Bonjour à tous ! J'attends vos lancers de tomates pour cette loooongue attente... Je suis vraiment désolée. A tous ceux qui s'inquiètent : non, je n'abandonne pas cette fic. J'ai simplement des semaines très chargées, entre les études, la musique, le job, c'est compliqué de trouver du temps pour écrire. Mais la fic va bel et bien quelque part, elle aura une fin dans quelques chapitres.
Je remercie les lecteurs réguliers, vos reviews me font toujours très plaisir. Aux RAR :
Liliane black : Hé oui, ce pauvre Harry ne sait plus où donner de la tête... ça va aller, promis ! A bientôt j'espère !
Babou : Harry et Draco avaient tous les deux besoin de ce choc, de cette courte pause, pour réalise run peu mieux ce qui les attends sur tous les plans. J'espère que la résolution te plaira ;)
lise91 : La réponse est dans ce chapitre ! J'espère qu'elle te conviendra.
Amlou : Oooh c'est gentil, j'espère que tu ne t'es pas découragé du coup, tout vient à point à qui sait attendre...
pioupiou : Merci pour tes compliments ! Pour la partie médicale, je me base vraiment sur différents cas que j'ai pu voir dans mon entourage, plus quelques recherches. Si jamais tu repasses par là, n'hésite pas à me corriger si tu vois une faute !
Au niveau de la playlist musicale : Je suis malade de Serge Lama, et Can't Help Falling in Love With You version Haley Reinhart.
"Il se concentra sur ce qu'il éprouvait et tenta d'y poser des mots.
- Ses baiser sont la promesse d'une religion dont le paradis est aux portes de nos lèvres, dit-il naturellement. Et j'ai envie d'y croire. Pas mal pour un athée, non ?" - Maxime Chattam, Autre-Monde T4 : Entropia.
Draco claqua la porte d'entrée derrière lui, les yeux embués de larmes de rage et de douleur. Il se précipita vers sa voiture, s'y engouffra, et éclata en sanglots. Il avait mal au bas du dos après ce qu'ils venaient de faire. Il ne comprenait pas ce qui venait de lui arriver. Harry était bizarre depuis le procès, certes. Ce matin, il l'avait surpris en train de pleurer. Bon. Quand il était parti, il avait décidé de l'attendre. Nu. Et il s'était endormi. Ok. Harry l'avait réveillé. Il lui avait fait l'amour. Et ça avait été merveilleux. Bien. Par contre, la suite, il ne comprenait pas. Les larmes. Les sanglots. Harry qui lui disait qu'il ne pourrait pas continuer. Qu'il l'aimait, mais ne voulait pas souffrir. Est-ce qu'il venait de rompre ? Il crispa sa main sur sa poitrine, avec la sensation d'une pointe de glace lui traversant le cœur. D'une main tremblante, il sortit son téléphone de sa poche et chercha dans ses contacts le numéro de la seule personne qui pouvait l'aider à cet instant.
- Blaise... J'ai besoin de toi.
… … …
Blaise était assis dans son fauteuil préféré, et il contemplait silencieusement son meilleur ami assis sur le canapé et qui fixait ses mains. Théo était à ses côtés, un bras passé autour de ses épaules trop maigres. Le couple échangea un regard anxieux. Draco était plongé dans un mutisme inquiétant, le regard vide, les doigts crispés sur sa tasse de thé chaud. Blaise avait foncé le récupérer devant la maison d'Harry, terrifié d'entendre les sanglots dans sa voix. Quand il l'avait trouvé, il ne pleurait plus, il était juste... silencieux. Théo réessaya, la voix douce, comme s'il s'adressait à un enfant :
- Draco ? Parles nous, s'il te plaît...
Silence. Blaise se leva et vint s'agenouiller devant Draco. Il entoura ses mains fraîches des siennes et chercha son regard.
- Dray... On peut pas t'aider si on sait pas ce qui se passe...
- Je...
La voix de l'avocat était rauque, sèche, brisée.
- J'ai besoin d'un endroit où dormir.
Blaise cru que sa mâchoire allait se décrocher pour venir heurter le sol, comme dans un de ces mangas que Théo affectionnait. Il échangea à nouveau un regard effaré avec celui-ci.
- Quoi ?!
- Blaise...
- Non, mais bien sûr que tu peux rester dormir, évidemment ! Tu sais que tu as toujours une place ici, tu es chez toi !
Draco hocha doucement la tête. Il avait toujours un air absent, comme déconnecté de la réalité. Blaise pensa un instant qu'il allait dire à Potter ce qu'il pensait de tout ça, et peut être même lui mettre un pêche dans la poire, voire faire une salade de fruit complète. Oui, il allait définitivement lui coller un poing dans la figure, et peut être même les deux pour assortir l'œil gauche et l'œil droit. Qu'est ce que ce crétin avait donc fait ? Il avait l'impression que c'était le moment, peut être ? Il fut tiré de ses pensées par le mouvement de son ami qui se levait lentement. D'une voix atone, Draco dit :
- Je vais prendre une douche.
Il quitta la pièce comme un fantôme, boitant un peu, et Blaise se redressa, crispé, mourant d'envie de le suivre. Théo le retint d'une main. Blaise le prit dans ses bras et le serra à l'étouffer.
… … …
Draco se fixa dans le miroir. Il se dégoûtait. Harry le dégoûtait. Le monde. La maladie. Il avait encore mal, son corps se souvenait de la forme du sexe de l'oncologue en lui. Avec une soudaine urgence, il se déshabilla, son boxer collant à sa peau à cause du sperme d'Harry qui avait coulé hors de lui. Cette idée lui paraissait à présent intolérable. Il se jeta sous la douche, se frotta vigoureusement, grattant la moindre trace, jusqu'à en avoir la peau rougie. L'eau coulait le long de son corps nu, et avec elle les souvenirs affluaient. Il entendait les paroles d'Harry, ses mots d'amour, ses promesses, et ses derniers mots.
Ce « je ne sais pas » qui lui avait brisé le cœur.
