comédiens.

La jeune femme à la courte chevelure gigota sa tête pour regarder autour d'elle, ses supérieurs l'avaient briefé sur le personnage qui se trouvait en face d'elle ; imposant, impatient et manipulateur. Avec lui, il fallait s'attendre à tout et surtout aux plus belles flatteries pour pouvoir prendre le dessus sur l'interview. Ce n'était plus au journaliste de tenir les rênes mais bien à ce jeune homme tout juste âgé de vingt-trois ans. Par ailleurs, cette interview personne n'en voulait. Tous ses collègues avaient une peur monstre de se faire dévorer par ce rouquin aux yeux vairons. Elle avait d'ailleurs la chance de connaître son caméraman depuis le lycée, sinon elle aurait certainement dû venir non-accompagnée.

Finalement, ils se dirigèrent vers le point d'eau situé à quelques pas du tournage. Elle fit s'installer le célèbre réalisateur sur un banc donnant un panorama de la rivière. Son collègue et elle restèrent quant à eux debout. Une fois qu'il fut installé, la jeune femme tendit sa main afin de saluer convenablement son homologue.

« Merci de nous accorder cette entrevue, je suis Riko Aida et je vous présente mon caméraman Hyûga Junpei. Nous sommes très heureux de vous rencontrer, confia-t-elle après que son ami ait à son tour salué Akashi.

— Mais le plaisir est réciproque, mademoiselle. »

Riko sourit tout en penchant sa tête sur le côté avant de tourner sa tête vers Hyûga et l'invita à allumer la caméra. Elle se retourna ensuite pour faire face à Akashi et son sourire se transforma nettement, assez tout du moins pour qu'Akashi le remarque aisément. La détermination était visible dans les yeux de cette fille qui tenait fermement son bloc note entre ses mains, et par la clarté de sa voix il comprit facilement qu'on avait dû la tenir au courant de ses pratiques avec les personnes de son espèce.

Le jeu allait pouvoir commencer.

« N'est-ce pas difficile pour un jeune homme de votre âge de vous imposer dans le monde du cinéma ? Vous n'avez que vingt-trois ans et pourtant vos films se hissent aux côtés des plus grands, lança-t-elle.

— Le cinéma n'est pas une question d'âge. Si vous avez l'imagination et l'intelligence nécessaire pour la réussite, il vous suffit ensuite de pouvoir amener votre idée jusqu'à sa chute. Alors dans ce cas pourquoi ne pas essayer d'en faire un scénario et de le proposer à un producteur ? »

Riko généralisa les réponses d'Akashi sur son petit bloc note et poursuivit avec ses autres questions préparées à l'avance. Il fallait être bien armé pour faire face à Akashi Seijūrō. Ainsi pendant que son amie et ce rouquin dialoguaient ensemble, Hyûga était le spectateur d'un combat oral entre la journaliste et le réalisateur dont le nom était sur toutes les lèvres depuis plusieurs mois. A travers sa caméra, Hyûga avait en premier plan cet homme dont le gabarit n'était pas franchement inquiétant, mais dont l'importance était maintenant aussi élevée qu'un membre de l'Etat. Il n'était pas rare de voir le jeune réalisateur dans les journaux people auprès des personnes les plus influentes du pays ; les journalistes racontaient qu'Akashi déjeunait parfois avec ces personnes en toute intimité. Akashi Seijūrō avait pourtant son âge, mais ils vivaient dans deux mondes complètement différents.

Les questions de Riko se firent de plus en plus épineuses et tentèrent de la sorte à troubler Akashi, mais ce dernier rebondissait toujours de plus belle et finissait même par faire tomber la jeune femme qui se relevait à chaque fois et relançait l'offensive. C'était bien la première fois qu'un journaliste, d'autant plus une femme, lui résistait de la sorte. Et à vrai dire, Akashi ressentirait presque de la sympathie pour cette femme s'il ne s'était pas interdit de fraterniser avec les journalistes. Mais tandis qu'il renvoyait la balle à son interlocutrice dans le but de la déstabiliser complètement et gagner le match, Riko sortit sa toute dernière question et non des moindres ; tel un as qu'on aurait caché sous sa manche et qu'on ne sortirait que pour se sauver la face.

« Depuis le début de votre carrière vous avez toujours tourné dans le dramatique en reprenant des faits qui ont marqué l'Histoire, mais n'avez-vous jamais pensé à élargir vos champs d'horizons en réalisant un film romantique ? »

Surpris par une telle question, la caméra vola l'air surpris du rouquin pendant un bref instant avant que ce dernier ne se ressaisisse et retrouve son masque d'impassibilité.

« De la romance ? Il est vrai que je n'y ai jamais pensé, mais pourquoi pas ? Ma foi, cela pourrait être intéressant. »

Sa réponse marqua la fin de l'interview et Hyûga éteignit sa caméra pendant que Riko inspirait longuement afin de calmer ses nerfs mis à rude épreuve. Akashi en profita pour se redresser et mettre ses mains dans les poches de son pantalon grisâtre. Ses yeux vairons détaillèrent à nouveau de la tête aux pieds cette journaliste bien trop curieuse. De la romance, hein ? Akashi jura intérieurement avant de se remettre en route pour s'entretenir avec les techniciens au sujet de quelques dernières affaires pour le prochain tournage, mais la voix de Riko l'arrêta. Tout en se retournant, il vit l'ami de cette dernière tenter de la faire taire, mais sans résultat apparemment.

