[Intermède n° 2]

Mois de tempête à Ame Entertainment


Article paru dans le « Tōkyō Shinbun ».


Ce mois de décembre aura été éprouvant pour Ame Entertainement. Après que le duo de rappeurs bien connu du grand public, Zabuza & Haku, ait annoncé son départ de l'agence de divertissement pour abus et mauvais traitements, il y a de cela bientôt trois semaines, c'était il y a deux jours au tour d'Akatsuki, véritables étoiles montantes du rock japonais, d'annoncer à leur public qu'ils attentent un procès à Ame, et quittent l'agence avant la fin prévue de leurs contrats.

Les membres du groupe, restés au premier abord relativement flous sur les raisons les ayant poussés à prendre cette décision, ont tenu hier soir à s'exprimer publiquement et à répondre aux questions de leurs fans. Ils ont ainsi satisfait la curiosité de ceux qui le souhaitaient durant un live qui aura duré plus de deux heures, sur leur ancienne chaîne YouTube, encore gérée par le groupe, et en ont également profité pour interpréter en exclusivité une chanson qui devrait sortir en autoproduction dans quelques jours.

Abus et exagérations

Certains fans, choqués par les propos des membres, vont même jusqu'à parler de maltraitance. Le mot n'est pas si loin de la vérité. Les révélations sont venues s'ajouter aux témoignages révoltants de Zabuza et Haku, faisant grandir le mécontentement.

Les réponses que les membres d'Akatsuki ont apporté à leurs fans font état de plusieurs choses alarmantes. Si eux ont eu la chance d'y échapper, beaucoup de groupes de l'agence vivent ensemble dans des dortoirs, et leurs emplois du temps sont gérés par leur manager, à la minute près. Nous parlons de journées se commençant à cinq heures du matin et finissant à plus de minuit, où les activités physiques s'enchaînent en laissant peu de répit. Rien n'est laissé au hasard, pas même leur apparence, faisait l'objet d'une pression constante.

S'il faut parler de ce qu'ils connaissent, les Akatsuki ne sont pas en reste : pression du manager, observation et évaluation constantes, irrespect des créations originales, décisions arbitraires concernant autant leurs vies professionnelles que personnelles, attaques verbales critiquant le physique, etc. Et le constat ne s'arrête pas là. Itachi a révélé avoir été menacé à de nombreuses reprises d'être viré de l'agence s'il ne reprenait pas ses études. Kisame, Sasori et Pain, eux, ont parlé de drogues qui circuleraient pour pousser les artistes à mieux performer.

Cependant, l'abus de trop, qui a laissé tout le monde pantois, est celui du directeur de l'agence. Selon les propos tenus par les membres du groupe, ils auraient voulu faire pression sur la direction afin de changer de manager, « celui-ci étant devenu insupportable. Il refrénait notre liberté, et briguait notre inspiration » explique Deidara. S'ils ont, dans un premier temps, cru obtenir ce qu'ils convoitaient, le directeur se serait ensuite rapidement retourné contre eux en leur mettant le couperet sous la gorge : rester avec leur manager actuel, ou partir. Il les aurait d'ailleurs menacés de révéler la machination qu'ils avaient orchestré.

Visiblement, cela n'a pas refroidi les ardeurs des membres du groupe, car l'affaire a été relatée dans leur témoignage sans qu'ils ne s'en cachent.

L'agence a tenté de s'expliquer dans un communiqué publié sur leurs réseaux sociaux, hier, dans la nuit. Ils ont démenti les propos des huit membres et se sont excusés pour la vague d'incertitude provoquée par le scandale. Cependant, plutôt que de calmer la polémique, leur message a semble-t-il mis le feu aux poudres. Tourné au ridicule pour un nombre incalculable d'internautes, leur discours, jugé mensonger par beaucoup, a fait bien plus l'objet des critiques que des encouragements.

« Des mesures à mettre en place »

Madame Utatane, porte-parole du Ministère de la Culture, interrogée hier soir suite à une apparition télévisée, est venue appuyer les injonctions de la population. Selon elle, « la montée en puissance de l'industrie du divertissement s'est faite trop rapidement, ne laissant pas le temps au gouvernement de légiférer cette part aujourd'hui importante de l'économie ».

