A/N: Bonne lecture! Une petite review? ;)
Chapitre 5
Ryo Saeba, la rage au coeur et la peur au ventre, conduisait comme un fou à travers les rues de Tokyo. Le lieu de rendez-vous fixé par les ravisseurs était un immense château sur la côte, à une vingtaine de kilomètres de la capitale nippone. Ils y avaient donné rendez-vous à Saeko, qui avait dû faire un détour par les docks, et qui devait ramener la jeep de Falcon.
Sur le siège passager, Falcon se taisait, frottant distraitement le canon de son fusil à pompe. Ryo savait que si le géant avait l'occasion de s'en servir, il ne ferait pas dans la dentelle. Derrière lui, Mick aiguisait ses couteaux et marmonnait pour lui-même:
_ Je suis un homme mort. Quand Kazue va apprendre ça, elle va m'étriper. Et s'il arrive quelque chose à Masao, je suis bon pour le cimetière! Mais je ne vais pas rester les bras ballants! Ceux qui ont osé enlever mon fils vont le regretter amèrement! Ils vont entendre parler de Mick Angel et de l'oncle Sam, c'est moi qui vous le dis! Et...
_ La ferme, Angel! intervint Umibozu, visiblement agacé. Tu n'es pas le seul à être dans de beaux draps! Quand Miki va l'apprendre...
_ Oh, écoutez-vous, tous les deux! grinça Ryo avec ironie. C'est vrai que vos femmes sont de vrais démons! Et moi, alors, bande d'enfoirés?! Vous croyez vraiment que Kaori ne va rien me faire? Le jour où Hideyuki a glissé d'un muret et s'est ouvert le crâne parce que je m'étais laissé distraire par une jolie miss mokkori, j'ai failli finir à l'hôpital! Alors là, moi, je peux réserver ma pierre tombale direct! Et ces salopards...
Il se tut, mais il dégageait une aura meurtrière si forte qu'à côté de lui Falcon, le grand Falcon qui n'avait peur de personne en ce bas monde, frissonna, et Mick se tassa un peu sur lui-même. L'Ange de la Mort n'était pas loin, les deux nettoyeurs le savaient. Et là, plus que jamais, ils espérèrent de toutes leurs forces que leurs rejetons soient sains et saufs.
C'était plus ou moins le cas. Avant qu'elle ne parte avec Genzo et Natsumi, Hide avait demandé un dernier coup de main à Rumiko. Alors que la roquette détruisait ce qui restait de l'escalier et une bonne partie de la galerie, faisant tomber les quatre malfrats un étage plus bas, Natsumi avait serré son frère dans ses bras et lui avait soufflé, les larmes aux yeux:
_ Sois prudent, Hide! Reviens en vie!
_ Ne t'inquiète pas, la rassura-t-il d'un baiser sur le front. Je ne vais pas mourir aujourd'hui.
Masao et lui, armés de leurs Glock, avaient couvert la retraite de leurs trois compagnons, et faisaient face aux méchants. L'un d'eux n'avait pas survécu à sa chute et s'était rompu le cou, à ce qu'il voyait. Mais les trois autres, pourtant couverts de bleus et de coupures, ne s'avouaient pas vaincus. Parmi eux, le chef, qui pointait un pistolet sur eux.
_ Vous êtes du genre têtu, vous! Puisque c'est comme ça, vous allez mourir. Tant pis pour vous!
Hide fit un discret signe de tête, et Masao comprit. Tous deux s'entraînaient longuement ensemble et se connaissaient par coeur. Ils tirèrent, plongeant chacun d'un côté, alors que les truands ouvraient le feu également. Hide, tout en se mettant à couvert derrière une armure, vit qu'il avait touché un homme au bras, le neutralisant. Masao avait eu son adversaire à la cuisse, encore un au tapis. Ne restait que le chef, qui commençait à trembler derrière une commode Louis XV.
_ Abandonne! lui cria Masao. Tu es seul, et nous sommes deux!
_ Jamais! rugit le chef, un accent de folie dans sa voix. Je me vengerai de vous!