« J'attends votre prochain film avec impatience ! »

Akashi regarda droit dans les yeux cette impertinente, mais ne préféra pas répondre à sa provocation. Il se détourna alors et l'ignora complètement, elle fera ce qu'elle voudra de son interview puisque de toute façon il pourrait lui retomber dessus grâce à ses relations. Son poste ne tenait plus qu'à lui dorénavant. La faire virer et rayer du journalisme était une chose facilement réalisable, aussi simple que de claquer des doigts.

De leur côté, Hyūga s'énerva contre sa camarade qui avait osé provoquer le grand Akashi Seijūrō. D'habitude, cela ne le dérangeait pas de se frotter aux autres, et même aux plus forts, seulement il savait se taire quand la personne en face de lui était un titan. Ou plus simplement un monstre. De par ses relations et son influence, ils ne représentaient que des vulgaires fourmis qu'Akashi pouvaient écraser selon son humeur. Les yeux noisette de Riko ne lâchèrent pourtant pas un seul instant le dos de ce rouquin qui s'éloignait petit à petit d'elle. Son sourire s'élargit davantage quand Akashi disparut de son champ de vision, et tout en reportant son attention sur Hyûga qui se lamentait sur son poste en péril, elle lui administra un coup de poings au niveau de la tête afin de le faire taire.

-x-x-x-

Dans son appartement, Akashi était confortablement installé sur son grand fauteuil. Bien trop grand pour une seule personne, mais ça Akashi s'en fichait. Après tout, il concordait avec le reste de son appartement tiré d'un magazine de décorations. Il était donc évident qu'entre ces murs, et sans la présence de son propriétaire, on aurait pu penser que ce lieu était à vendre pour le peu d'objets personnels qui s'y trouvait. Ce n'était pas qu'Akashi était maniaque, certes il n'aimait pas le désordre, mais hormis ses affaires personnels comme ses vêtements et ses dossiers, il n'avait pas grand-chose à lui. Plus jeune, il appréciait rarement être pris en photo aux côtés de ses amis.

Seul dans cet appartement, personne ne put voir la colère envahir les traits de son visage. Entre ses mains, un article de journal avait pris appui sur son interview d'il y a deux jours pour écrire un torchon. Un journaliste bien trop prétentieux donnait son avis au sujet de la dernière question de Riko Aida, à propos d'un possible film romantique signé Akashi Seijūrō. Il était vrai que depuis son commencement, le rouquin n'avait exploré que le genre dramatique et cela plaisait beaucoup au public puisque c'était grâce à lui qu'aujourd'hui il avait autant d'argent. Alors pourquoi ce journaliste se plaignait-il et surtout se permettait-il de le descendre ? Incapable de pouvoir réaliser un film dégoulinant de mièvreries, et puis quoi encore ? Il allait faire ravaler sa salive à cet impertinent.

Akashi aurait bien souhaité pouvoir déchiqueter petit à petit ce torchon et le brûler ensuite, mais il fut malheureusement interrompu par l'ouverture de sa porte d'entrée. Aussitôt ses sourcils se froncèrent et il chercha à savoir qui pourrait avoir le double de ses clés, ayant pour l'habitude de toujours fermer à clé même quand il était chez lui. Les traits de son visage se décomposèrent aussitôt dès que sa vision lui permit de voir le visage de celui qui avait osé s'introduire chez lui de la sorte.

« Yo, Akashi ! »

Nijimura Shūzō était l'un de ses amis datant du collège jusqu'à l'université, avec qui Akashi n'appréciait pas être pris en photo. Maintenant appuyé contre l'embrassure de la porte menant au salon, Nijimura était un homme un peu plus âgé qu'Akashi puisqu'il était auparavant son senpai. Ses cheveux avaient toujours gardé la même longueur que lors de leur rencontre, coupés courts et peignés sur le côté gauche pour former une courte frange. Et ce fichu sourire qu'il lui offrait, Akashi l'aurait presque étripé si seulement il ne tenait pas à son image. A la place, un sourire des plus inquiétants se dessina sur son propre visage. Mais cela n'eut pas le résultat escompté puisque Nijimura se rapprocha de lui sans ressentir la moindre animosité.

S'asseyant aux côtés de son ami de longues dates, Nijimura ricana en remarquant le journal toujours entre les mains d'Akashi. Celui-ci pesta par ailleurs et jeta le torchon sur sa table basse en face de lui et vint ensuite croiser ses bras contre son torse avant de porter son regard vairon dans celui clair de son camarade.

« Depuis quand as-tu le double de mes clés ? Demanda-t-il sévèrement.

— La dernière fois que tu es tombé malade, je me suis dit que comme tu n'avais personne pour s'occuper de toi à ce moment là… »

Ne croyant pas un mot à l'explication de Nijimura, Akashi fronça davantage les sourcils et se montra un peu plus agacé. Cependant, Nijimura était bien l'un des seuls à ne pas craindre le rouquin, et de ce fait son sourire s'élargit sur son visage. Sa main partit alors sans crainte dans la chevelure de son kōhai qui tressaillit légèrement devant l'intention, et qui dégagea rapidement cette main suicidaire du haut de sa tête par un brusque mouvement de bras.

« Je ne suis pas un môme, Shūzō. Même en état de faiblesse, je sais m'occuper de moi-même, revendiqua Akashi avant de mettre en évidence sa main pour récupérer le double de ses clés.

— C'est ce qui fait de toi un enfant, Akashi. »

Nijimura se redressa aussitôt, sans, bien sûr, rendre les clés de l'appartement qui n'était pas sien. Un éclat de rire le prit lorsqu'il entendit l'injure d'Akashi, lui qui montrait si rarement son agacement. C'était un vrai plaisir pour le brun de faire sortir de ses gongs de temps à autre son ami, après tout, ça ne faisait de mal à personne d'évacuer sa frustration.