Comment expliquer, alors, que même les lois inscrites dans le Code du Travail n'aient pas toujours été respectées ? Toujours selon la porte-parole, il s'agit d'un « problème extrêmement complexe ». Les conditions de travail étant très spécifiques à ce domaine, il convient d'en adapter la législation, ce qui explique que, pour le moment, cette industrie soit encore dans une zone floue, qui profite aux plus mal intentionnés.

Un message teinté d'espoir ?

Malgré cette ambiance délétère, qui pourrait désespérer beaucoup de fans, les membres d'Akatsuki ont tenu à rester positifs concernant le futur du groupe. Aucun d'eux n'a apparemment envie de mettre un terme définitif à sa carrière. Néanmoins, ils ont annoncé vouloir terminer leurs études ou poursuivre leurs activités annexes avant de réfléchir à un nouveau départ.

Que les admirateurs des Akatsuki se rassurent donc, le groupe n'a pas l'intention de ne jamais revenir. Par ailleurs, les paroles de la chanson qu'ils ont interprétée exclusivement durant leur live sont prometteuses. Tandis qu'ils demandent à leurs fans de ne pas s'apitoyer sur leur future absence (« Please don't be lonely when I'm gone »*), ils parlent également d'un possible retour, et espèrent que leur public sera toujours au rendez-vous (« And if I gained another chance, would you still be there? »). Ils ont également émis une hypothèse rassurante en précisant que si l'envie leur prend de sortir une ou deux chansons dans les mois à venir, ils le feront sans hésiter.

Gageons que leur popularité n'ira que grandissante s'ils restent aussi près de leur public qu'ils le sont à l'heure actuelle, et si leurs projets futurs sont à la hauteur de leur dernier album !

De fâcheuses conséquences

Si les vagues de soutien peuvent être constatées un peu partout, il en va de même pour celles de protestation. Certaines associations dénoncent dores et déjà les agissements « effroyables » des agences, véritables « multinationales de chair humaine », selon les propos d'Inari, auteur-compositeur-interprète qui avait lui aussi intenté un procès à son agence il y a plus de trois ans. Aujourd'hui indépendant, il tente de sensibiliser le grand public aux problèmes causés par la généralisation du système imposé par les agences de divertissement.

Il semblerait que la décision d'Akatsuki ait spectaculairement appuyé son propos, car ses vidéos font, depuis deux jours, le tour des réseaux sociaux.

Quant aux conséquences négatives, elles sont flagrantes. Les ventes d'albums physiques ont drastiquement baissé pour Ame Entertainment, et ce constat s'applique même à l'international. La chute est moins brutale pour les copies numériques, toutefois, l'enthousiasme suscité par la sortie du single du groupe pop phare de l'agence, il y a une semaine, a semble-t-il beaucoup souffert du scandale Akatsuki.

Si cette baisse est visible sur si peu de temps, il est possible que, sur le long-terme, les pertes soient conséquentes et préjudiciables pour Ame Entertainment. Assisterons-nous à un changement progressif, initié par ces quelques dénonciations ? Seul l'avenir nous le dira. ■ Shiranui Genma.


* When I'm gone – Asking Alexandria (un petit bijou ; écoutez-la en lisant si le cœur vous en dit, je suis quasiment sûr que vous ne serez pas déçu.e).


Bouh ! Merci d'avoir lu, j'espère que ça vous a plu ! Une petite explication ?

J'ai été fan de K-Pop. Je ne me considère plus comme tel, puisque la scène actuelle ne m'intéresse pour ainsi dire plus, et je voulais régler des comptes. Cette industrie m'a fait rêver, mais elle m'a aussi beaucoup déçu. Ils utilisent les artistes comme des pantins aux allures parfaites, ils les droguent pour faire briller les yeux de quelques innocent.e.s, ils véhiculent une image fausse de beaucoup de choses (vie privée, sexualité, apparence, etc.), et ils les poussent au suicide quand c'est trop dur à endurer (R.I.P Jonghyun et les autres). Je pèse mes mots, je sais ce que je dis. Aujourd'hui, la plupart de mes groupes préférés ont disparu parce qu'ils n'ont pas pu supporter leurs conditions de vie, et ça me dégoûte. Donc j'ai voulu mettre ça en avant, voilà. (Ouiiiiii c'est pas la Corée, c'est le Japon, I know, mais c'est malheureusement pas si différent, et puis j'avais besoin de cracher ma haine !)

Ceci étant dit, je vous redirige vers le premier chapitre du tome deux, que j'ai déjà mis en ligne !