Chapitre VII. Héros : ce vent qui t'emporte
Quand il ne souffle plus, l'instant n'en est que plus terrifiant. Tu ne survivras pas à cette guerre. Tu en étais déjà convaincu mais désormais les paroles du Seigneur des Ténèbres te le confirment. Aux portes de la mort, tu te refuses encore d'appeler ce monstre par son nom. Les noms ont des pouvoirs, n'en déplaise à Dumbledore.
Quand il siffle bruyamment, tu ne l'entends même pas. Ta respiration hachée se transforme en râles douloureux. Un liquide chaud coule le long de ton cou et finit sa course en imbibant tes épaisses robes noires. Soudainement, une main tente d'arrêter ce flux de vie qui s'échappe inexorablement. Tes yeux sombres croisent alors ceux de Lily.
Quand il te transperce et te fait frissonner, tu sais que la fin est toute proche. Tu n'es pas mort pour la mère, tu l'es pour le fils. L'urgence s'empare brusquement de toi. Des larmes coulent le long de tes joues creuses. Des larmes argentées pleines de souvenirs.
Quand il se calme enfin, l'urgence qui t'a précédemment submergé s'estompe alors. Ce poids sur tes épaules disparaît. Et il ne reste que ses yeux verts. Il ne se détourne pas de toi et tu lui en ai secrètement reconnaissant. Puis tu réalises que ta fin n'a jamais été aussi proche et tu t'accordes un moment d'humanité. Il a les yeux de sa mère. Potter le regarde stupidement. Une expression qui n'aurait jamais eu sa place dans les yeux de Lily. Etrangement, tu ne trouve pas la force d'en vouloir au gamin.
Quand il souffle sa dernière bourrasque, ses sombres mèches se soulèvent. Cela ressemble à l'envol d'un corbeau. Tu ne prends pas ça pour un moment présage. Tu te contentes de fermer douloureusement les yeux et comme un vieil ami, un vent mystérieux et inconnu t'emporte vers ta dernière destination. Ta vie ne défiles pas devant tes yeux. Tu t'accroches à une dernière pensée. Tu l'as aimé, tu l'aimes.
Always.