[Règle n°36 – Réapprendre à sourire]
Bonjour tout le monde ! Eh oui, voilà le dernier chapitre de ce tome deux, et la fin de cette belle aventure ! Si ça vous intéresse, j'ai plein de choses à dire à la fin ! En tous, merci à toustes pour vos encouragements et vos retours, vous êtes génialleaux :D
Btw, la chanson avec laquelle ce chapitre commence est « Carry On » de Falling in Reverse (un groupe que j'apprécie tout particulièrement).
Bonne lecture à vous !
« Je veux rester avec toi pour toujours. »
Dans une ambiance électrique, des centaines de voix se mêlaient pour soutenir celle de Yahiko, puissante. Le chanteur paraissait en transe, emporté par la puissance des instruments qui habillaient sa voix d'une volonté inébranlable, et par les vagues du public qui scandaient avec lui les paroles de sa chanson.
Empoignant le micro avec une dévotion teintée d'émotion, Konan entonna avec Sasori quelques mots aériens.
Who we are is determined by the scars
Yahiko reprit un énième We're wandering, à l'unisson avec un chœur magistral.
Death is like a one-way ticket to a distant star
We're wandering scanda de nouveau le chanteur en s'émerveillant devant le spectacle qui se déroulait devant eux. La foule se mouvait comme une mer houleuse, léchant parfois le bord de la scène d'un ressac d'affection. Bon nombre de mains brandissaient index et auriculaire dans l'air brûlant de la salle, comme on brandit un drapeau pour revendiquer une fierté.
All we are is a cosmic dust that scatters free
Alors que la voix rocailleuse de Yahiko s'éraillait sans fausse note sur un dernier We're wandering, Naruto resserra son emprise autour de Sasuke, en posant son menton sur l'épaule du brun. Le sourire admiratif qu'il affichait depuis leur entrée dans la salle n'avait pas fané le moins du monde, et il se sentait fier. Fier de son frère, qui avait su rattraper ses rêves et qui assurait aussi bien le show que tous les autres membres ; fier de pouvoir compter parmi ses amis ce groupe admirable, qui n'avait pas plié devant l'adversité et avait su privilégier l'amitié face à la renommée ; fier de son petit ami, qui écrivait de merveilleuses chansons qui avaient toujours eu ce don de le faire rêver ; fier de lui, d'avoir bravé tous les obstacles auxquels il avait dû faire face pour en arriver où il en était, ce soir, à profiter d'un concert diablement agréable au bras de son homme, et accompagné d'une très bonne amie.
With no sense of direction, we're just wandering
Tandis que les voix de Yahiko, Sasori et Konan s'apaisaient, la dévotion du public se mua en une folie d'applaudissements et de cris appréciateurs, qui menaçait presque de surpasser la puissance des instruments. La batterie, les guitares, la basse, finirent par se taire en laissant le champ libre à la liesse générale. Le temps de remercier leurs fans et de s'excuser de ne pas rester plus longtemps, les membres d'Akatsuki quittèrent la scène, et de nombreux spectateurs commencèrent à se diriger vers la sortie.
Se faufilant à contre-courant, Naruto, Sasuke et Sakura durent jouer des coudes pour atteindre la porte qui menait aux loges, solidement gardée par deux vigiles à la carrure impressionnante. Après voir montré patte blanche – et surtout leurs pass spéciaux – ils furent autorisés à pénétrer dans l'envers du décor, précédé tout de même par une femme à l'air peu avenant, qui n'arrêta de darder sur eux son regard soupçonneux que lorsqu'ils furent accueillis dans la loge d'Akatsuki à grands renforts de joyeuses exclamations.
Deidara se jeta même sur son – grand – petit frère, qui lâcha la main de Sasuke pour enlacer son aîné en le félicitant. Quant à Sasuke, loin de se sentir délaissé, il fit le tour des membres du groupe pour partager un check avec chacun d'entre eux, et finit par venir poser un coude insolent sur l'épaule de son frère en lui glissant avec un regard condescendant :
— Alors, c'était quoi cette fausse note au deuxième couplet de « Fuck you and all your friends »* ? T'étais fatigué ?
Alors qu'Itachi protestait véhément en prétextant que Sasori l'avait induit en erreur, Sakura, qui voyait pour la première fois les membres du groupe autre part que sur scène ou que derrière un écran, semblait avoir perdu une partie de ses capacités. Hébétée, elle était à deux doigts de se pincer pour être certaine de ne pas être en train de rêver.
Lorsque le visage perplexe de Naruto surgit soudain devant elle, elle se ressaisit et se rendit compte que Deidara et Hidan la considérait d'un air railleur.
— Ben alors ? en rajouta Naruto sans la moindre considération. Le rempart infranchissable aurait-il des failles ?
— Moins que toi ! répliqua-t-elle du tac-au-tac. Je préfère être un rempart avec des failles qu'une éponge.
Yahiko avala de travers la gorgée d'eau qu'il était en train de boire, et toussa de longs instants avant de parvenir à se calmer.
— C'est quand même dingue que tu t'entoures uniquement de gens qui ont une putain de répartie, alors que tout ce que tu sais sortir, c'est quelques « je t'emmerde », cousin. Tu tiens le coup ? lui demanda-t-il lorsqu'il eût retrouvé une respiration plus ou moins normale.
— Et je peux savoir pourquoi tu me cherches des crosses alors que je t'amène une fan ? s'offusqua un Naruto en feignant la vexation. Essaie un peu d'entretenir ta réputation, sinon tu vas perdre tout ton public alors que vous venez à peine de recommencer !
— Oh les gosses, là, vous pouvez ne pas vous tirer dans les pattes ne serait-ce qu'une soirée ?
D'un même geste mécanique, Yahiko et Naruto se retournèrent vers un Kakuzu dépité en lui opposant un « Non ! » sonore. Tandis que ces deux-là surenchérissaient leur dispute feinte en arguments stériles, Hidan et Kisame engagèrent la conversation avec Sakura en lui demandant depuis combien de temps elle écoutait leurs chansons.
— Pas si longtemps que ça, honnêtement… ! C'est Naruto qui arrêtait pas de parler de vous, et du coup j'ai fini par aller écouter quelques chansons, et ça m'a bien plu. Et j'en ai écouté plus, et une chose en entraînant une autre…
Naruto n'écouta pas la suite de l'histoire ; il la connaissait déjà. Il préféra esquisser un sourire devant les visages extatiques de son frère, de son cousin et d'Itachi, qui, effondrés, ressemblaient à des loques bienheureuses.
