Chapitre neuf
Amy n'avait que rencontré John qu'une seule fois auparavant. Il avait l'air gentil, mais elle ne pouvait pas dire qu'elle le considérait en taut qu'ami. Pas encore, de toute façon.
Mais cela ne fit pas obstacle à sa peur et sa compassion quand elle vit la terreur absolue s'allumer dans les yeux de John. Et littéralement. Les yeux du garçon brillaient d'or et embrassaient la pièce d'un halo étincelant, la lumière dorée envoyait des ombres sur leur visage.
- S'il te plaît, croassa-t-il, suppliant Rory.
Elle ne voulait pas le laisser. Elle ne comprenait pas. Qu'est-ce qui le terrifiait au point de la regarder ainsi ? Mais Rory l'avait prise par les épaules et forcée à reculer.
- Rory ? Qu'est-ce que tu fais ?! protesta-t-elle en essayant de se dépêtrer.
Il la fit tourner pour qu'elle puisse voir son visage.
- Il a dit de reculer, alors c'est ce que je vais faire.
Amy hésita, puis céda. Quelle que soit la raison de John, elle avait l'air d'être bonne.
Rapidement, ils s'accroupirent sous une étagère et derrière quelques boîtes. Les doigts d'Amy traînaient sur le béton et elle attrapa pas réflexe la main de Rory. Il sursauta mais elle ne le remarqua pas.
La peur faisant battre rapidement son coeur, elle jeta un oeil par dessus les boîtes pour voir John. Il tremblait violemment et ses bras tombèrent sur le côté de son corps. Pendant quelques instants, la lumière dans ses yeux s'estompa.
Il y eut le silence complet.
Était-ce terminé ?
Est-ce que John allait bien ?
Et de la lumière pulsa hors de chaque pore de son corps, et il explosa... littéralement.
Une vague d'énergie pure craqua dans l'air, rejetant Amy et Rory en arrière en élargissant son diamètre, John en tant que centre. L'étagère vacilla et tomba, créant une sorte de tente au-dessus d'Amy. Elle poussa un hurlement et s'accrocha à Rory alors qu'une tornade intérieure ravageait le placard.
Puis, comme ça avait commencé, c'était terminé.
Ils entendirent John trébucher et tomber, puis un fracas alors qu'une étagère lui tombait dessus. Obscurité.
Tout le monde était figé. Rory fut le premier à bouger et le coeur d'Amy commença à battre à nouveau. Elle relâcha la respiration qu'elle n'avait pas remarqué avoir retenue.
- On doit trouver l'interrupteur, murmura Rory en passant par dessus les objets tombés en amenant Amy par la main.
Rapidement, il sauta par dessus des boîtes brisés et des étagères tombées, et sa main trouva l'interrupteur. En comparaison de la lumière aveuglante qu'ils avaient vus quelques secondes auparavant, les bulbes fluorescents étaient comme la lumière de la lune en pleine nuit d'orages.
Amy cligna des yeux pour chasser l'image résiduelle de... l'explosion de John, et se précipita vers lui.
- John ? murmura-t-elle, anxieuse. John ? Est-ce que ça va ?
L'étagère tombée sur lui le bouchait de sa vue et elle attendait que sa voix sorte de sous les débris.
Elle ne s'attendait pas du tout à la suite.
- Par Rassilon ! Cinq ans coincé dans son subconscient peut donner un de ces torticolis !
Amy cligna des yeux.
- Quoi ?
Suivant les mots, une main sortit de derrière l'étagère et fuit suivie par la forme floue d'un garçon.
Mais ce n'était pas John. Pas du tout.
Il devait avoir son âge, peut être un peu plus jeune, mais pas de beaucoup. Des cheveux châtain clair tombaient devant ses yeux bleu-gris et il fit un énorme sourire enfantin à Amy. La pointant du doigt, il s'extirpa entièrement des décombres et gloussa.
- Oh ! Tu es Amy ! C'est tellement différent de te voir par mes propres yeux !