_ Tu ne peux plus rien contre nous! lui annonça Hideyuki d'une voix tellement froide qu'il se surprit lui-même. Nous sommes le club des cinq nettoyeurs! Et nous allons te faire payer tout ce que tu as fait!
Mais soudain Hideyuki sentit le danger. Il cria à son cousin:
_ Masao! Derrière!
Masao réagit très vite. Il dégoupilla une grenade et la lança dans le couloir par où ils étaient venus. Apparemment tout le monde n'avait pas été mis hors d'état de nuire en bas. Et tandis que la grenade explosait, le chef se leva et tira en direction de Masao qui s'était légèrement redressé.
Hide vit au ralenti son cousin tomber, du sang sur la tempe, et hurla. La rage balaya tout, il ne faisait plus qu'un avec son arme. Il avait envie de tirer pour tuer. Il allait tuer cet immonde pourceau qui avait osé faire du mal à sa famille. Mais alors qu'il mettait en joue en une fraction de seconde, surprenant le chef qui ne put réagir à temps, il entendit soudain la douce voix de sa mère qui résonnait dans son esprit.
Non, Hide, ne le tue pas. Ne perds pas ton âme à cause de lui. Il n'en vaut pas la peine.
Alors il dévia légèrement le canon de son pistolet et fit feu. Le chef s'écroula en gémissant, une balle plantée dans son épaule droite l'empêchant de tirer, le rendant inoffensif. Hideyuki se détourna de lui et courut vers son cousin.
_ Masao! Réponds-moi!
Le garçon blond ne réagit pas, et Hideyuki vit avec soulagement que la balle n'avait qu'effleuré sa tempe, l'assommant proprement. Il se pencha et le hissa sur ses épaules, vérifiant que plus aucun danger ne menaçait, et se dirigea vers la grande porte. Il entendit le chef, prostré par la douleur et la honte, murmurer:
_ Battus par une bande de gosses... Soyez maudits, tous les cinq!
_ La bande de gosses te salue, fils de pute! asséna Hideyuki, fusillant du regard son adversaire qui trembla de plus belle. Et la prochaine fois que tu t'attaqueras au club des cinq, je ne serai pas si clément. Alors disparais. Et un conseil: cours vite. Car mon père, City Hunter, n'est pas du genre à pardonner facilement.
Le chef, blême, s'évanouit pour le compte. Hideyuki sortit à grands pas et se retrouva dans un immense parc. Désorienté, la tête lui tournant de plus en plus, il se fia à son instinct et se dirigea vers l'est. Et bientôt...
_ Grand frère! s'écria Natsumi, courant vers lui. Masao? Il est...?
_ Il va bien, murmura-t-il. Juste évanoui. Natsumi...
_ Je suis là, grand frère. Laisse-moi t'aider.
_ Genzo...? Rumiko...? articula-t-il avec difficulté, un voile noir tombant devant ses yeux.
_ Tout le monde va bien, entendit-il Genzo dire, le délestant du poids de son cousin. La balle m'a traversé la cuisse sans faire de dégâts. Rumiko m'a recousu, tout est ok. Et il n'y a plus personne ici. On n'a plus qu'a attendre les secours.
_ J'entends une voiture, dit Natsumi, soutenant son frère qui devenait de plus en plus faible. Courage, Hide, Papa arrive!
_ Natsumi...
Mais il ne put en dire davantage et se sentit sombrer dans le néant.
Ryo fonçait vers la grille du parc restée ouverte, le coeur au bord des lèvres. Une épaisse fumée noire s'échappait du château, ou plutôt de ce qu'il en restait, et il redoutait de voir ce qui l'attendait.
_ My God, souffla Mick, pâlissant à vue d'oeil. Pourvu que...
_ Ils sont vivants, affirma Falcon d'une voix sourde. Ryo, vers la gauche.
Le nettoyeur obéit sans discuter, un peu rassuré. Et bientôt il sentit lui aussi les auras des enfants. Mais deux étaient plus discrètes que les autres.
_ Ils sont blessés! s'écria-t-il de désespoir. Deux sont blessés!
_ Plutôt inconscients, corrigea Falcon d'une voix mal assurée tandis que Mick ne put réfréner un gémissement. Masao et Hideyuki.
