Les mains en l'air !


Longueur : Ficlet de sept chapitres.

Univers : UA, Western.

Pairing : Yaoi – NaruSasu.

Personnages : IC.

Genres : Angst. / Hurt-Comfort. / Action. / D/S. / Romance.

Rating : M (± PWP).

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent exclusivement à Masashi Kishimoto.


Résumé : Sasuke est un chasseur de primes chevronné, l'un des meilleurs du Far West.
Naruto est un bandit qui fait de plus en plus parler de lui.
En joue ? Feu !

Note : Bien le bonjour, gens de la toile ! Je vous présente « Les mains en l'air ! », ficlet que je publierai tous les mardis pendant sept semaines. Les chapitres sont relativement courts, mais de taille variable (de deux à six pages Word), et l'histoire est très citronnée ! Je la déconseille aux plus jeunes, car elle est à ranger dans la catégorie d/s, ce qui implique une relation dominant/dominé qui est à prendre avec des pincettes. Ceci étant dit, bonne lecture aux intéressé.e.s !


Le meilleur face au pire

Le scotch était frelaté et l'air du saloon, écrasant. Le comptoir sur lequel ses coudes étaient posés était parcouru de traces de doigts gras encore plus nombreuses que sur les verres que le barman faisait semblant d'essuyer pour passer le temps. Derrière lui, une table d'invétérés gredins faisait plus de bruit qu'un troupeau de buffles apeurés et lancés au triple galop, se chicanant pour savoir qui gagnerait la main de poker qu'ils étaient en train de disputer. Et comme s'ils n'étaient pas déjà assez insupportables comme cela, autour d'eux s'extasiaient bruyamment les filles du saloon, qui faisaient semblant de s'intéresser au jeu. Elles ne trompaient personne à part les joueurs… Leurs gloussements suraiguës, qui se mêlaient en cacophonie à la mélodie entêtante du piano mécanique, n'étaient là que pour attirer les plus chanceux à dépenser aussitôt l'argent dûment gagné dans l'une des chambres du saloon, ou au bar. Pathétique.

Sasuke expira un souffle sorti tout droit de l'enfer en repoussant son verre sur le comptoir. Il n'était pas question qu'il boive cette chose qui ressemblait autant à du whisky qu'une chèvre à un cheval. Alors qu'il allait se retourner sur son tabouret pour quitter cet endroit, de fines mains aux ongles longs parfaitement taillés glissèrent sur sa taille, griffant le tissu bleu de son gilet. Il les reconnut sans peine.

– Karin… souffla-t-il, excédé, tandis que celle-ci se collait tendancieusement à son dos.

Elle se détacha ensuite théâtralement avant de se diriger vers le bar en tortillant ses bras, faisant maladroitement claquer de vieilles maracas.

– Karina. corrigea-t-elle d'un ton appuyé en s'accoudant au comptoir avec une expression qu'elle espérait tentatrice.

– C'est ça… ! T'es aussi Argentine que moi Bavarois.

– Un jour, tu tomberas pour moi, beau gosse. Tu ne le sais pas encore, mais moi oui. Tsunade l'a vu.

La vieille voyante du coin, à moitié démente ? Si Sasuke n'était pas de si mauvaise humeur, il aurait volontiers éclaté de rire. Sauf qu'il venait de passer une journée affreuse, entre un contrat qui lui avait filé sous le nez parce qu'un autre avait été plus rapide que lui, et des bandits de grand-chemin qui avait voulu le détrousser un peu avant l'entrée du village. Ces vauriens lui avaient donné du fil à retordre pour s'en débarrasser ! Il ne fallait donc pas s'étonner s'il était peu enclin à l'humour et à la camaraderie en cette soirée maussade.

– C'est bien beau d'avoir des rêves, sauf que ça ne nourrit pas. Alors si tu veux avoir de quoi te payer à manger ce soir, va chercher quelqu'un d'autre que moi à emmerder. siffla-t-il en fusillant du regard la jeune femme.

