Disclaimer: One Piece et toute sa ribambelle de personnages est à Oda, moi je fais juste joue-joue avec.
Rating: T
Pairing: ZoLu
Mot de l'auteur: BONJOUR ! Oui, je sais, ça fait une éternité et en plus c'est encore quelque chose de nouveau. Ca fait un mois depuis la dernière fois et le pire c'est que je peux même pas vous dire que je suis partie en vacances, que j'étais surbookée ou quoi. Non... j'ai simplement rien fait, enfin quelques devoirs, par ci par là... J'ai passé mon mois de juillet à lire philosophes sur philosophes, à regarder les 3 premières saisons de Criminal Minds comme un patapouf dans mon lit et j'ai joué... Pourquoi je vous raconte ça, d'ailleurs ? Bref... si vous lisez vraiment ces lignes, allez plutôt lire celles de Bafan-chan, elles sont bien plus cool !
Avant-propos: Ceci était à la base un simple flash, celui de Zoro qui tire la tronche au bord de la fenêtre, avec du whisky en main. Puis comme je suis atteinte, j'ai rajouté du ZoLu et c'est devenu tout mignon. Puis ça a muté en... ça, un two-shot. Mon premier d'ailleurs, j'espère qu'il vous plaira. L'idée vient de Maps de Maroon 5, qui est une petite merveille. Mais l'écriture c'est faite sur All night de Parov Stelar. Pour une fois que regarder des pubs me fait découvrir un truc qui me fait briller les yeux... Je vous conseille de l'écouter en fond, pour votre lecture, ça s'y prête très très bien !
Voilà pour les histoires inutiles, je vous laisse,
ENJOY IT ! :D
Chapitre premier: Contre son gré
Ca fait maintenant plus de dix minutes qu'il n'a pas bougé. Il est là, silencieux, accoudé à la fenêtre, le regard perdu dans son verre de whisky. C'est le troisième de ce soir, mais à part lui brûler un peu la gorge, ça n'a pas grand effet sur lui.
Un soupir s'élève, de l'autre côté de la pièce. Sanji est là, dans l'encadrement de la porte.
«Tu fais peine à voir, cactus.» dit-il en s'installant dans un fauteuil.
Seul un grognement lui répond et lui arrache un ricanement. Sérieusement, depuis qu'il est parti sans un mot, comme ça, du jour au lendemain, et qu'après avoir remué ciel et terre, Zoro a finalement appris le pourquoi du comment et surtout qui il est vraiment, il fait nettement moins le fier et reste prostré à boire whisky sur whisky.
«On dirait un ivrogne.» le blond cherche dans le petit meuble un magazine à feuilleter.
«La ferme, sourcil en vrille.
- Ah ! Enfin une vraie réponse et une insulte en prime, ça faisait longtemps.»
Un regard noir en coin arrache un sourire à Sanji qui utilise son fascicule comme éventail. On est en début mai, pourtant les températures sont semblables à un mois de juillet. Il fait chaud et lourd dehors, comme à l'intérieur d'ailleurs. Il lève les yeux vers le plafond, attendant que le vert parle ou esquisse le moindre geste. Et il boit une autre gorgée.
«La situation va pas s'arranger en continuant à faire la gueule au monde entier. Tu sais, c'est de la faute de personne. Quoique t'aurais quand même pu vérifier avec qui tu fricotais. Pour un agent du gouvernement, c'est cocasse de se retrouver comme ça.» lance le blond, avec un large sourire.
Il espère que sa pique fera réagir «la plante verte inerte depuis une semaine qui lui sert de colocataire ». Et en effet, Zoro pose son verre sans douceur sur le rebord de la fenêtre et se tourne vers lui, le regard dur.
«Si je devais vérifier les antécédents de chaque personne de mon entourage, tu serais certainement le premier à virer.»