Ryo stoppa dans un concert de freins près d'un bosquet d'où émergèrent Natsumi et Rumiko, une expression soulagée sur leur visage. Il bondit hors de la voiture et se précipita vers sa fille.
_ Papa! cria-t-elle en se jetant dans ses bras et fondant en larmes. Papa, je suis désolée! On n'aurait pas dû! On a réussi mais...
_ Chut! la cajôla-t-il, la serrant contre son coeur gonflé d'amour. Tout va bien, ma puce, c'est fini. Mais où est ton frère?
_ Là-bas.
Elle le tira vers le bosquet où il vit Mick étreignant son fils évanoui et examinant sa blessure à la tempe, Falcon serrant contre sa large poitrine ses deux enfants rouges de confusion, et enfin son fils allongé sur l'herbe sans connaissance. Il courut à ses côtés et l'examina rapidement, rassuré par ce qu'il voyait. Hideyuki avait une coupure sur le front, heureusement superficielle, et avait dû s'évanouir lorsque l'adrénaline était retombée.
Il essuya doucement le sang qui coagulait sur la peau de son fils et vit qu'il allait lui falloir des points de suture. Mais ça allait devoir attendre un tout petit peu. Il s'adressa à sa fille, à genoux près de lui, qui caressait doucement la joue de son frère.
_ Natsumi, raconte-moi ce qui s'est passé.
_ Pas moi, Papa, j'ai loupé un ou deux morceaux de l'histoire. Demande à Genzo et Rumiko.
_ Mick? Comment va Masao?
_ Il va bien, dit l'Américain, paraissant immensément soulagé et pressant un mouchoir contre la tête de son fils. KO à cause d'une balle qui lui a frôlé la tempe, mais ça va aller.
_ Alors, les enfants? demanda Falcon à ses rejetons d'une voix étrangement douce. Que s'est-il passé?
Les trois nettoyeurs prêtèrent une oreille attentive au récit des évènements fait par Rumiko, Genzo et Natsumi intervenant ça et là. Ryo bouillait de colère contre la témérité des enfants, mais il n'en montra rien. Leur comportement exemplaire face à l'ennemi et leur courage l'impressionnaient, même s'il aurait préféré qu'ils attendent de nombreuses années avant de se lancer dans le milieu, voire jamais.
Mais à présent il était trop tard, il devrait redoubler de vigilance pour les protéger au mieux. En effet, la nouvelle de leur exploit allait se répandre comme une traînée de poudre. À moins que...
_ Combien d'hommes sont toujours en vie? demanda-t-il aux enfants Ijuin.
_ Je ne sais pas, répondit Genzo.
_ J'en sens un, Ryo, dit Falcon, sourcils froncés. Un seul.
_ Alors on va aller lui rendre une dernière petite visite.
Mick posa un baiser sur le front de son fils et se leva, sortant ses couteaux, l'air déterminé. Falcon fit de même, empoignant son fusil à pompe et disant:
_ Restez là et faites attention. On en a pour quelques minutes.
_ Mais Papa... commença Natsumi, agrippant le bras de Ryo alors que ce dernier se levait à son tour.
_ Ne t'inquiète pas, Natsumi. On va juste aller régler son compte à ce fumier. Personne ne s'en prend impunément à vous. C'est pour vous protéger, et faire passer un message.
_ Quel message? voulut savoir Genzo.
_ Si quelqu'un touche à un cheveu de nos enfants, il le paie de sa vie, répondit Mick, l'ombre de la Mort rôdant dans ses yeux. Ce n'est pas par plaisir. Mais on doit le faire.
_ Vous faites partie du milieu maintenant, à cause de vos actions d'aujourd'hui, expliqua Falcon d'un ton neutre. Il faut assurer vos arrières, tout simplement. Mais vous n'allez plus tuer personne pour l'instant. Ça, on va s'en charger.
_ Papa, je... pardon, dit encore Natsumi, commençant à sangloter. À... à cause de nous... tu vas...