En passant à côté de la table basse où reposait le journal, Nijimura le prit bien qu'il l'ait déjà lu. Il était d'ailleurs à l'origine de sa visite. Il lut en diagonal les écrits de ce stupide journaliste qui pensait avoir pu atteindre à la réputation du réalisateur en publiant une pareille absurdité. Demain, ce pauvre garçon se retrouverait sûrement à la rue et ne pourrait même pas publier un article sur la disparition d'un chiot.

« N'empêche… Je suis d'accord avec ce type. » Révéla Nijimura le plus sincèrement du monde.

Ce serait mentir de dire qu'en ce moment, Akashi n'était pas vexé. L'une des personnes qu'il côtoyait depuis longtemps, et qui malgré sa nature distante savait des choses à son propos que même Reo ignorait, doutait en ce moment même de ses capacités. Akashi était furieux.

« Tu peux me dire à quand remonte ta dernière relation ? »

La question de Nijimura fit réfléchir Akashi qui porta son regard particulier dans celui franc de son ami. Nijimura était aussi l'une de ses rares personnes qui osaient le regarder droit dans les yeux. Seulement, Akashi avait beau remonter dans ses souvenirs, il ne se rappela pas d'une personne en particulier. Pas même un flirt. Pourtant, ce n'était pas qu'il avait un physique désavantageux, après tout certains magazines peoples aimaient le prendre en photo pour plaire aux midinettes en chaleur. Un réalisateur célibataire et riche, et d'autant plus jeune, à qui cela ne plairait-il pas ?

Face au manque de réponse de la part d'Akashi, Nijimura étira un sourire victorieux. Il avait trouvé la corde sensible d'Akashi Seijūrō ; lorsque cela concernait l'amour le rouquin était un véritable amateur. Intérieurement, c'était à peine si Nijimura oserait faire la danse de la victoire et vendre ses mérites. Seulement, il savait qu'il serait tué si jamais une tierce personne apprenait sa découverte. Aussi, Nijimura jubila intérieurement pendant que son visage restait complètement neutre pour donner une impression de sérieux face à Akashi ; et éviter de la sorte de se faire trancher la gorge.

« Depuis que je te connais Akashi, tu n'as jamais remarqué quand une fille s'intéressait à toi. Et crois-moi, je m'en suis pris des râteaux à cause de toi !

— Si tu crois que je vais te présenter mes excuses. » Maugréa le rouquin.

Nijimura serra des dents afin de ne pas sauter le pas et au moins frapper son homologue. Oh non, s'il le faisait avec Akashi Seijūrō il le regretterait amèrement dans les secondes à suivre. Pourtant cette envie-là, de frapper ce garçon qu'il connaissait depuis le collège, ne datait pas d'hier. Seulement, depuis leur rencontre Akashi avait toujours eu cette étrange aura autour de lui qui empêchait toutes personnes de pouvoir aisément lui adresser la parole. Peu de personnes avaient l'honneur de participer à la vie du jeune homme.

« Enfin chose à part, je suis invité à une réception chez la famille Aomine. J'ai une deuxième invitation, tu veux sortir ? »

Les yeux d'Akashi se levèrent pour observer Nijimura. La famille Aomine était constituée d'importantes personnes évoluant dans le milieu judiciaire, et craint par la plupart des délinquants. Des personnes importantes tout à fait intéressantes d'autant plus. Il ne fut donc pas difficile de convaincre Akashi qui se leva à son tour et vint se poster en face de Nijimura qui le dépassait toujours d'une tête. Nijimura lui tendit alors le papier rectangulaire qui n'était autre que l'invitation pour cette réception en question. Akashi fronça tout de même ses sourcils en remarquant que la date de celle-ci était pour ce soir même.

« Tu ne me préviens que maintenant ? S'enquit-il, agacé.

— Je devais y aller avec quelqu'un d'autre à l'origine. »

Sa main droite vint rencontrer sa nuque et Nijimura se la gratta nerveusement tout en partant regarder ailleurs. Il pouvait deviner aisément le sourire moqueur qu'était en train d'étirer Akashi qui replongea son attention sur l'invitation fraîchement offerte. La réception de la famille Aomine ne commençait qu'à partir de vingt heures, il avait encore deux bonnes heures pour se préparer et se rendre sur les lieux. Devant l'intérêt que portait Akashi sur ce papier, Nijimura se concentra à nouveau. Il se doutait bien que dorénavant son ami allait cogiter au sujet d'un film romantique, simplement par défi de faire ravaler leur salive à ces stupides journalistes. Ce n'était pas compliqué de deviner ce trait de caractère chez Akashi du moment qu'on le connaissait un minimum ; son esprit de compétition était ce qui le caractérisait le plus. Akashi Seijūrō était un combattant et dire qu'il était incapable d'une chose, sans même l'avoir laissé essayer, était une immense erreur.

« Enfile ton plus beau costume, je viens te prendre plus tard au bas de ton immeuble. »

Et sans ajouter quoi que ce soit, Nijimura se détourna d'Akashi tout en agitant sa main par-dessus son épaule. Rapidement, Akashi se retrouva à nouveau seul avec pour seule différence l'invitation qui résidait entre ses mains. Déposant l'invitation sur sa table basse, Akashi rejoignit sa chambre impeccablement rangée. Son lit avait été fait le matin même après que le rouquin se soit réveillé, et après quelques pas pour dépasser l'endroit où il passait ses nuits Akashi ouvrit son dressing qui occupait l'intégralité d'un des murs composant sa chambre. En ouvrant les deux battants de portes, le rouquin fit face à une autre pièce réservée uniquement pour ses vêtements. Des dizaines de costards reposaient délicatement sur leur cintre respectif tandis que de l'autre côté des vêtements plus décontractés étaient rangés. Akashi n'était aucunement ce qu'on pouvait appeler une fashion victim, simplement il savait s'habiller en circonstances. Ce soir en était l'exemple parfait et comme par automatisme Akashi se dirigea vers ses costards pour choisir celui étant le plus resplendissant.