La mâchoire de la jeune fille tomba en même temps que celle de Rory. Le garçon fit un faux pas vers lui, et ce fut à son tour d'être pointé du doigt.
- Ah ! Et tu es Rory ! Le romain, j'ai raison ? Oh, que c'est brillant !
Rory se pencha, ses sourcils ne faisant qu'un.
- Mais qui est-ce que tu es ? demanda-t-il.
Le garçon fit une pause, sembla considérer.
- Ça a l'air d'être la question. J'ai une idée : tu trouves qui je suis, et tu me le diras.
Il fit un large sourire et tourna en cercle, mais sa joie fut balayée quand il vit la destruction autour de lui.
- Pauvre de moi, couina-t-il, oops. C'est pas comme ça d'habitude, je vous le promets. Il m'avait supprimé pendant tellement de temps, vous voyez ? L'énergie avait monté et monté...
Il s'arrêta en réalisant que Rory et Amy ne le suivaient plus.
Le garçon gardait un regard suspicieux.
- Qu'est-ce que tu as fait à John ? Il est blessé ? Où-
- Oh, pitié, fit-il en levant les yeux au ciel, tu devrais plutôt me remercier. L'idiot va bien, mieux que bien. Il est guéri. Il s'est fait tiré dessus. Je devais le sauver. Malheureusement, ces sortes de blessures ne sont pas tolérées. 1 aurait fait une attaque si quelqu'un avait laissé John sans surveillance. En gros, c'était la parfaite excuse pour sortir !
Le garçon sourit et sauta sur-place.
- Mais si vous voulez être techniques, je suppose que je suis John.
Il inclina la tête et attendit le temps que la compréhension ne tombe sur Rory. Amy la regarda illuminer ses yeux. Il fit un pas en avant et dévisagea le garçon.
- Oh mon dieu, inhala-t-il, tu es l'un des- des nombres ! Ces alters egos ont des formes physiques !
Rory parvenait à peine à y croire et le garçon fit une courbette maladroite.
- Merci, Rory. Quelle brillante déduction était-ce.
Amy était toujours totalement confuse. Alters egos ? Formes physiques ?
- Ok, dit-elle lentement, Rory, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est John ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Rory se tourna vers elle et son regard était partagé entre l'excitation, le choc et l'émerveillement. Il fit un geste vers le garçon.
- C'est John. Juste là.
Le garçon la salua.
Les paupières d'Amy battirent.
- Non, c'est pas lui. John ne ressemble pas du tout à-
- Moi, interrompit le garçon. Il, je veux dire, je... ou plutôt, nous. Ça alors, les pronons... Bref, nous en avons parlé avec Rory tout à l'heure. J'ai douze personnalités, John est en dehors du lot.
Douze personnalités... Amy secoua la tête. Cela n'avait aucun sens.
- Et tu es une de ces... personnalités ?
Le garçon opina du chef et fit déguerpir un cheveu qui tombait devant ses yeux. Il sourit à Rory.
- Elle est intelligente, Rory.
Il ne sembla pas l'entendre. Il était trop occupé à le fixer.
- Des personnalités avec des formes physiques... murmura-t-il. Comment est-ce que ça marche ?
- Sais pas, répondit le garçon avec un haussement d'épaules. Comment est-ce que tu deviens romain ?
- Touché.
Sans prévenir, le garçon monta sur les décombres et se dirigea vers la porte. Il avait des membres longs et dégingandés qu'il n'avait pas l'air de savoir bien utiliser.
- Accompagnez-moi ! Des choses à faire, des trucs à voir, une vie à vivre ! Je n'ai pas aussi longtemps qu'il n'y paraît.
- Attends ! protesta Rory en s'extirpant de ses pensées.
Il le rattrapa et posa une main sur son épaule.
- Tu ne peux pas sortir. Il y a ces hommes de métal et...
Le garçon ne fit que le fixer. Il leva un sourcil et eut un sourire en coin.
- Rory, c'est les cybermen étaient sur le point de nous trouver, ils l'auraient déjà fait.
