OS - « Merci de votre aide, monsieur »

Partie 2


Et maintenant ?

Takao avait déposé Midorima chez lui et était partit après lui avoir dit de lui envoyer un message dans la soirée pour le rassurer un peu sur son état anormal, et le laissa avec Kuroko sous le bras. Il avait été heureux de trouver un mot sur lequel ses parents disaient être à une réunion d'affaire et qu'ils rentreraient dans la nuit. Décidément, le destin était toujours de son côté, même dans des situations problématiques. Il avait ensuite complètement benné l'invité qui n'était pas prévu sur son lit et descendit se faire un thé.

Tout en laissant l'eau bouillir, il regarda dans l'armoire à pharmacie si il n'avait pas un médicament pour Kuroko. Mais est-ce qu'il devait vraiment lui donner quelque chose alors qu'il ne savait même pas ce qu'il avait ? Et puis, le bleuté ne semblait pas avoir mal quelque part, au contraire. Il n'arrêtait tout simplement pas de sourire. Il avait l'air vraiment bien. Le vert l'envia pour ça, lui qui était si fatigué de sa semaine de cours et d'entraînement… Mais non, ce n'était pas normal qu'il aille aussi bien. D'ordinaire, même quand ça allait pour lui, il ne le montrait pas autant. Et sa condition physique le prouvait aussi. Tout était trop bizarre, ce n'était pas compréhensible.

Il décida de ne rien lui donner, au final, puis il le rejoignit dans sa chambre, sa tasse de thé à la main. Tasse qui d'ailleurs, quand il était rentré, avait failli tomber par terre. Presque tous les livres de la bibliothèque étaient au sol, répandus sur toute sa surface. La couette qui auparavant était correctement mise sur son lit était maintenant arrachée, roulée en boule et dans les bras de Kuroko, s'en servant comme d'un doudou qu'il serrait fort contre lui.

Midorima remonta ses lunettes sur son nez, posa sa tasse sur son bureau et foudroya du regard le jeune garçon.

- Pourquoi tu as fait ça, Kuroko ?

Jamais encore il n'avait prononcé son nom avec autant d'amertume dans la voix. C'était peut-être même pire que lors d'un match de basket.

- Je ne sais pas.

Et un sourire. Encore un. Le plus jeune des deux, mais pas le plus petit, bouillonnait intérieurement. Il allait vraiment finir par faire un carnage… Mais non, il devait se contrôler.

Le bleuté lâcha la grosse couverture et se retourna pour ouvrir la fenêtre, juste à côté du lit.

- Qu'est-ce que tu fais encore ?

- J'ai chaud. Et j'ai envie de partir, Shintaro.

Il fronça les sourcils et se précipita sur lui, l'attrapant par la taille et le clouant sur son lit.

- Hors de question.

- J'ai envie.

- J'ai dit non.

- Et moi oui.

Une veine pulsa sur son front, excédé. Il était actuellement tout à fait apte à le mettre dehors, il en était certain. Il n'était pas patient pour ce genre de choses. Très bien, alors autant faire appel à la manière forte.

Il sortit son téléphone de sa poche, composant un numéro tout en gardant un œil sur Kuroko qui avait levé sa main gauche vers le plafond et la regardait avec des étoiles pleins les yeux.

- Midorima, qu'est-ce que tu me veux ?

- Bonsoir à toi aussi Aomine.

- Ouais ouais, qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu peux venir chez moi maintenant ?

- Ah ?! Ça va pas ou quoi.

Il posa une main sur sa hanche et plissa des yeux. Bon, ça ne servait à rien d'y aller par quatre chemins avec lui, de toute façon… Autant en venir directement au problème.

- Kuroko n'est pas dans son état normal. Il est chez moi à l'heure actuelle et ne peut pas rentrer seul chez lui dans sa situation. Il est ingérable et il m'énerve.

Un silence accueillit sa déclaration, finissant d'achever sa patience.

- Aomine, je te demande de venir car il t'écoutera sûrement plus que moi !

- Mais comment ça il est pas dans son état normal ?

- Il ne fait que rire et sourire, il a les yeux vitreux, il transpire pas mal, il est très pâle et ne fait que gesticuler.

- Mais… Tetsu est bourré ?

- J'y ai pensé mais après réflexion, ce n'est pas ça. Il n'a pas exactement le comportement de quelqu'un de saoul.

- Bon ok. Gère-le encore un moment et j'arrive avec Kise.

- Avec Kise ?!

Sa dernière question avait été posé dans le vide, le basané aillant déjà raccroché. Il soupira et reporta maintenant son entière attention vers la source de ses problèmes. Ce dernier, se sentant observé, lui fit un grand sourire.