La première impression était toujours la plus importante.

Comme promis, Nijimura vint le retrouver en bas de son immeuble avec une voiture de marque d'un noir lustrée. Akashi le salua à peine lorsqu'il monta dans le véhicule de son ami et se concentra aussitôt sur ce qui était droit devant lui, faisant sourire en coin Nijimura qui appuya sur l'accélérateur. L'appartement d'Akashi était superbement bien placé, ils n'avaient pas à faire beaucoup de route pour leur plus grand bonheur.

Ce fut ainsi que la demeure de la famille Aomine se présenta à eux. Nijimura confia les clés de sa voiture à un voiturier qui monta aussitôt dans le véhicule pour aller le garer un peu plus loin. De son côté, Akashi regardait tout autour de lui avec fascination. Un peu plus tôt en voiture, ils avaient traversés un immense portail argenté qui donnait sur les jardins de la cour extérieure, joliment fleuris par d'innombrables fleurs de saisons entretenues avec soin. Au milieu de la cour se trouvait une fontaine où circulait tout autour et dans le sens des aiguilles d'une montre les voitures dont se chargeaient ensuite les voituriers.

Ce genre d'atmosphère et d'environnement avait toujours immensément plu à Akashi qui n'avait de cesse d'enregistrer quelque part dans son cerveau le moindre détail que ses yeux percevaient. Ce domaine était fort intéressant.

« Nijimura-san, quel plaisir de vous revoir ! »

La soudaine présence fit se retourner Akashi qui reconnut aussitôt la maîtresse de maison, bien que ce soit la première fois qu'il la rencontrait. Akashi avait l'habitude de se renseigner sur les personnes qui étaient de la même trempe que lui, au cas où il était amené à les rencontrer et savoir comment en tirer profit plus tard. Ce fut ainsi qu'apparut devant ses yeux vairons une femme d'âge mûr à la peau clair et aux yeux d'un bleu électrique, amplifié par sa longue chevelure d'un noir ténébreux. Ses traits fins et son maquillage délicat la rendaient absolument magnifique.

Dorénavant à ses côtés, Nijimura prit de ses nouvelles avec plaisir avant de poser sa main sur l'épaule d'Akashi et ainsi en venir aux présentations. Les yeux perçants de cette femme fixèrent avec intérêt la nouvelle tête qu'elle reconnut aussitôt, et un fin sourire se dessina sur les lèvres.

« Je vois que vous avez toujours du talent pour bien vous entourer, Nijimura-san, plaisanta-t-elle avant de saluer convenablement Akashi. C'est un plaisir de vous rencontrer, votre présence nous honore.

— Le plaisir est réciproque, madame, confia Akashi tout en s'abaissant légèrement vers l'avant pour la saluer.

— N'hésitez pas à venir me consulter si quelque chose ne vous conviens pas. Nijimura-san, m'accorderiez-vous une dance au cours de la soirée ?

— Votre mari ne va pas apprécier voyons. Chercheriez-vous à ce qu'il essaie de m'assassiner ? »

Un rire léger emporta la femme qui les quitta pour rejoindre ses occupations, revenant alors auprès de ce qui devait être son mari qui était un homme d'une carrure imposante et au teint bien plus matte que celui de sa femme. Les deux hommes entrèrent dans l'immense salle préparée pour la réception et se dirigèrent vers le buffet généreusement garni de boissons, alcoolisées ou non, et de plats appétitifs.

Dans la salle richement décorée Akashi reconnut plusieurs pointures et se promit de venir leur adresser quelques mots au cours de la soirée, si l'occasion s'y prêtait. Son attention revint tout de même vers Nijimura qui saluait en ce moment même de jolies jeunes femmes élégamment habillées pour les circonstances. Le regard de certaines d'entre d'elles dérivaient rapidement du brun pour venir regarder avec plus d'intérêt sur le côté, où se trouvait par ailleurs Akashi qui lui observait plutôt son ami s'intéressant à la vie de ces femmes. Le pire étant sûrement qu'Akashi savait que Nijimura agissait de la sorte tout en s'y intéressant véritablement, et non pas seulement pour se faire bien voir. Il était d'une nature gentille et à l'écoute de la moindre complainte.

Finalement, ces jeunes femmes finirent par disparaître et Nijimura soupira longuement avant de se retourner vers Akashi. Sa main droite se saisit d'un verre alcoolisée et il en but quelques grandes gorgées avant d'à nouveau diriger ses yeux gris vers ceux vairons de son ami.

« Tu ne devineras jamais ce qu'elles m'ont demandé, s'amusa Nijimura tout en se rapprochant de lui pour éviter que les autres ne les entendent.

— Si c'était à mon sujet, elles n'avaient qu'à venir m'adresser la parole. » Rétorqua aussitôt Akashi.

Nijimura observa avec attention son ami, désabusé par sa réaction. Ses yeux parcoururent ensuite la vaste salle et détailla chacune des filles présentes entre ces murs. Son verre à moitié vide tenu près de son torse, un rictus amusé finit par s'étirer sur ses lèvres. A peine perceptible, même pour Akashi Seijūrō.

