Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
partie 01
Longueur : Two-shots.
Univers : UA.
Pairing : Yaoi – NaruSasu. / Het – ShikaIno.
Personnages : OOC.
Genres : Angst. / Romance. / Hurt-Comfort.
Rating : M (PG16).
Disclaimer : Tous les personnages appartiennent exclusivement à Masashi Kishimoto.
Résumé : Sasuke est un physicien de renom, respecté de toute la communauté scientifique. Naruto est un artiste incompris, dessinateur et auteur de talent mais sans aucun succès. Un ami commun les présente lors d'une soirée arrosée, et dès lors, Sasuke est persuadé que quelque chose a changé. Qu'est-ce donc qu'il lui arrive ?
Note : Bonjour à toutes et à tous, j'espère que vous allez bien !
Voilà un petit TS qui m'est venu à l'esprit un soir où j'étais un peu triste et déprimée, donc c'est normal si l'ambiance n'y est pas des plus joyeuses. Ne vous inquiétez pas, pas d'accidents terrible ou de morts inopinées à l'horizon, juste de la mauvaise humeur. Pourquoi un PG16 alors ? Eh bien parce que je me suis autorisée à mettre des mots et des expressions pas très sympathiques, et qu'il y aura une ou deux scènes de violence, c'est un peu plus dark que ce que j'ai pu écrire jusqu'à maintenant.
Bref, j'en suis quand même contente, il est plutôt pas mal ce petit two-shots ! J'espère que vous l'apprécierez ! Bonne lecture !
Sasuke soupira en enfilant sa veste de blazer sur sa chemise impeccablement repassée. Il n'avait pas spécialement envie d'aller se déhancher sur de la musique de mauvais goût, ni faire semblant de s'amuser avec des gens qu'il ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam, mais Shikamaru l'avait invité à sa soirée et cela faisait longtemps qu'il n'avait pas répondu présent à ce genre d'invitations. Il se dirigea vers le vestibule de son appartement pour enfiler ses chaussures, se regarda une dernière fois dans le miroir pour vérifier que ses cheveux n'avaient pas bougé, et attrapa ses clés de voiture dans le bol en verre de Murano posé sur la commode.
La porte d'entrée derrière lui émit une courte mélodie pour se verrouiller, et il se dirigea vers l'ascenseur pour descendre au parking de l'immeuble. Il s'installa au volant de son Aston Martin*, et alluma l'autoradio avant de prendre le chemin de la maison de son ami.
Quand il fut arrivé devant le petit pavillon de banlieue, il avisa les lumières allumées partout, la musique déjà lancée et la longue table jonchée de bouteilles d'alcool et de biscuits apéritif qu'il pouvait voir à travers la baie vitrée. Non sans un dernier soupir, il se dirigea vers la porte d'entrée, et actionna la sonnette. Un court instant plus tard, Ino, la copine de Shikamaru, vint lui ouvrir avec un grand sourire.
— Ah, Sasuke, salut ! Comme d'habitude, tu es pile à l'heure. ajouta-t-elle avec un sourire. Ça va ?
Sasuke acquiesça avant de lui retourner sa question, plus par politesse que par curiosité, puis suspendit sa veste à une des patères du porte-manteau de l'entrée. Ino lui signala que Shikamaru coupait des toasts dans la cuisine, avant de rejoindre une jeune femme aux cheveux roses assise sur le canapé du salon – très probablement une amie à elle. Le brun adressa à cette dernière un signe poli de la tête avant de rejoindre Shikamaru qui semblait très affairé au-dessus du plan de travail.
— Alors, tu t'es reconverti en cuisinier ? demanda-t-il pour signaler sa présence.
Son ami leva des yeux surpris de son occupation, avant de laisser naître un sourire grand et sincère sur son visage.
— Mec, j'étais persuadé que tu ne viendrais pas ! Ça me fait plaisir que tu changes un peu tes habitudes d'ermite !
