Disclaimer: L'histoire ne m'appartiens pas, comme vous le savez tous J.K. Rowling en est la propriétaire.
(L'idée non plus ! c'est un défi de Ti Cathy.)
Béta: Ti Cathy
Fin du chapitre précédent :
On y mange, tousse, se mouche, crie, rit, pleure, tombe aussi parfois. Les téléphones sont omniprésents dans les mains, aux oreilles. En un medley étonnant et discontinu de sonneries en tous genre. Ça parle, converse, s'interpelle dans toutes les langues et avec tous les accents. Et lui, il est là. Au milieu de toute cette cacophonie y apportant sa propre touche. Car le bruit ici, c'est aussi lui, enfin eux : les musiciens du métro.
Un son s'intensifiant puis s'atténuant à mesure que l'on s'en rapproche puis s'en éloigne au détour d'un couloir. Son humble contribution sonore à cet incontournable parisien.
Enfin, ça, c'est ce qu'il se dit.
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Chapitre 2
Musicien du métro ? Il n'y aurait jamais cru. Et même s'il y avait songé, ça ne ressemblait décidément en rien à ce qu'il aurait pu imaginer. Déjà, il ne joue pas toute le journée, beaucoup trop fatiguant ! On ne dirait pas, hein ? Pourtant, à partir du moment où l'on s'y investi, un show quel qu'il soit, est fatiguant .
Il a fini par comprendre au bout d'un moment qu'il existe des sortes très différentes de musiciens dans ces couloirs.
Ceux qui mendient en musique et utilisent ce qu'ils trouvent, des sonos plus ou moins trafiquées, des orgues de barbaries, il en a même vu un avec un xylophone une fois…
Et ceux qui jouent. Pour eux, plus que l'argent (même s'il reste une motivation importante, les plus connus et/ou doués pouvant se faire jusqu'à 100€ par heure ), c'est la musique qui les motive, ils veulent aussi se faire connaître, mesurer la réaction du public à leur musique. Et pour les néophytes, c'est une façon économique et très formatrice de s'entraîner.
Entre les deux, on trouve les accordéonistes. Une manière sûre et efficace de rentrer dans ses fonds. Ah, la nostalgie ! N'empêche, quitte à être un « incontournable parisien », autant l'être jusqu'au bout. Ajoutez le béret et vous venez de monter une véritable entreprise. Il faut un certain savoir faire, mais c'est tout de même moins fatiguant que d'autres instruments et vous n'êtes pas obligé de chanter.
Et à part, il y a les roms, ou de façon plus politiquement correcte, les gens du voyage. Ils viennent en groupe le matin du confins des banlieues, sillonnent les rames de métro, se concentrant sur les segments les plus touristiques et repartent le soir, ensemble. On ne les voient pas trop dans les couloirs, ou du moins, pas en tant que musiciens…
Lui, vous l'aurez compris, c'était pour l'argent. Il aime la musique, bien sûr, plus que ça en fait.
C'est sa propre magie : elle l'accompagne partout, rythmant chaque instant de sa vie, un concert permanent uniquement perceptible par lui. Impossible à arrêter mais plus inconcevable encore de vivre sans. C'est par elle qu'il a compris réellement ce qu'être vivant signifiait. C'est grâce à elle qu'il a cessé de juste exister. Sans elle, il survit. Avec, il vit pleinement.
Mais même si elle lui est indispensable, il n'a jamais voulu ou même pensé en vivre. Il veut être éducateur pour jeunes enfants, éducateur sportif si possible. En fait, c'est exactement ce qu'il est en train de faire : il est actuellement en deuxième année. Certains bossent au Mc Do, lui son job étudiant, c'est sa guitare et le métro.
C'est même officiel : il a obtenu le sésame de la RATP. Vous le saviez, vous, que les cigales chantantes du métro étaient accréditées ? Ça lui a d'ailleurs occasionné quelques déconvenues. Enfin, c'était plus gênant que réellement préoccupant, la RATP n'expulse que très rarement les mendiants et les musiciens. Cela voulait surtout dire qu'il a dû céder sa place quelques fois.