- Que faire jusqu'à ce qu'ils arrivent ?…


La porte fut à peine ouverte que déjà, une tornade blonde pénétrait à l'intérieur, sautant sur le pauvre hôte de la maison qui se voyait les épaules agrippés et secoués dans tous les sens.

- Midorimacchi ! Qu'est-ce qui se passe ? Comment va Kurokocchi ? Tu aurais pu donner plus de détails !

- Kise, tu es trop bruyant, ferme-la.

Et si même Dieu avait conscience que ce regard noir était absolument effrayant, Kise Ryota ne sembla pas en tenir compte et laissait encore fuser ses questions. Un grognement fit sortir de son exaspération le shooter qui reporta son attention derrière le blond.

- Aomine, pourquoi est-ce que tu l'as emmené alors que tu savais qu'il s'inquiéterait ?

- Il était à côté de moi donc il a tout entendu.

- Kise était avec toi ?

- On allait au ciné, ouais. Merci d'avoir pourrit nos plans au passage.

Toujours malmené par le surexcité de la génération miracle, Midorima haussa un de ses sourcils en remontant ses lunettes d'un mouvement parfait et maîtrisé. Alors comme ça, Aomine s'improvisait des petites soirées avec Kise ? Intéressant… Il décida de laisser l'information dans un coin de sa tête, après tout il pourrait toujours utiliser ça pour un futur chantage pour faire taire le blond, et soupira.

- Ce n'est pas moi qui pourris tes plans comme tu dis, mais plutôt ton ancienne ombre.

La mention du souffrant fit rappeler à Aomine la situation d'un seul coup et il s'empressa d'enlever ses chaussures, suivit de Kise qui ne l'avait pas encore fait. D'un signe de tête, le vert indiqua aux deux garçons de le suivre à l'étage. Il tourna la clenche de la porte et se poussa pour laisser passer ses anciens coéquipiers, la porte grande ouverte.

Anciens coéquipiers qui, c'était important de le préciser, avaient écarquillés les yeux face au spectacle qui se présentait à eux.

Il fallut une poignée de secondes, très courtes secondes, avant que le basané n'explose de rire à s'en rompre les cordes vocales, retenant son corps voûté contre l'encolure de la porte. Le jeune mannequin, lui, semblait toujours un peu sonné, pas certain de savoir si ce qui était sous son nez était vraiment réel ou pas.

- Oh merde, Midorima, tu allais tourner un porno ou quoi ?

Les yeux à demis-clos et de petites larmes perlant au coin de ces derniers, le vert et le blond rougirent doucement en réalisant qu'en effet, la position du pauvre Kuroko avait quelque chose de légèrement sexuel. Légèrement.

Ses jambes étaient écartées en étoiles de mer et grâce aux bandages que Midorima utilisait pour ses mains, il avait attaché ses chevilles, les reliant chacune à une extrémité du lit. Ses mains étaient jointes, fermement maintenues en un poing, et attachaient aux barreaux de la tête de lit. Il avait été bâillonné pour qu'il ne puisse plus parler mais bien entendu tout en faisant en sorte qu'il puisse respirer convenablement. Et c'était sûr qu'en ajoutant à cela que Kuroko était transpirant, tout rouge et gémissait des paroles étouffées par le bâillon… D'accord, il n'avait pas fait attention et n'avait pas vu cela sous cet angle.

- Bien sûr que non je n'allais pas faire une chose pareille, idiot !

- Bah là je sais pas ce qu'il te faut !

Le plus grand des deux le regarda tout à coup provocateur et amusé.

- Alors quoi, t'as imaginé que c'était ton coéquipier là, Takao, et tu t'es laissé emporter ?

Un plis droit et régulier barrant son front et séparant ses sourcils, Midorima se sentait énervé à souhait.

- Tu veux peut-être qu'on parle de toi et Kise ? Si ça te fait plaisir, moi ça ne me dérange pas.

La tension commençait à doucement monter dans la pièce et les deux garçons se toisaient du regard, comme deux chats sauvages prêt à se sauter dessus.

- Arrêtez, tous les deux ! On a quelque chose de plus grave à s'occuper !

Ces simples mots suffirent à briser le contact visuel meurtrier que se jetaient les deux hommes. Kise lui, soupira intérieurement, tout en finissant de détacher le séquestré de la pièce. Ils avaient toujours été comme ça, dans la génération miracle. La tension montait très facilement, aillant des caractères diamétralement opposés, cependant, elle arrivait à baisser aussi vite qu'elle arrivait. Le blond avait d'ailleurs toujours pensé que c'était grâce à ça que, avant le départ de Kuroko, leur équipe n'avait pas explosé. Ils arrivaient toujours à passer à autre chose.

- Dis-moi plutôt Midorimacchi, pourquoi tu l'as attaché comme ça ?

- Il bougeait trop et je n'avais pas envie de le surveiller de peur qu'il retourne toute ma chambre.