Sasuke esquissa un sourire. Il aimait beaucoup passer du temps avec les quelques amis qu'il avait gardé de son parcours scolaire, mais les soirées avec des gens qu'il ne connaissait pas et qui risquaient fort de partir au choix en orgie ou en catastrophe, il s'en éloignait le plus possible. Il avoua à Shikamaru qu'il avait réfléchi à deux fois avant de venir, mais qu'au final il avait voulu passer un peu de temps avec le meilleur ami qu'il eût gardé du collège et du lycée. Le concerné lui adressa un sourire de remerciement. Il était rare que Sasuke veuille bien avouer à voix haute qu'il avait autant d'attachement envers quelqu'un. La plupart du temps, il faisait davantage passer ses sentiments par des sourires ou des tiques de comportement que Shikamaru avait appris à déchiffrer au fil des années.
La sonnette de l'entrée les tira de leur échange, et ils retournèrent dans le salon pour accueillir les nouveaux venus. Plusieurs personnes lui furent présentées rapidement. Un certain Chōji, qui était arrivé les bras débordant de snacks en tout genre. Un jeune homme aux cheveux noirs et au sourire discret qui se prénommait Sai et qui arriva au bras d'une blonde coiffée étrangement, Temari. Puis arrivèrent Neji, un garçon aux cheveux si longs qu'ils caressaient sa taille ; Kiba qui débarqua avec son chien ; Hinata, une cousine éloignée de Neji ; et Tenten, une jeune fille aux chignons adorables. Sasuke mit plusieurs minutes à retenir tous les prénoms, mais il se faisait un honneur d'avoir une mémoire sans faille et il détestait faillir à sa réputation. Et même si c'était beaucoup plus facile à son goût de retenir quelques formules quantiques qu'une flopée de prénoms, il s'efforça de le faire tout de même.
— Et comme d'habitude, qui on attend ? demanda ironiquement, brisant une conversation, la jeune femme aux cheveux roses qui s'appelait apparemment Sakura.
— Naruto… compléta Kiba en hochant les épaules. C'est pas comme s'il allait changer du tout au tout, tu sais.
Sasuke fronça les sourcils. Encore une personne de plus ? Shikamaru lui avait pourtant juré qu'il s'agirait d'une soirée en petit comité ! Quoique… à bien y réfléchir, c'était sûrement cela que son ami appelait un « petit comité ». Il se rapprocha de l'oreille de Neji avec qui il avait commencé à discuter de tout et de rien et lui demanda si ce « Naruto » était tout le temps en retard. Neji lui répondit avec un petit rire.
— Tout le temps ? À ce point-là, c'est même plus tout le temps, c'est juste que c'est anormal pour lui d'arriver à l'heure quelque part. Et tu vas voir qu'il va trouver une énième excuse de merde pour se justifier ! Paraît que c'est son tuteur qui a dépeint sur lui comme ça.
Sasuke dévisagea Neji d'un regard indéchiffrable tout en jaugeant ce qu'il venait d'apprendre. Un énergumène ignorant des horaires et du savoir-vivre et qui avait un tuteur, c'était un énergumène à problèmes. Son esprit cartésien n'admit pas d'autres hypothèses, et il se faisait dores et déjà l'image mentale d'un gosse qui n'avait pas su passer à l'âge adulte. Il fallait qu'il l'évite le plus possible.
Un bruit de dérapage se fit soudain entendre dans la cour devant la maison, et Shikamaru se prit la tête entre les mains. Neji ajouta, non sans une pointe de sarcasme :
— Ben justement, voilà le retardataire qui vient de refaire la déco du jardin.
Shikamaru n'eut même pas le temps de se diriger vers la porte que déjà celle-ci s'ouvrait d'un coup, laissant entrer un jeune homme blond avec un casque de moto sous le bras.
— Et voilà celui que vous attendiez tous ! Le justicier de ces dames qui vient d'aider une pauvre grand-mère à porter ses emplettes jusque chez elle, je sais j'ai trop bon cœur. Comment tu vas, Shika ? T'inquiète pour le gravier, va, de toutes façons il est pas très beau.