Pas vexée pour un sou, elle esquissa un sourire débordant d'une confiance insolente, et se décolla du bar pour se rapprocher de Sasuke. Elle glissa une main tout sauf timide sur les épaules du jeune homme, descendit sur son dos et agrippa fortement sa taille en venant poser son menton sur l'épaule du brun. Aguicheuse, elle vint lui susurrer à l'oreille :

– Tu me résistes, et j'adore ça. Un jour, mon chou… ! conclut-elle en s'éloignant finalement vers une autre table avec un déhanché provocateur qui attirait les regards sur son passage.

Sauf celui de Sasuke. Il n'avait jamais eu la moindre attirance pour ces silhouettes engoncées dans leur corset et soulignées de jupons et de frou-frous. Non, tout cela ne l'intéressait pas le moins du monde… Il récupéra son chapeau sur le comptoir, et le coiffa pour partir.

– Uchiwa est là, à ce que j'ai entendu ?!

Sasuke glissa, par dessous le couvert de son chapeau, un regard ennuyé vers l'entrée du saloon. Les portes oscillaient encore derrière le sheriff, qui balayait la salle du regard. Ce n'était jamais bon signe quand cet homme le cherchait… Voilà pourquoi il n'aurait jamais dû s'arrêter une nouvelle fois dans ce trou. Il y était beaucoup trop connu !

– Ah, te voilà !

Et merde. Même à moitié caché derrière son couvre-chef, il avait été repéré. Adieu soirée tranquille…

– Viens donc, installe-toi, il faut que je te parle.

Avec une mauvaise volonté qu'il n'essaya même pas de dissimuler, Sasuke s'assit de nouveau sur un tabouret du bar et enfonça une joue boudeuse dans son poing serré pour éviter de s'endormir sur le comptoir. En face de lui, le sheriff avait le regard qui brillait de milliers d'étoiles, comme s'il venait de surprendre une des filles du saloon en train de se déshabiller ou qu'il venait de gagner une très grosse somme d'argent, au choix. Il était si vicieux et si vénal que c'était difficile de différencier ses joies perverses de ses victoires au jeu.

– Tu ne le finiras pas ? demanda-t-il en pointant du doigt le verre abandonné de Sasuke.

Ce dernier le lui fit glisser avec une grimace.

– Si vous pouvez avaler ce tord-boyaux, faites-vous donc plaisir.

Le vieil homme s'empara du verre avec un regard avide, et le sucra d'un trait, sous le regard à la fois consterné et las du plus jeune. Il en arrivait parfois à oublier que l'on pouvait ajouter l'alcool à la liste des dépravations de ce sheriff de pacotilles…

– Bon, Jiraya, ce n'est pas que je m'ennuie, mais j'aimerais aller dormir, alors dites-moi ce que vous me voulez.

Plutôt que d'épiloguer, le vieil homme sortit d'une poche intérieure une feuille chiffonnée. Un nouveau contrat ? Il la défroissa sommairement avant de la poser devant Sasuke sur le comptoir. Un visage s'y étalait, aux grands yeux expressifs, et aux cheveux clairs qui s'échappaient follement de sous un chapeau cerclé de cuir. Les sourcils froncés du truand étaient reliés par un pli décidé qui creusait son front. Uzumaki Naruto, recherché pour multiples cambriolages et vols à main armée, voulu mort ou vif pour cinq mille dollars. Sasuke eut à peine le temps de se dire qu'il le trouvait plutôt mignon pour un bandit qu'un nouveau portrait se superposait au premier ; celui d'une femme aux cheveux courts qui avait l'air tout aussi déterminée que l'homme. Haruno Sakura était visiblement sa complice dans le crime, et sa tête était mise à prix pour quatre mille dollars. Une telle somme pouvait mettre le chasseur de primes à l'abri pour les dix années à venir, au moins…

Alors qu'il allait se retourner vers le sheriff pour lui demander des précisions, un troisième portrait rejoignit les deux premiers. Un homme à l'air fatigué y était dessiné, le visage dissimulé sous un bandana noir, un cache-œil et une touffe de cheveux hérissés que contenait mal un chapeau troué – certainement d'une balle. Hatake Kakashi, dit le Professeur, crapule bien connue pour ses hauts-faits de brigandage. Voilà des années qu'il échappait à l'armée, aux sheriffs, aux chasseurs de primes, à tout le monde ! C'était une ombre, un fantôme, mais surtout une épine dans le pied de ceux qui étaient censés faire respecter la loi. Sasuke avait déjà tenté de le retrouver ; il n'avait fait que suivre une piste mise en scène par Kakashi, et s'était retrouvé le bec dans l'eau dès que l'homme l'avait souhaité. Une véritable calamité.