Ryo, touché par son émotion, le coeur partagé entre sa rage et son amour inconditionnel pour ses enfants, la serra contre son torse et lui dit gentiment:
_ Ne t'en fais pas, Natsumi. Le type est en train de mourir de toute façon, je le sens. Et la vie de ton frère, de tes cousins et la tienne sont bien plus importantes que celle de ce pourri. Je ne veux pas qu'il vous arrive quoi que ce soit. Je ne veux pas vous perdre. Et je vais faire ce qu'il faut pour ça. Je t'aime, ma puce, lui chuchota-t-il à l'oreille.
_ Je... je t'aime aussi, Papa! pleura-t-elle dans sa veste. Sois prudent!
Tendrement il embrassa ses cheveux, puis demanda à Rumiko et à Genzo de veiller sur elle. Une fois sa petite dans les bras de sa cousine, il se tourna vers ses compères de longue date et hocha la tête. Ces derniers firent de même. Ils savaient ce qu'ils avaient à faire.
Tous trois avançèrent à grands pas vers le château en ruines, se frayant un passage parmi les pierres fumantes et les débris de splendeurs calcinées. Guidé par les gémissements intermittents de leur cible, Ryo se dirigea vers le fond de la pièce, et à travers une légère fumée il le vit. Un pauvre type voulant jouer au dur, un caïd des bacs à sable qui ne savait que pleurer quand il se prenait une torgnole en pleine tronche. Pitoyable, se dit-il.
Le misérable chef, toujours gémissant, avait réussi à extraire un téléphone portable de sa poche de pantalon et composait un numéro. Inconscient du fait que les trois personnes les plus dangereuses au monde se rapprochaient de lui, il parla dans le combiné:
_ Allô, Boss? C'est Yôichi. Il... il y a eu un os...
_...
_ Tous mes hommes... je suis le seul encore en vie, mais je... je suis blessé...
_...
_ C'est... le club des cinq.
Ryo, tout comme Falcon et Mick, sentit une grosse libellule s'écraser contre son épaule. Quel nom complètement naze, se dit-il. En plus, déjà pris par un auteur anglais, Enid Blyton, peut-être? Il faudrait qu'il en touche deux mots aux enfants. Comment avoir la classe avec un nom pareil?
Mais il lui fallait se concentrer. Il ne pouvait pas laisser le type déblatérer davantage.
_ Oui, et City Hunter. Ce sont des en...
En une fraction de seconde, il dégaina son Python 357 Magnum de prédilection et tira. Le portable, brisé en mille morceaux, se répandit tout autour du malfrat médusé. Alors il avança, toujours escorté par ses deux acolytes, et décida de faire les présentations.
_ Salut, enfoiré! Tu nous attendais, je crois?
Le chef, blanc comme un linge, ne put contenir sa frayeur. Il bégaya:
_ Je... je...
_ Inutile, dit Mick, s'avançant tranquillement. Ton nom ne nous intéresse pas. Ce que tu as fait, par contre... Qu'en pensez-vous, les gars?
_ Hum, fit semblant de réfléchir Umibozu, s'appuyant sur le canon de son fusil. Il a trafiqué de la drogue. Détruit des vies. Attaqué, enlevé et séquestré nos enfants...
_ Il a tiré sur nos trois fils et est allé pleurer auprès de son chef comme une mauviette, compléta Mick, jouant nonchalamment avec ses couteaux de lancer. Ça mérite quoi, tout ça, à votre avis?
_ Je ne vois qu'une issue, dit Falcon avec un sourire si large que le bandit semblait sur le point de s'évanouir de peur.
_ Oui, je suis d'accord.
En un éclair, Mick joua de ses couteaux et le chef hurla. Il se retrouva cloué au mur derrière lui, un couteau planté dans chaque main et chaque pied.
_ Tut tut tut, mon ami, dit Mick, faisant tourner un autre couteau devant les yeux agrandis d'horreur et de douleur de sa victime. Ça t'apprendra à être vilain comme ça. Pas de drogue, pas de violence si on veut vieillir!