Draco pleurait de fatigue, de rage, de douleur. Il avait tellement espéré, durant cette année avec Harry. Il avait tellement imaginé, vu un futur, rêvé d'une vie stable. Il se haïssait de ne pas avoir réussi à le garder. Il tourna le robinet, arrêtant l'eau, et ferma lentement les paupières. Il allait s'en sortir. Il était un Malfoy, bon sang ! Il s'essuya vigoureusement avec une serviette empruntée dans le placard, et se regarda à nouveau dans le miroir. Il avait les yeux rouges et gonflés. Draco se fit une grimace à lui-même, et ses yeux prirent un éclat plus dur. Il n'était pas question qu'il se laisse abattre. Pas question qu'il laisse Harry le détruire.
Même si c'était déjà le cas.
Il entrouvrit la porte et sourit en voyant les habits propres posés par terre, probablement ceux de Théo – Blaise, avec son mètre quatre-vingts cinq et ses quatre-vingts trois kilos de muscle, était bien trop grand. Il s'habilla rapidement, content de se sentir un peu moins sale, et descendit rejoindre ses amis. Ils bondirent sur leurs pieds en le voyant, l'air toujours inquiet. Draco se força à leur sourire, et s'assit près de Théo. Ce dernier lui passa une main rassurante dans le dos, et l'avocat décida qu'il fallait les rassurer.
- Harry a... rompu. Enfin, je crois.
- QUOI ?!
Le couple avait crié en cœur, visiblement sous le choc, et Blaise serra les poings, visiblement à deux doigts d'aller s'expliquer avec le brun.
- Attends, Dray, explique-nous. Tu n'es pas sûr ?
Il leur expliqua ce qui s'était passé. L'attitude étrange d'Harry, son retour, qu'il lui avait fait l'amour, et ses larmes.
- Il m'a dit qu'il ne voulait pas m'aimer, que ça lui faisait peur, et qu'il ne voulait pas souffrir comme il avait souffert avec Ginny. Je lui ai demandé si il voulait que je parte.
- Et ?
Draco fit une pause, la gorge serrée, et se reprit, affichant à nouveau un visage impassible.
- Il m'a dit qu'il ne savait pas. Et qu'il était désolé.
Ses deux amis échangèrent à nouveau un regard effaré. Draco voyait qu'ils ne pouvaient y croire – d'ailleurs, lui aussi ne pouvait y croire. C'était Harry qui était venu le chercher. C'était lui qui l'avait fait tomber amoureux. Et maintenant, il fuyait, comme un lâche ?
- Draco, mais tu es parti de suite après ?
Il hocha la tête, et dit avec amertume :
- Et que voulais-tu que je fasse ? Ce n'aurait même pas dû être une hésitation pour lui !
- Eh bien... - Théo avait l'air gêné, un peu inquiet. - Enfin, je veux pas le défendre mais... C'est pas facile pour lui...
- Et tu crois que pour moi c'est facile, peut-être ?
Draco s'était levé, tremblant de colère. Que croyait-il, cet idiot, assis tranquillement dans son canapé brun, avec son mari parfait, son enfant parfait, dans leur salon aux murs décorés de photos d'eux et de peintures de luxe ? Il pensait que tout était si simple ? Pas facile pour Harry ? Ah ? Mais, de ce qu'il savait, c'était lui le malade ! Lui qui souffrait ! Ils ne pouvaient pas comprendre, aucun d'entre eux.
- Calme-toi ! Ne crie pas sur Théo, il ne t'a rien fait !
Blaise s'était dressé à son tour, défendant son homme qui avait baissé la tête sous la colère du malade. Il continua, la voix un peu radoucie.
- Ce qu'il essayait de te dire, c'est qu'on sait que ce sont des moments très difficiles pour toi, mais ne croit pas que c'est facile pour Harry. Je te rappelle qu'il a déjà perdu sa femme de cette saloperie. Et maintenant, tu es malade aussi, et je crois que même s'il ne le montre pas, parce qu'il est Saint-Harry-fichu-Potter, ça le terrifie et qu'il ne l'avouera jamais !
- Il a peur, tu crois ? Et moi alors ! Je suis terrifié, merde ! Il était le seul à avoir l'air de savoir ce qu'il faisait dans toute cette merde ! Je refuse de m'écrouler parce qu'il est incapable de savoir ce qu'il veut. Il me veut ? Bien. Qu'il vienne me chercher alors ! Pas question que je me traîne à ses pieds.
Blaise se recula légèrement, l'air dérouté. Il se rassit et poussa un soupir, sous les yeux toujours furieux de son meilleur ami, qui semblait ne pas vouloir coopérer.
- Draco... écoute, ce n'est facile pour personne. Je ne sais pas quoi te dire. J'ai aucune prise sur toi ou sur tes décisions, ni sur celles du médecins. Harry... Harry te rend heureux. Et je sais qu'il t'aime, cet imbécile, même si parfois il est pas très doué. Si tu ne veux pas aller le voir, promets-moi au moins de l'écouter quand lui viendra te chercher.
Draco se rassit, hésitant. Une bouffé de fierté le fit se redresser, mais son cœur hurlait sa peine dans sa poitrine. Il grimaça.
- Ok.
- Ok ?
- Oui. Si il vient, je lui parlerai. Mais il est bien trop content d'être débarrassé de moi...
- Tu exagères, protesta le noir, agacé par l'orgueil de son ami.
Draco haussa les épaules. Il sentait la souffrance rugir dans chaque fibre de son corps. Il voulait Harry. Ses bras, sa peau, sa voix, ses yeux d'émeraude, ses baisers. Et en même temps, il ne voulait plus jamais le voir, il le détestait pour ne pas avoir su quoi faire. Perdu dans ses pensées, il fut surpris d'entendre son estomac gargouiller vigoureusement. Théo sourit légèrement.
- Allez, viens. Il reste des légumes et un steak.
… … …
Hermione sursauta violemment en entendant le téléphone sonner, et se précipita pour répondre.
- Allo ?
- Hermione !
- Oui, Blaise ?
- Dis-moi que Potter est là.
Hésitant un instant, elle coula un regard vers le salon, où son meilleur ami était assis sur le canapé avec un verre de bourbon, un air détruit inscrit sur ses traits, Ron essayant vainement de le réconforter.