Cybermen, pensa Rory, c'était ce que les hommes métalliques étaient ? Comment est-ce que le garçon savait ? Lentement, Rory le relâcha. Les échos des avertissements de John résonnaient dans son esprit. Est-ce que ce garçon pouvait être aussi méchant que John en était convaincu ?
Rory n'était pas sûr.
- Très bien, mais on doit t'emmener voir Vastra, dit-il alors.
En haussant évasivement des épaules, le garçon ouvrit la porte et jeta un coup d'oeil à l'extérieur.
- C'est le lézard, c'est ça ?
Il ouvrit la porte plus grand. Lentement, le trio sortit du placard et referma la porte derrière eux. Tout ce qui restait de la bataille reposait dans le hall sous la forme d'un corps à forme humaine et poussiérieuse. Le travail de Rose, sans doute.
- Désolé, marmonna le garçon à personne en particulier. C'était probablement raciste, traiter quelqu'un de lézard. Je veux dire, je sais que je ne voudrais pas être traité de singe... ou de lizard, bien sûr. Tout sec, tout écailleux et tout naze...
Il s'aventura plus rapidement qu'eux qui marchaient sur la pointe des pieds. S'ils avaient de la chance, ils pourraient sortir. Vastra serait sans nulle doute là-bas, au plein coeur de l'action, qui était sûrement le noyau de l'explosion du début.
Après quelques secondes, le garçon continua sa conversation solitaire :
- C'est bizarre, quand même. Ce n'est pas raciste d'appeler un humain un humain si tu es aussi un humain. À quoi ça sert, d'ailleurs ? Tu peux t'appeler comme tu veux, mais quelqu'un d'autre le fait et boum, offensé...
- Tu peux pas te taire ? coupa Rory, craintif.
Les hommes de métal, ou Cybermen comme le garçon les avait appelés, pouvaient être n'importe où.
- Oh, fit le garçon et il se tourna vers lui pour le regarder et ralentit pour que leurs épaules manquent de se toucher. Oui, désolé.
John se demanda si tous les alter egos de John étaient autant bavares. Pas étonnant qu'il ne pouvait pas se concentrer...
Il jeta un regard nerveux vers Amy, décriptant ses pensées. Elle semblait prendre ce changement plutôt bien mais elle n'essayait pas de se joindre à la conversation. Elle lançait de temps en temps des coups d'oeil nerveux à Rory, et il haussait les épaules.
Curieux, il rencontra le regard du garçon alors qu'ils tournaient un angle. Le couloir était vide, heureusement.
- Alors, tu es un nombre ? demanda-t-il lentement, les mots sonnant étranges dans sa bouche. Lequel ?
Le garçon tressaillit mais cacha sa gêne avec un sourire.
Immédiatement, Rory vit son essai raté de bonne humeur et se sentit coupable.
- Je veux dire, si ça ne te dérange pas de me le dire.
Le garçon balayait ses soucis.
- Ça va. Je suis 11. (il serra les lèvres) Tu m'as rencontré auparavant, en quelque sorte...
Amy prit alors la parole, les sourcils froncés.
- Mais tu as un nom, pas vrai ?
- Nan, qui a besoin d'un nom de toute façon, fit 11. Un nombre me résume.
Une nouvelle fois, Rory ne manqua pas l'acidité dans sa voix, mais il ne s'en préoccupa pas.
- Pourquoi est-ce que John, ou, je veux dire, toi, ou lui, ou quelqu'un, a dit que... ça arrivait ? dit-il en faisant un geste vague vers 11 qui se gratta la nuque, gêné.
- Par ça, tu parles de la forme physique ? Il ne te l'a pas dit parce qu'il ne sait pas. Il te l'a dit plus tôt, si je me souviens bien.
Rory opina du chef en se souvenant de la conversation.
- Je lui ai demandé comment c'était possible et il a dit qu'il ne savait pas...
Une once de tristesse vola devant le visage de 11.
- Je m'en rappelle. J'étais là.
- Alors... est-ce que tu sais pourquoi il ne sait pas ?