Le garçon aux cheveux bleus nuit pouffa encore, réalisant à quel point sa connerie était plus sa grosse que lui. Sérieusement, qui ferait une chose pareille ? Enfin, après tout, son entourage était exclusivement composé de gens tordus… Ça ne l'étonnerait même pas que son amie d'enfance soit capable d'user d'un tel procédé un jour pour le traîner en quête de shopping. On l'avait bien mit dans un sac une fois pour le traîner à un match de basket. Il se souvenait même qu'une fois au collège, Midorima l'avait fait venir à l'entraînement en le coinçant dans un filet… Il voulait maintenant partir à l'autre bout de la Terre, loin de tous ces tarés.

Cependant, il coupa court à ses pensées en croisant le regard du plus petit de la pièce.

- Daiki!

Rapidement, il poussa gentiment Kise et s'accroupit près du lit, juste à côté de Kuroko qui le fixait avec un sourire, malgré tout moins grand qu'avant. Il vit une goutte de sueur tomber de ses cheveux et descendre lentement dans son cou, disparaissant sous le tissus de son tee-shirt blanc. Son visage avait prit des couleurs. Ce n'était pas excessif non plus, mais quelqu'un qui le connaissait bien s'en rendrait compte avec facilité. Sauf que cette fois, ce n'était certainement pas dû au sport.

Entre temps, pendant que la lumière continuait à observer son ancienne ombre, Kuroko avait entamé une conversation animée avec les deux autres qui étaient restés plus à l'écart. Ils se regardèrent d'ailleurs, surprit. C'était bien la première fois qu'ils l'entendaient avec un débit de parole aussi important.

La basané, ne prêtant pas d'attention aux bavardages qui devaient n'avoir aucun sens vu son état, se concentra maintenant sur les yeux de son ami. Ils étaient brillants et rien qu'à cela, on pouvait imaginer que la vision du garçon devait être un petit peu floue. La lueur qui était habituellement présente dans ses yeux bleus ciel s'était éteinte, comme si elle avait été temporairement mise de côté en attendant que son état s'améliore. Ses yeux était vraiment rouges et ses pupilles dilatées. Ensuite, passant dans une analyse plus général, l'on pouvait dire qu'il était assez excité par rapport à d'habitude, que son petit corps se tortillait doucement, comme pour signifier qu'il voulait bouger de plus en plus.

- Tetsu, est-ce que t'as soif ? Ou faim ?

- Non ! Mais est-ce que je peux avoir ton téléphone ? Je m'ennuie !

Donnant son téléphone au bleuté qui était tout sourire qu'on lui cède le gadget électronique si facilement, il fronça les sourcils et se releva. Il avait pas d'appétit, hein ?…

- Midorima, il t'a dit quoi quand tu l'as trouvé ?

- Rien de particulier. Qu'il était fatigué… Après c'était des bavardages sans intérêt à cause de son état.

- Aominecchi, c'est grave ? C'est que les effets de l'alcool, non ?

La basané se passa une main dans les cheveux et ferma les yeux. Il n'y avait vraiment rien d'autre… Il se faisait des idées alors, ce n'était pas possible autrement.

- Ah, j'avais oublié. Il m'a dit autre chose, en effet.

- Quoi ?

- Qu'il avait mangé le meilleur bonbon de sa vie, quelque chose dans ce genre là.

Cette révélation fit l'effet d'une bombe dans sa tête. Il avait l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds alors que doucement mais sûrement, une légère panique prenait possession de son corps. De la panique, oui, mais aussi de la colère. Ça devait être un cauchemar, il allait se réveiller. Il regarda le petit Tetsuya, toujours en train de faire glisser ses doigts sur l'écran tactile, insouciant. Ce n'avait pas été volontaire, impossible…

- Aominecchi?

- Drogue.

- Hein ?

Les deux garçons n'avaient pas l'impression d'avoir bien entendu. Il ne comprenait pas ce que le joueur de Tōō voulait leur dire par ce simple mot.

- Tetsu, c'est de la drogue qu'il a consommé, pas de l'alcool.

Des statues. Les deux joueurs de baskets pouvaient être maintenant comparés à des statues. Qu'est-ce que cela voulait dire ?

Kise poussa un petit cri et se jeta sur Kuroko, l'attrapant durement par les épaules. Une scène qui semblait s'être déjà déroulée plus tôt sur une autre personne, qui plus est…

- Kurokocchi, tu te drogues ?!

Cette question sonna irréelle et insensée aux oreilles du vert. S'il y avait bien une personne qu'il ne savait pas capable d'une chose pareille, c'était bien Kuroko. Il était droit et menait une vie correcte. Il n'avait aucune raison valable, selon lui, de devenir accro à ce genre de choses. Surtout de la drogue. Déjà qu'il savait que le bleuté ne touchait pas à l'alcool, ça l'avait perturbé de le retrouver dans cet état… Mais c'était encore pire que ce qu'il imaginait.