Pendant qu'il se lançait dans des salutations grandiloquentes, Sasuke prit le temps d'observer l'importun. Pantalon de similicuir dans des bottines montantes, chemises de lin blanche sous un veston de cuir, toison dorée en bataille, sourire contagieux et regard enjôleur. Son diagnostic n'en fut que renforcé. C'était l'archétype du mec à éviter à tous prix. Le physicien ignora ce petit côté de sa personnalité qui lui criait qu'il aurait voulu être aussi je-m'en-foutiste des conventions ; il essayait d'enterrer cette facette de lui-même depuis bien trop longtemps, ce n'était pas maintenant qu'il allait abandonner. Il fit son possible pour changer de sujet de réflexion, quand un visage curieux se planta devant lui.
— Tiens, je t'ai jamais vu, toi. T'es qui ?
Sasuke fut si surpris qu'il manqua de s'étouffer avec la tomate cerise qu'il avalait à ce moment précis. Deux yeux d'un bleu rivalisant avec le ciel le regardaient curieusement, certes sans aucune animosité. Il fit passer la tomate avec un verre qui traînait par hasard à côté de sa main avant de répondre en lui donnant son prénom.
— Ah, c'est toi dont Shika nous a parlé, son pote du lycée, le rabat-joie qui veut jamais sortir !
Sasuke aurait à nouveau failli s'étouffer s'il avait été en train de manger quoi que ce soit. Il lança un regard sans équivoque à son ami, à quelques mètres de lui, qui regardait attentivement la scène. Quand Naruto lâcha sa bombe, il s'empressa de dire qu'il n'avait jamais dit cela comme ça, qu'il avait seulement mentionné que Sasuke n'aimait pas beaucoup les soirées, sûrement à cause de sa timidité, et qu'il était tout de même quelqu'un de très sympathique. En face de lui, Naruto affichait un sourire carnassier. Le brun, irrité, grinça des dents avant de s'éloigner vers la cuisine.
Pris d'un soudain mal de crâne, il ouvrit la porte du réfrigérateur à la recherche d'une bouteille d'eau glacée. Il s'installa sur un des tabourets hauts du bar et posa la bouteille sur son front. Pourquoi son cerveau vrillait-il soudain sans raison ? Il ne s'était cogné nulle part et il n'avait fait qu'entamer une bière pour le moment. À moins que… ce jus de fruits qu'il avait bu tout à l'heure pour faire passer la tomate cerise avait eu un arrière-goût étrange auquel il n'avait d'abord pas prêté attention. Il glissa un regard curieux à travers l'embrasure de la porte de la cuisine et jeta un coup d'œil à la table où trônaient les bouteilles d'alcool. Ino était en train de reposer la Passoã pour se saisir de la vodka. Et merde… la couleur rouge orangée, le goût sucré, l'odeur alléchante, tout avait trompé Sasuke. Et il avait avalé un verre entier cul sec.
Il se maudit intérieurement en s'insultant lui-même de tous les noms, quand Shikamaru débarqua lui aussi dans la cuisine pour récupérer un plat de saucisses cocktails.
— Bah qu'est-ce que tu fais là, Sasu ? Tu t'ennuies ? C'est Naruto qui t'as emmerdé ?
Sasuke s'empressa de le rassurer. Il ne s'ennuyait pas, et les conneries qu'avait bien pu lâcher Naruto ne lui faisait pas tant d'effet que cela. Il avait juste un peu mal à la tête après avoir avalé trop rapidement quelque chose qu'il avait pris pour du jus de fruits, et il attendait cinq minutes avant de retourner parmi eux. Shikamaru s'en trouva rassuré, et rejoignit le salon. Sasuke, lui, posa la bouteille sur le faux marbre du bar et appuya sa tête dessus avec flegme. Il n'y avait qu'à lui que ça arrivait des trucs comme cela ! Ça lui apprendrait à faire bande à part et à refuser les invitations aux soirées arrosées. Au moins, avec de l'entraînement, il se serait méfié de la supercherie…
Après s'être reposé quelques minutes, il se décida finalement à rejoindre les autres dans le salon. Emportant avec lui la petite bouteille, il se glissa à nouveau parmi les fêtards, dont certains commençaient à être passablement éméchés. Était-il déjà si tard ? Sasuke jeta un coup d'œil à l'horloge accroché au mur beige. Il n'était que vingt-trois heures vingt-trois. Il sourit pour lui-même en remarquant la concordance des heures et des minutes, puis se concentra à nouveau sur ce qu'il se passait autour de lui. Il avait encore un peu mal à la tête, mais beaucoup moins qu'auparavant. Mais il ne s'amusait pas. Dans ses yeux, on pouvait lire une envie mal dissimulée de se fondre dans la masse d'amis qui riaient aux éclats, discutaient avec animation et dansaient sans pudeur.