Sasuke, qui détaillait les traits de son petit-ami depuis quelques instants, ne mit pas longtemps à comprendre le déroulement de ses pensées, et posa la question qu'il était sans le moindre doute en train de se poser.
— Alors, ça fait quoi de remonter sur scène après tout ce temps ?
— C'est fou… souffla Itachi, un sourire ineffaçable tatoué sur ses lèvres fines.
— Je sais pas si j'ai un mot pour ça. renchérit Konan en enlaçant son petit-ami, qui répondit délicatement à son étreinte en acquiesçant.
— Transcendant. lâcha alors Deidara, le regard perdu sur le plafond de la loge.
Itachi claqua des doigts pour confirmer l'idée.
Ils discutèrent ainsi allègrement pendant une petite heure, puis finirent par laisser les membres d'Akatsuki et quittèrent la salle en se faufilant à nouveau dans la foule encore dense qui attendait la sortie du groupe. Lorsqu'ils parvinrent au petit parking où Sasuke avait garé sa moto, Sakura les remercia de lui avoir fait passé un moment aussi agréable. Alors qu'elle faisait mine de s'éloigner, Naruto l'interpella :
— On fait une petite soirée sympa, samedi prochain, chez moi. Il y aura Shika, Lisanna et ma fillotte, et Kiba. Tu viendras ?
— Hm, pourquoi pas… acquiesça-t-elle avec un sourire presque imperceptible. C'est vrai que ça fait longtemps que j'ai pas vu Kiba.
Il n'en fallut pas moins à Naruto et Sasuke pour échanger un regard entendu, qu'ils dirigèrent ensuite vers leur nouvelle amie avec des sourires féroces.
— Je t'avais dit… ! souligna le blond en attirant l'attention de Sakura, qui ne put s'empêcher de répliquer avec véhémence.
— Quoi ? Qu'est-ce que vous êtes allés vous imaginer encore ? C'est pas parce que vous vivez sur un nuage de romantisme que tout le monde est comme vous, hein ! Je le connais plus que Shikamaru, parce qu'on a bossé ensemble, c'est tout !
Tandis que Sasuke dodelinait de la tête en esquissant un regard signifiant qu'il ne rétorquerait rien mais qu'il n'en pensait pas moins, Naruto se targua d'un « Et tu veux que je te croie ? » gentiment hautain. Au bord de l'apoplexie, Sakura s'approcha du blond, décidée à en découdre, mais une tête brune s'imposa entre eux, soudain bien plus sérieuse qu'un court instant auparavant. La jeune femme arrêta son geste, et croisa les bras en sifflant entre ses dents. Ces deux-là étaient plus désespérants encore que le désespoir lui-même…
Elle les quitta en les saluant d'un bras d'honneur vengeur, que Naruto accepta avec joie en lui répliquant qu'il adorait ce genre de preuves d'amour. Ses divagations furent interrompues lorsqu'il reçut entre ses mains le casque que Sasuke venait de lui lancer, et il s'installa rapidement derrière son petit-ami.
— Chez toi ou chez moi ? demanda le brun en se retournant.
— J'ai oublié de donner à manger à Kyūbi en partant, du coup, chez moi. répondit Naruto dans un sourire, en entourant de ses bras la taille de Sasuke.
Devant lui, son homme baissa sa visière en murmurant un « tête en l'air » amusé, et tourna les clefs dans le contact avant de mettre les gaz. Un vrombissement grave de moteur plus tard, ils avaient rejoint les rues animées de la capitale, et filaient face à la brise légère de ce doux mois d'Octobre.
Naruto laissa ses yeux rêveurs glisser sur les enseignes aux couleurs bariolées, sur les restaurants, les magasins encore tous illuminés, sur les visages patients qui attendaient leur tour à un croisement de rue. Il se gorgea des lumières, des mouvements, de la vie nocturne de Tōkyō avant de retrouver son petit appartement de banlieue.
Il adorait se balader en pleine ville la nuit, entendre et sentir l'agitation presque grouillante autour de lui ; il aimait rentrer ensuite dans le calme de son quartier où le vent soufflait plus librement et où l'on entendait parfois les chats se battre par-dessus les rumeurs lointaines de circulation.
Alors qu'ils quittaient le quartier de Shibuya, il adressa un sourire aux étoiles. Il était heureux, tout simplement heureux. Et cela lui paraissait si étrange, si nouveau, qu'il avait encore du mal à le croire, et se réveillait parfois le matin en s'imaginant que Sasuke était loin, que Fugaku courait toujours ou que quelque autre souci lui était tombé sur le coin du nez.
Pourtant non. Sasuke était toujours là pour l'enlacer dans un demi-sommeil, le rassurant entre ses bras et la douce chaleur de la couette. Et Naruto faisait le point. Ils étaient en sécurité, leurs proches également. Suigetsu ne risquait pas de les ennuyer de derrière les barreaux de sa cellule, et l'ombre diabolique qui les avait poursuivis si longtemps s'était évanouie. Même la Uchiwa Corporation n'était plus un souci ; dès qu'Itachi et Sasuke hériteraient des parts de leur père, ils les revendraient tout aussi rapidement, tous deux refusant de se salir les mains avec une affaire aussi brumeuse.
Même dans ses rêves les plus fous d'adolescent piqué à l'optimisme, il n'avait jamais osé espérer un tel tableau de réussite.
Et le pilier qui tenait tout cela en place, c'était Sasuke. Il se serra un peu plus contre son dos, s'y blottissant comme on plonge le nez dans un coussin. Il n'avait toujours pas compris ce qui faisait que cet homme était si spécial à ses yeux. Il l'était, voilà tout.
Ils s'arrêtèrent bientôt non loin de l'immeuble de Naruto, et Sasuke le laissa descendre de la moto avant de faire de même. Sous le flot de lumière d'un réverbère, le blond ôta son casque en fourrageant dans ses cheveux, qui brillaient d'innombrables reflets dorés dans l'obscurité de la nuit. Sasuke suspendit ses gestes, incapable de lâcher du regard le visage de son petit-ami, habillé d'un sourire serein. Ses mèches étaient décidément aussi indisciplinées que lui-même… Naruto observa un instant quelque chose perdu au loin, inspira l'air nocturne, avant de se retourner face à Sasuke, qui ne bougea pas davantage. Le blond lui offrit son plus beau sourire, et se pencha par-dessus la moto pour l'embrasser sans prévenir, le contaminant de sa bonne humeur.
