La porte claqua contre le mur, puis, tandis que je faisais mon entrée en appelant : « Granger! …? », elle se referma derrière moi.

Je me figea sous la surprise, oubliant presque mon discours sur l'Injustice et l'Erreur que cette sorcière ignorante avait bien évidemment commise en ne venant pas en personne discuter du contrat que j'avais donc dû passer avec l'une de ses assistantes ce matin. (Bon certes elle savait beaucoup de choses, seulement elle se complaisait dans l'idée que considérer mon existence comme non importante était son véritable plaisir)

Granger était allongé sur le sol devant son bureau, les bras écarté de part et d'autres de sa tête. Elle avait les yeux fermés. Mes yeux se fixèrent sur ses cheveux : ses boucles brunes formaient un halo et, si l'on regardait de plus près, elles semblaient tentées de prendre possession du périmètre dans lequel reposait son corps. Des mèches en tire-bouchon se faufilaient sous le bureau, d'autres boucles brunes tels de longs filaments qui ondulaient au fil de sa respiration, s'étiraient de part et d'autres de sa tête et semblaient vouloir empêcher ses bras de bouger.

Elle aurait pu sembler endormie mais quelque chose dans sa posture, la rigidité que j'avais l'impression de percevoir dans ses bras… ou peut-être la tension de sa mâchoire, me persuadait que ce n'était qu'une illusion.

Et ce n'est qu'en croisant son regard que je me rendis compte que je la fixais depuis plusieurs minutes déjà et qu'elle avait certainement dû le sentir, puisqu' elle avait tourné sa tête vers moi et me fixait, ses yeux m'observant avec curiosité. Je sentis ma nuque et le bas de mon visage se réchauffer j'étais certain qu'ils risquaient de devenir rouge si je ne faisais pas quelque chose. Prenant une discrète inspiration je recomposa mon expression, rigidifiant mes traits. Ils avaient surement dû se figer dans un rictus condescendant car son regard s'assombrit et perdit sa curiosité, laissant transparaitre une certaine exaspération.

Me raclant discrètement la gorge pour dissiper ma gène et montrer une parfaite assurance, je repris la parole avec une fausse arrogance, me raccrochant à mon discours comme si elle n'était pas allongé devant moi, les affaires froissés et sa chemise remontant au-dessus de son nombril :

« Granger ! Je viens te parler de -» ma voix étant un peu roque je me racla la gorge, mais cela ne semblant pas suffisant je répéta l'opération encore et encore, avant de partir en quinte de toux. Tout mon corps était secoué, et ma cage thoracique bataillait sous la pression infligée par l'air que j'expulsais. Cela faisait mal mal car certaines parties de mon corps avaient, sans aucun doute, eu envie de tester leur capacité de compression, et mon égo qui ne n'aurait – au oui dire de mes collègues- en temps normal pu passer une porte, semblait se soumettre à un exercice similaire.

Je sentais un sentiment de honte monter : une sensation très désagréable par ailleurs. Elle me démangeait, envahissait tous mes sens, m'engourdissait comme la moutarde qui te remonte dans le nez. J'avais envie de vomir. Cela n'aurait pas dû se passer comme cela !

Je regarda furtivement Granger- toujours au sol- qui me regardait stoïquement m'étouffer sur le pas de la porte.

Franchement je pourrais mourir devant elle, elle ne scierait même pas pensais-je, la honte faisant place à une grande irritation. Refoulant l'envie soudaine de partir me rafraichir le visage, je me composa un visage magnifiquement impassible et tenta de la distraire de ses pensées, que je voyais déjà tournoyer à vive allure dans son esprit, quand à la raison de ma présence ici.

« Alors Granger vu que tu t'es décidé à utiliser la touffe qui te sert de cheveux pour nettoyer cette pièce, je dois en déduire que tu es trop pauvre pour te payer ce service ET que tu dois avoir oublié être une sorcière . » La regardant avec attention, j'ajouta ensuite plus bas pour la faire sortir de ces gonds « ce qui n'es pas étonnant vu tes origines…»

J'aperçu avec satisfaction son regard noircir encore plus et ses yeux pétiller sous l'effet de la colère si elle avait eu la capacité de me tuer par le regard j'aurais déjà été réduit en cendre.

Elle se releva, ses cheveux retombant contre son dos, puis ses fesses. Contre tout attente sa chevelure épousait parfaitement son corps et accentuait sa taille fine… Elle se tourna vers moi, sa démarche raide de tension, prête à en découdre.

« Hello Malfoy. Tu as bien grandit à ce que je vois. Tu as laissé les réflexions puériles au placard depuis Poudlard. » Elle me regarda et aurait pu paraître calme si ses yeux ne lançaient pas des éclairs.