- Oui.
- Merde, Hermione, mais qu'est-ce qu'il a foutu ! Draco est ici, en train de manger avec Théo, moi je suis dans le jardin avec Paul. Hermione, il est dévasté ! Il est là, il fait le fier, il fait style qu'il s'en fout, que Harry est un con, mais... je l'ai jamais vu comme ça, il est encore pire que avec Astoria ! Bordel, que je croise pas Potter sinon je lui en colle une à ce connard !
Hermione fronça les sourcils. Blaise avait l'air hors de lui. Elle enroula une mèche de cheveux autour de son doigt, indécise. Harry avait débarqué chez eux, paniqué, leur expliquant ce qu s'était passé. Il avait fondu en larmes, s'était repris, avait tempêté, tourné en rond, s'était à nouveau effondré en culpabilisant, et maintenant il était assis en silence et semblait avoir décidé de finir leur meilleure bouteille dans l'après-midi.
- Blaise, tu comprends pas, il est paniqué, il arrive plus à gérer !
- Ouais, ouais, c'est aussi la version que j'ai servie à Draco, je lui ai dit de l'écouter s'il venait le voir.
Blaise avait à présent l'air plus fatigué qu'énervé, et il continua plus doucement :
- Écoute, Hermione, on est jamais passé par là. Ni moi, ni Théo, ni les parents de Draco. On sait pas quoi faire. Draco a besoin de quelqu'un qui puisse le rassurer. Et s'il a besoin d'Harry, je suis prêt à faire n'importe quoi pour le lui donner.
Hermione explosa.
- Et Harry ? Tu as pensé à Harry ?! Peut-être que lui n'a aucune envie de gérer tout ça ! Il en déjà bien trop bavé ! Et nous aussi ! Ce n'est pas à toi de prendre cette décision !
- Ni à toi.
Il y eut un silence. La brune était au bord des larmes. Elle se sentait tellement impuissante, incapable d'aider Harry, de les aider tous les deux. Elle s'était toujours sentie la grande sœur, celle qui les protégeait lui et Ron. Elle avait déjà ressenti cette impuissance à la mort de Ginny qu'elle aimait comme une sœur. Ils avaient très vite formés un quatuor : deux filles, deux garçons, deux couples, frères et sœurs. La perdre, c'était se retrouver amputé d'un membre. Elle ne voulait pas revivre ça. En cela, elle comprenait Harry. Mais elle savait aussi que pour Harry, c'était bien plus que ça. Elle soupira.
- Il l'aime, tu sais. Je crois que je l'ai jamais vu comme ça, même avec Ginny. Même avant de se mettre avec lui, avant de savoir pour le cancer, il était déjà accro. Je le voyais bien. Dès le début, il voulait le revoir, lui parler, le découvrir. Je ne l'avais jamais vu aussi attaché à quelqu'un, à surveiller ses moindres gestes, avec ce désir et cet amour dans le regard. Si Ginny était la femme de sa vie, alors Draco en est l'homme.
- Je sais. Ces deux idiots sont fous l'un de l'autre. J'avais remarqué. Si il n'y avait pas...
La voix grave se brisa, comme s'il allait pleurer.
- Avec des « si » on mettrait Londres en bouteille, tu ne crois pas ? Je vais essayer de voir si ça peut s'arranger, ok ? Harry est un idiot, mais parfois il comprend vite. Bon, là il est en train de se bourrer la gueule et Ron a décidé de l'accompagner. Alors je vais les laisser faire, veiller sur eux, et on verra demain. D'accord ?
- D'accord. Je vais voir ce que je peux faire avec Draco. Merci.
- C'est normal. A plus. Embrasse Théo de ma part.
- Et toi Ron.
Il raccrocha. Hermione resta un instant dans la chambre, le cœur gros. Puis elle se leva, se secoua. Elle avait un meilleur ami à remettre sur pied !
… … …
Draco se retourna dans son lit. Il avait mal au dos. Et au ventre. Le souci avec les effets secondaires, c'est que en général, ils étaient très douloureux. Blaise et Théo lui avaient laissé la chambre d'ami, après avoir passé la journée à le surveiller de près. C'était presque agaçant : il n'allait pas se foutre en l'air non plus. Il frissonna pourtant. Harry lui manquait. Le lit lui paraissait trop grand, il se sentait seul entre ces draps blancs et froids. Il serra les dents. Ce n'était pas le moment de craquer. Il n'était pas une chose fragile, mais un Malfoy. Quelque part, pourtant, il savait que Blaise avait raison. Qu'il fallait qu'il parle avec Harry.
Bien sûr, il lui était beaucoup plus simple de faire ce qu'il avait toujours fait : fuir lâchement et venir se cacher chez Blaise. Il n'allait pas se traîner devant lui en le suppliant de revenir, oh ça non ! Pas question. Tout cela l'atteignait beaucoup trop. Le visage stoïque de son père apparut derrière ses paupières closes. Des années durant, il avait détesté cette façade qui ne montrait aucun sentiment, aucune émotion. Et pourtant, pourtant... Il comprenait maintenant. C'était la spécialité de sa famille : quand vous allez mal, taisez-vous, écrasez ce qui vous fait souffrir, et si c'est impossible, fuyez et méprisez-le. Pouvait-il mépriser Harry ? Il n'en était pas sûr. Mais s'il ne pouvait le mépriser, et encore moins l'écraser, il pouvait au moins fuir.
Il réfléchit un instant, puis se leva avec difficulté, grimaçant. Il n'était pas stupide, il savait pertinemment que Blaise avait contacté Harry, ou alors Ron et Hermione, pour les prévenir qu'il était ici. Il avait besoin de prendre du recul. Besoin de partir chez quelqu'un qui n'était pas impliqué. Quelqu'un qui ne contacterait pas Harry. Il n'eut pas à réfléchir longtemps. Quelques minutes plus tard, il descendit sur la pointe des pieds dans la cuisine et laissa un mot à ses deux meilleurs amis. Il avait sur son épaule le sac d'affaires que Blaise était allé lui chercher en fin de journée. Il avait pris sa décision.