Sanji se relève d'un bond avec une mine réjouie. Ah, ça y est, du répondant, enfin. Lui qui ne fait que grogner depuis sept jours, il sort à nouveau les crocs. Mais... c'est lui, ou en plus de lui répondre, il vient de lui dire qu'il a finalement vraiment vérifié son casier ?
Au pire, ce n'est que de l'histoire ancienne et connaissant parfaitement le caractère du vert, il est sûr que si ça l'avait dérangé, il l'aurait viré de l'appart depuis belles lurettes.
«Oh ? T'as l'air d'avoir des infos croustillantes, dis-moi.
- Y'a pas besoin de chercher des infos pour savoir que tu t'es sûrement fait coffrer pour atteinte à la pudeur ou pour harcèlement sexuel, y'a juste à voir comment tu te comportes avec les femmes.»
Cette fois, c'est Sanji qui grince des dents et fait la grimace. Il est en train de le traiter d'obsédé, non ? Honteux des souvenirs qui lui reviennent en mémoire, le blond cache son visage dans ses mains et se tortille sur place.
«C'est pas ma faute si je les aime ! Et puis c'est même pas pour ça que je me suis fait coffrer, d'abord ! » proteste-t-il.
Maintenant c'est Zoro qui ricane, sans vraiment de conviction.
«Oui, je sais. C'est après le vol d'une bague à deux mille balles dans la bijouterie où tu travaillais que tu t'es fait et viré et arrêté.»
Sanji se fige alors et relève la tête, tout étonné que son... « meilleur ami » ou « coloc de merde » ? ait pu avoir ces informations.
«Comment tu sais ça ?! s'écrie-t-il, outré que tant de mauvais souvenirs soient remontés aussi facilement.
- C'est Robin qui m'a dit que tu avais des tendances cleptomanes.»
Le blond fait la moue, la collègue de cette face d'algue est redoutable. Il aurait du se douter qu'elle ne laisserait pas passer aussi facilement les tentatives parfois osées qu'il avait mises en place pour la draguer.
«Je travaille dessus, se défend-il, mais en attendant c'est pas moi qui fait dans le détournement de mineur, avec un fils de la mafia, en prime.»
Immédiatement, le visage de Zoro qui commençait à se rouvrir se ferme comme une huître, et, avec un regard noir, il se détourne à nouveau de son colocataire pour reprendre son verre et observer par la fenêtre. Sa réaction provoque un éclat de rire chez Sanji, qui retombe sur le fauteuil.
Ca n'a pas grand chose de drôle, mais pour une fois que l'agent se montre sensible à ce point, le cleptomane veut en profiter un peu et tirer sur la corde jusqu'à la rupture. Et peut-être que, qui sait, ça le désensibilisera à force d'en parler et qu'il abordera les choses sans se braquer... Un Zoro aussi prostré, ce n'est plus vraiment Zoro.
«Bah alors, bébé boude ? Avoue quand même que c'est marrant que tu n'aies pas été au courant ! J'ai toujours cru que les membres de ce genre d'organisation étaient connus de vos services.» provoque l'ex bijoutier avec un grand sourire, mais il n'obtient du vert qu'un regard en coin très peu amical. «Oh, allez, c'est pas la fin du monde ! Si on n'a même plus le droit de rire...»
Cette fois, il n'a pas la moindre réaction de la part de son ami, qui se contente de l'ignorer et de finir son verre. Un long soupir brise le silence qui vient de s'installer entre eux. Puis, comme frappé par un éclair, Sanji se redresse et galope vers son sac, qu'il avait négligemment posé sur la table du salon en rentrant du restaurant où il servait.
«Tiens, lance-t-il en fouillant dans ses affaires. Toi qui parlais de ma cleptomanie, regarde ce que j'ai trouvé ! »
Et alors que Zoro le regarde tout juste du coin de l'oeil, il brandit fièrement un petit caméscope numérique. La réaction de l'agent ne se fait pas attendre, il lâche immédiatement son verre qui se fracasse au sol et bondit presque jusqu'au blond pour lui retirer l'appareil des mains avant qu'il ne l'allume. C'est son caméscope.. celui qu'il a laissé dans le tiroir de sa table de chevet.