Mais aujourd'hui, il est aux Halles, enfin, à Châtelet-les Halles. La distinction est importante paraît il. Entre nous, il est déjà tellement compliqué de savoir s'orienter dans ce labyrinthe, qu'une fois que l'on a compris la distinction, elle n'a plus vraiment de raison d'être.
Cette station n'est pas sa préférée, mais il y a tellement de gens et tous si différents : des travailleurs, des étudiants, des touristes, des « lécheurs de vitrines », des flâneurs… Ces couloirs sont si grands, si tentaculaires. Le centre commercial permet aussi de déverrouiller un peu certains porte-monnaie. Quand on prévoit déjà de dépenser de l'argent, donner est plus facile.
Les Halles sont à l'angle des rues saint-Denis, vers le nord, et saint-Honoré, vers l'ouest. Coincé entre les parallèles que ce sont les rues de Rivoli et les Grands Boulevards. Adossé à la bourse et face au boulevard de Sébastopole derrière lequel se devine les tuyaux colorés du Centre Georges Pompidou.
Comme ce que le nom laisse supposer, c'était l'emplacement des anciennes halles de paris, avant Rungis. Et quand celles-ci ont été détruites, le « trou des halles » fini par être comblé avec le centre commercial.
Le Châtelet , ou sa place du moins, se trouve entre la seine et la rue de Rivoli, Une petite trotte entre les deux…
Et c'est là que le premier métro eut sa station, à laquelle s'ajoutèrent bientôt les lignes 4, 7, puis 11. La quatrième ayant également un arrêt aux Halles (pour preuve de la distance!), une grande correspondance souterraine fut faite entre les métros et les RER.
Mais ça n'a rien de vraiment exceptionnel. On voit la même chose avec Auber et Opéra, ou encore Saint Lazare et Hausmann. Même les Invalides qui pourtant regroupent tout dans un « ensemble » s'affublent d'un tapis roulant particulièrement long entre le RER et les métro.
Quoi qu'il en soit, les gars en charge de l'architecture des Halles étaient particulièrement sadiques. Franchement. Pourtant, au niveau ferré, c'est simple, huit voies au même niveau (à Gare de Lyon, le RER D roule au dessus du RER A...) alignées bien proprement. Au-dessus, la salle d'accès et le lot habituel d'ascenseurs, d'escalators et d'escaliers reliant les deux. Ceux-ci débouchent sur la salle d'accès sous forme de piliers. Le problème c'est que la salle et les quais sont orientés différemment. Il est donc très difficile de comprendre l'alignement réel des quais du dessus. Et il très classique de trouver un point d'accès à son quai , constater que l'on ne peut pas l'emprunter car c'est un escalator fonctionnant dans l'autre sens, choisir un des quatre autres plots que l'on aperçoit et se retrouver dans la direction opposée.
Parce que d'une part étiqueter clairement chaque plot n'est venu à l'idée de personne et que l'affichage n'étant pas non plus aligné avec les quais il est littéralement tout à fait possible de tourner en rond si l'on suit les indications…
Enfin, il est plutôt bien placé. C'est assez rare de pouvoir obtenir cette place. Car même si aucune n'est vraiment réservée, il existe tout de me des sortes de priorités implicites : les plus vieux, les plus réputés, quelques connus… Et cette place là est disputée. Aussi bien par ses confrères que par d'autres d'ailleurs, l'UNICEF ayant pris l'habitude par exemple d'y installer un stand assez souvent.
Bon, l'acoustique est horrible mais est bien compensée par l'emplacement en lui même. Entre l'accès aux métros et la plate-forme RER. En gros quasiment tout le monde passe devant lui.
Pour mieux vous situer, il est adossé au dernier des gros « plots » des halles, celui qui fait face aux tapis roulants, le couloir vers la 14 à sa droite. C'est un vrai nœud de passage. Au plus fort de l'affluence, des bouchons se forment sur 10 à 20 mètres devant la ligne de portillons.
À cette heure il a littéralement l'impression d'être une figure de proue et de « fendre les flots ». La foule est impressionnante ! Et assez amusante parfois.