« Ce serait bien qu'à la fin de la soirée, tu puisses repartir avec une de ces filles. Ta présence ne les laisse pas indifférentes. »

L'aveu de Nijimura surprit en quelque sorte Akashi qui n'en laissa rien transparaître pour autant.

« Et puis, ça te permettra d'obtenir une idée de scénario pour ton prochain film. »

A cette énonciation, Akashi partit immédiatement dévisager Nijimura en comprenant où il voulait en venir : apprendre sur le terrain. Nijimura capta le regard intéressé du rouquin et pencha sa tête sur le côté, observant du coin de l'œil son ami de longue date sans ajouter quoique ce soit.

« Ces filles t'ont demandé quoi ? » S'intéressa-t-il alors.

— Si tu étais venu seul ou accompagné. » Répondit ce dernier en étirant un sourire victorieux.

Akashi acquiesça sans ajouter quoique ce soit. Il chercha alors à nouveau une fille susceptible de lui plaire dans la salle. Ses yeux s'arrêtèrent sur une jeune femme à la longue chevelure rosée, élégamment habillée d'une robe blanche mettant en avant sa poitrine généreuse. A ses côtés se trouvait un jeune homme sûrement de son âge au teint bronzé et aux yeux aussi bleus que celui de cette femme qui les avait chaleureusement accueillis.

« C'est l'amie d'enfance du fils de la famille Aomine. » Lui indiqua subitement Nijimura en remarquant la direction que traçaient ses yeux.

Cette fois-ci, Akashi fit davantage attention au garçon qui accompagnait la jolie jeune femme. Il était clairement visible que l'enfant de la famille Aomine s'ennuyait ferme, et ne supportait pas ce genre de cérémonie puisque sa cravate pendait négligemment autour de son cou et que sa chemise était à moitié fermée. Au même moment sa mère passa derrière lui et sembla le sermonner devant sa dégaine puisqu'Akashi put voir le jeune Aomine râler bruyamment avant de se faire reprendre par son amie d'enfance qui en profita pour nouer correctement sa cravate après que son ami ait reboutonné sa chemise.

Sans plus tarder, Akashi vint les rejoindre sans jeter un dernier regard dans la direction de Nijimura qui laissa quant à lui son ami partir. Ses yeux grisâtres furent ainsi spectateur de la rencontre entre son ami et cette jolie jeune fille. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Nijimura n'avait jamais vu Akashi aborder une fille ni encore moins le voir flatter cette dernière. L'indifférence d'Akashi auprès de la gente féminine avait pourtant rendu ce dernier comme un aimant à femme, mais il les rejetait toujours inconsciemment. C'est donc tout en portant son verre à ses lèvres pour camoufler son amusement que Nijimura détourna son regard d'Akashi pour remarquer cette nouvelle présence qui se dirigeait vers lui et qui n'était autre que la maîtresse de maison. Son sourire s'étira davantage sur le coin de ses lèvres tandis que cette grande dame vint à sa rencontre, lui proposant rapidement de goûter les apéritifs avec elle.

« Vous n'aimez pas être convié à ce genre de soirée, n'est-ce pas ? Demanda doucement Akashi pour entamer la conversation, accrochant ainsi le regard bleu électrique d'Aomine sur sa personne.

— Pas le choix quand les parents sont les organisateurs, se plaignit le bleuté tout en se frottant l'arrière du crâne de manière désinvolte.

— Dai-chan un peu de retenue ! Excusez-le monsieur Akashi, mon ami peut se montrer grossier quand il est énervé… »

Se penchant respectueusement vers l'avant pour excuser le manque de politesse d'Aomine, la jeune fille craignit d'entendre la moindre phrase vénéneuse de la part de cet homme qui les avait rejoints.

« Je vais vous avouer que ce genre de soirée m'ennuient aussi énormément. »

Momoi fronça des sourcils tout en commençant à se redresser. Son regard épia attentivement le visage d'Akashi tourné en direction de son ami d'enfance, et se trouvant davantage intéressé par ce dernier que par elle. La politesse aurait fait que normalement, ce réalisateur lui aurait au moins dit de ne pas s'en faire, que ce n'était pas de sa faute. Mais non, rien. Akashi était resté de marbre et repartait comme si de rien n'était dans sa conversation avec Aomine.

« Pourtant, c'est pas la première fois que je te croise. Et t'as l'air plutôt à l'aise dans ce milieu, se moqua Aomine avant d'entendre son amie lui crier dessus de surveiller son langage.

— Tout comme vous, je suis forcé de me présenter à ces soirées. De la sorte, je peux promouvoir mes films et me faire bien voir par la gente féminine. »

Bien évidemment, ceci n'était que la surface visible de l'iceberg. Akashi ne dévoilait qu'une partie de la vérité à ce jeune homme qui ne sourcilla pas un seul instant à ses propos. De son côté, Momoi regardait avec intérêt ce rouquin qui était venu à eux sans qu'ils aient agis de façon à quémander sa présence. Elle pouvait sentir contre sa peau le regard assassin des autres filles jalouses de sa situation. Et puis qu'entendait exactement Akashi par le fait de se faire bien voir par les femmes ? La précision émise par le réalisateur eut le don de la faire frémir d'une nouvelle colère jusqu'à lors inconnue. Akashi Seijūrō était peut-être influent et riche, mais ça n'en restait pas moins un homme comme les autres. Discrètement, Momoi contracta ses poings derrière sa robe. Elle devait se calmer. Elle savait pourtant que cet homme n'était pas des plus fréquentables ; calculateur et manipulateur, c'était là deux défauts qu'elle avait en horreur et que détenait Akashi.