«Putain, Sanji ! Rugit-il. T'avais pas le droit d'entrer dans notre chambre, merde ! Rends-moi ça !»
Mais le serveur se contente d'afficher un grand sourire et il grimpe sur le fauteuil, le bras levé au plus haut pour garder le petit appareil hors d'atteinte.
«Oh, c'est bon, c'est pas parce que tu t'interdis d'y retourner, toi, que j'ai pas le droit d'y faire un tour. Faut bien l'aérer cette pièce, avant que ça sente le fauve. Se défend-il en sautant de son perchoir pour se mettre à courir afin d'échapper à un Zoro furieux. Puis tais-toi, ça va bientôt commencer.»
Mais le vert ne l'entend pas de cette oreille, il attrape le voleur par l'épaule et le plaque contre le mur le plus proche. Il va lui mettre son poing en pleine figure quand une petite voix s'élève du caméscope déjà allumé et le fait se stopper.
«Ça tourne, là ?
- Si y'a le voyant vert allumé ça veut dire que oui.
- Trop bien ! Zoro, fais coucou à la caméra !»
Le cœur et la mâchoire de l'agent se serrent à l'unisson et son regard se durcit davantage. Si ses yeux avaient été des mitraillettes, Sanji serait mort depuis très longtemps.
«Éteins ça, menace-t-il.
- T'es sûr ? Il faudrait que tu le vois quand même.
- TOUT DE SUITE !»
Cette fois, Zoro hurle. Il ne veut plus de ces souvenirs. Il n'a pas besoin de se rappeler qu'un gosse de seize ans l'a pris pour le dernier des pigeons et qu'il s'était laissé faire, jusqu'à s'attacher à lui. Pire, il était tombé amoureux. Et pendant qu'il essaie de contenir sa colère, le film continue.
«C'est cool, on pourra se faire plein de souvenirs comme ça !
- Tu comptes pas laisser ça allumer tout le temps, non plus ?
- Pourquoi pas ? Ca pourrait être marrant !»
Étrangement, le temps semble s'être suspendu dans le petit appartement. Aucun des deux locataires n'esquisse le moindre geste. Sanji se contente de scruter le visage de Zoro qui peu à peu, au fil du dialogue du film, se fait envahir de vieux souvenirs qui défilent à ses yeux. Il n'a pas besoin du petit écran pour revoir toutes les images. Il se les rappelle encore dans leurs moindres détails, malgré les mois qui se sont écoulés.
Il le revoit en train de triturer sa caméra. Sur l'écran l'appartement doit défiler rapidement et dans tous les sens, en capturant au hasard des morceaux d'une tête verte ou brune, d'un œil, des pieds, tout ce qui se trouvait dans le passage, de quoi rendre malade n'importe qui. Mais avant, ils le regardaient quand même, lui juste pour ce rire cristallin qu'il aimait tant et l'autre, parce que c'était le premier souvenir qu'il avait pu enregistrer.
«Oh regarde, t'as même des boutons là ! C'est trop bien !
- Luffy, fais attention, tu vas la casser..»
La pression sur l'épaule de Sanji se fait plus forte et la mâchoire de Zoro se crispe un peu plus. C'est peut-être une bonne chose que de ressortir cette caméra. C'est ce que se dit Sanji en tendant sans un mot le petit appareil à son colocataire qui le fusille du regard.
«T'es un véritable enfoiré, crache l'agent avant de prendre la caméra pour la fermer.
- On en reparlera après. »
Le temps d'afficher un petit air suffisant, le vert a déjà claqué avec violence la porte de sa chambre.