Il aime la regarder.C'est un véritable ballet qui s'opère sur les tapis : à droite une file lente avec quelques points immobiles et à gauche la file rapide. Ou presque. Une valise, un paquet trop imposant à droite ralenti ponctuellement la gauche, Un groupe en plein milieu, un couple ou ses fameux touristes qui ne « tiennent pas leur droite » et les parisiens pestent. Enfin, parisiens, en l'occurrence ce sont surtout des banlieusards lors d'une des correspondances de leurs trajets quotidien.
Une fillette le regarde, sa mère lui tient la main. La petite le fixe. Elle est mignonne, un peu caricaturale avec ses deux petites couettes, mais néanmoins adorable. Elle semble comme hypnotisée par sa musique, tellement qu'elle ne remarque pas la fin du tapis roulant. Sa mère la rabroue d'un « Fais attention ! ». La petite se renfrogne. Amusé, il se demande si cette moue boudeuse est due à la remontrance maternelle où bien parce qu'elle n'a pas pu sauter la fin du tapis. Les deux sont possible. Surtout que ce tapis est si long qu'à la fin même les adultes en ont les jambes tremblotantes. Ce saut final, à son âge, c'est à la fois une consécration et une apothéose.
Alors que l'heure de pointe commence tout juste, le bruit ambiant se transforme petit à petit en une cacophonie malheureusement inévitable et très fatigante (surtout en fin de journée). Il évite donc les rythmes durs et saccadés et s'en tient à des tempos plus calmes. Inutile de trop martyriser les tympans de ses potentiels contributeurs, ce serait quelque peu contre-productif. Mais il ne peut pas non plus faire quelque chose de trop tranquille : on ne l'entendrait pas.
L'avantage ici, c'est qu'il n'a pas vraiment de « public » à tenir, même si les gens le voulaient, ils ne pourraient pas s'arrêter pour l'écouter. Il ne sert réellement que de fond musical. Résultat, il peut prendre autant de pauses qu'il veut puisqu'il n'interrompt aucun spectacle. À la différence d'autres emplacements où il peut lui arriver de capter un public. Dans ces cas là, il joue entre une et trois heures . Cela dépends de beaucoup de facteurs. Et il est bien difficile d'attirer l'attention du public parisien. Un public bien indifférent et très blasé. D'un autre côté ce public si difficile, il ne peut définitivement pas lui en tenir rigueur. Il lui procure tant de petits plaisirs.
Des selfies, il fera partie des souvenirs de quelques touristes, certains l'enregistrent même !
Des petits amoncellements de personnes dans un couloirs pourtant bien trop exigu.
Et son préféré : quand au milieu d'une foule pressée quelques anonymes ôtent leurs écouteurs le temps d'emprunter son bout de couloir. Plaisirs simples certes, mais si bienvenus dans une journée remplie de tant d'indifférence. Ils en deviennent presque jouissifs.
Ce public est aussi à l'origine de quelques vraies grandes joies, même si elles sont, il est vrai bien plus rares. Vous savez, ce genre de mémoire qui vous fait immédiatement monter aux lèvres un énorme sourire et vous réchauffe le cœur. C'est bien simple, il les a appelées ces « souvenirs Patronus ».
Oui, comme dans les fameux bouquins adaptés en film du jeune sorcier! Mais en même temps, ça a été le premier film qu'il était allé voir. Il était bien le seul d'ailleurs à ne pas connaître l'histoire, les livres ayant été publiés depuis quelques années déjà.
Qu'est ce que ses frères avaient pu le charrier! En même temps, vous en connaissez beaucoup, des petits bruns avec une cicatrice crantée sur la face et s'appelant Harry ? Et pire, ayant été recueilli par une famille de rouquin ?
Enfin, lui, à l'époque, ce qu'il découvrait, ça aurait tout autant pu être Poudlard, le Kansas ou le pays imaginaire. Tout lui était tellement étranger !
Trouver des parallèles entre les deux harry(s) devint vite un des loisirs préféré de la tribu. Et comme leur « petit Harry » avait l'air plutôt content qu'on s'intéresse à lui d'une manière qui n'implique aucun coup et que c'était une façon innocente mais très efficace de l'intégrer, Maman Molly laissa faire. Il devint donc Harry « Potter », mais sans psychopathe, heureusement, le reste lui avait déjà bien largement suffit !
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Merci encore pour la lecture!
À vendredi prochain (j'espère ^^)