Ils atteignèrent la pièce principale et leurs pieds frappèrent les carreaux et descendirent les escaliers élégants. Des lampes éclairaient l'endroit et le crépuscule régnait sur les marches en dehors de l'école. De mauvaise grâce, 11 ouvrit la bouche pour répondre, mais une voix appela de l'extérieur.
- Qu'est-ce que vous faites là ? demanda-t-elle
Rose Tyler.
Sursautant de surprise, Rory et Amy dévalèrent les escaliers. Cependant, 11 traîna sur les dernières marches et la regarda, silencieux.
Les cheveux de Rose étaient maintenus en arrière par une tresse relâchée et elle tenait ses gants dans sa main.
- Oubliez ça. Est-ce que vous savez ce qu'il s'est passé ?
Elle hocha la tête d'une manière fatiguée, et remit ses gants.
- On était en train de se battre et la seconde d'après, il y a eu cette... énergie, ou un truc du genre. Je pense que ça les a écrasés parce que tout ce qu'on savait, ils trébuchaient et étaient rejetés en arrière.
- Les Cybermen ? fit Rory.
Ses yeux se fixèrent sur lui. Il y avait une intensité terrifiante dans ses orbites bruns.
- Comment tu le sais ?
Èbranlé par le changement soudain d'humeur, Rory vit un geste vers 11.
- C'est lui qui l'a dit.
L'attention de Rose se tourna ensuite vers 11.
- Qui es-tu ?
11 n'écoutait pas. Ses yeux étaient vagues alors qu'il parla à personne en particulier.
- Je suppose que l'énergie qui s'est construite à ce degré pourrait forcer un pouvoir à se surcharger... heureusement pour nous...
- Scuse moi, interrompit Rose, la voix cassante. Je t'ai posé une question.
11 prit son temps pour amener son attention vers la blonde et quand il le fit finalement, il sourit.
- Rose Tyler. Bonjour !
Il lui fit un "coucou" mais Rose fronça des sourcils.
- Qu'est-ce que tu sais sur les Cybermen ? dit-elle. Qui te l'a dit ?
11 haussa les épaules et se balanca sur la pointe de ses pieds.
- Personne. Je suis bon aux devinettes.
- Soit pas insolent. (elle jeta un regard à Rory et Amy qui avaient essayé d'y mettre leur mot) Est-ce que vous le connaissez ?
- Oh, qu'est-ce que c'est grossier, coupa 11 en coupant la parole à Rory. Je suis pratiquement sûre qu'on s'est rencontrés hier.
Les sourcils de Rose se rencontrèrent encore et elle dévisagea 11. Puis elle se tourna vers Rory à nouveau.
- Tu le connais ?
Rory opina du chef en échangeant un regard avec Amy.
- Eh bien... oui et non. C'est un peu-
- Compliqué, termina Amy.
11 fit oui de la tête, mais ses yeux étaient fixés sur Rory. Ce dernier sentait que le garçon voulait lui dire quelque chose... mais quoi ?
- Je suis rentré ici hier, dit lentement 11. Avec cet autre garçon... John, c'est ça ?
Oh, pensa Rory. Voilà ce qu'il voulait faire.
Pendant quelques secondes, Rory hésita. Devait-il se prêter à son jeu ? Avait-il confiance en 11 ?
Sans mentir, Rory ne le connaissait pas, mais John, d'un autre côté... Rory ne le connaissait pas depuis longtemps mais il lui faisait confiance.
Si 11 et John étaient vraiment les mêmes, alors quoi que 11 aie programmé, c'était probablement ce que John voulait, ou sous un angle légèrement différent. Et John ne voudrait jamais leur faire du mal. Et il avait été extrêmement réticent à dévoiler cette partie de lui-même. Rory doutait qu'il voulait que tout le monde connaisse son secret.
Tout cela vola dans son esprit en une fraction de seconde et il se décida : il opina du chef et posa un bras sur l'épaule du garçon.