Oui, il a vraiment bien fait. Ca faisait une semaine qu'il n'avait pas entendu ce son.
Dans la chambre à coucher, Zoro a balancé la caméra sur le lit, avant de se mettre à faire les cent pas en bougonnant. Cet enfoiré de voleur raté... toujours à fourrer son nez où il ne faut pas.
Énervé, il donne un coup dans la table de chevet de Luffy et le tiroir qu'il avait essayé tant de fois de réparer s'ouvre à nouveau à la force de l'impact, arrachant un nouveau grognement à l'agent qui se penche pour le refermer.
Mais il risque un coup d'oeil à l'intérieur. Elles sont toutes là, les dizaines de cartes mémoires que Luffy a réussi à remplir de souvenirs. Il a bien eu le temps en presque un an de vie commune.
Se replongeant sans le vouloir dans ses souvenirs, le vert s'assoit sur le bord du lit et attrape les petits boîtiers numérotés. Il les connaît presque encore par cœur et pourrait retrouver n'importe quel moment qu'ils avaient passé ensemble. Tous les verres du monde n'avaient pas réussi à lui faire oublier.
Pourtant une carte en particulier attire son attention. Il ne lui semble pas l'avoir déjà vu. En même temps, ça fait quelques mois déjà qu'il n'a plus touché à ce tiroir et ses cartes et il aurait continué si Sanji n'avait pas fourré son nez dedans.
Alors Zoro attrape le caméscope qui diffuse les vacances qu'ils ont passé tous les deux à la plage il y a près de six mois. Il s'en souvient. Il avait du faire des pieds et des mains pour que Luffy accepte de lâcher son nouveau jouet et vienne le rejoindre dans l'eau.
Avec un sourire presque triste, il se laisse prendre à regarder les images.
Cet idiot n'avait même pas voulu éteindre sa caméra et l'avait simplement déposé sur leur serviette, pour continuer à filmer leur baignade. Zoro se surprend même à ricaner lorsque Luffy fait un plat pour le rejoindre. La bande se coupe quelques minutes après, lorsqu'un opportuniste qui avait vu la caméra s'était tiré avec. Ils lui avaient bien cassé la figure, en y repensant.
Un soupir lui échappe alors qu'il stoppe le film. Il a passé ces trois derniers mois à courir après son petit brun quand il a disparu. Il a remué ciel et terre, tout ça pour apprendre, il y a une semaine, qu'il s'est simplement barré, qu'il est tout bonnement rentré chez lui, sans parler de la photo que Robin a agité sous son nez en lui disant qu'il est le fils d'un parrain montant au sein de la mafia.
Qu'il avait été crédule. Qu'il avait été stupide !
Un autre soupir franchit ses lèvres alors qu'il change la carte mémoire de la caméra. Qui sait... peut-être qu'il lui a laissé un mot à la fin d'un enregistrement ? Il n'y croit que moyennement, après tout, on ne voit ça que dans les films. Mais il aimerait avoir le bénéfice du doute.
Alors il s'allonge dans le lit et rallume le caméscope.
«On te voit jamais, alors laisse-moi la caméra, pour une fois.»
Ils sont à l'appartement, dans le salon. Luffy est assis sur le tapis, par terre et fait la moue. Zoro vient de lui piquer son jouet et le braque sur lui.
«C'est moins drôle comme ça ! proteste-t-il en tirant la langue, arrachant un ricanement franc au vert.
- Fais pas la tête pour ça. Moi aussi j'ai le droit de m'amuser. Alors, tu veux faire quoi aujourd'hui ? »
Le petit brun fait mine de réfléchir puis se laisse tomber en arrière, les bras largement écartés.
«On pourrait rester là et faire les morts ? T'irais pas au bureau et moi je répondrai pas aux messages ni au téléphone, puis on baisserait tous les volets et on passerait la journée sur le canapé à regarder des films ? »
Un autre ricanement s'élève.