Puis, encore étourdis par la soirée euphorique qu'ils venaient de passer, ils rejoignirent l'appartement de Naruto en se tenant par la taille, tanguant parfois d'un côté ou de l'autre, tout ivres de joie qu'ils étaient.
— Au fait, t'as eu une réponse de la maison de disques ? demanda Naruto en cherchant ses clefs dans sa poche.
— Non pas encore, ça fait pas longtemps que je leur ai envoyé mes compositions.
— En tous cas, s'ils les acceptent pas, c'est qu'ils sont cons.
Sasuke ne put s'empêcher de ricaner devant l'air gamin qu'affichait son petit-ami.
— S'ils en veulent pas, j'irai les proposer ailleurs, c'est pas grave. En tous cas, dès que les premiers sous tombent, je rends ma plaque.
Naruto tourna les clefs dans la serrure en approuvant totalement. L'idée de ne plus avoir à s'inquiéter pour Sasuke dès que celui-ci était appelé sur une scène de crime était tentante, mais celle de voir enfin le brun s'épanouir dans un métier qui lui plaisait vraiment l'était encore davantage.
— Bientôt je pourrai dire que je sors avec le grand Snake ! se rengorgea Naruto après avoir refermé la porte derrière eux.
— Le principe c'est justement de pas le dire, crétin… souffla Sasuke en récupérant Kyūbi dans ses bras pour le caresser.
Mais la tête en l'air qui partageait sa vie ne l'écoutait déjà plus, occupé à doser les croquettes pour son adorable chat, qui sauta des bras du brun dès qu'il entendit le bruit caractéristique du sachet. Le sourire aux lèvres, Sasuke s'accouda au chambranle de la porte de la cuisine pour voir le félin se jeter sur sa gamelle… et tomba sur une vision pour le moins intéressante : les fesses d'un Naruto encore penché vers son chat, parfaitement mises en valeur par son jean ajusté. Sasuke haussa un sourcil appréciateur, et ne put s'empêcher de lancer :
— J'espère que tu ne t'offres pas comme ça au regard de tout le monde, sinon je vais devenir très jaloux !
Le blond se redressa aussi sec, réfléchissant une fraction de secondes pour comprendre la situation, avant d'afficher un air diabolique.
— Mais… commença-t-il en se rapprochant avec une lenteur toute calculée. c'est peut-être ce que je cherche à faire.
Sasuke ne sut que répondre, trop absorbé par la lueur de désir qui illuminait le regard de son petit-ami, et par la fossette complice qui s'était creusée sur sa joue droite.
— Peut-être que j'aime bien quand tu es jaloux. susurra-t-il à Sasuke lorsqu'il fut arrivé à sa hauteur.
Le brun se mordit la lèvre pour contenir une grossièreté. Face à lui, Naruto avait planté son regard de braise dans ses yeux, et sa main dans le mur contre lequel il se tenait. Rien que cela suffisait à éveiller son désir, mais ce sourire arrogant, ainsi que ce corps à portée de mains, qu'il connaissait par cœur mais qu'il ne lasserait jamais d'explorer, c'était plus qu'il n'en fallait pour lui faire oublier sa légère fatigue et la moindre envie de dormir.
Il cligna des paupières comme pour lever le rideau sur un nouvel acte, puis inversa bien vite la situation pour plaquer Naruto contre le mur en révélant son sourire carnassier. Celui que ce blond trop honnête ne serait jamais capable d'égaler.
— Si tu veux jouer à ce petit jeu, tu vas être servi. prévint Sasuke en fondant sans préavis sur les lèvres pleines de son petit-ami, qui répondit au baiser avec une fougue que les mains du brun, fermées autour de ses poignets, peinaient à retenir.
Les entrailles nouées d'une hâte délicieuse, Naruto laissa ses instincts prendre possession de son corps, et ondula pour aller chercher le contact brûlant de sa moitié, qui comprit bien vite son manège. Souriant dans le baiser, il rapprocha leurs torses haletants jusqu'à sentir les battements du cœur du blond résonner dans sa propre poitrine. Ses doigts relâchèrent la pression autour des poignets de Naruto, et glissèrent jusqu'au col de sa chemise pour délester son petit-ami de ce bout de tissu bien inutile. Sans même ouvrir les yeux, il parvint à se défaire de chaque bouton, un par un, semant de légers frissons sur la peau qu'il dénudait peu à peu.
Naruto n'eut pas la même patience. Débarrassé de sa lourde veste en cuir, Sasuke n'avait plus qu'un haut à manches longues, que le blond s'empressa de lui retirer dès que son petit-ami eût fini de jouer avec sa chemise. S'il y avait une chose dont il ne se lassait pas lors de leurs ébats, c'était de révéler à la lumière du jour ou d'une lampe, les dessins sombres qui couraient sur la peau diaphane de Sasuke. Plus que de simples traits emmêlés de mots, ils parlaient pour le brun, racontaient ce qu'il avait tant de mal à dire avec des mots ; et ils étaient aussi beaux, aussi énigmatiques, aussi compliqués que lui. Naruto y promenait ses mains avec une indolence teintée d'adoration, retraçant les lignes du bout d'un index, soulignant un dessin qu'il préférait parmi d'autres, embrassant les cicatrices d'encre comme s'il pouvait effacer la douleur qui les avait inspirées.
Sasuke pencha la tête en arrière pour laisser la voix libre à son petit-ami, en même temps qu'il s'accrocha à sa nuque, se détendant dans leur étreinte. Naruto glissa ses lèvres contre la peau fine du brun, cherchant de ses baisers l'endroit du cou, chaud, où une veine palpitait avec acharnement, pour la suçoter lascivement. Un frisson remonta le long de l'échine de Sasuke, tandis qu'un soupir sybarite s'échappait d'entre ses lèvres à demi ouvertes.
Naruto répondit dans un grognement voluptueux, glissa ses mains sous les fesses de son petit-ami pour le soulever, et resserra son étreinte lorsqu'il sentit les jambes musclées se refermer autour de son torse. Refusant de laisser la moindre place à la réalité, il n'ouvrit que sporadiquement un œil sur le chemin de sa chambre, juste pour être sûr de ne pas envoyer valser le dos de son précieux fardeau dans le coin d'un mur, puis referma la porte derrière lui du plat de son pied, avant de s'asseoir sur son lit sans pour autant relâcher son étreinte possessive. Tandis qu'ils se débarrassait de ses chaussettes du bout du pied, ses doigts vinrent jouer avec l'élastique du caleçon de Sasuke, tandis que ses lèvres, elles, retrouvèrent rapidement leurs doubles pour les entraîner dans une danse floue.