- Aomine, tu es sûr de ce que tu avances ?

- Certain. T'as pas vu ses yeux et son comportement ? Il est complètement défoncé…

Ils ravalèrent tous leur salive avec difficulté aux mots durs du basané qu'ils n'arrivaient toujours pas à digérer. Sauf le bleuté qui bien sûr, ne comprenant pas la situation, gardait son grand sourire.

- Non ! Mais j'ai mangé un bonbon !

Aomine eut soudain comme un déclic et se retourna brutalement vers le centre de leur attention à tous, venant de réaliser quelque chose de capital.

- Tetsu, t'étais dans la rue quand tu l'as mangé ?

- Oui !

- Et il était bien à toi, hein ?

Il partit dans un doux fou rire, le premier que le blond et lui entendirent, à part Midorima bien entendu, et cela leur serra le ventre. Ça n'avait rien de drôle et voir ça leur fit d'autant plus réaliser…

- Non, pas à moi.

Il blêmit face à la réponse de son ancien partenaire et se redressa. Il aurait aimé qu'il soit à lui. Il aurait aimé qu'il mange cette sucrerie qui soit à lui et qu'il n'y ait aucun problème. Il enchaîna les questions, enterrant une bonne fois pour toute la petite lueur d'espoir qu'il puisse se rassurer.

- Qui te l'a donné ?

- Un garçon dans la rue.

- Il était comment ?

- Pas aussi beau que Seijuro !

- Il est partit direct après te l'avoir donné ?

- Oui !

Ignorant les fleurs indirect que venait de lancer son ami à son ancien capitaine, il lâcha un juron et serra des poings, le regard rivé au sol.

- Aominecchi ? Explique-nous…

- C'est courant ce genre de méthode dans les quartiers de Tokyo. Des petits revendeurs traînent dans des rues où il y a pas trop de passants et attendent de voir si ils trouvent pas un petit jeune. Quand c'est fait, il fait passer sa merde pour un bonbon et ça y est, la bombe est en marche. Comme ça ils les rendent accros et ça leur fait de nouveaux clients.

- Impossible…

Kise avait mit sa main sur sa bouche, choqué, et l'autre restait faiblement posée sur l'épaule du plus jeune. Midorima lui, était plus dégoûté qu'autre chose. Ce genre d'actions le révoltaient au plus au point. Profiter de quelqu'un de cette manière pour le rendre malade et dépendant… C'était écœurant.

- Ce que je comprends pas, c'est que Tetsu est pas con. Il aurait sentit l'entourloupe à des kilomètres.

- Il y a forcément quelque chose qu'on ne sait pas de la situation pour que Kuroko ait accepté.

Les deux autres ne pouvaient qu'acquiescer les paroles du propriétaire des lieux. Il était loin d'être naïf et réfléchissait énormément avant d'agir ou d'accepter quelque chose de quelqu'un, surtout d'un inconnu. Il avait dû se trouver en position de faiblesse, ils ne voyaient que ça.

- Mais, Aominecchi… Il ne va pas déjà être accro, n'est-ce pas ?

Son regard se voila, prenant de plus en plus conscience de l'ampleur de la situation dans laquelle se trouvait son ami et celui qui lui avait permit de reprendre goût au basket et d'accepter ses erreurs passées.

- J'en ai aucune idée…

- Il faudrait déjà qu'on sache ce qu'il a prit.

- Ça reste facile à deviner ça… Ce qu'il y a de plus courant. Surtout mit dans de la nourriture… Cocaïne.

Ils frissonnèrent tous dans la pièce à l'évocation de cette poudre blanche qu'ils n'avaient jamais vu ou toucher de leur vie. Leur ex-coéquipier avait été vraisemblablement drogué à son insu avec de la cocaïne. Et ce dernier continuait de rire innocemment, un sourire joyeux au bord des lèvres, ne réalisant définitivement pas l'horreur dans laquelle ils baignaient tous.

- Je te félicite de ce résonnement, Daiki. Mais avant de parler plus sérieusement, est-ce que vous pouvez m'expliquer qu'est-ce que c'est que tout ça.

Le « ça » qui, allongé de tout son long sur le pauvre lit de Midorima, se redressa vivement, un sourire encore plus énorme qu'avant collé sur lui, transpirant la gaieté. Il était visiblement ravit de la présence du nouvel acteur rentrant en scène dans cette pièce de théâtre qui était, pour sûr, à cent pour cent une comédie pour lui.

Les problèmes ne faisaient que commencer…


La deuxième partie !

Merci à tous d'avance si vous aimez et lisez cet OS~