«Bien sûr, comme ça je perds mon job et on pourra plus payer l'appart'.
- Mais c'est un détail, ça ! rétorque Luffy avec un grand sourire. Puis ça fait longtemps que t'as pas pris de vacances, j'en ai marre de rester enfermé ici à longueur de temps. »
Puis il se lève et s'avance à pas de félin vers la caméra qui tremble, parce que Zoro est en train de rire.
«Pauvre gosse, va. Tu me rappelles qui est-ce que je suis obligé d'appeler trois fois avant qu'il daigne rentrer à la maison parce qu'il a ses potes dehors ?»
Le petit brun glousse et s'assoit sur les genoux de son amant avant de lui prendre le caméscope des mains pour le faire rentrer dans le cadre, le faisant bougonner. Mais l'agent ne l'entend pas de cette oreille et pousse l'appareil du revers de la main.
Il ne filme plus que l'accoudoir du fauteuil et un morceau du genou de Luffy, mais Zoro entend clairement leurs lèvres se rencontrer et soupire longuement avant d'avancer rapidement la bande. Leur discussion dure une heure, avant que le film ne se coupe enfin et passe à une autre séquence.
Cette fois c'est dans la chambre et il fait sombre. Seuls quelques rayons de lune passent par les fenêtres sans volets, uniquement protégées par des rideaux d'un blanc immaculé qui illumine presque la pièce. Dans le cadre, celle-ci tangue un peu, tout bouge vite et tourne. Quelques mèches de cheveux sombres apparaissent à l'écran, un morceau de front puis un œil brillant.
Luffy vient de se lever du lit et s'en éloigne à pas de loup pour l'englober dans le cadre en ricanant. Le vert entend des ronflements. Ca, c'est certainement lui qui dort à poings fermés et qui a réveillé le brun.
«Tu ronfles fort ce soir, Zoro.» chuchote l'adolescent à la caméra. «Je sais pas ce que tu as fait aujourd'hui, mais ça doit être épuisant.»
Il s'approche peu à peu de la grosse bosse sous les draps. C'est bien lui, endormi sur le flan, l'air toujours aussi sévère que lorsqu'il est éveillé.
«Waaah.. ça a l'air sérieux tout ça ! Tu vas finir par chopper des rides si tu continues à froncer les sourcils comme ça ! »
Il tourne la caméra vers lui pour faire la grimace et la repointe directement vers le dormeur en ricanant. Du bout du doigt, il appuie sur les petites crevasses entre les sourcils du vert qui grogne soudainement.
Une voix caverneuse s'élève alors sous les draps.
«Luffy... qu'est-ce que tu fous ? »
Le plus jeune ricane à nouveau.
«Rien du tout, juré. Dors.
- Encore avec ta caméra ?»
Un bras sort des couvertures et attrape l'appareil pour le poser négligemment sur le guéridon.
«Viens te recoucher au lieu de filmer. »
Et sans lui laisser le temps de rien dire, il lui agrippe le poignet et le tire dans le lit. La caméra ne filme plus rien à part les draps. Mais les voix s'élèvent encore et les protestations de Luffy se mêlent au chant des cigales qu'on entend au loin.
«Nan, Zoro ! Pas derrière l'oreille, ça chatouille !
- Fallait pas me réveiller, alors.
- La caméra est encore allumé !»
Mais les avertissements et les grognements ne suffisent pas. Bientôt ce sont des couinements et des gémissements qui les remplacent. Devant le caméscope pas grand chose ne se passe, les couvertures se soulèvent des fois dans le cadre, au rythme des corps qui roulent et s'emmêlent dans le lit.
Zoro ne se souvenait même plus que son petit brun avait fait ce genre d'enregistrement. Quoique.. c'était plus sa faute que la sienne sur le coup, c'est lui qui ne l'avait pas laissé éteindre sa caméra.