Une étincelle vit alors le jour dans l'esprit quelque peu embué du brun. Et si la solution était de faire comme eux ? Ce n'était peut-être pas l'idée du siècle, mais pour une fois Sasuke n'en avait rien à foutre. Il se dirigea vers la table qui trônait contre la baie vitrée, non sans chercher du regard Naruto pour être sûr de l'éviter correctement, et se saisit du premier verre qui lui tomba sous la main. Il en avala la moitié d'un seul coup en grimaçant. S'il en croyait ses papilles, il devait y avoir de la vodka, du sirop de pamplemousse et du Curaçao. Peut-être même un soupçon de Get27… Étrange mais pas mauvais ! Fier de ses sens développés, il s'enfila rapidement le reste du verre en détaillant ce qu'il se passait devant lui.
Shikamaru dansait collé-serré avec Ino, sans la moindre vergogne, soutenu par les beuglements de Chōji et Kiba qui avaient l'air déjà bien enivrés. Sakura faisait du rentre-dedans à peine dissimulé à Neji, qui avait visiblement les nerfs à vif. Temari discutait chiffon avec Hinata, et Sai débattait avec Naruto sur la valeur de la moto de ce dernier. Quant à Tenten, elle fumait nonchalamment une cigarette dehors, un pied appuyé sur le mur et le regard perdu dans la voûte céleste. Il aurait voulu aller lui parler de la pluie et du beau temps, lui dire qu'il trouvait que sa coiffure lui seyait à merveille, mais la fumée de cigarette était l'une des choses qu'il détestait le plus au monde, après la chasse des bébés phoques. Il y renonça donc.
Sasuke décida de laisser le temps – et peut-être aussi un peu l'alcool – faire les choses. Assis sur un des rebords du canapé, il laissa son regard traîner un peu partout. Sans qu'il s'en rende compte, il se mit à fixer Naruto. Maintenant qu'il s'était débarrassé de sa veste, la chemise légère qu'il portait laissait deviner ses bras ma foi fort bien dessinés, et son torse tout aussi bien constitué. Sa peau halée contrastait avec la couleur claire de ses cheveux. Sasuke aurait pu jurer qu'il passait beaucoup de temps au soleil avec un physique pareil. Avant qu'il n'ait pu détacher son regard de cet homme… magnétique – ? –, les yeux de Naruto rencontrèrent les siens.
Un frisson semblable à une légère décharge électrique s'empara de son dos, et il dut cligner des yeux plusieurs fois avant de pouvoir se concentrer sur autre chose. Non mais, qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Pourquoi avait-il eu la gorge soudainement nouée et ce qui ressemblait un peu trop à une sueur froide à son goût, au moment précis où il avait croisé le regard de cet énergumène ? Il devenait fou, ce n'était pas possible autrement !
Se frottant les yeux pour redescendre sur Terre, Sasuke se dirigea de nouveaux vers les bouteilles pour se resservir un verre. Un peu au hasard, il façonna un cocktail bancal à la couleur douteuse. Au moins, sentait-il bon… ! En y réfléchissant, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas bu autant. Ses journées chargées au centre de recherche lui empêchaient bien souvent de sortir le soir, et il préférait passer ses week-ends à lire ou à se balader plutôt qu'à se saouler. Avec un haussement d'épaule, il se dit qu'il fallait bien un début à tout, et vida le contenu de son verre. Pas mauvais du tout en fait ce mélange ! Avec un regard appréciateur, il regarda le fond de son verre parti trop tôt et décida de s'en resservir un. Juste pour le goût ! Ses jambes de moins en moins assurées le guidèrent de nouveau jusqu'à la table, non sans manquer de s'étaler en trébuchant sur un pied.