Il frappa encore sous les hurlements. Cette fois, Ryo vit que Mick avait coupé les tendons de l'homme au niveau des épaules et des cuisses. Puis son meilleur ami se recula. Il passait la main. Alors Falcon s'avança. Il se pencha sur le malfrat qui pleurnichait, terrorisé, et asséna:
_ Pas de pitié pour la racaille qui s'attaque à des enfants!
Le géant empoigna son fusil et tira dans les jambes du bandit. L'impact fut terrifiant, le cri terrible. À quelques dizaines de centimètres de distance, une balle de fusil à pompe déchiquetait tout, repeignait tout couleur sang. Enfin Ryo vint se placer devant le chef de gang, plus mort que vif mais qui se tassait de peur devant l'aura meurtrière de son dernier bourreau.
_ Personne ne peut s'attaquer à nos enfants sans en payer le prix, dit-il froidement, collant son arme contre le front de l'homme qui hoquetait faiblement.
Sa balle serait le châtiment et la délivrance, le jugement et la paix. Il tira. L'homme s'effondra.
Ryo essuya le sang qui maculait le canon de son revolver avec la chemise du mort, puis se tourna vers ses acolytes. Il cachait son trouble sous une expression fermée, et savait que ses compagnons faisaient de même. Tuer lui répugnait désormais, il n'y avait recours qu'en dernière limite. Mais il n'avait pas eu le choix. La vie de ses enfants était à ce prix.
Pour eux il endurerait en cauchemar la fin de ce minable jusqu'à la fin de son existence; pour eux il irait en enfer, pour eux il serait prêt à mourir comme un chien. Pour eux il se sacrifierait toujours, pour eux il aurait les mains sales et rouges; pour que les leurs, comme celles de la femme de sa vie qu'il aimait plus que tout, restent aussi blanches et pures que possible.
_ Dis donc, Mick! lança-t-il, histoire de détendre l'atmosphère à couper au couteau (sans jeu de mots de l'auteur!), je ne te savais pas si poseur! Tu la ramènes pas mal pour un nettoyeur retraité depuis douze ans, je trouve!
_ La ferme, espèce de prétentieux! s'exclama Mick alors qu'ils sortaient du château et se dirigeaient vers le bosquet des enfants. Tu te crois tout permis parce que Môssieur Saeba est encore en activité? Mais moi je gagne ma vie de manière honnête, Môssieur Saeba! J'ai un appart et une famille, alors je suis poseur si je veux! J'en ai le droit, et bien plus que toi, sale rat d'égoût!
_ Dit celui qui a maculé son costume gris du sang de ce salopard. Laisse-moi rire!
_ C'est ta faute! Je t'enverrai la note du pressing!
_ Comme si tu allais emmener ton costume au pressing, crétin! Tu serais arrêté en moins de deux!
_ Donc à cause de toi j'ai ruiné mon costume à dix mille yens?! Tu vas me le payer, Ryo, au propre comme au figuré!
_ Mais taisez-vous, les jumeaux maléfiques! grommela Falcon, qui se passa une main sur la figure, s'interposant entre les duettistes. Un peu de silence!
_ Silence toi-même, Tête de poulpe! On t'a pas sonné!
_ Ouais, il a raison, mêle-toi de tes affaires, Umi chéri! Tu as assez de ton café et de ta famille! D'ailleurs, le tablier te boudine un peu, ces derniers temps! Tu n'aurais pas pris cinq ou six kilos, par hasard?
_ De quoi?! Non mais qui est-ce qui te permet de dire un mensonge pareil? J'ai pas pris un gramme!
_ En même temps, si tu montes sur une balance tu ne vois pas les chiffres, et Miki est trop gentille pour te le dire en face! Tu te laisses aller, Falcounet!
_ Viens ici, que je t'écrase ta petite cervelle de mou du bulbe, étalon à la manque! Abruti!
Et tandis qu'ils se chamaillaient et rejoignaient les trois enfants atterrés et les deux autres toujours au pays de Morphée, Ryo se dit qu'il avait quand même beaucoup de chance d'avoir de tels amis. Nettoyeurs, tueurs, pères de famille, copains dans la déconne, solidaires en toutes circonstances même pour tromper l'angoisse et la culpabilité. Une famille vraiment exceptionnelle.