Secouant la tête de droite à gauche, il ne peut pas se dépêtrer du sourire léger qui orne maintenant ses lèvres. Cet idiot... Lui qui voulait tant de souvenirs, il en a quand même une sacrée collection.
Il y a trois mois, les premiers jours qui ont suivi la disparition de Luffy, il s'est bêtement dit qu'il finirait par revenir, au moins pour prendre toutes ses cartes. Maintenant il se demande juste pourquoi il lui les a laissées.
Elles lui étaient si précieuses, il aurait pu les prendre avant de s'en aller. Son sourire s'évanouit alors qu'il laisse son regard se perdre par la fenêtre et la bande défiler. Il devrait peut-être simplement arrêter de se poser des questions inutiles et de perdre du temps à regarder des films qui lui font regretter ces dix derniers mois.
On toque à la porte et on ne prend même pas la peine d'attendre une réponse pour entrer. C'est Sanji qui passe une tête inexpressive par l'entrebâillement de la porte. Il préfère faire attention, des fois que son colocataire ait des envies meurtrières.
«Alors ? » demande-t-il d'un voix légère.
Le blond entre franchement dans la chambre et file directement vers la fenêtre qu'il ouvre en grand pour allumer une cigarette qui le fait soupirer de plaisir.
«Y'a rien que je ne connaisse pas pour le moment, répond vaguement Zoro en le rejoignant à la fenêtre. Arrête de fumer dans notre chambre, ajoute-t-il en retirant la clope des lèvres du serveur pour la porter aux siennes.
- Dans ta chambre, crétin fini. Il ne reviendra plus, bougonne Sanji en prenant une autre sucette à cancer.
- Merci de me le rappeler, j'avais justement peur d'oublier.
- Mais je suppose que t'as pas oublié qu'on est le 5 mai, demain.»
Un moment de latence, le temps se suspend à nouveau et juste la fumée des deux cigarettes s'élève dans l'air. Non, il n'a pas oublié, bien sûr que non. Mais qu'est-ce qu'il veut qu'il fasse ? Le principal intéressé par l'événement qui arrive n'est même pas là. Et il ne va pas faire une descente au quartier juste pour lui, non ?
L'agent soupire et passe une main dans ses cheveux.
«Pourquoi t'es là ? »
Le cleptomane tire sur sa cigarette en regardant les barres d'immeubles à l'horizon.
«Pourquoi pas ? J'suis venu pour te payer une clope, visiblement.
- Sérieusement, sourcil en vrille.»
Le susnommé roule des yeux et jette sa clope par la fenêtre.
«Rien, j'étais juste venu te dire d'aller directement à la fin de l'enregistrement.
- Quoi ? Tu les as visionnées ?!
- T'emporte pas, j'ai juste vu la fin de la carte rouge. Ça s'est lancé automatiquement quand j'ai allumé la caméra.
- Et pourquoi t'as changé les cartes, alors ?»
Un haussement d'épaules. Sanji s'allume une nouvelle cigarette et souffle la fumée dans l'air nocturne.
«J'sais pas, je me suis dis que t'aurais jamais regardé la bande à l'intérieur en entière et qu'elle te taperait plus à l'oeil comme ça. Ça a marché, non ?
- Tu te fous de moi ? T'es en train de me dire que tout le bazar de tout à l'heure c'était juste pour me faire regarder une foutue vidéo ?! »
Et ça y est, ça dégénère. Lui qui pensait enfin faire une bonne action pour Zoro, il lui fait piquer la crise de l'année. Il n'aurait peut-être pas du se pointer comme ça, au milieu de sa « petite séance cinéma ».. Mais en même temps, quelle garantie avait-il qu'il aille au bout de la carte mémoire ?