« Comme tu l'as dit Granger, je ne suis plus le même homme. » Je la vis hausser les sourcils, elle avait l'air dubitative. « Avant je t'aurais fait une réflexion sur à quel point tu étais indigne d'être une sorcière, mais comme chacun sait Hermione Granger, membre indispensable du Golden Trio, nous a débarrassé du Seigneur des Ténèbres alors qui suis-je pour faire une réflexion sur ses capacités magiques hors du commun, n'est-ce pas ? » lui répondis-je narquoisement, en souriant, satisfait de ma petite prestation sachant qu'elle détestait que quelqu'un mentionne le nom qu'on avait affublé à son groupe avec Potter et Weasley.

« Franchement Malfoy » elle leva les yeux au ciel « Arrête deux minutes veux-tu, contrairement à toi je n'ai pas le temps de venir embêter les autres, je travaille ; alors prend tes jolies petites fesses et sors d'ici »

Tiens, tiens … Mon postérieur l'intéresserait donc ?

« Granger, Granger… » je m'approcha d'elle, et lui fit un sourire goguenard « je sais qu'elles sont magnifiques et que tu les regardes dès que tu peux, mais passons cette épisode veux-tu ? Comme tu l'as si bien souligné tu dois travailler. Et en tant que responsable de ce département tu aurais dû te présenter à la réunion de ce matin, pour conclure un accord qui permettrait à ton départementde sortir de sa misère et pourtant je vois que tu considérais que rester allonger par terre dans un bureau vide était plus important. » Je la vis rougir, mais la connaissant elle ne risquait pas d'être gêné. Elle allait surement exploser d'une minute à l'autre mais ça n'allait pas m'empêcher de continuer : « Heureusement que contrairement à toi j'ai un minimum d'intégrité et vue que ma charmante partenaire avait l'air de vouloir conclure un accord rapidement, je ne pouvais pas décidément la décevoir. » J'haussa les sourcils de manière de suggestif, lui faisant comprendre où je voulais en venir.

Je sentis plus que ne je vis sa bouche s'ouvrir, prête à déverser des obscénités qui allaient surement me blesser dans mon égo quand une grosse détonation, suivit d'un éclair éclatèrent derrière moi.

Je me retourna vivement, les yeux écarquillés face au spectacle devant moi : la porte semblait être prise dans un champ de foudre. Elle crépitait, des éclairs éclatant un peu partout et des « BANGS » éclataient à répétition. Voyant qu'elle semblait vouloir sortir de ses gonds à intervalle régulier j'étais certain que quelqu'un essayait de la défoncer. Hermione Granger passa devant moi en marmonnant, puis murmura qu'elle avait « enfin une réaction appropriée ! ».

Je la regarda interloqué : en quoi un bout de bois noir produisant de la foudre avec une personne sensiblement folle derrière, qui avait tout l'air de vouloir défoncer cette satané porte par ailleurs, semblait une réaction APPROPRIEE ?!

Non ce n'est pas approprié d'avoir une telle porte me dis-je quand je vis des crocs sortir du mur qui fermait l'accès à l'antre de Granger.

Et je sentis mon cœur s'accélérer quand la fille du Golden Trio, né-moldu émérite, rapprocha sa main des deux canines acérées avec un petit sourire en coin. Merlin ! Cette femme est folle !

Mes oreilles bourdonnèrent et je sentis mon front devenir moite. Il fallait que j'intervienne. Malgré mon indifférence envers les sang de bourbe, enfin né-moldus, en particulier celle devant moi, j-je n'allais pas la laisser se faire déchiqueter la main par un objet qui avait l'air d'avoir la rage. Merlin... je crois bien qu'il y a de la bave qui coule de sa bouche ?! Euh… d-de ses crocs ? Bref, je n'arrivais pas à détacher mon regard du liquide qui s'accumulait autour des deux renfoncements dans le mur du ministère, des gouttes s'amoncelant et coulant sur sa surface noire et scintillante. Parce que bien évidemment étant réformé, je ne pouvais pas -surtout dans le département de liaison des moldus- laisser Hermione Granger perdre l'usage de ses dix doigts.

La porte enfonça ses canines dans la peau d'Hermione sans que je ne puisse bouger.

Tout s'arrêta.

Plus d'éclair, plus de bruit, plus de porte enfoncée, plus de crocs dignes d'un vampire en chaleur visibles, plus de grincement de dents à cause du stress… ah si je ferma la bouche et desserra ma mâchoire pour éviter de crisser mes dents les unes contre les autres.

Je m'adossa contre son bureau pour la garder dans ma ligne de mire, toujours face à elle, ayant besoin de sentir quelque chose de dure contre moi pour pouvoir empêcher mes tremblements. Je ne m'en étais pas rendue compte mais la situation m'avait stressé et comme pendant la guerre, même deux ans après, je ne pouvais m'empêcher de réagir de manière extrême dans des situations anormales. Cet évènement m'avait fait accumuler trop d'adrénaline. Et je sentais que si je ne l'extériorisais pas j'allais imploser.