Blaise, Théo,
Pardonnez-moi. J'ai besoin de prendre du recul. Récupérez Scorpius pour moi, je viendrais le chercher. Si Harry vient, dites-lui que je ne veux plus avoir affaire à lui.
Draco
Puis il sortit rejoindre le taxi qu'il avait commandé et qui venait d'arriver devant la porte. Il savait où aller, et il doutait que quiconque pense à aller le chercher là-bas. Le trajet se fit en silence, entre les ombres de la nuit, jusqu'à ce qu'ils dépassent les limites de la ville pour s'engager dans un petit chemin de terre. Le taxi finit par s'arrêter devant un petit portillon, Draco paya la course exorbitante et sortit de la voiture. Il poussa le vieux portail de bois qui grinça légèrement. À son passage, il frôla des attrape-rêves qui tintèrent en s'entrechoquant. Un chat miaula. Hésitant à présent, il s'arrêta devant la porte qu'il devinait dans l'obscurité, et finit par toquer. Il entendit des pas, puis quelqu'un poussa le battant.
- Draco ?
- Millie.
Il fit un sourire tendre à la jeune femme devant lui. Elle n'était pas belle, ne l'avait jamais été. Grande, bien en chair, dotée de cheveux et d'yeux noirs, et d'un visage aux traits forts avec des sourcils épais, elle était loin des canons de beauté. Au secondaire, elle n'était que « la moche qui traîne avec Pansy », et s'il ne l'avait jamais insultée, il ne lui avait jamais vraiment parlé non plus.
- Entre.
Il la suivit, toujours silencieux, et elle s'affaira rapidement pour ouvrir le clic-clac, lui tendit une couverture et des coussins, et le laissa se mettre au lit. Elle avait juste un grand tshirt et un boxer, les cheveux noués en une tresse lâche dont s'échappaient des mèches rebelles. Il ne se souvenait plus comment il avait commencé à lui parler. Avec les années, elle avait développé une grâce étrange qui se dégageait de chacun de ses mouvements. Une sorte d'aura surnaturelle, quelque chose d'impalpable. Il décida de rester en tshirt et boxer et se glissa sous la couverture.
Il ne fut pas surpris en sentant le corps large et à moitié nu de son amie se glisser à ses côtés. Délicatement, comme si elle avait peur de le briser, elle l'entoura de ses bras et se colla à lui. Elle effleura son ventre de ses doigts, silencieusement, et il retint son souffle. Millicent était un être à part, son miracle à lui, et il avait toujours tu leur étrange relation. Seule Pansy savait qu'il la voyait encore.
- Tu as maigri.
Draco ne répondit pas. Pourquoi faire ?
- Tu as mal.
Il ne bougea pas, parfaitement conscient qu'elle ne parlait pas d'une souffrance physique.
- Tu l'aimes.
Encore un constat, toujours avec cette voix tranquille et claire qui la caractérisait. Il n'avait jamais réussi à comprendre comment elle faisait pour en savoir autant. Quand Astoria l'avait abandonné, c'était elle qu'il était allé voir. Il venait toujours quand il était perdu, indécis. Il venait, et il repartait. Elle faisait de même, comme l'esprit libre qu'elle était. Parfois, elle débarquait chez lui, restait quelques jours, repartait. Il pouvait se passer des mois sans qu'ils ne se parlent. Mais elle avait cette étrange faculté de tout deviner, tout comprendre, simplement en le touchant, en décryptant les traits de son visage. Il ne l'avait pas vu depuis un moment – depuis avant le Crabe. Il sentit qu'elle s'endormait doucement contre lui, et ferma les yeux à son tour. Parfois, elle pouvait être effrayante de clairvoyance, mais c'était ce qu'il aimait chez elle. Et pour l'instant, elle était son seul refuge.
… … …
Draco fut réveillé par le son des couverts s'entrechoquant dans l'évier. Il se redressa et s'étira en baillant. La place à côté de lui était froide, et Millicent, habillée de pied en cap, avait préparé le petit déjeuner et lavait à présent son assiette. Elle se tourna vers lui et lui fit un sourire, ses cheveux détachés et indomptables flottant dans son dos. Il se leva, vint poser un baiser sur sa joue, et s'assit pour déguster le thé encore fumant. Millicent s'assit à côté de lui et croqua dans une tartine de confiture, souriante. Elle avala sa bouchée et déclara :
- Tu n'es pas venu depuis plus d'un an. Que s'est-il passé ?
Il commença à lui raconter. La rentrée. Harry. Scorpius et Albus. Les sorties, le bar. Le cancer. Harry, encore. Astoria. Elle se leva pour jeter son thé, devenu froid, et lui en resservit un. Il le but, la gorge sèche après avoir tant parlé. Le soleil était à présent haut dans le ciel, et la brune n'avait pas dit un mot. Elle le fixait silencieusement, semblant attendre qu'il continue. Millie était une fille à la fois simple et complexe. D'un côté, elle était complexe par sa compréhension instinctive et immédiate des choses, son retrait du monde. D'un autre, elle vivait dans une simplicité désarmante : bien et mal, amour et haine, pardon et rancune, tout était divisé en deux pour elle, même si elle saisissait chaque nuance.
- Est-ce que tu l'aimes ?
Sa voix était douce, bien qu'un peu rauque comme toujours, et son visage disgracieux était presque beau. Draco détourna le regard. Bien sûr. Bien sûr qu'il l'aimait. Il l'aimait comme un fou, rien que l'idée de le perdre l'anéantissait. Il se sentait ridicule, comme un ado qui a un premier amour, il aurait voulu que ça s'arrête. Harry lui manquait, sa peau, sa voix, sa tendresse. Il haussa les épaules, il savait qu'elle comprendrait. Elle leva les yeux au ciel.
- Draco, tu es vraiment un imbécile parfois.
Il lui jeta un regard froid et fit une moue agacée.
- Harry t'aime. Va le voir.
- Non.
… … …
Sa voix était têtue, et Millicent soupira. Parfois, il la désespérait. Elle leva les yeux au ciel et grommela :
- Très bien. Boude si tu veux.