« Mais désirez-vous boire quelque chose ? Nous pourrions apprendre à mieux nous connaître, si cela vous convient. »

Le regard d'Akashi bifurqua sur Momoi qui rougit de colère avant de détourner immédiatement son regard dans la direction d'Aomine, y cherchant vers son ami un soutien qu'elle ne reçut malheureusement pas. L'appel de la boisson avait grandement intéressé le basané qui par son regard illuminé d'un vif intérêt répondit à la question d'Akashi. Celui-ci s'écarta alors temporairement pour rejoindre un employé tenant un plateau couvert de boissons.

Pendant l'instant où Akashi s'éloigna, Momoi en profita pour attraper le bras d'Aomine qui fronça ses sourcils en voyant le visage inquiet de son amie. Malheureusement, aucun son ne put sortir de sa gorge puisqu'un peu plus loin, bien qu'en compagnie d'un des employés, Momoi remarqua les yeux vairons se tourner dans sa direction. Sa main se crispa autour du vêtement d'Aomine avant de le relâcher, restant au final tout à fait silencieuse. Pour sa part, Aomine ne s'en formalisera pas et accueillit même Akashi avec un grand sourire quand ce dernier ramena l'employé qui les salua respectueusement avant de s'éloigner, trois vers en moins sur son plateau.

« Et donc, puis-je savoir ce que vous faites de vos journées ? » S'intéressa-t-il.

A l'inverse de Momoi, Aomine était bien plus à l'aise et répondit comme à son habitude d'un ton familier à son interlocuteur pourtant bien plus important que lui. Ce n'était pas dans les habitudes du jeune Aomine Daiki de respecter ses aînés ou bien les personnes ayant un grade plus important que lui. Il serait fort acceptable de l'apparenter à un gamin capricieux et mal élevé, si seulement Momoi n'était pas là pour le recadrer à certains moments. Par ailleurs, Momoi répondait toujours évasivement aux questions du réalisateur. De temps à autre aussi, certaines filles tentaient vainement leur chance en essayant de se greffer à leur conversation en se servant de Momoi afin d'atteindre Akashi qui les ignora superbement. Vexées, les invitées dévisagèrent sans le cacher la pauvre Momoi qui se sentait de plus en plus mal à l'aise. D'autant plus que son ami d'enfance n'était pas capable de voir son malaise et donc de lui venir en aide.

Sa bouée de sauvetage se matérialisa pourtant sous l'apparence d'un homme au visage délicat qui posa sa main par-dessus l'épaule du réalisateur, et tout en étirant un discret sourire sur ses lèvres, il vint rapprocher son visage de l'oreille de son ami. Nijimura avait vu de loin la détresse de la jeune femme. Akashi cessa alors de porter de l'intérêt pour l'homme à ses côtés et observa plutôt avec attention la silhouette de Momoi avant de reporter son intérêt pour Aomine.

« Veuillez m'excuser, j'ai à faire. » Souffla-t-il simplement avant de se retourner et s'éloigner un peu plus loin, suivi par Nijimura qui ne porta plus aucun intérêt à Momoi.

Akashi s'éloigna ainsi des deux amis d'enfance sans voir le soupir de soulagement de Momoi pendant qu'Aomine terminait son verre apporté par ce rouquin.

De leur côté, Nijimura proposa des apéritifs à son ami qui était agacé par son intervention. Devant le refus catégorique d'Akashi pour prendre ce petit gâteau, Nijimura reposa le plateau sur la table garnit et croisa ses bras contre son torse avant de reprendre un visage neutre. Il était évident qu'Akashi ne savait pas si prendre avec les femmes, puisque la précédente n'avait pas l'air méchante pour deux sous.

« Tu devrais te détendre Akashi, conseilla Nijimura.

— Je suis parfaitement détendu. » Rétorqua aussitôt Akashi qui déposa sèchement son verre vide sur la table derrière lui.

Nijimura soupira longuement. Essayer d'apprendre à Akashi comment se comporter avec la gente féminine reviendrait à discuter avec un mur. Un véritable dialogue de sourd puisque le rouquin pensait tout savoir sur tout. De plus, comme Akashi était doté d'une intelligence remarquable, il avait oublié la faculté d'écouter ; dorénavant pour lui seul son avis comptait et les autres avaient tort.

« Jamais tu ne parviendras à faire ravaler les propos de ce journaliste en te comportant de la sorte. Si tu n'y mets pas du tien, tu seras incapable de faire un film romantique.

— Tu le penses vraiment ? »

La voix d'Akashi était menaçante, tel un orage qui serait sur le point d'éclater au-dessus de leur tête. Pourtant Nijimura ne prit pas peur et ne se défila pas. Il affronta plutôt ce regard ardent qui transperçait sa peau de par leur couleur changeante, et par cette étincelle assassine. Le regard d'Akashi était particulier, envoûtant. L'attraction qui entourait le réalisateur était aussi bien attirante que répulsive. Et de ce que s'en souvienne Nijimura, ce regard singulier qu'avait Akashi écartait avant tout les personnes de lui.

Des barrières infranchissables entouraient le réalisateur, et peu de monde osait affronter la difficulté pour venir le rejoindre.

« Je suis sûr que tu ne saurais même pas définir ce qu'est que le genre romantique, révéla Nijimura avec un certain amusement à la clé.

— Pour faire un bon film romantique, il faut les thématiques de la rencontre, de l'amour mais aussi de la rupture et enfin la réconciliation.

— On dirait qu'il s'agit d'une formule apprise pour résoudre un exercice, marmonna Nijimura en étirant une grimace.

— Le cinéma répond à des règles. Tu es scénariste, tu devrais le savoir. » Reprocha Akashi partiellement agacé par l'attitude de son ami.