Dans la hâte fiévreuse de leurs caresses, Sasuke parvint à glisser une main agile jusqu'à la boucle de ceinture de Naruto, qui sauta en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, rapidement suivie par les quelques boutons de son pantalon. Le brun, d'un naturel impatient, trouva les yeux fermés le chemin qui fit soupirer son petit-ami d'un ton grave. Calmement, il commença à balader ses doigts curieux sur le sexe du blond, qui délaissa les lèvres de Sasuke pour mordre la sienne en une vaine tentative de retenir un gémissement suave.
Le brun n'en perdit pas une goutte, et, de sa main libre, poussa Naruto en arrière pour qu'il bascule sur son matelas. Il ne rencontra aucune résistance, bien au contraire : le regard brillant qui filtra au-travers des paupières à demi fermées du blond ne faisait que l'appeler avec impatience. Il ne se fit pas prier. Le pantalon de Naruto tomba rapidement sur le parquet de la chambre, suivi dans l'instant par son caleçon.
Sasuke, trop avide des lèvres de son petit-ami, s'appliqua à en dévorer avec douceur le moindre millimètre carré, tandis qu'il effectuait des va-et-vient anarchiques autour du sexe de Naruto, titillant tantôt ses bourses, tantôt son gland, lui arrachant des halètements dont il nourrissait sa passion.
Mené aux portes de la jouissance, presque incapable de se concentrer sur les tétons de Sasuke qu'il tentait de caresser avec intention depuis quelques instants, Naruto eut soudain une fulgurance d'envie, et inversa la situation en arrachant un ricanement moqueur à son petit-ami.
— Quoi ? demanda-t-il, le feu aux joues d'avoir retenu son excitation en lui.
— Toujours aussi versatile, hein ?
Le blond ne répondit même pas, se contentant de laisser un sourire contagieux lui manger le bas du visage. Sous le charme, Sasuke prit le temps de contempler la sincérité troublante qu'il y lisait, et fut encore un peu plus persuadée que la chance qu'il avait d'avoir Naruto à ses côtés pour partager sa vie était incalculable. Son pantalon à lui aussi tomba sur le sol dans un froissement lourd, et le blond s'amusa à agacer son excitation déjà tendue à travers le tissu de son caleçon. Incalculable, c'était le mot. Ses cordes vocales tremblèrent au rythme du frisson de bien-être qui remonta le long de sa colonne, et il ferma les yeux pour profiter du moment. Toutefois, il ne tint pas bien longtemps avant de prendre l'initiative de se débarrasser lui-même de son dernier vêtement, laissant la voix libre à Naruto.
Lui, alla explorer ses côtes en semant çà et là des frissons qui couraient allègrement sur la peau dorée. Des frissons qui provoquaient au blond des chauds et froids qui l'hypnotisaient. Sasuke était l'incarnation de la tentation, un appel à la luxure. Allongé sur le lit, se louvoyant dans une torpeur flegmatique, il était irrésistible.
Posant ses lèvres sur le torse offert du brun, Naruto vint respirer son parfum boisé comme s'il prenait une bouffée d'air après être resté trop longtemps en apnée. Tout en glissant ses mains le long des cuisses de Sasuke pour les écarter légèrement, il embrassa quelques coins de son ventre avant de venir laper son gland légèrement humide. Un gémissement aigüe fila dans la pièce, où la chaleur de leurs ardeurs prenait toute la place. Jouant avec les attentes du brun, Naruto promena sa langue le long de son sexe, sans but précis, sans logique, s'amusant des grognements frustrés de Sasuke, qu'il sentait parfois se raidir contre lui.
Les mains du brun, qui avaient fini leur course dans les cheveux fous de Naruto, manquaient par intermittence de se refermer autour d'une mèche pour le forcer à enfin le prendre en bouche ; mais si la frustration n'était pas ce qu'il préférait, Sasuke savait tout de même l'apprécier. Et cette hâte sourde mêlée d'une tendre rage était grisante. Elle courait dans son ventre, s'emparait de ses sens et de tout son corps, lui faisant apprécier la torture et se délecter des attentions vicieuses de son petit-ami. Il ne se rendait même pas compte de sa respiration qui se hachurait, ni de ses muscles qui se raidissaient, tour à tour, dans son corps.
Et lorsque Naruto le prit entièrement en bouche, il se figea de plaisir un court instant avant de reprendre ses caresse aériennes dans les mèches douces de son petit-ami. La langue adroite du blond qui se baladait anarchiquement sur la peau fine de son sexe, ses dents qui heurtaient parfois avec douceur cette zone si érogène, le palais de sa bouche qui caressaient singulièrement son gland, c'était à en perdre la tête. Alors que les doigts de Naruto commencèrent à s'amuser avec ses bourses, il se mit à ahaner, et, pris dans l'excitation, à donner des impulsions désordonnés avec son bassin.
Lorsqu'il balança ses bras de chaque côté de son corps en sueur pour s'accrocher désespérément à la couette, Naruto jeta vers son visage un regard où brillait la satisfaction, mêlée d'un amour sans bornes. Oui, il l'aimait ; même s'il avait mis du temps à le réaliser – et encore davantage à le dire à voix haute. Il aimait tout de Sasuke ; son regard noir où des tourbillons de questions tournaient à tout instant ; sa voix rauque lorsqu'elles résonnait en d'irrésistibles insanités, sa peau qui dessinait un joli contraste contre la sienne, un peu plus claire ; et l'expression extatique qui peignait son visage lorsqu'il l'amenait au bord de la jouissance, le laissant délicieusement osciller au bord du gouffre, juste avant de le retenir d'un simple geste de la main.
— Hmgr… Naru… ! À quoi tu… mh joues, encorrre… ?
Occupée comme elle l'était, la bouche du blond fut incapable de sourire, mais il ne put s'empêcher de poursuivre sa douce torture, jouant de sa langue à l'extrémité du sexe de Sasuke tandis que ses doigts en enserraient la base. Il s'amusa ainsi sadiquement avec les nerfs du brun jusqu'à entendre ses ongles gratter le tissu de la couette dans un crissement insoutenable. Supportant mal ce bruit, Naruto relâcha la pression, non sans grogner, tandis que Sasuke se tendait sous la fulgurance de plaisir qui fusa soudain en lui, parcourant la moindre de ses veines. Ses yeux s'ouvrirent sur le plafond de la chambre du blond, qui lui sembla éblouissant une fraction de secondes, en même temps qu'il se laissait aller dans la bouche de Naruto.