Puis elle se leva pour se rendre dans le jardin, le laissant aux prises avec ses pensées. Ce blond était infernal. Elle ferma un instant les paupières, appréciant la caresse du vent et la chaleur du soleil sur sa peau. Il n'était pas question que ces deux imbéciles gâchent leur vie. Draco était un être à part, mi ange, mi démon, à la fois fragile et profondément orgueilleux. Avec un soupir, la jeune femme attrapa son téléphone et envoya un message. Puisqu'ils semblaient incapables de comprendre les choses par eux-mêmes, il allait falloir leur filer un coup de main. Et elle savait exactement qui joindre pour cela.
… … …
Le reste de la journée se passa dans une sorte de bulle d'apaisement. Millie l'avait obligé à sortir avec une tonne de crème solaire pour qu'il prenne un peu le soleil pendant qu'elle jardinait. Son chat noir, Brume, ronronnait sur les genoux de Draco depuis une heure environ, l'empêchant de se lever. Il aimait cette ambiance de calme, de paix, dans ce jardin désordonné et sauvage. Son amie semblait en effet avoir une conception toute particulière de l'ordre, et les plantes poussaient sans entraves en tout sens, bien que l'herbe reste correctement coupée. Il poussa un soupir de bien être, enfonça ses doigts dans la fourrure du chat, et s'empêcha de penser à ses questions et ses doutes. Pas maintenant.
Le bruit d'une moto approchant lui fit relever la tête. L'engin finit par s'arrêter devant le portail. Seules les épaules et la tête cachée par le casque du motard dépassaient. L'homme descendit, poussa le portail, et Draco sentit son cœur accélérer. Non. Il reconnaissait ces épaules, ce casque, ce blouson, ces jambes... Harry retira le casque noir, et leurs yeux se rencontrèrent enfin. Draco se redressa, le souffle coupé. Indécis entre son envie de se jeter sur lui, et sa peur. Harry avait des cernes, un air fatigué, mais il était tellement beau. Tellement lui. Millie s'avança vers l'oncologue, lui sourit et lui tendit la main. Absorbé par sa contemplation de Draco, il sursauta, puis accepta la poignée de main.
- Harry, entre.
Draco tourna enfin son regard vers son amie, qui lui fit un clin d'oeil malicieux. Comment... ? Il posa Brume par terre, le faisant protester et les suivit silencieusement dans la maison. Il ne voulait pas lui parler. Il ne voulait pas le voir. Millicent commença à s'activer, préparant le repas du soir, et il se blottit dans le canapé, refusant de regarder Harry. Naturellement, Millie tendit un couteau et des tomates au brun, qui, après une hésitation, commença à couper.
HPDM/DMHP/HPDM/DMHP/HPDM/DMHP/HPDM/DMHP
Harry caressa du regard la forme recroquevillée sur le canapé. Ils avaient mangé dans un silence lourd, Millicent ne semblant pas disposée à les aider le moins du monde. Pourtant, c'était grâce à elle qu'il était là. Il était encore chez Ron et Hermione, se remettant de sa cuite, quand la brune avait reçu un appel paniqué de Blaise. Draco était parti, sans leur dire où. Ils n'arrivaient pas à le joindre. En entendant ça, il avait paniqué. Était-ce fini ? Définitivement ? Et si jamais Draco allait mal ? S'il attrapait quelque chose ? Ses défenses immunitaires étaient très faibles, c'était dangereux pour lui. Aussitôt, ils avaient commencé à s'appeler les uns les autres, vivant quelques heures d'angoisse intense...
Et soudain, Pansy avait appelé. Ils étaient réunis chez Blaise et Théo, tous : Harry, Ron, Hermione, Neville et Luna. Blaise fumait nerveusement, sous le regard désapprobateur de Théo. Pansy leur avait révélé la cachette – et par là même le secret – de Draco. Harry avait senti la jalousie lui tordre le cœur. Jamais Draco n'avait parlé de cette fille. Pourquoi ? Pourquoi la lui cacher ? Qu'avait-elle de si particulier ? Mais pour avoir une réponse, il fallait qu'il pose la question, n'est-ce pas ? Alors il avait à peine pris le temps de relever l'adresse, de la rentrer dans son GPS, et il avait sauté sur sa moto, filant le plus rapidement possible vers la maison où il allait retrouver Draco.
Avec un soupir, il finit par lui tourner le dos. Ils dormaient tous les deux dans le salon, et Millie dans sa chambre à l'étage. Il aurait voulu lui parler, lui demander pardon, le supplier de revenir. Mais il n'en avait pas la force. Ridicule. Lui qui avait toujours été un fichu idiot fonceur, qui avait l'habitude de parler avant de réfléchir – comme il l'avait fait la veille – était complètement paralysé. D'un côté, il avait une furieuse envie de le toucher, de fourrer son nez dans son cou et de respirer son odeur, de l'embrasser. D'un autre, il était pétrifié devant le regard acier glacé de Draco, et il réalisait qu'il avait commis la plus grosse erreur de son existence. Déprimé, Harry finit par s'endormir, inconscient des questionnements d'un certain blond, qui serrait les dents à quelques pas de lui.
… … … …
Harry gratta délicatement les oreilles du chat, qui ronronna avec félicité. Il sourit, amusé. Draco prenait sa douche à l'étage, et Millicent travaillait. Elle avait fini par lui expliquer qu'elle était graphiste à son propre compte, et réalisait les commandes des clients chez elle, sur son ordinateur. Il lui avait demandé à demi-mot si elle avait un copain... Non, ça n'avait aucun rapport avec le fait qu'il la trouvait beaucoup trop proche de Draco. La jeune femme lui avait fait un clin d'oeil amusé. Avec un sourire, elle lui avait murmuré qu'elle était asexuelle. Ce qui lui avait fait lever un sourcil. Probablement habituée à ce genre de réaction elle lui avait expliqué qu'elle n'avait pas d'attirance sexuelle. Pour personne. Non, elle n'avait jamais essayé. Et non, elle ne comptait pas essayer. Quoique. Peut-être en étant amoureuse. Oui, elle avait quelqu'un. Elle se fichait que ce soit un gars ou une fille. Oui, elle voyait la différence, et elle s'en fichait parce que ce n'était pas ça qui l'intéressait, et elle s'en portait très bien, merci pour elle.
