Eren s'étira douloureusement, poussant un léger gémissement de fatigue et de douleur. Cette journée avait été terrible pour le jeune garçon, à croire que le sort s'acharnait sur lui... A croire que la vie voulait le punir... tandis qu'il rangeait le matériel de nettoyage des écuries, il ressassa encore une fois les événements de la journée.
Encore une fois, il avait subis les regard effrayés et méfiants de ses compagnons, pendant des heures durant. A chaque mouvement qu'il faisait, tous suresautaient violemment et le fixaient comme s'il allait manger quelqu'un. Alors il avait été mis à l'écart toute la journée par tout le monde, sauf au repas, durant lequel ses soit-disant amis se plaisaient à se moquer de ses piètres capacités à l'entraînement tridimensionnel. Il aurait aimé leur faire remarqué qu'à cause des expériences d'Hanji il avait moins d'heure d'entraînement qu'eux, mais cela n'aurait que fait revenir la crainte et la méfiance dans les yeux de tous.
Puis, il était parti avec Hanji et il dut supporter plusieurs expérimentations sur son pauvre petit corps. A cause de la fatigue il n'avait pu se transformer en Titan de 15 mètres, s'arrêtant à un minuscule petit 5 mètres. Ainsi, Eren du en plus de cela supporter les regards déçus et courroucés de ses aînés, qui ne voyaient en lui qu'une machine sans états d'âmes qu'il fallait dresser.
Puis il avait rejoint les autres à l'entraînement, ou il enchaîna échec sur échec à cause de sa fatigue autant physique que mentale. Jean ne rata pas l'occasion pour se moquer de lui, tandis que les autres lui lançaient un regard méprisant. Il chercha du secours du côté de Mikasa et Armin; mais Mikasa, qui s'était rapprochée de Annie, se contenta de s'excuser d'un regard, tandis qu'Armin, lui, fit mine de n'avoir rien vu. Eren s'efforça de comprendre son ami et sa presque soeur : Armin subissait assez de moquerie pour être en plus de cela associé au looser du groupe, tandis que Mikasa, elle, expérimentait sa première amitié avec une fille et elle ne voulait pas se ridiculiser. Alors il s'était renfermé sur lui-même et avait retenu ses larmes.
Sa colère et sa tristesse avait finit par exploser durant leurs tâches ménagères quotidiennes. Une insulte de trop de la part de Jean et son poing était parti tout seul a la rencontre de la mâchoire du jeune soldat. Résultat : il prenait les corvées de la journée de son meilleur ennemi tandis que ce dernier se prélassait à l'infirmerie. Pour être sûr de ne pas finir trop tard il avait sauté le repas du soir, et le voilà ainsi, crevant de faim et de fatigue, sale et puant les chevaux.
Il en avait assez. Il avait juste besoin de dormir... Puis il se souvint de son cachot humide, de son lit au matelas dur et inconfortable, de sa solitude et de la porte fermée à clé et d'un coup, son envie de dormir disparu pour laisser place à un maelström de sentiments qui lui donnèrent l'impression d'être vide de tout. Vide d'énergie, de sentiment, de raison d'exister, d'envie d'exister. Si tout le monde était persuadé qu'il n'était qu'un monstre, si tout le monde était persuadé qu'il devait se contenter d'être bon en tout, de subir les moqueries et d'obéir aux ordres, alors peut-être était-ce vrai ? Il ravala ses larmes, rangea les derniers équipements de nettoyages et sortit des écuries en direction de son cachot malgré sa non-envie de s'y rendre.
Il trainait des pieds dans les couloirs vides, la tête baissée vers le sol, les épaules affaissées. Il était trop tard pour prendre une douche : la salle d'eau collective était juste à côté du dortoir et s'il s'y rendait il allait déranger tout le monde. Il restait peut-être une dernière option, ce pendant...? Un rougissement intense prit place sur ses joues pâles de fatigue. Non, il ne pouvait pas se permettre de l'embêter, pas lui, surtout pas. Il lui posait déjà assez de problèmes ainsi...
Quand il releva la tête il se rendit compte que ses pas l'avaient directement guidé vers la chambre du Caporal Levi. Une lueur s'échappait d'en dessous de la porte, signe que l'Homme le plus Fort de l'Humanité était toujours debout de l'autre côté de la porte.
