Un enfant pas bien dans sa vie

Un regard croisé

C'était un jour comme les autres, Haruki se promenait dans les rues de son village et contournait avec précaution dans chacune d'elles, ne voulant pas retourner tout de suite chez regardait toujours dans le contour, pour vérifier que personne ne le connaissait, et surtout pour ne pas tomber sur un membre de sa famille.

Il faisait toujours attention, car il savait que si ses parents le choppaient à trainer dans les rues au lieu de rentrer directement après l'école, il aurait droit à une nouvelle violence de la part de son père.

Haruki soupira de soulagement, alors qu'il reprit sa marche avec lenteur et regardait sans vraiment le voire les gens par-ci par-là, l'observant à peine en retour.

Une vieille dame était assise sur un banc, Haruki l'avait déjà vu là, il mit ses mains dans les poches et sans s'attarder il passa devant elle.

Pourtant, aujourd'hui, la vieille dame le regarda et lui offrit un sourire. En retour, Haruki sentit son cœur battre trop vite et détourna le regard, tournant la tête pour ne pas voir sa réaction, et espérant qu'elle ne le reconnaisse pas.

Il continua sa route sans plus et finalement, son regard couleur ambre se posa sur les bords de la rive. Il s'en rapprocha, un pont l'empêchant de s'approcher trop près, il s'appuya sur le rebord avec ses bras, il observa l'eau s'écouler.

Il s'accorda quelques minutes pour rêvasser alors qu'il imaginait encore s'amuser près de l'eau, pêchant ou encore faisant du bateau. Il sourit alors que l'image de telles activités lui semblaient plaisantes.

Ses yeux brillaient d'un éclat lumineux alors qu'il s'imaginait, riant aux éclats tandis que sa sœur aînée rouspétait de devoir rester là, assis pendant des heures, leur père leur expliquant ce qu'il fallait faire…

Mais tout cela n'était que de son imagination…

Haruki ne se souvenait même plus du dernier moment où ses parents, sa famille avait fait une activité familiale.

Le vent se leva alors que Haruki se rendait compte que l'hiver n'était plus très loin, que bientôt les jours deviendraient plus courts et qu'il lui serrait plus difficile de rentrer aussi tard.

Son visage se raidit un peu alors qu'une ombre se posait près de lui, il ne bougea pas.

Il avait oublié de rester sur ses gardes et un frisson le parcourut tout au long de sa colonne vertébrale, tandis qu'il s'imaginait la silhouette de son père.

Mais il fit soulager lorsqu'il remarqua qu'il ne s'agissait que d'un homme comme les autres.

Il put à nouveau respirer et reposa son regard sur l'eau calme, de loin, il entendit les cloches sonner.

A cet instant, il fut pris de panique, s'il ne rentrait pas assez vite, il allait s'en prendre une, c'était sûr. Il rattrapa son sac, qu'il avait posé lorsqu'il s'était appuyé sur le rebord et le remit sur son épaule.

Il sauta du petit rebord et faillit bousculer un homme qui passait à cet endroit au même moment.

Il fut bousculé et risqua de tomber, mais une main le rattrapa au dernier moment.

Haruki croisa un regard bleu perçant et des cheveux ébène, encadrant son visage pâle fin. Il fut presque choqué lorsqu'il remarqua que l'homme portait un kimono de couleur sombre et des sandale traditionnelles.

Il rougit presque alors qu'il croisait une nouvelle fois le regard de l'homme face à lui et se rendit compte qu'il venait d'être impoli de dévisager ainsi un inconnu. Il récupéra très vite sa main et tout en s'inclinant, il laissa sa voix flotter dans l'air de manière désordonné.

-D-désolé…. Je voulais…je suis désolé…. Il faut…. Je dois partir !

Et sans même attendre un quelconque retour de l'homme, qui continuait de l'observer de manière neutre, mais quelque peu curieuse, l'écoutant sans rien dire, partit sans attendre.

Le garçon de treize ans courut au plus vite dans la direction de sa maison, priant pour que son père se soit endormi, ne voulant pas affronter son courroux.

C'est le cœur battant et un poing dans l'estomac et de côté, que Haruki monta les marches qui le mènerait dans l'appartement.

Pourtant, sa main se stoppa un instant, avant de prendre la poignée de la porte d'entrée. Son cœur se stoppa et un vent de panique le traversa sans qu'il ne puisse s'en empêcher.

Haruki sentit l'angoisse monter de plus en plus, alors qu'il entendait, de l'autre côté de la porte, le bruit de pas lourds et trainant se rapprocher.

Pendant un instant, il voulut prendre ses jambes à son cou et repartir au plus vite de cet endroit. Mais il ne pouvait pas, car la vision de sa sœur, partant loin de lui, lui offrant un dernier sourire, pour lui donner du courage le hanta.

Ce fut le temps nécessaire pour la personne derrière la porte pour atteindre la poigner et l'ouvrir. La porte grinça alors que le cœur de Haruki battait à tout rompre dans sa cage thoracique. Une épouvantable frayeur s'empara de lui. Ses yeux ne pouvaient plus quitter la lourde porte qui le séparait encore, pour quelques secondes, de l'image de son père et par la même, de sa fureur certaine.

Et puis, de plus, le reste de son corps était tellement paralysé par la peur, qu'il ne lui obéissait plus depuis longtemps, à chaque fois qu'il devait franchir le pas de sa porte d'entrée, il se retrouvait complétement vide. Son esprit lui était volé et il ne pouvait plus bouger ni penser.

-Tu voilà enfin, morveux !

La silhouette oppressante de l'homme face à lui, sembla le surplomber plus que nécessaire. Il avait une vieille camisole toute crasseuse et un vieux bas de jogging qui n'était plus très frais non plus. Il avait les cheveux noirs en bataille et une barbe mal rasée. Il gratta son début de ventre rond avec dédain et le regard qu'il posa sur son fils, toujours scotché devant lui, fit frissonner ce dernier.

-Ne reste pas comme ça ! Bouge-toi et viens me préparer mon repas, sale morveux !

Même de là où il était, Haruki pouvait avec facilité sentir l'odeur puante de l'alcool et derrière son père, il vit des cannettes par dizaine joncher le sol.

Encore…. Aujourd0hui encore, son père avait abusé de l'alcool et alors que son corps reprenait un peu de vif, il ne put désobéir à cet homme, qui le regardait avec tant de dédain et de force. Haruki fit un pas tremblant pour rejoindre son père, mais alors qu'il passait près de lui, il se retrouva bien trop vite à l'intérieur.

Sans qu'il ne puisse rien y faire, son corps vola presque dans la pièce, son père venait de fermer la porte d'entrée avec vigueur et avait attrapé son bras pour l'entrainer derrière lui vers le salon.

Il se sentit être jeté à plusieurs mètres, son corps se retrouva écroula sur le sol sale et au milieu de divers déchets.

-Regarde, tu n'as pas fait le ménage. Tant que tu n'auras pas terminé, je te laisse avec tes seuls amis, ces déchets et moisissures, ils te vont très bien.

Le père de Haruki rit avec mesquinerie et se frottant les mains, il laissa seul son fils unique faire le ménage qu'il ne voulait plus faire depuis bien des mois.

A suivre

Prochainement; Un mot échangé