Harry sourit en la regardant. Il appréciait la jeune femme, bien différente de l'être silencieux et renfermé qu'il avait vaguement connu. Et du coup, il se sentait rassuré par rapport à Draco – même si la pensée qu'elle pouvait être amoureuse de lui l'inquiétait, elle lui avait assuré que ça n'était pas le cas. Elle n'avait pas vraiment voulu lui en dire plus sur la personne avec qui elle était en ce moment, simplement qu'iel était très compréhensif-ve et ne la poussait pas. Intrigué, Harry s'était promis de l'interroger de manière un peu plus poussée. Il avait remarqué une lueur triste dans les yeux de Millicent, et même s'il ne la connaissait que peu, il aurait voulu l'aider. La journée s'était déroulée lentement, entre jardinage, cuisine et travail graphique pour Millicent. Lui avait simplement passés plusieurs coups de fils, avait fait un saut de deux heures à l'hôpital pour des rendez-vous, et avait travaillé sur des dossiers compliqués en Skype avec son assistante. Il était en vacances, plus ou moins.
L'oncologue sortit de la maison pour prendre l'air, les mains dans les poches, se délectant de la fraîcheur du soir sur ses bras nus. Il leva les yeux vers la fenêtre d'où sortait le bruit de l'eau, le cœur battant. Il aurait tant voulu être sous cette douche, le corps blotti contre celui de son compagnon. Mais il ne pouvait pas. Il ne pourrait peut être plus jamais. Une vague de culpabilité lui fit serrer les mâchoires. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, il le comprenait à présent. Ron et Hermione l'avaient vigoureusement secoué. Le roux lui avait même crié dessus, les larmes aux yeux, lui disant que sa sœur aurait eu honte de lui, et qu'il ne l'avait jamais vu aussi heureux. Ron ne voulait que le meilleur pour lui, et il était persuadé que le meilleur était Draco.
… … …
Harry se mordit la lèvre, hésitant. Il avait bien conscience que Draco était furieux contre lui. Plus que conscience même. Mais à cet instant, la situation l'insupportait. S'il avait pu... Il se figea. Mais il pouvait. Qu'est-ce qui l'en empêchait ? Si Draco le repoussait, il partirait. Il se rua dans la maison, le cœur battant, et monta les escaliers quatre à quatre, jetant déjà son tshirt au sol, sous le regard amusé de Millicent. Elle reporta ses yeux sur son téléphone, qui venait de vibrer.
SV : Alors, ils en sont où ?
MB : Je crois que Draco va lui céder.
MB : Tu me manques.
SV : Ok.
SV : Toi aussi. Et il n'y a personne. Lou & Matt sont sortis avec leurs amis. Ah ces ados !
SV : Tu viens ?
MB : Ton voisin ne dira rien ?
SV : Je lui ai dit qu'il n'avait rien à dire. Viens stp...
Millicent soupira, et hésita un instant, faisant tourner l'objet entre ses doigts. Finalement, elle se leva, prit son manteau, et se dirigea vers la porte, tapant un dernier message.
MB : J'arrive. Mais c'est bien parce que ces deux idiots ont besoin d'être seuls.
MB : Je t'aime.
SV : Je t'aime aussi.
… … …
Harry était planté devant la porte. Entrera, entrera pas ? Il posa sa main sur le battant, puis son front, ferma les yeux. Il pouvait sentir la vapeur s'échapper légèrement de la cloison de bois, et imagina Draco nu derrière. Son poing se serra. Il avait fait une connerie. Une énorme connerie. Et il ne savait pas si c'était rattrapable. Il se remémora Draco. La première fois qu'il l'avait vu, encore un adolescent fier et méprisant, mince, aux cheveux blonds gominés et à la bouche mince toujours étirée par un sourire narquois. Parfois, il aurait voulu l'embrasser pour lui faire ravaler ce sourire arrogant. Puis leurs bagarres de lycéen, les yeux au beurre noir, la fois où il l'avait coincé au sol, la lèvre en sang, celle où c'était Draco qui l'avait plaqué contre un mur en manquant de lui ouvrir de crâne contre le clou qui y était planté. Ce besoin qu'ils avaient de se toucher, se chercher, s'insulter, tout le temps, à chaque instant.
Et puis quand il l'avait revu, bien des années plus tard. Son regard toujours aussi méprisant, qui s'était adouci à l'instant où il avait regardé son fils. La douceur subite de ses traits, l'amour qu'il y avait lu, sa beauté presque surnaturelle. Puis, de semaine en semaine, son rire amusé, son sourcil qui se soulevait quand il était dubitatif, amusé ou agacé, et son visage quand il avait bu, tout ça l'avait de plus en plus attiré. Son expression quand il lui faisait l'amour. Quand il pleurait. La texture de sa peau, de ses lèvres. Son esprit vif, parfois sarcastique, son courage, sa fierté, son ambition, sa fragilité qu'il ne montrait pas, tout ce qui composait sa personnalité. Même son amour pour Wagner – il lui fallait bien un défaut. Tout ce qui composait Draco.
Harry n'y tenait plus. Il poussa doucement la porte, et entra dans la salle de bain. Draco était immobile, sous l'eau qui coulait sur son corps imberbe, dos à lui. L'oncologue ferma la porte sans bruit, laissa son jean tomber au sol avec son boxer, et se colla soudain au corps brûlant et trempé de son amant pour embrasser sa nuque, son cou. Draco frémit mais laissa échapper un soupir en posant ses mains sur celles de Harry qui étaient venues caresser son ventre. Le brun se pressa encore plus contre lui, enivré par sa présence, se délectant de la sensation de l'avoir dans ses bras... Draco sembla se reprendre, se raidit, se retourna et le poussa, un sourcil levé.
- Parce que tu crois que tu peux m'avoir comme ça.