Il releva un regard embué vers la tête de Naruto.
— Et merde, moi qui voulais t'éviter ! Tu pourrais avoir une mauvaise insluence… influence sur moi !
Naruto ne parut aucunement décontenancé et se contenta d'émettre un petit rire sarcastique avant de s'en aller sans répliquer. Sasuke se ragaillardit. Il avait réussi à fermer sa gueule d'ange à ce blond insupportable. Il se servit un verre en essayant de retrouver le mélange qu'il avait confectionné au petit bonheur la chance quelques minutes auparavant et réussit passablement. Plutôt satisfait de lui-même, il l'avala presque aussi rapidement que le précédent. Son regard se voilait peu à peu, mais il n'y faisait guère attention. La fête commençait à battre son plein, et il y avait enfin sa place. Désinhibé, il parlait un peu avec tout le monde, bougeait hasardeusement sur la musique et rigolait à gorge déployée aux blagues de mauvais goût qui sortaient parfois de la bouche de Shikamaru.
Un concours de shots plus tard, il commença tout de même à sentir son estomac se tordre et refuser de coopérer plus longtemps. Sasuke, déçu, mais surtout à quelques secondes de rendre tout ce qu'il avait mangé pendant la soirée – c'est-à-dire pas grand-chose – préféra prétexter une légère migraine pour s'éclipser dans le jardin.
Quand il fut enfin à l'air libre, il trouva le buisson le plus proche et y vomit une bile à l'odeur plus que douteuse entre les feuilles. Depuis quand était-il si sensible à l'alcool ? Il en avait pourtant fait des soirées bancales avec plus de bouteilles que d'invités. Avec un soupir de désespoir au constat de sa triste condition physique, il s'affala à l'ombre du seul arbre qui surplombait le petit jardin. Et dans le calme de la nuit, avec la musique du salon en fond sonore bourdonnant, Naruto revint une fois de plus à son esprit.
— Râh, pourquoi il faut que je pense à toi, sérieux ? Sors de ma tête, Naruto !
— Sors d'abord de la mienne, imbécile.
— Bah tiens, v'là que j'entends sa voix maintenant… J'ai pété une durite.
— T'es surtout complétement bourré espèce de débile !
Sasuke fronça son nez, mécontent de s'être fait insulter par une voix. Il allait répliquer d'un verbe acerbe quand il se fit la réflexion relativement stupide que cette voix avait l'air vraiment beaucoup trop réelle. Il leva un regard paresseux vers les branches et sursauta quand il aperçut la touffe blonde dépasser des feuilles frémissantes dans le vent nocturne. Il se leva comme il put avec tout l'alcool qui courait encore dans ses veines. Il fallait qu'il trouve une raison à son comportement, rapidement. Ou sinon, l'imbécile heureux allait s'imaginer des trucs sans queue ni tête.
— Pas ma faute si j'te supporte pas ! Les gens comme toi n'apportent que des problèmes.
Naruto leva un sourcil intrigué.
— « Les gens comme moi » ? C'est censé vouloir dire quoi ta connerie, là ?
— Neji m'a dit que t'avais eu un tuteur. commença Sasuke d'une voix hachurée par l'alcool. J'suis sûr que t'as fait plein de conneries quand t'étais ado. Tes parents ont dû en avoir marre… réfléchissait-il à haute voix sans se douter de la portée de ses paroles.
Devant son regard embrumé, Naruto descendit souplement de la branche sur laquelle il s'était juché pour se reposer. Avec un visage neutre et nullement amusé, il se planta en face de Sasuke et le dévisagea de ses yeux soudain vides de toute émotion. Après quelques secondes de silence, il déclara sans aucun accroc dans la voix :
— C'est pour ça que tu m'évites depuis tout à l'heure, alors ? Pour ta gouverne, sache que j'ai jamais connu mes parents, ils sont morts peu après ma naissance. Mon tuteur est celui qui m'a élevé après six ans passés à l'orphelinat.