Alors j'explosais.

« Alors Granger tu t'es décidée à ressembler à Luni zarbi ?! » Mes gestes tremblotaient toujours un peu mais je continua quand même « Tu cherches vraisemblablement l'endroit où ta 'raison' a bien pu se barrer, ou dois-je tout simplement en déduire que tu n'en as pas depuis tes 11 ans?! Remarque cela expliquerait bien l'existence de ton amitié avec Potty et Weasley deux vrais boulets ceux-là… »

« Mais là, avec une porte pareille c'est comme si tu mettais sur le même pied les licornes, les Amérindiens d'Amériques et les elfes. Parce que, certes ils ont été considéré comme exotique, capturé et esclavagisé mais seulement deux des espèces sur trois ont été mis dans des zoos ! Les elfes, eux, n'ont pas été l'objet d'une vitrine ils aurait plutôt été stocké dans l'arrière-boutique ! … »

Je repris mon souffle après cette brève tirade.

Ses beaux yeux brillaient d'une colère et une indignation profonde quand elle se retourna vers moi, sa main toujours situé dans la 'bouche' de la porte. Quoi ?! Je sais que je n'aurais pas dû réagir comme ça, que j'allais regretter de l'avoir attaqué -ou en tout cas d'avoir attaqué toutes ces pauvres, mignonnes créatures sans défense (je tiens à préciser qu'une licorne ce N'EST PAS une créature sans défense. Juste la plus hargneuse du monde ! ) mais après la crise cardiaque qu'elle m'avait faite avec cette foutue porte, elle l'avait bien cherché !

Me sentant redevenir maitre de moi-même, j'hocha la tête dans sa direction, sourit de manière la plus sarcastique possible, et continua plus calmement :

« Donc figures toi qu'une porte qui prend feu et qui mange la main de sa propriétaire, qui je le rappelle » je la regarda de haut en bas de manière ostentatoire « n'a pas l'air appétissante, n'a rien de bien intéressant. Mais j'avoue que si ton objectif a été de pousser tes clients à s'interroger sur ta santé mentale, alors tu as fait du bon boulot ! 100% satisfait ou remboursé on dirait … »

Levant mes deux mains devant moi pour empêcher la petite Granger de répliquer, ayant l'intention d'ajouter qu'il n'y avait pour moi nulle inquiétude à avoir, puisque je n'avais jamais cru apercevoir une quelconque santé mentale présente dans sa petite tête, je ne pus empêcher la porte derrière elle de relâcher sa propriétaire et de tourner sur ses gonds laissant entrer un visiteur :

Un mec plutôt halé, quelques rides de sourire au coin des yeux, grand, brun, un sourire illuminant son visage.

Je regarda un peu scotché l'inconnu qui venait d'entrer et qui tapotait l'épaule de Granger pour tenter d'attirer son attention.

Elle quitta mon regard, se retourna vers lui, et tenta de sourire. Même si l'on voyait qu'elle avait un peu de mal vu la tension dans son regard -ce que l'autre avait dû percevoir vu le regard interrogateur qu'il me lança- elle faisait des efforts pour tenter de se calmer.

Je l'entendis lui répondre un peu comme lorsque je regardais un film d'action moldue en sourdine l'année dernière : je n'entendais plus leurs paroles et je n'existais certainement plus pour ces deux individus. Je ne pouvais que voir leur bouche bouger dans un rythme particulier. Et avant que j'ai pu reprendre mon esprit et fait quelque chose comme... heu, je ne sais pas moi, mais surement l'énerver et effacer son existence de l'esprit de Granger comme il l'avait fait avec moi, ils sont partis. Granger presque courant vers un but que je n'arrivais pas à percevoir, et le mec tentant de la suivre avec un air déterminé.

Non mais c'était quoi ce bordel ?! Elle ne vient pas quand son boulot l'oblige, je me déplace et elle s'enfuit ?

En plus c'était quoi cette expression comme… bouleversée, exaltée ou déterminée ? Emotive cela était certain, mais la question était définitivement : pourquoi ?

Je fronça les sourcils déjà que le dernier quart d'heure était devenue difficile à comprendre, alors cette dernière action me semblait encore plus louche. Et connaissant Granger, quand elle partait comme ça, soit Potty, soit le Rouquin étaient impliqués.

Je sortie à mon tour du bureau en évitant le plus possible cette maudite porte. Si les deux guignols avaient fait des aussi grosses conneries qu'à Poudlard, ce serait jouissif à voir !

Hello, hello ! J'ai finis le deuxième chapitre ! Laissez des commentaires et le plus ils seront constructifs le plus cela me servira !