Aucune... Quoiqu'il semblait presque souriant quand le blond est entré dans la chambre. Quelque chose s'est fait, il en est certain. Peut-être qu'il faut simplement le pousser un peu plus... Il ne sait pas trop ce qui est bon ou pas, mais tant qu'il est là, autant aller jusqu'au bout. Peut-être que le grand Roronoa Zoro reconnaîtra qu'il n'est pas tout à fait juste.
«Une foutue vidéo, c'est comme ça que tu appelles tous ces souvenirs ? Toi qui étais accroc à ce gamin, c'est étonnant.
- Ce gamin, comme tu dis, c'est foutu de ma gueule pendant plus de huit mois avant de se barrer pendant que j'étais en train d'agoniser sur un lit d'hôpital ! Alors oui, ce ne sont que des foutues vidéos pleines de souvenirs d'une vie que j'aimerai bien oublier !»
Il hurle à nouveau et provoque l'énième soupir de la soirée. C'est encore vraiment sensible. Sanji consume presque entièrement sa cigarette avant de donner une claque dans le dos de l'agent.
«Sérieux, regarde cette vidéo et tu me remercieras après, okay ?»
Et il s'en va sans un mot de plus, sans même attendre de réponse ou de réaction, il laisse juste un paquet de clope sur le rebord de la fenêtre.
Le silence retombe dans la chambre pendant de longues minutes, tout juste perturbé par les voix lointaines qui proviennent du caméscope qu'il n'a pas pris la peine d'éteindre.
Zoro le remarque enfin, alors qu'il reprend une sucette à cancer.
«Tu sais, j'ai vraiment l'impression qu'ils finiront par avoir ta peau si je reste avec toi. Alors c'est mieux si je pars, tu crois pas?»
Les mots de l'enregistrement semblent se répéter aux oreilles de l'agent qui se tourne vers le petit appareil sans vraiment croire ce qu'il entend.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Il n'hésite pas, il jette sa cigarette à peine entamée par la fenêtre et se rassoit sur le lit pour regarder à nouveau la vidéo.
C'est bien loin de leurs ébats de tout à l'heure. A l'écran c'est le visage larmoyant de Luffy, assis au milieu du lit. Malgré tous ses efforts, son cœur se serre déjà, en dépit de toute cette semaine qu'il a passé à se persuader qu'il le déteste et que le mieux à faire est de l'oublier.
«Je suis désolé de t'avoir attiré là-dedans. Salut.»
Alors que la bande commence à sauter, c'est avec un empressement que Zoro ne se connaît même pas qu'il attrape la caméra et martèle le bouton retour. La possible réponse à ses interrogations est juste là. Il sait que c'est le début de l'enregistrement lorsque la larme qui coule lentement sur sa joue de pêche remonte à ses yeux humides.
Bizarrement, il sent le besoin de prendre une grande inspiration avant de lancer.
«Hey...J'ai appris que tu étais à l'hôpital. »
Un blanc. Le cadre tremble un peu et le brun a du mal à cacher ses émotions.
«J'espère que tu m'en voudras pas de ne pas passer te voir. Nami est venue, elle m'a dit que ça va aller pour toi. Donc je me fais pas trop de soucis. Après tout t'es super fort.»
Il ricane et renifle pour retenir ses larmes.
«Mais tu sais... je vais devoir y aller. Je vais devoir rentrer. »
Il se frotte le nez et détourne un instant le regard de la caméra, comme s'il la fuit, comme s'il fuit le regard que Zoro porte actuellement sur la caméra.
« En fait j'ai pas vraiment été honnête, quand je t'ai dit que j'avais pas de parents. Y'a mon père. »
Il ricane à nouveau et se gratte la nuque.
«Mais je l'ai jamais vraiment considéré comme un père. Il compte pas réellement, ou en tout cas c'est ce que j'aimerai bien.»
Il renifle encore.
«La vérité c'est que c'est lui qui décide de tout pour moi. On va dire qu'il est pas vraiment recommandable comme type. Alors j'ai pas forcément le droit de faire tout ce que j'ai envie de faire. J'ai du faire un deal avec lui.»
