Je grommela de frustration.
La lettre tomba de ma main, directement sur le bureau, et l'ignorant, je me malaxa les tempes. On était déjà mercredi, soit environ trois jours que j'avais quitté le bureau de Granger -enfin qu'elle m'avait laissé en plan sur le pas de sa porte- et je n'avais toujours pas réussit à découvrir ce qu'il l'avait poussé à partir avant que l'on ait finis de s'insulter. Et les différents agents que j'avais posté pour la surveiller n'arrivaient vraisemblablement pas à la suivre.
Apparemment elle avait le don de disparaitre dès que l'homme brun que j'avais rencontré l'autre jour dans son bureau venait lui chuchoter quelque chose à l'oreille.
Mais quel plait ce personnage !
Il avait sans nul doute le don de rendre cette investigation compliquée : responsable des disparitions soudaines de Granger, il était lui-même impossible à tracer. Quand il ne venait pas voir Hermione il disparaissait en portoloin non enregistré par le gouvernement anglais. J'étais allée rendre visite au siège pour me renseigner sur cet homme mais personne ne connaissait son identité. Ou personne ne voulait rien dire à un ancien mangemort me dis-je avec un gout amère dans la bouche. Les seules informations que j'avais donc pu glaner était que Granger n'était plus avec Weasley depuis presque 6 mois -donc que cette histoire n'avait malheureusement rien à voir avec lui- et que l'homme brun n'était pas non plus une conquête d'un soir qui venait lui tourner autour chaque lundi du mois. Il informait Granger puis disparaissait.
Un soupire m'échappa que m'arrivait-il ?!
J'étais obnubilé par cette affaire : je revoyais Granger, son expression quand elle m'avait observé tout d'abord, puis sa colère. Je me souvenais même de chaque détail de sa main coincé dans cette maudite porte du ministère. Et comme je n'arrivais pas à obtenir de véritables indices qui m'auraient expliqué la situation dans laquelle cette dernière s'était fourrée, cela me rendait absolument fou de curiosité. Par conséquent je ne pouvais pas faire autrement que de ressasser en boucle tous les éléments que j'avais à ma disposition et en venais même à rêver de la né-moldue.
Le pire dans cette situation, était que je n'avais plus vraiment d'idées constructives pour découvrir ce qu'elle cachait il aurait fallu que je sois moi-même impliqué dans l'histoire pour en connaitre les détails...
Je me leva de ma chaise, appuya sur un bouton qui était directement relié à l'oreille de mon secrétaire et aboya un ordre pour l'appeler, afin de vérifier de nouveau qu'on ne lui avait pas fait remonter un autre indice sur l'Affaire Granger.
J'avais décidé de mettre ce système en place afin de remplacer les lettres volantes pour empêcher à des espions sorciers d'intercepter des informations, et surtout, parce que dans les films moldus ceux qui possédaient des gadgets étaient souvent des personnages riches, cool et beau gosse. Euh, non pas que j'admirais véritablement ces moldus, mais sans vouloir me vanter, j'étais l'archétype du personnage possédant tous les derniers objets à la pointe de la technologie !
Pendant que j'attendais mon assistant, je regarda le monde sorcier qui s'étalait à mes pieds grâce à la grande baie vitrée qui couvrait l'intégralité du mur en face de la porte. J'aimais bien cette idée des grands mégalomanes moldus : une personnalité semblait beaucoup plus impressionnante quand elle était comparée à un aigle survolant son entourage, plutôt qu'une taupe terré dans un souterrain comme au ministère.
J'entendis du bruit derrière moi. Mon secrétaire venait d'arriver. Le laissant entrer je me retourna pour l'accueillir. C'était un homme plutôt petit, les cheveux noirs, d'environ la cinquantaine. J'en avais hérité avec l'entreprise Malfoy à laquelle il était toujours loyale malgré l'emprisonnement de mon père. Je pouvais voir de grosses gouttes d'eau ruisseler sur sa peau et vu la respiration saccadée qu'il tentait de maintenir, sans doute venait-il de courir.
Sans perdre de temps, cet homme dont l'embonpoint menaçait de distendre sa robe de sorcier me salua:
« Bonne journée Monsieur je m'excuse de mon retard mais des nouvelles intéressantes viennent de me parvenir et concernent l'affaire qui vous intéresse. »
Je sentis mon cœur louper un battement : enfin !
« La né-moldue qui a aidé l'Elu à vaincre Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom a décidé de prendre des vacances à la fin de la semaine et part en Australie pendant un mois j'ai appris que ses départs précipités auraient un rapport avec sa famille mais je n'ai pu découvrir à qui l'Héroïne de Guerre fait expressément référence. Néanmoins nous avons des nouvelles du côté de l'informateur brun de cette femme : il se prénomme Willy Millient, est autralien de souche et a fait ses études en France. Il aurait rencontré de manière préméditée Miss Granger lors d'un séjour à Londres i mois et depuis lui donne des informations sur les différentes régions de son pays natal. N'aillant pas pu en soutirer d'avantage, le responsable de l'investigation a passé au peigne fin les endroits évoqués, ce qui fait que nous avons retrouvé douze adresses au nom de Granger ou de Jean, dont la plus récente à été acheté à Calgary. Mais ce qui est bizarre est que malgré l'achat récent du domaine aucun habitant n'y a été répertorié. »
Il m'expliqua ensuite qu'il n'avait pu trouver où Hermione Granger allait « passer ses vacances » étant classé 'information confidentiel' par le Ministère de la Magie du Royaume Unis.