Harry le fixa, baissa les yeux, les coins de ses lèvres se relevèrent de manière incontrôlable, et il pouffa, accentuant l'agacement de Draco.
- Hum... vu ton état... oui ?
- Pardon ? Mais tu te fous de moi ! Bon sang, Potter, mais tu me prends pour quoi ? Une chienne prête à répondre à tes désirs ! Tu m'as jeté...
- J'ai eu peur, le coupa Harry.
- Tu as eu PEUR ? MAIS TU TE FOUS DE MOI ?
Draco était hors de lui à présent, et Harry se retrouva soudain désemparé devant la souffrance qu'il devinait derrière sa colère.
- Putain, Harry, tu oses me dire ça ? Que tu as eu PEUR ? Et moi ? Tu crois pas que j'ai peur moi ? A chaque instant, chaque fois que je tousse, que mon cœur s'emballe ou que je baille ! Tu crois pas que j'ai eu peur de te perdre ? De plus te voir ? Bordel, c'est TOI qui est venu me chercher ! C'est TOI qui a voulu qu'on essaie malgré tout ! C'est TOI qui m'a séduit ! Alors tu sais quoi ? Va te faire foutre !
- ... Ok.
Draco se figea, coupé dans son élan, et le fixa sans comprendre. Harry était mortellement sérieux. Il n'avait jamais été doué pour ça – s'excuser, les sentiments. Il revint se coller à Draco, enroula ses bras autour de son cou, et le regarda par en-dessous. Pour une fois que le fait d'être plus petit pouvait lui servir...
- Dray... Je vais aller me faire foutre avec l'homme que j'aime. Et rien, tu entends, rien, ne pourrait me rendre plus heureux.
Il sentait son cœur battre à tout rompre, alors qu'il fixait les deux prunelles noircies de Draco. Avec tendresse, il caressa son visage. Son torse. Se mit à genoux, embrassant chaque parcelle de peau à sa portée.
- Pardon.
Ses lèvres caressèrent la peau tendre du ventre.
- Pardon.
La cuisse.
- Pardon. Pardon. Pardon.
Et il continua à murmurer ce mot comme une litanie, tout en posant des baisers de plus en plus proches de l'érection à présent imposante de son compagnon. Draco soupirait, appuyé au lavabo, une main négligemment emmêlée dans les cheveux bruns. Harry leva les yeux vers lui, pour tomber dans deux océans apaisés. Sa bouché était tout contre la verge palpitante, qu'il effleurait légèrement de sa langue. Draco gémit, appuyant sur son crâne, et il le prit enfin, étrangement soulagé de le sentir enfin s'abandonner. Et bientôt, ce ne fut plus que gémissement et bruits de succion, la salive coulait légèrement le long de la mâchoire du brun et Draco l'essuya du pouce.
Et ils s'allongèrent, Harry au-dessus, leurs corps se liaient toujours plus, Draco gémissait, ils transpiraient et la peau humide de Draco rougissait sous les doigts de son amant. Ils se murmuraient des « je t'aime » en boucle, et Harry s'excusait toujours quand les doigts de Draco bougeaient en lui, il aurait tellement voulu que ça n'arrive jamais. La douleur lui parut presque libératrice, comme si elle le punissait de ses paroles inconsidérées. Il aurait presque préféré que Draco le frappe pour le mettre à terre, lui crie sa rage et sa haine, mais à la place, il lui faisait l'amour. Et même si c'était lui qui s'empalait en haletant sur la hampe dressée, c'étaient les yeux brûlants de Draco qui le faisaient bouger, ses mains fraîches et moites sur ses hanches, ses lèvres rouges et gonflées par les baisers.
Harry cria soudain, en sentant Draco taper ce point si sensible au fond de lui. Les yeux de l'avocat brillèrent d'un éclat à la fois amusé et désireux, et il garda l'angle de pénétration, ses mains plus fermes sur les hanches dorées. Il se redressa pour s'asseoir, appuyé contre le mur, Harry à genoux sur lui, bougeant toujours, s'accrocha à ses épaules pour se maintenir. Leurs souffles se mêlaient, Draco enfouit son visage dans son cou pour le mordre, il cria encore, perdu dans le plaisir et la luxure de l'instant. Draco gronda d'une voix basse :
- Tu m'appartiens.
Harry gémit, prêt à jouir, ne désirant rien d'autre que les mains de Draco sur son sexe délaissé.
- Tu m'appartiens...
- O... Oui, oui, Draco, je...
La paume douce qui se mit à le masturber lui tira un nouveau cri.
- J't'appartiens ! Putain, Dray !
L'orgasme le faucha à ces mots, entraînant la jouissance de son amant juste après, et il se laissa tomber contre le corps de Draco, épuisé par l'effort fourni. Ce dernier le serra contre lui, l'embrassa, et finit par l'aider à se relever pour le porter sous la douche. Ils se frottèrent mutuellement, se redécouvrant lentement sous l'eau chaude. Harry avait presque envie de pleurer. Il caressa le crâne nu de son amant, l'embrassa encore, ignorant la légère douleur au bas de son dos. Si ça lui avait permis de récupérer Draco... Ils finirent par s'extraire de la cabine pour se sécher, et descendirent au salon. La maison était vide. Millicent n'avait pas laissé de mot, et ce n'était pas ce qui les préoccupait à l' s'assirent dans le salon, l'un en face de l'autre. Harry savait qu'ils devaient parler. Ils n'avaient pas le choix en réalité. Il commença doucement :
- Je suis vraiment désolé.
- Je crois que j'avais compris à la quinzième fois où tu m'as dit « pardon ».
Le ton de Draco était sec, sarcastique, et ses yeux fatigués. Harry baissa la tête. Son petit-ami soupira.
- Ecoute, Harry. Je... Si je dois être honnête, je t'en veux. Vraiment. Mais... Mais je t'aime, même si je ne sais pas où ça va me mener. Alors...
- Alors tu veux bien qu'on continue ?
Harry le fixait, souriant.
- D'abord, explique-moi ce qu'il s'est passé. Harry, on va pas s'en sortir si tu parles pas. Tu.. tu es parfait, vraiment, mais tu me parles de ce qui ne va pas uniquement quand tu craques.