Puis il fit volte-face sans un argument de plus. Ce n'était pas nécessaire, Sasuke avait parfaitement compris son erreur. Il se mordit la lèvre intérieurement, furieux contre lui-même et ses conclusions hâtives. Il était pourtant scientifique ; les différentes hypothèses, il en avait étudié des centaines et des centaines ! Puis, après quelques secondes de réflexion, il se ravisa. Cela ne changeait rien au fait que Naruto pouvait être un fauteur de troubles. Par sécurité, il valait mieux toujours éviter de le croiser. Allons, ce n'était pas tellement de sa faute si le blond avait pris la mouche ainsi ? Si ? Bon, peut-être un peu… Au fond, il s'en foutait pas mal. Du moins, il essayait.
Il fixa un instant sa main avec un regard vide. Il avait encore envie de boire quelque chose. Il entra de nouveau dans le salon, de mauvaise grâce. La musique, beaucoup trop forte, lui vrillait le crâne et les quelques neurones qui ne s'étaient pas encore endormis dans son cerveau. Shikamaru était lui aussi en train de se servir. Sasuke récupéra un verre qui lui sembla propre – il avait perdu le sien il ne savait trop où entre le canapé et les buissons – et le tendit à son ami avec un sourire niais qui était censé vouloir dire « S'il te plaît ! ». Shikamaru le dévisagea avec des yeux emplis de surprise. Il était presque sûr de n'avoir jamais vu Sasuke dans cet état. Il lui resservit un cocktail de sa composition en lui demandant :
— Tu étais où tout ce temps ? Que Naruto disparaisse en plein milieu de soirée, on a l'habitude, mais toi… tu profitais du grand air dans notre "gigantesque" jardin ? s'enquit-il avec un demi-sourire sarcastique.
Sasuke haussa les épaules. Il hésita un peu avant de tout dire à Shikamaru.
— Bof, j'étais juste dehors cinq minutes mais je crois que j'ai vexé ton pote, là, Naruto. Il est pas un peu susceptible sur les bords ? hasarda-t-il, aucunement certain de ce qu'il avançait.
— Naruto, susceptible ? Soit il a fait semblant rien que pour te faire chier, soit c'est que t'as vraiment dû toucher une corde sensible. C'est qu'il lui en faut beaucoup pour le vexer, notre blond national ! Qu'est-ce que tu lui as dit ?
Sasuke fronça les sourcils, hasarda un grognement qui ressemblait vaguement à un « Non, rien. » et changea immédiatement de conversation. Il n'avait aucune envie d'avouer à son ami l'énorme bourde qu'il avait faite. Il préféra lui demander où est-ce qu'il avait rencontré les gens présents à cette soirée et inventer toutes sortes de sujets de conversation ; pour une fois, il se révéla loquace.
— Et donc, qu'est-ce qu'il fait Naruto dans la vie ?
— Il travaille comme serveur dans le petit restaurant de ramen de Chōji pour arrondir ses fins de mois, mais son rêve, c'est de devenir auteur. Il dessine vachement bien, et il écrit plutôt bien aussi. Mais va savoir pourquoi, toutes les maisons d'éditions ont refusé ses planches et ses manuscrits. Il continue je crois. J'espère qu'un jour il y arrivera, même si à vrai dire je n'y crois qu'à moitié.
Shikamaru parut se rendre compte de ce qu'il venait de dire quand il mit une main devant sa bouche, l'air contrit.
— Ne lui dis pas que j'ai dit ça !
— Non, t'inquiète… Et Tenten ?
— Eh bien elle est photographe de mode pour un magazine dont j'ai oublié le nom – sincèrement, je m'en bats les couilles de ces trucs de gonzesses. Et elle…
Sasuke perdit doucement son intérêt pour la conversation à mesure qu'il descendait les verres que Shikamaru remplissait sans plus vraiment s'en rendre compte. Ils finirent par rejoindre Sai, Sakura et Tenten qui s'étaient lancé dans une danse endiablée sans aucun sens. La soirée continua ainsi jusqu'au petit matin, quand tous les participants s'effondrèrent sur des matelas de camping disséminés çà et là à même le sol, comme dans les bonnes vieilles soirées étudiantes. Ils étaient peut-être adultes, ils n'en avaient pas pour autant oublier comment s'amuser sans se prendre la tête.