Je fronça les sourcils pour me donner un air sérieux tandis que je jubilais intérieurement : j'avais enfin une piste qui risquait d'aboutir. Et comble de la chance : j'avais déjà prévu un voyage « d'affaire » en Australie !
Je sentais mes méninges tourner à toute vitesse et mes membres trembler d'excitation cette affaire allait vite être déjoué et mon état reviendrait à la normal. Finit les nuits peuplés d'être comme Granger ! A moi la liberté de l'esprit, du sommeil ! Je n'aurais désormais qu'un seul objectif après la résolution de cet affaire : la reconquête de ma libido d'antan !
ooOOoo
Me jetant dans le fauteuil de ma chambre d'hôtel, je tenta de retenir un bâillement. Le siège me procurait une sensation de plaisir intense : rembourré de tous les côtés, il agissait comme une sorte de cocon et relaxait tous mes membres.
Et je savais que si j'avais eu la force de me concentrer après cette dure journée, j'aurais pu sentir chacun des nœuds de mes membres endoloris se démêler.
En effet, j'avais réussi en une journée à participer au meeting avec le responsable des affaires moldues d'Australie, faire un tour des usines qu'ils avaient mises à notre disposition pour s'assurer du bon état des machines, dîner avec le Ministre de la Magie australien (qui n'avait manifestement pas eu oui dire de la déchéance que nous avions connu après la guerre) puis terminer cette journée en prenant un portoloin pour me déplacer près de la maison que les Grangers avaient acheté dernièrement . Pour résumé me dis-je retenant un soupir de fatigue j'avais du effectuer l'équivalent de deux journées et demies de travail. Un vrai travail d'elfes…
Pensant aux elfes, j'eu un regain d'énergie. Granger aurait fait une crise cardiaque si elle avait pu entendre mes pensées, elle qui soutenait qu'ils ne devraient pas être traité comme des esclaves !
Cela me fit sourire : elle dépensait tant d'énergie pour des créatures qui n'avaient comme aucune autre raison de vivre que leur travail ou leur maître, que j'en étais même venu à me demander si elle avait eu raison de défendre leurs droits. Je me pensais devenu fou tellement cette fille avait commencé à m'influencer pendant ma dernière année à Poudlard. En même temps, isolé comme j'étais, et puisqu'elle m'avait accordé le bénéfice du doute et offert son amitié, elle était devenue la principale lumière dans ma vie …
Je sentis une douleur dans ma poitrine. Elle piqua tout d'abord, puis au fur et à mesure que les souvenirs de l'année passée affluaient, la douleur s'accentua :
J'avais complètement déconné cette année-là la possibilité à l'époque d'avoir une quelconque relation avec Granger m'avait donné une sorte d'espoir. Je me croyais sortit de la guerre, de la division, de Voldemort. Je n'octroyais plus d'importance dans les préjudices qu'avaient pu arborer les sorciers d'un temps plus ancien, et soutenais l'espoir naïf d'avoir trouvé ma place dans le monde.
Je m'étais même surpris plusieurs fois, à l'époque, à faire des choses pour faire plaisir à Granger.
Je me leva.
Marchant vers la fenêtre et passant devant le miroir, je me surpris à regarder dedans et me vis sourire. Un sourire triste.
C'était l'air qu'aurait pu arborer un jeune homme déçu. Déçu de quoi ? Mais de l'Espoir tout simplement.
Ce pauvre enfant avait dû penser qu'après la rédemption advenait l'espoir. Dans cet optique, il avait choisi de s'en nourrir une année durant, remplissant l'enveloppe vide qu'était son être de ce liquide vert (*) puis le voyant éclater, recouvrant grossièrement le mur qui représentait sa vie, se rendit compte de sa solitude.
J'observa le visage de l'enfant en face de moi : je voyais à quel point ma figure, quand je ne rigidifiais pas mes traits, avait des sillons qui commençaient à le creuser. Des cernes dévoraient mon visage des deux côtés et le rendaient plus sombre.
Renonçant à atteindre le balcon, je tourna les talons et me dirigea vers mon lit demain étant un autre jour, un nouveau chapitre de ma vie, la tristesse que je ressentais se serait surement enfouie tout au fond de mon être. Il fallait que ce sentiment se cache, qu'il soit loin de ma vue. Qu'il disparaisse.
Donc je ferma les yeux.
ooOOoo
(*) le vert la couleur symbolisant l'espoir et la chance.
J'espère que vous avez aimé ! N'hésitez pas à laisser des commentaires ! Sur ce : bonne nuit !