Harry avait lentement perdu son sourire. Il se recula légèrement dans son fauteuil et crispa ses mains sur ses genoux. Il le savait. Il le savait, mais il n'avait pas besoin de l'entendre. Mais Draco continuait.
- Je sais que je suis compliqué, moi non plus je ne parle pas beaucoup, je peux être froid et distant mais... Mais toi c'est pire. Quand je vais mal, je boude, je ronchonne, je râle, mais je te le fais sentir. Toi... Toi, tu restes juste là, tu souris, tu fais semblant, et moi, je sens que ça va pas, mais je me dis que je me trompe, et puis tu restes silencieux, et je n'arrive pas à savoir... J'ai besoin que tu parles Harry, je peux pas continuer comme ça, tu comprends ?
Le brun baissa la tête, fixant ses poings serrés sur ses cuisses. Une unique larme s'écrasa sur sa peau brunie par le soleil de l'été.
- C'est pas si simple. Pas si simple... J'ai toujours dû être fort. Harry, l'orphelin. Harry, qui a qu'un papa. Harry, et sa femme malade. Harry, le veuf et ses gosses. Et maintenant, Harry, l'homosexuel et son mec leucémique. C'est pas si simple Draco. On m'a toujours demandé d'être fort. Fort, parce que je devais ressembler à ma mère, la tête de classe. Fort, parce que Sirius voyait James Potter l'intrépide à travers moi. Fort, pour défendre Sirius face aux autres. Fort, pour le soutenir avec Severus. Fort encore, pour ma femme malade. Fort, pour mes enfants orphelins d'une mère. Et enfin, quand je pensais que quelqu'un pourrait être fort avec moi, fort pour l'homme que j'aime, pur son fils.
Harry serra les dents, releva la tête pour croire les yeux gris de son amant.
- J'ai jamais su parler, pleurer, à part avec Hermione. Et Ron. J'ai toujours essayé de tenir. Et avec toi, Draco, j'y arrive pas. Tu... tu me forces à me dévoiler, à un point que tu n'imagines pas. J'en ai marre d'être fort mon amour. J'ai besoin que tu sois fort avec moi. Parce que Ginny était forte, mais pas avec moi. Et je l'aime, tu sais. Même maintenant. J'ai besoin que tu saches que je l'aimerais toujours. J'ai besoin que tu saches que je l'aime, mais que toi, je t'aime encore plus. Je ne peux pas effacer Ginny de ma vie, je ne peux pas faire comme si elle n'avait jamais existé. Mais maintenant, je l'aime de loin, avec tendresse, je ne pense plus à elle comme je le faisait avant, chaque jour, à chaque instant.
Il se leva et vint s'agenouiller devant Draco qui le fixait, hésitant.
- Et ça, c'est grâce à toi. C'est à toi que je pense à chaque seconde, Dray. À toi. C'est toi que je veux auprès de moi jusqu'à la fin de ma vie, jusqu'à ce qu'on soit vieux et ridé, et qu'on fasse des courses de déambulateurs dans la maison de retraite. C'est ton visage que je veux contempler chaque matin en me réveillant, ton corps que je veux aimer chaque soir en me couchant. Ce sont tes rires et tes cris que je veux entendre chaque jour, tes réflexions, tes marmonnements ronchons, tes grognements d'ours mal léché.
Draco se pencha vers lui et l'embrassa. Il avait un petit sourire un peu tremblant, et lâcha de sa meilleure voix moqueuse :
- Il est ridicule ton discours Potter. Je suis pas une princesse, tu sais ?
Harry leva les yeux au ciel. Il avait un don pour lui casser ses moments...
- J'essayais d'être romantique.
- J'ai vu ça.
Il le tira légèrement vers lui, et Harry s'installa contre lui, sur ses genoux. Ils se serrèrent l'un contre l'autre, rassurés par leurs battements de cœur respectifs.
- Harry... je ne suis pas le meilleur petit ami du monde, je sais. Mais s'il te plaît, avec moi, ne t'oblige pas à faire semblant. Si tu veux pleurer, pleure, si tu veux t'énerver, énerve toi, si tu veux craquer, craque. Je suis pas en sucre. Je peux le supporter. Et si ça peut m'éviter qu'un craquage comme celui que tu as eu se reproduise, je le supporterai encore plus.
Le brun hocha la tête. Cela faisait du bien, se sentir enfin reconnu tel qu'il était, pas seulement comme « le Sauveur », mais aussi comme un homme avec des faiblesses parfois. Il savait qu'il avait eu un comportement enfantin, mais il avait toujours fonctionné ainsi. Enfin, c'était du passé à présent.
… … … …
Lorsque Millicent passa la porte de sa maison, le soleil couchant éclairait les deux corps étroitement enlacés sur le canapés du salon. Harry dormait blotti contre le torse de son petit ami, une fragilité qu'elle ne lui avait pas encore vue peinte sur ses traits détendus. Elle sourit, amusée et touchée devant leur sommeil qu'elle devinait consécutif à une longue discussion. Ces deux-là étaient deux sacrés idiots. Heureusement que parfois quelqu'un arrivait à les secouer. Son portable vibra.
SV : Alors ?
MB : Ils dorment. Je croient qu'ils se sont réconciliés.
MB : Heureusement.
SV : Tu me les présenteras un jour ?
MB :
MB : Tu me présenteras tes enfants ?
SV : C'est pas si simple.
MB : Pour moi non plus.
MB : Mais si tu veux, viens nous voir demain.
SV : Ok... Merci. Et désolée de pas...
MB : Pas quoi ? Pas être jeune, sans attaches, pas être un homme ?
MB : Arrête. Je t'aime comme ça.
MB : A demain.
Et voilà... Ce chapitre est fini ! J'espère que ça vous a plu ! Merci de laisser une review, même si c'est pour me gronder de ne pas poster plus souvent. Encore une fois, je préfère vous faire attendre mais poster quelque chose qui me plaît, plutôt que bâcler mon travail pour poster plus vite.
J'ai hâte d'avoir vos réactions !
J'espère terminer la suite le plus vite possible.