D'ailleurs, en parlant de tête, celle de Sasuke lui faisait atrocement mal alors qu'il se réveillait d'un sommeil de plomb à cause d'un rayon de soleil tombé exactement sur ses paupières – ô atroce hasard. Il se retourna avec un grognement sourd, espérant se rendormir pour oublier l'orchestre qui avait élu domicile sous son crâne, mais peine perdue. Il ne fit qu'aggraver la situation en tentant de trouver des solutions tordues pour retomber dans les bras de Morphée. Il finit par se résigner, et s'assit non sans difficulté sur le matelas fin qui lui avait broyé le dos durant ces quelques heures de sommeil approximatif.
Sasuke se frotta les yeux pour achever de se réveiller et reprendre ses esprits. Des flashs de la veille lui revinrent soudain à l'esprit. Les – trop – nombreux verres qu'il avait bu à cause d'une stupide envie de se sentir intégré au groupe ; son vomissement dans les buissons du jardin ; sa discussion avec Naruto et toutes les horreurs qu'il lui avait dites. Sasuke en resta bouche bée un instant. Il ne parvenait même pas à se reconnaître dans ce qu'il avait fait. Cela ne lui ressemblait tellement pas de juger ainsi sans connaître et de prendre de haut les gens en leur faisant du tort. Pourquoi diable s'était-il entêté à boire comme un trou ?! La honte s'empara de son être, il aurait voulu disparaître six pieds sous terre, se faire oublier de tous.
Mais d'abord, il lui fallait à tout prix un Efferalgan. Il se dirigea vers la cuisine d'où il entendait venir le bruit d'une conversation presque chuchotée. Emmitouflé dans sa couverture, il poussa la porte avec son dos et fit se retourner Neji et Shikamaru qui restèrent le fixer un instant, les yeux écarquillés, avant d'éclater d'un rire qu'ils tentèrent de contenir sans vraiment y parvenir.
— Ben merde alors, si on m'avait dit que j'allais te voir un jour avec les cheveux emmêlés, enroulé dans une couette avec une tête de lendemain de cuite à faire s'évanouir un alcoolique anonyme, j'aurais insisté plus tôt pour que tu viennes ! s'exclama Shikamaru en se tenant les côtes.
Sasuke lui répondit avec un grognement. Il détestait perdre sa fierté. Quand les garçons furent calmés, il demanda à Shikamaru en évitant son regard si par le plus grand des hasards il aurait quelque chose contre le mal de tête.
— T'inquiète, j'en ai toujours d'avance ! le rassura-t-il en se dirigeant vers l'un des placards de la cuisine.
Il en sortit une boîte de Doliprane qu'il tendit à Sasuke en remplissant un verre d'eau. Alors que ce dernier faisait passer le cachet en buvant tout son verre, il se mit à réfléchir à toute vitesse. Il s'était vraiment comporté comme un moins que rien. Et puis, au fond, Naruto n'avait pas l'air d'un mauvais bougre, sinon il ne serait pas ami avec Shikamaru, pas vrai ? Il ne pouvait tout de même pas faire comme si de rien n'était et tenter d'oublier toutes les idioties qu'il lui avait dites sans les penser ? Non, il fallait qu'il se rachète, ou au moins qu'il s'explique. Il fallait qu'il s'excuse.
Il rassembla les quelques images du salon qu'il avait en tête mais ne se souvint pas d'avoir vu une tignasse blonde dépasser de l'un des sacs de couchage.
— Il est où Naruto ? s'enquit-il auprès de Shikamaru.
Celui-ci, après lui avoir lancé une œillade surprise, finit par lui répondre :
— Il est parti tôt ce matin, apparemment il voulait écrire. Il avait surtout l'air d'avoir très envie de partir, si tu veux mon avis, mais bon… Je ne sais pas trop ce qu'il avait hier soir, il n'avait vraiment pas l'air bien. Pourquoi ?
Et merde…
* Une V8 Vantage, juste parce que j'en ai envie, et que j'adore cette voiture !
Vos impressions ?
La suite et fin viendra dans un mois (ou peut-être plus tôt si j'ai le courage / le temps de m'y mettre) !