Nijimura agita sa main sur les côtés, comprenant bien les propos de son ami. Toutefois, il trouvait qu'Akashi n'avait pas raison sur toute la ligne. Ainsi pendant qu'autour d'eux la famille Aomine s'occupait des invités et que la douce musique en faisait danser certains, Nijimura et Akashi restèrent dans leur coin à discuter calmement des règles qui régissaient le monde du septième art.

« Ce n'est pas parce que ces règles existent qu'il ne faut pas apporter notre patte. C'est l'émotion qui fait pleurer le public, lorsque les personnages se retrouvent après tant d'obstacles surmontés ensembles. C'est aussi l'émotion qui fait frémir le public quand il arrive un malheur à l'un des protagonistes. Et tu devrais le savoir, Akashi. Il est plus difficile de faire pleurer un spectateur devant un film mièvre que devant une tragédie. »

Le regard vairon du réalisateur se tourna vers le profil de son ami extrêmement sérieux. Une injure traversa la barrière de ses lèvres en ne trouvant rien à répondre. Nijimura avait marqué un point. Akashi délaissa alors son ami pour revenir sur le champ de bataille, puisqu'il ne se sentait aucunement abattu. Akashi oublia néanmoins Momoi, car cela ne servirait à rien de revenir à la charge et de la brusquer davantage. Devant l'attitude de son ami, Nijimura ricana légèrement.

Une fois aiguillé, le missile à tête chercheuse plus couramment appelé Akashi Seijūrō pouvaient faire des désastres et bouleverser la vie d'une multitude de personnes. Et intérieurement, Nijimura était parfaitement conscient que si Akashi sortait un film romantique, ce dernier ferait parler de lui. Son ami était comme ça : dès que ses mains touchaient quelque chose, celles-ci prenaient le triple de leur impact habituel.

-x-x-x-

« Vous désirez monter boire un verre ? »

La question ne fit pas sourciller Akashi dont le regard vairon partit observer le visage de cette jeune femme avec laquelle il avait discuté une grande partie de la soirée. Nijimura était rentré de son côté pendant qu'Akashi avait appelé un taxi. La femme qu'il avait accompagnée et qui l'invitait à poursuivre cette soirée en ce moment même, était elle aussi venue avec une amie qui finalement l'avait délaissée pour partir avec un homme. S'étant alors montré galant, Akashi s'était proposé pour la raccompagner jusqu'au bas de sa porte.

« Excusez-moi, mais je n'aime pas coucher dès le premier soir. »

Aussitôt les joues de cette femme s'enflammèrent et elle s'excusa, lui souhaitant de bien rentrer chez lui avant de refermer la porte. Quant à lui, bien au chaud sur la banquette arrière de ce taxi, Akashi pouvait remarquer le regard intéressé du chauffeur sur sa personne. Heureusement celui-ci eut l'intelligence de n'émettre aucun son. Le trajet se déroula ainsi en silence, bien que le conducteur n'ait eu de cesse de l'épier par le rétroviseur de temps à autre. Cela eut d'ailleurs raison d'Akashi qui n'attendit pas d'être arrivé à son adresse pour demander au chauffeur de s'arrêter. C'était assurément la seule raison valable de pourquoi le rouquin n'aimait pas fréquenter la population normale, le bas peuple ; car dès qu'une personne parvenait à se faire un nom, ce bas peuple en question devenait aussitôt de vils rapaces. Tels des vautours qui attendent patiemment que leur proie faiblisse et devienne impuissante pour venir lui extorquer tout ce qu'elle pouvait posséder.

Akashi déposa un billet sur la banquette arrière, se fichant que le chiffre soit bien plus élevé que le prix exact de la course. Le ciel au-dessus de sa tête était dorénavant complètement obscurcit. Les étoiles n'étaient plus visibles en raison des lourds nuages qui prévoyaient une forte pluie dans les prochaines minutes. La nuit ayant complètement pris possession du ciel, ce fut à cette heure excessivement tardive que l'un des jeunes hommes les plus influents du pays se trouvait sur le chemin du retour. Néanmoins, le temps décida de s'en mêler et les premières gouttes se détachèrent des nuages pour venir s'écraser sur le sol ou bien sur les épaules d'Akashi qui releva au même moment le menton. Le réalisateur pesta avant d'accélérer le pas pour rentrer au plus vite chez lui et ainsi éviter d'être trempé.

« Si vous possédiez un cœur, vous m'aideriez un peu. »

La voix sortie de nulle part surprit Akashi qui regarda un instant autour de lui. Son attention s'arrêta sur ce vulgaire morceau de carton tenu aux extrémités par deux petites mains ; et suite à son arrêt deux yeux céruléens apparurent en dessous du carton. La tête penchée d'un adolescent apparut à Akashi qui n'y prêta pas plus attention et se remit en marche pour s'abriter de la pluie.

« Il y a une supérette qui est encore ouverte à cette heure. Un parapluie ne coûte que quelques yens. »

De véritables vautours, et ce à n'importe quel âge. Akashi se détourna et revint à la hauteur de ce garnement qui n'hésita pas à le regarder directement dans les yeux, comme deux personnes normales le feraient. Seulement, si Akashi détestait autre chose que ces stupides rapaces, c'étaient assurément ceux qui pensaient être assez important pour daigner le regarder dans les yeux. Décidément, ce gamin les enchaînait.