Il prend une grande inspiration et détourne à nouveau le regard.
«Il me laisse faire ma vie et découvrir ce que je veux pendant un an, si en échange je reprends l'affaire sans discuter et je mets fin «à ma série de fugues incessantes ». Hier, pendant que tu étais au bloc, ça faisait huit mois qu'on s'est rencontré, tu te rappelles ? Et...»
Sa voix déraille et il se pince les lèvres un instant avant de continuer. Il n'arrive pas empêcher une larme de couler.
«Et tu sais.. je crois qu'il commence à s'impatienter... Il a jamais été très cool sur les délais. Mais c'est pas juste, mon année c'est pas encore écoulée, et j'ai pas envie qu'elle passe comme ça !»
Il crie maintenant, mais d'une voix enraillée par les sanglots qu'il étouffe. Zoro ne peut empêcher un petit sourire de se former sur ses lèvres, il le reconnaît bien là, avec la voix si particulière qu'il prend quand on ne cède pas à ses caprices.
«J'avais envie d'aller le voir, au début, quand je voyais Law traîner autour de l'immeuble parfois. J'voulais aller lui casser la tête et lui dire qu'il avait pas le droit d'écourter le délais. Pourquoi je devrais respecter le deal s'il le fait pas, hein ? C'est nul !»
Il marque à nouveau une pause et se frotte les yeux dans son bras pour chasser ses larmes, faisant trembler la caméra.
«Mais tu t'es fait tirer dessus hier... Je sais que c'est eux. Ca ne peut être qu'eux ! Et ils n'ont pas le droit ! Je vais leur faire leur fête ! Mais...»
Sa bouche se tord en une grimace triste et les larmes coulent à nouveau.
«Tu sais, j'ai vraiment l'impression qu'ils finiront par avoir ta peau si je reste avec toi. Alors c'est mieux si je pars, tu crois pas? J'vais leur casser la figure quand même, mais il vaut mieux que je retourne là-bas pour le moment.»
Son regard fuit à nouveau celui de Zoro, qui au fil de son monologue s'accroche un peu plus à la caméra. Le brun se lève, fait tanguer la pièce et fixe un instant un point hors du cadre. Puis il se tourne, un peu fébrile vers le caméscope.
«Je sais pas quand je pourrai revenir, mais promis, je reviendrai au plus vite, une fois que j'aurai tout réglé ! Je suis désolé de t'avoir attiré là-dedans. Salut.»
A nouveau la bande commence à sauter et Luffy ajoute quelque chose que l'agent ne comprend pas avant que le film ne se coupe. Mais déjà, il a lâché la caméra et se rue hors de sa chambre jusqu'à l'entrée. Le bruit qu'il fait rameute Sanji qui arrive du salon avec un léger sourire.
«Tu lui passeras le bonsoir. Enfin si tu espères trouver quelqu'un dehors à cette heure, dit-il en regardant Zoro sautiller sur place pour enfiler ses chaussures.
- La ferme, sourcil en vrille !
- A ton service, tête de cactus.»
Il a juste le temps de lever son verre à la santé de son colocataire que la porte d'entrée claque avec fracas. C'est à grandes enjambées que le vert rejoint sa voiture et avec plus d'empressement encore qu'il démarre et part vers l'est.
Voilà pour la première partie ! La deuxième est tapée au trois quarts et sera certainement plus courte. Quoique, c'est fertile en ce moment, alors je ne promets rien ! Mais ce que je peux vous dire c'est qu'elle sera pour fin août ! Je me défais de mon ordinateur pour à peu près deux semaines, alors pas de post possible mes loulous, mais j'ai une pensée pour vous !
En attendant le retour de l'auteur misérable que je suis et que vous devez détester, n'hésitez pas à me dire ce que vous penser de cette moitié d'histoire !
See you soon, mes citrouilles ! :D