- Ouais, fit-il à Rose, je l'ai vu arriver. C'était assez tard, la nuit dernière. Tout le monde devait être au lit alors je l'ai aidé à trouver sa chambre.
Rose fronça les sourcils, suspicieuse et sentant un coup monté.
- Mouais.
Ses yeux se tournèrent vers Amy, une question dans leur prunelle, et la rousse se retrouva confuse. Mais un sourire se colla sur son visage.
- C'est vrai ? lui demanda Rose.
- Rory m'a parlé de... Matthieu il y a quelques heures. Il est sympa.
Pendant un moment, Rose hésita, incertaine, mais le bruit d'une course interrompit leur conversation.
- Qui est-ce ? demanda Rory en se détournant de 11.
Déboulant des escaliers extérieurs couraient quelques formes sombres qui furent rapidement identifiées en tant que Vastra, Jenny, Adric et Martha. Vastra et Martha portaient quelqu'un et elles le laissèrent tomber à terre une fois qu'elles furent dans la lumière du soleil.
Martha s'essuya le front et s'agenouilla pour inspecter le corps.
- Jack met plus de temps que d'habitude, Madame Vastra. Est-ce que je fois l'emmener à l'infirmerie ?
- Pourquoi pas ? Adric, aide-la à le porter.
11 laissa ses mains derrière son dos pour les empêcher de trembler. Il n'avait pas l'habitude d'être entouré par autant de monde. La plupart du temps, c'était seulement lui et Sarah Jane...
Mais pour dire la vérité, ce n'était pas cela qui faisait trembler ses mains. Il ne l'admetterait jamais, mais il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait. En un geste unique et compulsif, il avait réussi à se séparer de John la première fois de toute son existence.
Et Amy le nomma. Bien sûr, c'était sûrement le premier prénom qui était venu à son esprit, insignifiant pour elle, mais il s'en fichait. Elle lui avait donné un prénom. Comme s'il était une vraie personne, pas une version alternative et tarée de John. Et Rory avait suivi ! Il avait semblé hésitant mais près à le croire, même si ce n'était que sur le moment.
Cela voulait dire beaucoup plus à 11 que Rory ne le saurait jamais.
Avec ses yeux collés au sol, 11 ne pouvait pas s'empêcher de foncer à travers les personnes, trouvant les souvenirs de John sur eux et les catégorisant dans sa propre tête. Il voyait les gens différemment du garçon. Ils étaient comme des traits d'information qui parfois ne se mêlaient pas bien ensemble, et pas les couleurs que John comprenait.
Rose Tyler : 17 ans, quatre mois, 23 jours. Peur du noir. Adore les fish-and-chips.
Jenny : prend en estime son agilité. Aime les après-midis hivernaux avec une bonne tasse de thé et un livre. Femme-chat...
Martha : voudrait être un docteur, ce qui serait pratique avec son aptitude. Déteste les garçons en général sauf, récemment, pour...
Attendez.
Il vérifia rapidement les souvenirs de fond de John à propos de Martha et dût étouffer son gloussement.
Elle ne trouverait pas John mignon si elle savait combien il était un crétin fini.
Balayant mentalement l'information, il continua à classer sans pouvoir s'arrêter.
Jack : mort/non mort. La renaissance est un peu comme notre aptitude régénérative, mais il n'a qu'un corps. Homme à femmes. Cinquante-sept et... demi de petites copines. La moitié de petite amie était une femme étrange dont le bas vivait séparément du haut...
- Matthieu.
Rory : aime la couleur rouge. Déteste les sushis. Fantasme sur Amy...
- Matthieu !
11 sursauta en secouant vivement la tête. Oui. C'est moi. Matthieu.
- Désolé, quoi ?
Rory lui jeta un coup d'oeil inquiet.
- Vous me parliez ? demanda 11. Je n'écoutais pas.
- Ouais, on avait compris, arriva sa réponse.
Les autres membres de l'Élite étaient presque tous partis à présent, exténués. C'était clair que Vastra avait attendus qu'ils ne les laissent avant qu'elle ne parte elle-même.