« Il ne me semble pas t'avoir déjà vu quelque part. »

Sa voix était ferme et un tant soit peu brisée par la colère ; Akashi se mettait très vite de mauvaise humeur lorsqu'un inconnu osait lui demander de l'argent. Il n'était pas arrivé là où il en était sans sacrifices ni dur labeurs. Tout ne lui avait pas été donné ou miraculeusement tombé sous le nez. Toutes ces choses auxquelles il avait accès maintenant, il les avait méritées. De la sorte, Akashi se détourna pour de bon, enfouit profondément ses mains dans les poches de son pantalon à la recherche des clés de son appartement et reprit sa marche.

Cependant, son pied droit ne suivit pas et le jeune réalisateur s'arrêta un peu plus loin. Ce n'était pas possible. Des sueurs froides envahirent rapidement sa nuque pour glisser contre son corps, lentement, comme pour laisser le temps au réalisateur pour comprendre sa situation actuelle. Ses mains quittèrent précipitamment les poches de son pantalon et vinrent s'engouffrer dans celles de sa veste, mais le résultat fut le même. Akashi se retourna brusquement, regardant autour de lui bien que la pluie se soit s'intensifiée depuis ses débuts. Son attention se riva directement vers ce garçon protégé par son carton. Non, c'était impossible.

« Je ne vous prêterai pas mon carton, si c'est à ça que vous êtes en train de penser. »

Un ricanement acerbe échappa à Akashi qui fit un dernier tour sur lui-même pour espérer tomber sur les clés. Malheureusement ce fut guère le cas et il se retrouva sans rien, une injure traversa la barrière de ses lèvres. Sans ses clés, il y avait toujours un moyen de se débrouiller. Akashi leva son menton et regarda une à une les enseignes des établissements qui peuplaient cette ruelle.

Il ne prêta pas plus d'attention au jeune clochard et se mit en route vers un hôtel dont l'enseigne lui était courante. Il avait l'habitude d'y séjourner une nuit de temps en temps lorsqu'il terminait tard sur le plateau ; il était même devenu un bon client et avec de l'argent ainsi que sa célébrité actuelle, les réceptionnistes le laisseraient bien passer une nuit dans une chambre avec la garantit d'être payés le lendemain.

Aussitôt entra-t-il entre ces murs que des employés vinrent lui demander si tout allait bien. Akashi s'approcha sans tarder des réceptionnistes et expliqua sa situation brièvement devant les yeux incrédules de ces personnes vêtues aux couleurs de leur établissement.

« Je peux mettre en gage ma montre qui à elle seule doit déjà valoir l'une de vos plus belles chambres, marchanda Akashi d'un ton sec qui fit se raidir son interlocuteur.

— O-oui ! » Répondit celui-ci avant de se retourner.

Le jeune réceptionniste fit ainsi face au mur où toutes les cartes métalliques des chambres se trouvaient entreposées ; si jamais son employeur apprenait qu'il venait de refuser une chambre au célèbre réalisateur, il se ferait directement renvoyer et plus personne dans l'hôtellerie n'oserait l'embaucher après cet épisode. Le pauvre réceptionniste ne joua donc pas avec le feu et tendit rapidement la carte métallique en échange de la précieuse montre d'Akashi qui se détourna sans plus tarder. Le jeune réceptionniste vit ensuite le réalisateur s'éloigner de lui, et soupira longuement pour calmer les battements endiablés de son cœur. Ses sourcils se froncèrent néanmoins devant la présence qui marchait derrière Akashi. Akashi qui d'ailleurs appela un ascenseur et laissa à l'employé le plaisir d'appuyer sur le bouton pour monter à sa chambre.

« Passez une bonne soirée, monsieur Akashi. » Salua le garçon de l'ascenseur tout en se penchant vers l'avant.

Les politesses furent pourtant ignorées par le rouquin qui ne ressentait qu'une seule envie : prendre une douche bien chaude. Sa main droite colla contre la porte la carte métallique afin de la déverrouiller. Le son électronique en résultant avertit le rouquin qu'il allait enfin pouvoir accéder à sa requête intérieure, mais tandis qu'il se retournait pour fermer la porte son cœur manqua un battement et ses muscles se raidirent instinctivement. Il aurait presque poussé un cri si seulement son sang-froid n'avait pas eu le temps de se perfectionner en côtoyant quotidiennement Nijimura depuis le collège.

« Ah… c'est embarrassant. »

La voix de ce satanée môme allait le faire sortir de ses gongs ; car après lui avoir demandé de l'argent, l'avoir regardé directement dans les yeux, il avait maintenant osé le suivre jusqu'à l'hôtel et était venu s'infiltrer dans sa chambre sans son accord. Les yeux vairons d'Akashi s'assombrirent et sans tarder, la colère monta d'un cran. Devant lui, embarrassé dorénavant, ce garçon aux cheveux bleuâtres et aux yeux de la même couleur ne savait pas exactement à quoi s'attendre. Il savait parfaitement qui était en face de lui, mais il ignorait toutefois jusqu'où était capable d'aller le célèbre Akashi Seijūrō.

« Je suis Kuroko Tetsuya, merci de m'héberger pour la nuit. »

Peut-être valait-il mieux avec ce genre de personne de prendre les devants, et de ne pas leur laisser le temps de parler. Kuroko se plut intérieurement à penser qu'il avait raison en vue du manque de réponse de la part du rouquin. Timidement, Kuroko tendit sa main vers l'avant dans l'espoir qu'Akashi fasse de même. Il n'obtint pourtant de la part du réalisateur qu'un soupir agacé avant de voir ce dernier s'éloigner de lui.

« Si tu oses t'aventurer à ronfler, je te balance par la fenêtre. Sois en certain. »

L'avertissement étant donné, Kuroko soupira dès qu'Akashi eut disparu de son champ de vision. Au moins maintenant, il avait trouvé un toit où dormir par cette nuit pluvieuse.