Il hésita un instant, le temps de retrouver l'usage de sa raison, puis laissa son corps se détendre contre le matelas, savourant la sensation du flux de jouissance qui ralentissaient tout doucement dans son corps. Dans l'ambiance ouatée de son semblant d'éveil, Sasuke entendit, d'abord lointaine, puis de plus en plus distincte, la respiration haletante de Naruto. Il fronça légèrement les sourcils, avant d'ouvrir les yeux de surprise lorsqu'il sentit la main du blond agripper sa cuise avec une force débordante de convoitise.
Le spectacle qui s'offrit alors à sa vue le laissa pantois, et il dut se mordre la lèvre pour être sûr qu'il n'était pas déjà en train de rêver. Son petit-ami était en train de se donner du plaisir, en tailleur entre les jambes écartées de Sasuke, lâchant par intermittence quelques plaintes bougonnes au milieu de ses halètements désordonnés. Son visage était figé, rejeté en arrière par la délectation, et son torse, brillant de transpiration, s'agitait en révélant, dans le jeu d'ombres et de lumières de la chambre, ses pectoraux et ses abdominaux lardé de sa cicatrice, avant de les dissimuler, puis de recommencer, sous le tempo de sa respiration.
Sasuke aurait pu se damner pour cette vision irréelle. Hypnotisé, il revint poser son regard sur le visage de Naruto… qui l'observait maintenant derrière un voile de semi-inconscience, dissimulant mal l'étincelle de folie qui dansait dans le fond de ses pupilles. La langue du blond se tordait entre ses dents, caressant parfois ses lèvres où perlaient encore une goutte de liquide séminal.
Le peu de sens des réalités qu'il restait à Sasuke s'enfuit à cet instant-là. Incontrôlable, il se jeta sur l'objet de ses désirs pour l'embrasser dans une précipitation affamée, lapant au passage la petite goutte blanche qui s'était accrochée aux lèvres rougies de Naruto.
Alors que les mains de son petit-ami se frayait un chemin sur ses côtes pour pouvoir mieux s'accrocher à lui, l'une des siennes entreprit d'achever ce que Naruto avait commencé, l'amenant à la jouissance sans cesser de l'embrasser sauvagement.
Lorsque le blond commença à se détendre sous lui, il sentit son sourire fleurir contre ses lèvres. Prenant un peu de recul, Sasuke ouvrit les yeux pour le voir rire doucement, comme un bienheureux. Quand les paupières de Naruto s'ouvrirent à leur tour, dévoilant ses yeux aux pupilles si élargies qu'ils en paressaient presque noir, le brun fut pris d'une envie irrépressible de sourire à son tour.
Submergé par la vague de bonheur qui venait de l'assaillir, Naruto vint cueillir du bout des doigts le visage de son petit-ami, et l'attira à lui dans un tendre baiser.
Glissant une main dans son cou pour éprouver la chaleur apaisante de ses veines, qui palpitaient allègrement, le blond repoussa presque imperceptiblement Sasuke pour croiser de nouveau son regard impétueux, et susurra, dans le silence délicat de la chambre :
— Je t'aime, Uchiwa Sasuke.
Et son doux sourire était si criant de sincérité que le brun lui vola un baiser avant de lui répondre dans un écho doucereux :
— Je t'aime, Naruto.
Doucement, il se laissa glisser à côté de son petit-ami sans le lâcher des yeux. Pendant un instant – nul n'aurait su dire combien de temps passa – ils s'échangèrent des mots d'amour silencieux, qui glissaient d'un regard à l'autre. Loin de l'étouffante réalité, ils profitèrent d'un instant de flottement, rien qu'à eux. Et lorsque Naruto se réfugia en minaudant dans le creux de son cou, il esquissa un rictus amusé en l'entourant de ses bras rassurants.
— Me dis pas que tu veux déjà arrêter… ? demanda-t-il en promenant un doigt chatouilleur sur l'épaule de son petit-ami.
Le blond bougea à peine, cligna des paupières, avant de redresser la tête pour pouvoir croiser le regard complice de Sasuke.
— T'es pas fatigué ? se contenta de demander Naruto, les yeux soudain grands ouverts de curiosité.
— Pourquoi, tu l'es toi ? contourna le brun en étrécissant ses paupières.
Naruto ricana. Il était loin d'être dupe ; il savait pertinemment que son petit-ami avait la fâcheuse tendance de répondre par des questions dans l'unique but de le faire tourner en bourrique. Avec un sourire arrogant, il se redressa sur ses bras pour venir dominer Sasuke de toute son ombre, et répondit :
— Non. – Le brun eut le temps de se demander qui craquerait le premier avant que Naruto ne poursuive en se penchant vers lui : – Encore moins quand c'est pour faire l'amour à mon adorable copain.
En fermant les yeux, il vint cueillir de ses lèvres celles de Sasuke, tout en faisant doucement onduler son bassin contre celui de son petit-ami. Il n'en fallut pas plus au brun pour accrocher les hanches de Naruto d'une poigne féroce. Sans cesser de faire danser leurs langues, il dirigea un instant la chorégraphie qu'esquissait le corps du blond, avant de le retourner sur la couette emmêlée. Obéissant à un instinct grégaire qui était loin de lui déplaire, Sasuke frotta d'abord doucement son sexe contre celui de Naruto, avant d'accélérer peu à peu le rythme.
Égaré entre les coussins et la luxure, le blond gémissait en enfonçant ses ongles dans les cuisses de son amant. Et le spectacle était incomparable. Sous la lueur diffuse de sa lampe de chevet, et les faibles illuminations nocturnes qui filtraient au travers du voilage de la fenêtre, Sasuke le redécouvrait à chaque fois dans un nouveau jeu d'ombres et de lumières, toujours plus hypnotisant que le précédent. Les muscles de Naruto, qui commençaient de nouveau à saillir timidement sur son torse glabre, et les reliefs lactescents de sa cicatrice, s'amusaient avec la pénombre en faisant perdre la tête à Sasuke.
À chaque fois, il prenait une seconde pour apprécier le tableau ; à chaque fois, ce même tableau le rendait fou de désir et le précipitait contre Naruto pour dévorer son cou, ses lèvres ou ses pectoraux – selon ses humeurs. Dans sa précipitation, il eut tout de même la présence d'esprit de récupérer le tube de lubrifiant et un préservatif dans le tiroir de la table de chevet, pour les faire tomber sur le matelas.