- Vous ne parlerez à personne de ce que vous avez vus ce soir, dit-elle aux trois d'entre eux, la voix dangereusement basse.
Rory fronça les sourcils.
- Vous ne parlerez à personne ? On a été attaqués !
- Par des Cybermen, ajouta 11.
- Et mettre l'école entière en panique inutile ? Absolument pas, répondit Vastra en secouant la tête. Puis-je vous faire confiance pour garder cela en tant que secret ?
Rapidement, Amy et Rory échangèrent un regard. Puis Rory accepta :
- D'accord. On ne le dira à personne.
- Bien, répondit Vastra, apparemment satisfaite. Maintenant, revenez à vos dortoirs. Vous n'auriez jamais dû être là.
En choeur, le trio se dirigea vers les escaliers, mais alors qu'ils partaient, Vastra posa une main sur l'épaule mince de 11.
Il se raidit.
Vastra : très, très vieille. Extrêmement intelligente. Un appétit occasionnel pour le sang...
Et il y a quelque chose d'autre... 11 fronça les sourcils en essayant de lire les mots alors qu'ils volaient devant lui. Puis il attrapa un nouvel aperçu.
Purée, elle sait. Bien sûr qu'elle sait.
- Tu restes ici... Matthieu, n'est-ce pas ?
11 déglutit et se retourna lentement. En haut des escaliers, Rory hésita mais Vastra le renvoya d'un geste de la main et, avec un dernier coup d'oeil inquiet, Rory disparut en compagnie d'Amy.
Puis ce ne fut que Vastra et 11 devant le couloir principal.
Pour un moment, aucun d'autre eux ne parla. Ils se regardèrent entre deux yeux et 11 considéra l'idée de garder sa ruse mais il écrasa rapidement cette opinion. Cela ne servait à rien. Elle savait. L'information l'avait dit.
- Quoi ? soupira-t-il finalement, un peu acide.
Les yeux de Vastra étaint occupés à le dévisager de haut en bas.
Vastra : déteste la guerre. Adore l'opéra...
- John ? dit-elle lentement comme si elle ne se croyait pas elle-même. Est-ce que c'est toi ?
11 tressailla. John. Toujours John.
- C'est assez compliqué... Je suis 11. John vous a parlé de nous. Je m'en rappelle.
- Vraiment ?
- Ce sont autant mes souvenirs que les siens.
Vastra était silencieuse, alors 11 continua.
- Et vous êtes légèrement télépathe, je crois bien. C'est pour ça que vous savez qui je suis.
Il s'arrêta, et un des souvenirs de John fit surface à nouveau.
- Mais ça n'a pas de sens. Rory a dit que les psychiques n'existaient pas.
Vastra ria doucement.
- J'ai bien peur que Rory ne soit confus. C'est une question de terminologie. Un télépathe possède une des innombrables capacités reliées à l'esprit. Percevoir des émotions, entendre les pensées, voir les souvenirs effacés, ou contrôler l'esprit, par exemple. Même le voyage dans le temps est considéré comme une capacité psychique en quelque sorte, mais c'est rare de la posséder et la plupart ne survit pas à son premier voyage.
11 hocha la tête et ne la mit pas en doute.
- Le voyage dans le temps est une compétence mentale parce que l'esprit voyage en premier, et le corps en second... dit-il.
Vastra en fut surprise, mais elle continua :
- Les psychiques, d'un autre côté, possèdent toutes ces capacités et même plus.
- Et... aucun psychique n'est capable de rester sain d'esprit avec tout ce qui a été enfoncé dans leur crâne... termina 11.
L'expression de Vastra était inestimable. Elle n'avait pas dû s'attendre à ce qu'il comprenne si facilement.
- Exactement, murmura-t-elle, et elle hésita un instant. Mais d'après ce que je vois, tu es une exception... d'une manière ou d'une autre.
11 savait qu'elle allait dire cela. Il savait qui il était. Il savait ce qu'ils pourraient faire ensemble. C'était John qui avait besoin de savoir, ou plutôt, de croire.