– Le prix a beau avoir monté, je ne repartirai pas à la chasse de ce gars-là. coupa Sasuke sans même attendre les explications du sheriff. Il joue avec qui il veut, il mène tout le monde par le bout du nez. Je le laisse à d'autres fous que moi.

– Le Professeur, plus personne n'aura à s'en faire. Il a été descendu il y a un mois à Oakley par un banquier qui avait semble-t-il pris ses dispositions.

Si Sasuke avait été en train de boire, il se serait sans doute étouffé. Après plus d'une dizaine d'années à terroriser les commerçants et les convois, il s'était simplement fait descendre, presque par hasard ? Voilà qui n'était pas bon pour la légende qu'il laisserait derrière lui… Sasuke se saisit du papier froissé devant lui, le regardant d'un nouvel œil. À part la pointe d'amertume qu'il éprouvait à l'idée de ne pas avoir été celui qui avait mis fin à la cavale du Professeur, il se surprit lui-même à se sentir presque désolé pour cet homme. Ce n'était pas glorieux de se faire surprendre par un civil lorsqu'on a passé sa vie à glisser entre les balles de dizaines de chasseurs de primes… Il plia le portrait pour le ranger dans la poche de poitrine de son gilet, sans réellement savoir pourquoi, puis se tourna vers le sheriff.

– Et donc ?

– Tu vas comprendre. sourit Jiraya. Le banquier qui a eu le Professeur a été touché lui aussi, mais par quelqu'un d'autre. Il a eu le temps de donner quelques détails avant de mourir. Apparemment, Hatake était accompagné de ces deux jeunes pendant le hold-up. Un blond et une fille aux cheveux roses, ça ne passe pas inaperçu ! Il leur parlait comme à ses propres enfants. Le sheriff du coin a mené sa propre enquête, et après quelques appels et quelques lettres, il a réussi à avoir les noms de ces deux-là. À ce qu'on dit, le Professeur les aurait formés et ça ferait quelques années déjà qu'ils écument les routes ensemble sous le nom de Team Nine*. Il n'y a pas beaucoup d'informations disponibles, mais c'est la première fois que quelqu'un peut donner une description physique des deux complices de Hatake. Ils ont la réputation d'être plus efficaces que beaucoup de gangsters qui ont pourtant plus d'années de banditisme derrière eux. Tu es le seul à pouvoir les avoir Uchiwa, j'en suis persuadé.

Le jeune homme pesa les informations l'une après l'autre, jaugeant tous les paramètres à prendre en compte. L'idée de repartir en chasse lui plaisait, bien évidemment, mais ce qui le décida réellement fut la réputation qui suivait ces deux criminels. S'il parvenait à les avoir, il pourrait se targuer d'avoir arrêté deux des plus grands bandits de l'Ouest, et cela lui plaisait bien plus encore que l'appât du gain.

Il acquiesça en guise de réponse, et ramassa les portraits avant de quitter le saloon sans un mot de plus, ignorant ostensiblement les encouragements de Jiraya. Il rejoignit l'écurie où il avait réservé un box à son cheval pour la nuit, puis s'arrangea une couchette dans la paille avec la selle et son poncho. Il avait tout intérêt à dormir s'il voulait être en forme pour sa journée du lendemain.


* Non, ce n'est pas une erreur de ma part !


Les étendues désertiques et brûlantes de l'Ouest américain comme décor pour cette ficlet, que je publie en plein été, on est dans l'ambiance, non ? J'espère que cette première partie vous a plu, n'hésitez pas à me donner vos avis ! À la prochaine !