Tandis que Naruto glissait une main hasardeuse vers le petit carré de plastique métallisé, il agrippa de l'autre la nuque de Sasuke pour l'embrasser encore. Il avait le tournis rien que de penser à quel point ce simple contact le rendait dépendant, et surtout, à quel point cela avait le pouvoir de lui faire oublier le moindre de ses soucis. Quand ils s'étreignaient comme si leur vie en dépendait, plus rien n'avait d'importance. Plus rien à part peut-être…
— Faut vraiment qu'on aille faire ces putains de tests, qu'on puisse laisser tomber les capotes… susurra en grommelant Naruto, qui mordit dans l'emballage du préservatif pour l'ouvrir.
Le visage encore plongé dans la nuque brûlante du blond, Sasuke soupira laconiquement contre sa peau parfumée avant de marmotter :
— Tais-toi et fais-moi l'amour.
Sa voix perdue, son corps qui se louvoyait toujours contre lui, son désir palpable, il n'en fallut pas plus à Naruto pour reléguer sa frustration au rang de détail insignifiant. Il repoussa gentiment son petit-ami le temps de se protéger, puis revint chercher la chaleur de leur étreinte plus vite que son ombre. Ce feu qui brûlait ardemment à l'intérieur du corps de Sasuke, le blond le voulait pour lui tout seul. Ce côté égoïste de sa personnalité, qui le surprenait encore parfois, n'apparaissait guère que quand il était question de l'homme qui partageait sa vie depuis quelques mois, et était si fulgurant qu'il ne parvenait jamais à le briguer.
Sans même s'en rendre compte, ses yeux s'étaient étrécis, et il passa une langue taquine sur ses lèvres arquées tandis qu'il faisait glisser ses doigts sur le ventre agité du brun. Ses yeux embrumés, sa bouche entrouverte sur ses dents aiguisées, sa pomme d'Adam qui jouait au yoyo sous la fine peau de son cou ; Sasuke était bien trop désirable. Naruto était autant le chasseur que la proie de cet homme, et c'était sans aucun doute la seule situation inextricable dans laquelle il adorait se noyer.
Un soupir laconique échappa au brun lorsque son amant commença à étaler du lubrifiant, froid, sur son entrée palpitante. La sensation était grisante. Et son excitation monta encore d'un cran lorsqu'il sentit deux doigts le pénétrer, et user de leur habileté entre ses chairs sensibles. En se cambrant de satisfaction, sa main droite griffa par inadvertance le dos de Naruto, tandis que la gauche agrippa férocement un coussin qui avait eu le malheur de se trouver encore sur le lit.
Leurs soupirs enfiévrés, leurs monosyllabes dont eux seuls comprenaient le sens, emplirent bientôt la pièce d'une mélodie fébrile dont ils ne se fatiguaient jamais.
Naruto retira ses doigts en embrassant dévotement Sasuke, qui en profita pour retourner la situation, et se retrouver au-dessus de ce fauve grimé en humain qu'était son petit-ami. Celui ne s'en offusqua aucunement, et esquissa un rictus appréciateur lorsque le brun se mordit la lèvre.
— Tu sais exactement ce qui me rend dingue… souffla Naruto en resserrant sa prise sur les hanches du jeune homme.
Ô oui, il le savait parfaitement. Il connaissait les vices et les fantasmes de son amant sur bout des doigts. Sans un mot, il planta donc un regard hautain dans les yeux clairs du blond en entourant la base de son sexe de ses doigts. Sans ciller, il se positionna juste au-dessus, et descendit en prenant tout son temps, leur laissant à tous deux le loisir de savourer le feu d'artifice qui naissait dans le bas de leur ventre. Et tandis que le sourire arrogant de Sasuke laissait peu à peu la place à une expression béate, le reflet d'un éclairage rouge se refléta dans ses yeux, allumant une étincelle sibylline dans ses iris sombres.
Naruto aurait pu jouir rien qu'à cette vue. Toutefois, si ses pensées étaient quelque peu étourdies par la situation, ses sens ne l'étaient aucunement, bien au contraire. Aiguisés, ils captaient la moindre sensation pour la décupler en son for intérieur, et c'est le souffle court qu'il commença à mouvoir doucement son bassin sous celui de son amant.
Pris dans la fièvre de leur danse, Sasuke ne tarda guère à faire bouger son corps déjà perlant de sueur. Ses mouvements faisaient grogner Naruto de plaisir, tandis que le rythme de leur folle étreinte augmentait peu à peu. De soupirs en murmures, de murmures en gémissements, et de gémissements en exhortations, ils sentirent leur cœur s'emballer, et leur souffle s'écourter à mesure que leur excitation grandissait. La respiration de Sasuke tourna bientôt en un sifflement d'abord discret, qui devint rapidement plus aigu, plus chargé. Alarmé, Naruto se redressa pour entourer la taille de son petit-ami de ses bras, lui intimant de s'arrêter.
— Eh… Sasu, calme-toi… susurra-t-il en posant son oreille contre le cœur du brun, battant à tout rompre.
Sentant Sasuke s'affaisser doucement tout contre lui, il lui demanda s'il voulait s'arrêter là, mais cette simple question suffit à faire se redresser le brun, qui lui adressa un regard chargé d'un faux dédain.
— Certainement pas. trancha-t-il sur un ton n'admettant pas la moindre répartie.
L'ombre de culpabilité qui glissa sur son visage fit doucement sourire Naruto.
— Retourne-toi, alors… susurra le blond avec une expression sybarite.
Sasuke comprit immédiatement l'allusion, et rien qu'à la lueur qui s'alluma dans son regard, Naruto sut que l'idée lui convenait parfaitement. Le brun se positionna à quatre pattes sur le matelas, offrant son postérieur au bon vouloir de son amant, qui semblait en être ravi.
Avec une satisfaction non-dissimulée, Naruto le pénétra de nouveau, se retenant de ne pas reprendre immédiatement le rythme effréné qu'il avait lui-même interrompu quelques instants auparavant. Sans cesser ses allers-retours, il se pencha pour saisir le sexe de Sasuke entre ses doigts, qui suivirent bientôt le tempo que son bassin orchestrait.
Bientôt, leurs gémissement passionnés se firent de nouveau entendre, se muant parfois en une exclamation voluptueuse. Ils balbutiaient le prénom de l'autre, s'échangeaient des mots d'amour qui ne ressemblaient à rien, et des insultes aux inflexions plus douces que le miel. Naruto dévorait de baisers le dos de Sasuke, et Sasuke buvait avec passion les sensations que les impulsions de Naruto faisaient naître en lui. Le monde extérieur n'avait plus la moindre emprise sur eux, et leurs cinq sens à tous deux n'étaient focalisés que sur leur moitié.