Effectivement ce dernier était assis à son bureau, un verre de whisky dans une main, le menton dans le creux de l'autre. Il se sentait d'humeur pensive, ce soir-là. Et puis... Il s'inquiétait de ne pas avoir vu Eren durant le repas du soir : dans quoi est-ce que son protégé s'était encore foutu ? Mine de rien, les deux Espoirs de l'Humanité s'étaient beaucoup rapprochés jusqu'à entamer une relation encore timide - Enfin ça, c'était à cause de l'innocence et de la timidité du plus jeune parce que s'il n'en tenait qu'à Levi, cela ferait longtemps qu'ils se seraient sauté dessus passionnément - mais aux sentiments sincères et partagés malgré les 10 ans qui les séparaient. Et bien vite, grâce à leur proximité, Levi avait pu remarquer qu'Eren n'allait pas bien ces derniers temps...
Soudain il tourna la tête vers la porte en entendant des pas s'arrêter devant cette dernière. M'enfin bon ! Qui pouvait être réveillé à une heure aussi tardive ? En soupirant, il se leva et, l'air peu amène, il ouvrit la porte, prêt à engueuler l'idiot qui avait osé le déranger.
Son expression menaçante laissa place à un air surpris quand il vit que c'était Eren qui se tenait piteusement devant la porte, visiblement sur le point de frapper à cette dernière.
- Eren ? Qu'est-ce que... Argh, tu pues !
- Desolé... Je nettoyais les écuries...
- Tout seul ? A cette heure-ci ?
Pas de réponse. Levi étudia le visage fatigué de son amour, et pris de pitié et de tendresse il passa outre son dégoût et ses tendances maniaque pour prendre la main du jeune adolescent et le tirer vers lui avant de refermer la porte. Docile, le jeune Jeager se laissa faire et suivit Levi jusque dans la salle de bain. Puis il observa silencieusement le Caporal faire couler un bain brûlant, et enfin il se laissa déshabiller comme un enfant. Il se glissa dans l'eau avec un soupir de délice, soupir qui s'accentua quand il sentit les mains de son amant parcourir son corps fatigué. Les mains fraîches venaient caresser, masser et soulager son torse, son dos, ses épaules par des pressions fermes mais empruntes d'une certaine douceur malgré tout. Le corps entier d'Eren se relâcha avec plaisir, profitant enfin d'un instant de tendresse et de bonheur. C'était la première fois dans la journée qu'il se sentait à sa place... Il aurait dû se sentir gêné d'être ainsi exposé à la vue de Levi pour la première fois, mais il était trop fatigué pour se soucier d'avoir un comportement normal.
Levi finit par le sécher en douceur, parcourant toujours de ses mains le corps fin d'Eren qui en frissonnait. Puis il lui tendit un T-shirt blanc qui lui allait bien ainsi qu'un caleçon trop large, avant de le tirer vers le lit. Là, Levi s'y allongea sur le dos et ouvrit les bras à son compagnon, qui s'y glissa délicatement. Le nez du plus jeune se colla au creux de l'épaule du plus âgé tandis que les bras de ce dernier enlaçaient tendrement son torse. Ils ne prirent pas la peine de se mettre sous les couvertures : ils se tenaient mutuellement chaud. L'étreinte douce acheva de détendre le jeune garçon, qui se bouina un peu plus contre le corps chaud et ferme de son supérieur. Ce dernier était toujours inquiet pour son amour. Il lui caressa les cheveux et la nuque, resserrant un peu plus son étreinte. Le gamin avait besoin de tendresse.
- Que s'est-il passé, Eren ? Murmura Levi entre deux baisers sur son front.
Alors Eren lui raconta. Et tout du long, Levi eut de profondes envies de meurtres. Comment pouvait-on traiter ce gosse innocent de cette manière ? Comment Mikasa et Armin avaient-ils pu le laisser seul ainsi ?
- Levi, suis-je vraiment un monstre ? Demanda Eren en relevant la tête.
- Gamin... Tu n'es pas humain. Mais tu n'es sûrement pas un monstre non plus... Si quelque chose du genre se reproduit, viens me voir d'accord ?
Eren hocha lentement la tête, rassuré. Ils échangèrent un long regard qui veut tout dire, silencieux, jusqu'à ce que le demi-titan pousse un bâillement qu'il ne put retenir. Un sourire narquois glissa sur les lèvres du Caporal. Il embrassa les lèvres douce d'Eren, déposa un dernier petit baiser sur le bout de son nez avant de l'inciter d'une pression sur la nuque à se réinstaller.
- Dors, maintenant.
Et le jeune Jeager, entouré de la chaleur rassurante de son amant, s'endormit en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire, un sourire aux lèvres.
Après une longue absence, me revoilà avec ce... truc ._. J'espère que vous ne serez pas trop déçus ! Alors oui ça pue le fluff, c'est cucul et c'est multicolore comme un pet de licorne mais zut, un peu de douceur dans ce monde de brutes ça fait pas de mal, pas après cette année difficile...
Bon allez, j'espère que ça vous a plus !
Vomi arc-en-ciel,
Lyn.