- Il est assez difficile, mais je suppose que c'est compréhensible.
Les yeux de Vastra rencontrèrent ceux de 11.
- Peut-être que s'il acceptait le fait que tu es plus que le produit de son esprit dérangé...
- Amusez-vous avec ça, renifla 11. C'est ce que nous essayons de faire depuis des années. Il ne se rappelle de rien de ce que nous voyons. Il ne sait rien...
Maintenant qu'il y pensait, il comprenait pourquoi John était tellement effrayé.
Mais en même temps, si cet idiot pouvait juste les laisser expliquer, tout serait beaucoup plus facile.
S'extirpant de ses pensées, 11 réalisa que Vastra le fixait.
- Quoi ?
- Tu es un mystère, garçon. Tu n'es pas supposé exister.
11 grogna.
- Dit la femme à la peau verte.
Les lèvres de Vastra tressaillirent.
- Touché.
Lentement, elle s'éloigna de ses pensées et ses sourcils se froncèrent.
- Tu as parlé de Cybermen, comment as-tu su-
- ce qu'ils sont ? termina 11, heureux d'offrir cette explication. Je reçois des informations générales sur les gens quand je les regarde ; ce qu'ils aiment, ce qu'ils détestent, leur âge, ce genre de choses... J'ai vu le mot "Cybermen" quand j'ai regardé dans la mémoire de John pour eux, alors... je l'ai dit.
Vastra pencha la tête.
- Mais... tu ne vois pas les émotions comme John ?
- Non.
- Mmhh, fit-elle lentement. Ce que tu décris ressemble à un scanner mental de surface... Alors que John, je crois, est un Empathique. (elle s'arrêta durant quelques secondes puis parla à nouveau) J'ai une idée très vague sur pourquoi tu as toujours ta santé mentale, mais j'aurais besoin d'y réfléchir à nouveau avant d'exprimer ma théorie.
Elle le dévisagea.
- Rory t'a appelé Matthieu, mais John te mentionne en tant que nombre, lequel préfères-tu ?
11 cligna des yeux. Personne ne lui avait demandé ça auparavant. Il y réfléchit pendant un moment puis fit sa décision.
- J'aimerai bien que vous m'appeliez Matthieu, mais...
Sa voix se perdit et ses yeux fixèrent le sol.
- Oui ?
- S'il vous plaît, ne dites à personne que moi et John sommes... le même.
À sa plus grande susprise, Vastra rit.
- Ils finiront par comprendre. Que feras-tu alors ?
Elle marquait un point.
- Ouais, soupira 11, c'est juste que je n'ai jamais été moi, vous voyez ?
Il la supplia avec les yeux en espérant qu'elle comprenne.
Vastra sourit gentiment.
- Je comprends. De toute façon, ceci est ta décision. (elle regarda sa montre et jeta un regard noir à l'heure) Mon dieu, il se fait tard. Tu devrais revenir à ta chambre, Matthieu. Puis-je parler à toi demain ?
11 opina du chef.
- Je ferais revenir John en m'endormant.
- Très bien... J'ai besoin de le convaincre. Il n'a pas son traitement pour vous garder enfermés, n'est-ce pas ?
- Il l'a, mais je l'ai caché alors qu'il dormait.
- Bien. Amène-le moi la prochaine fois que tu en seras capable, d'accord ?
11 donna son affirmation, un sourire montant en lui. Les choses allaient changer. John pouvait être un vrai casse-pieds, mais il comprendrait... un jour ou l'autre. Jusqu'à là, il n'avait pas de médicaments pour les empêcher d'apparaître quand l'opportunité se lèvera.
Alors qu'il revenait au dortoir, 11 ne put s'empêcher de sourire et tandis qu'il s'endormait, il se sentait extraordinairement positif. Même alors qu'il coulait dans l'inconscient de John, 11 sentait que, pour la première fois, il n'était pas un nombre. Plus maintenant. Il avait un nom à présent.
Il n'était pas 11. Il s'appelait Matthieu.