Prix dans l'exaltation, ils se caressèrent et se donnèrent un plaisir sans bornes, jusqu'à ce que Naruto jouisse en Sasuke, entraînant rapidement celui-ci à sa suite. Terrassé par une tendre fatigue, le brun se laissa alors glisser sur le matelas, un sourire mutin tatoué sur ses lèvres rougies. À côté de lui, Naruto le regarda fermer les yeux avec un air tendre. Tandis qu'il reprenait son souffle, il attrapa la boîte de mouchoirs posée sur sa table de nuit, et essuya les quelques gouttes blanches que leur étreinte avait semées çà et là. Puis, attentif à la respiration maintenant calme de Sasuke, il le recouvrit de sa couette, et vint déposer un baiser léger sur les cheveux humides qui couvraient sa tempe.
Après avoir enfilé un caleçon et un tee-shirt qui traînait sur une pile de livres, Naruto récupéra son paquet de Lucky Strike, son briquet, et ouvrit la baie vitrée pour profiter de l'air vivifiant de l'automne tokyoïte. Inspirant profondément, il leva le nez vers les étoiles en leur souriant inopinément, avant de s'allumer une cigarette pour savourer l'âpre fumée de ce perfide mais si agréable poison. Depuis son petit balcon, il voyait s'étendre la ville à ses pieds, et s'amusait des petits détails auxquels les gens pressés ne faisaient jamais attention. Comme ce chat noir, qui se promenait nonchalamment sous la clarté diaphane des réverbères…
Un froissement de tissu se fit entendre dans son dos, qui le tira de ses rêveries. Sasuke ne s'était donc pas endormi ? Il se retourna en expirant une bouffée de fumée dans l'air de la nuit, pour voir arriver son petit-ami recouvert de sa couette, qui avait visiblement bien du mal à tirer une cigarette de son paquet sans laisser tomber sa cape improvisée.
— Il fait même pas froid… ! releva Naruto sur un ton badin.
Sans même daigner relever le regard, Sasuke haussa les épaules en calant une cigarette entre ses lèvres, et laissa tomber son paquet sur le sol.
— T'as pas réussi à t'endormir ? demanda le blond en approchant la flamme de son briquet du petit cylindre que Sasuke protégeait de ses mains.
— J'avais juste envie d'être avec toi. répondit-il après avoir tiré sa première taffe.
Touché par l'attention, Naruto sentit son cœur palpiter un peu plus fort. Il répondit d'un complice « Moi aussi je t'aime » accentué d'un clin d'œil, puis repartit à son observation.
Alors qu'il se faisait une réflexion inutile concernant le néon d'un bâtiment qui ne fonctionnait plus, il sentit le regard attentif de Sasuke posé sur lui. Depuis combien de temps l'observait-il ainsi, il n'en avait pas la moindre idée, mais il prit un malin plaisir à ne surtout rien dire, se demandant quand le brun finirait par lâcher l'affaire.
Mais Sasuke était absorbé. Absorbé par les cheveux en bataille de son petit-ami, dressés sur son crâne par leur tendre agitation de ce soir-là. Absorbé par ses iris si bleus, au fond desquels il perdait la notion du temps. Absorbé par les doigts vigoureux de son petit-ami, enroulés autour de sa cigarette ; par la manière qu'il avait de pointer son nez au ciel pour laisser filer la fumée de son tabac ; par cette peau si douce qu'il ne se lassait pas de caresser encore et encore, même en en connaissant le grain sur le bout des doigts. Absorbé par les sentiments qu'il portait à cet homme.
Il aurait été stupide de comparer l'affection qu'il avait eu peur de ressentir pour Naruto alors qu'ils étaient encore au lycée à l'amour sans bornes qu'il nourrissait aujourd'hui pour lui. Ils avaient tant grandi, tout avait changé autour d'eux, ils avaient fait tomber des murs et construit une confiance mutuelle que rien ne pouvait atteindre. D'aucuns diront que le temps use les sentiments ; les leurs n'avaient fait que croître au fil des années. Non, une vie sans Naruto ne lui était plus envisageable… Rien que l'idée lui paraissait déchirante. Ce boute-en-train à la tignasse éternellement en bazar était son phare dans la tempête, son oxygène.
— Qu'est-ce que tu mates comme ça ? demanda soudain ledit boute-en-train en laissant sa fossette se creuser sur sa joue.
Depuis quand avait-il compris que Sasuke s'était perdu dans sa contemplation ? Le brun n'eut guère le temps de se poser la question, car il sentit soudain quelque chose brûler sa main gauche. Il la secoua en lâchant un cri de surprise, avant de se maudire lui-même pour avoir complétement oublié l'existence de sa cigarette, qui avait continué de se consumer entre ses doigts.
— Et c'est moi l'imbécile de service, hein ? s'exclama Naruto entre deux rires badins.
Sasuke eut un temps d'arrêt. Il se fichait de lui ? Il voulait vraiment jouer à ce petit jeu-là ? Défi relevé. Le brun écrasa son mégot dans le cendrier à ses pieds, puis se renfrogna dans la couette sans un mot. Regard lointain, air boudeur, sourcils froncés, il sortit toutes ses armes à la fois, et attendit patiemment que son crétin de petit-ami se rende compte de la situation par lui-même. Quelques petites secondes d'hilarité mal contenue plus tard, Naruto se tut en reprenant sa respiration.
— Quoi ? demanda-t-il en penchant la tête vers Sasuke.
Il pouvait bien attendre une réponse ! Au jeu de « je me fiche de toi », Monsieur Uchiwa était de loin le meilleur, et il le savait.
— Tu boudes ? retenta Naruto en se rapprochant de son petit-ami. Je t'ai vexé ? Ta fierté mal placée est si énorme que ça ? – Sasuke se mordit l'intérieur de la bouche pour ne pas répliquer. – Allez, boude pas ! minauda le blond en déposant un baiser sur sa joue. Hm ? Sasu ? J'aime pas quand tu boudes…
La goutte de trop. Sasuke éclata d'un rire cristallin, impossible à retenir plus longtemps. Et le temps suspendit son court. L'air interdit, Naruto regarda son petit-ami plié en deux, se fichant ouvertement de lui avec un visage plus qu'attirant. Cet éclat de rire, depuis combien de temps l'attendait-il ? Combien de fois l'avait-il imaginé ? Trop de fois pour s'en souvenir, et jamais son cerveau n'avait réussi à se rapprocher de la réalité. C'en était presque irréel.
Alors qu'il retrouvait doucement sa contenance, Naruto repensa à la photo de contact de Sasuke ; à ce sourire si rare et si franc qui avait illuminé son visage un court instant, juste assez pour que le blond en garde un souvenir impérissable ; à la promesse qu'il s'était faite. Enfin… après tous les obstacles que l'existence s'était amusée à dresser sur leurs routes, ils avaient enfin le droit à leur bulle d'insouciance. Et son petit-ami avait retrouvé ce sourire spontané, débarrassé des fantômes de doutes qui s'étaient si longtemps accrochés à son visage soucieux. Le cœur de Naruto se serra de satisfaction dans sa poitrine en même temps qu'il se glissa sous la couette pour serrer Sasuke contre lui.
— Eh ! protesta le brun en contractant tous les muscles de son corps. T'es un vrai glaçon !
Mais le glaçon l'ignora proprement, trop heureux de pouvoir tenir son homme entre ses bras sans avoir peur, trop désireux de savourer ce moment hors du temps. Il nicha son nez au creux du cou de Sasuke, embrassa sa peau frissonnante, et souffla :
— Je t'aime, Sasu… – Le brun arrêta de se débattre, et son cœur accéléra sa cadence. – Je t'aime, je t'aime, je t'aime.
Le froid ? Il s'en fichait. Sasuke aurait bien pu se retrouver au Pôle Sud que cela n'aurait pas eu la moindre importance à ses yeux. Il n'avait peut-être pas saisi comment la situation avait pu se retourner en ce sens, mais cela non plus ne comptait pas. Il referma la couette autour de son homme, et embrassa ses cheveux emmêlés.
— Je t'aime, Naruto. De tout mon cœur.
Et il sentit les lèvres du blond s'arquer contre son cou.
— Dis, je me suis fait une réflexion stupide, tout à l'heure… continua-t-il en frottant le dos de son petit-ami pour le réchauffer.
Naruto marmotta un « Quoi ? » étouffé contre lui.
— Ta cicatrice, elle fait comme une guirlande sur ton ventre.
Une seconde de réflexion, puis le blond s'écarta un peu de Sasuke pour croiser ses yeux sombres.
— Une guirlande ? souligna le concerné en esquissant une grimace dubitative.
— Tu devrais en être fier, c'est pas tout le monde qui est décoré comme ça pour toute la vie !
— Tu me prends pour un sapin de Noël ou je rêve ?
Sasuke ne sut cacher un rictus au coin de ses lèvres.
— Pour une fois que je fais un compliment sans arrière-pensée, faut que tu le prennes mal, hein ? Éternel insatisfait… !
Une lueur étrange éclaira soudain le regard de Naruto, qui se précipita vers le cou de Sasuke pour le mordre, juste assez pour faire sursauter son petit-ami avec une exclamation de surprise.
— Ben quoi ? J'éveille ton envie, t'aimes bien ça quand on est au lit, pourtant ! Et tu le prendrais mal ? Éternel insatisfait toi-même !
Son large sourire fit fondre les principes de Sasuke comme neige au soleil. Il enterra son esprit combattif, et lui rendit son sourire en s'avouant vaincu.
— Bon d'accord, un partout.
Et Naruto se réfugia de nouveau dans l'étreinte chaleureuse de son homme. Il n'éprouvait pas la moindre envie de rejoindre le confort de son lit cette nuit-là. S'endormir serait gâcher cette parenthèse de pur bonheur, qu'il espérait sans fin. Oubliant ce qu'il s'était passé la veille, ne cherchant pas à savoir ce qu'il lui arriverait le lendemain, il écouta les battements du cœur de Sasuke résonner à son oreille, respira l'odeur de son parfum mêlé à celle, plus légère, plus piquante, de sa transpiration, et se fit la réflexion qu'il était sans doute le plus chanceux des hommes.
Quant à Sasuke, sous son air rétif, il n'en était pas moins sensible au charme tout particulier de cette nuit délicieuse. Après tout ce temps passé à traîner ses ombres dans son sillage, il voyait enfin un chemin ensoleillé s'offrir à lui. Il n'avançait plus seul. Ils n'avançaient plus seuls, ni l'un, ni l'autre. Et c'est le cœur gorgé d'espoir qu'il ferma les yeux pour éprouver la perfection de l'instant.
* Morceau de Falling in Reverse (ouais, un autre, je sais) qui correspond je trouve plutôt bien à la situation de Sasuke. Si j'en avais eu l'occasion dans l'histoire, je pense que je l'aurais laissé écrire cette chanson.
Et voilà, la dernière pierre est posée. Pour vous dire, les premiers mots de cette fiction ont été jetés sur le papier en 2014 ! Et supprimés depuis, bien évidemment. J'ai quasiment tout reformulé les quatre ou cinq premiers chapitres, qui datent de cette époque-là. Mais une partie de l'intrigue est restée fidèle à mes idées premières. Elle aura fait du chemin, cette histoire ! Et je l'aime beaucoup ; c'est un peu la quintessence de beaucoup de choses qui me tiennent à cœur.
Un incommensurable merci à ma sœurette d'amour, sans qui ma vie serait moins drôle, et cette histoire n'aurait définitivement pas la même tête ! Tu me supportes dans tous les sens du terme quand j'écris, et je ne te remercierai jamais assez pour ça ! Je t'aime fort fort fort, je te fais plein de bisous !
Un grand merci également aux premiers lecteurs, qui m'ont aidé à garder espoir quand les débuts n'étaient pas faciles, et m'ont conseillé quand j'en avais besoin ! Ils se reconnaîtront ;D
Merci aux potes Wattpadiens, qui, même sans lire, sont d'un soutien que je suis incapable de négliger ou d'ignorer !
Un merci reconnaissant également à Christelle Pécout, la personne qui m'a prodigué le meilleur conseil d'écriture que j'aie jamais reçu : celui d'écrire tous les jours, mais si ce n'est qu'un peu, même si c'est pour l'effacer le lendemain pour tout recommencer. C'est grâce à elle que j'ai repris l'écriture de cette fiction. En plus d'être une personne formidable, c'est une dessinatrice et autrice de BD admirable ; n'hésitez pas à aller découvrir son travail !
Je ne lâche aucunement le SasuNaruSasu, et je reviendrai de temps en temps en vous partageant quelques projets que j'ai déjà en tête (quelques pages ont déjà été écrites), mais pour le moment, je vais me consacrer à l'écriture d'un roman ! Toutefois, je ne manquerai pas de venir répondre à vos commentaires, mon portable est toujours à portée de main pour mes notifs Wattpad et FFnet ;D
À la prochaine tout le monde !