Bon Anniversaire Almayen !
Voici ta réponse à ton Cap ou pas cap d'écrire la suite du "Poids du Secret", j'espère que ça te plaira. Défis Galactiques affiliés.
Le Poids du Secret II :
Eddard Stark avait envoyé un corbeau à Jon Arryn. Il avait en effet passé une partie de sa jeunesse dans les Eyrié aux côtés de Robert Baratheon comme pupille du seigneur du Val. L'homme avait été nommé Main du roi pour son soutien précoce et indéfectible durant la Rébellion de Robert. S'il y avait un homme en qui il pouvait avoir confiance pour s'occuper de Jon, c'était bien lui.
Ned avait confié Jon à Jory Cassel. C'était le capitaine des gardes de Winterfell et il lui était très attaché. Il n'aurait pas pu trouver mieux comme escorte pour le jeune adolescence traumatisé.
De ce qui s'était passé avec Robb, il n'en avait rien dit à personne. Sa femme le tourmentait sans arrêt pour savoir pourquoi il avait envoyé leur aîné au Mur. En effet, Eddard avec son honneur avait laissé le choix à son enfant : la mort ou entrer dans la Garde de Nuit. Depuis il faisait des cauchemars. Il voyait Robb lui demander pourquoi il l'avait abandonné, qu'il devait le choisir lui, son fils légitime… Il voyait aussi Lyanna dans son lit de sang, qui répétait "promet-moi, Ned, promet-moi…!".
Mais il n'avait pas su protéger Jon. Il n'avait pas pu le protéger de son propre sang…
Jory n'était donc pas au courant de pourquoi il devait accompagner discrètement Jon Snow à Port Réal, et "veiller sur lui jusqu'à ce qu'il se soit acclimaté, en prenant autant de temps qu'il le faudra", selon les ordres de Lord Stark. Quoiqu'il en soit il n'était pas sot, et devinait que ça avait un rapport avec l'envoie à la Garde de Nuit de l'héritier de Winterfell, laissant ainsi sa place à Bran dans l'ordre de succession. Il avait bien vu que Jon n'avait plus autant d'entrain qu'avant, et ce pour tout. Jory avait l'habitude de jouer, chanter et danser avec les enfants Stark dans la Grande Salle à l'heure du dîner, mais le tout jeune homme était devenu renfermé sur lui-même. Même aux entrainements, lui qui mourrait d'envie d'entrer dans la Garde de Nuit et s'entrainait avec acharnement pour mériter sa place, vouant une adoration sans bornes à Benjen Stark, le cadet d'Eddard, Premier Patrouilleur de la Garde de Nuit et son seul oncle. Jory avait aussi remarqué qu'il avait maigri, et se forçait à manger des portions à peine suffisante alors qu'il avait toujours eu un bon coup de fourchette.
Cela continua sur la route.
En effet ils firent des adieux déchirants à Winterfell, Arya refusant de lâcher Jon parce qu'elle pensait qu'il s'en allait à cause d'elle. Il fallut toute son empathie à Ned pour lui expliquer que non, aidé de Jon qui promit d'écrire tout le long de son ascension vers le titre de chevalier et de ne pas l'oublier après. Bran également ne comprenait pas pourquoi Jon partait après Robb, quant au petit Rickon il pleurait à chaudes larmes. Seule Sansa lui fit des adieux réservés, et Lady Catelyn n'était même pas présente.
Jory et Jon finirent par emprunter la route royale. Durant les quelques semaines que dura le trajet, le capitaine des gardes put constater que la perspective de découvrir le monde et de devenir écuyer puis éventuellement chevalier était à peine suffisante pour maintenir l'humeur de l'adolescent au beau temps.
Jory le fit voyager à la dure : la plupart du temps ils dormaient dehors, mangeant une partie de leurs provisions et le produit de leur chasse. Tous les matins, le capitaine des gardes entraînait Jon à l'épée et au tir à l'arc pendant une heure, pour qu'il se soit amélioré en arrivant à Port Réal. Mais lors de leurs casse-croûtes quotidiens, Jon se forçait à manger, sans aucun entrain. Et quand il dormaient dans des auberges le long de la route, le repas du soir qui était toujours bien chaud et et les écuelles bien garnies, Ned ayant donné une belle bourse à Jory à leur départ, ne suffisait pas à lui redonner l'appétit après une longue journée de chevauchée.
Il le faisait voyager à la dure car il avait remarqué autre chose : les cauchemars de Jon étaient moindres quand ils dormaient dans la nature à même le sol, sans un matelas. La première fois qu'ils avaient partagé une chambre dans une auberge, Jory avait été surpris par la vigueur avec laquelle l'adolescent se débattait et criait dans son sommeil. Il donnait des coups et Jory en reçu un, avant de le prendre par les poignets et de le réveiller : "Jon, Jon ! Calme-toi !". Le brun bouclé l'avait regardé sans comprendre, les yeux écarquillés de terreur et essayant de se défaire de sa poigne, avant de se calmer. Jory le lâcha aussitôt : il avait bien remarqué aussi que les contacts physiques rebutaient Jon quand il lui donnait une claque sur l'épaule après un entraînement ou qu'il se permettait de lui ébouriffer les cheveux comme avant…
A présent, Jory demandait deux chambres. La bourse que Ned Stark lui avait remise lui permettait ce luxe.
Le capitaine des gardes de Winterfell se demandait ce qui était arrivé au gamin rieur et insouciant qu'il avait vu grandir. Cela faisait des mois qu'il s'étiolait, mais depuis que Robb Stark avait pris le noir, il y avait eu une amélioration… Jory n'osait pas faire de suppositions
Jon Snow et Jory Cassel arrivèrent à Port Réal. Jon avait été émerveillé par le voyage jusqu'à la capitale, qui le distrayait un peu de ses idées noires, et cette ville immense d'un million d'habitants était pour lui une source à la fois de crainte et de curiosité. Il avait hâte de voir le roi Robert, l'ami d'enfance de son père qui leur avait narré à lui et à ses demi-frères et sœurs leurs aventures d'enfance et pendant la Rébellion. Il s'imaginait un personnage aussi digne que Ned Stark, beau, un valeureux guerrier à la barbe et aux cheveux d'un noir de jaie. Il avait aussi hâte de rencontrer Jon Arryn, dont il tenait son prénom. C'était le parrain de son père et du roi, et tous deux avaient passé leur adolescence dans les Eyriés. Ned Stark ne tarissait pas d'éloges sur lui non plus.
Mais avant, il fallut traverser la ville pour se rendre au Donjon Rouge : la puanteur de la capitale surprit Jon. La promiscuité frôlait l'insalubrité dans certains quartiers. Il ouvrait des yeux curieux sur tous les étals de fruits inconnus, de vêtements légers… Il faillit perdre Jory dans la foule grouillante et celui-ci du faire faire demi-tour à son cheval dans une petite allée pour le retrouver.
-Ne te laisse pas distraire, Jon, le tança le capitaine des gardes de Winterfell.
-Pardon Jory.
Ils arrivèrent au Donjon Rouge, où ils rentrèrent après un contrôle de leur identité. On le conduisit dans la tour de la main, là où vivait Jon Arryn. Jon Snow observait tout avec la plus grande attention. Ce château était moins grand que Winterfell mais il l'impressionnait par sa nouveauté. Ils attendirent dans un corridor que Lord Arryn ait fini son entretien, et quand la personne sortit, un vieil homme aux yeux de Jon vint à leur rencontre et leur dit d'entrer.
-Jon Snow… Voici donc le jeune homme à qui Ned a légué mon nom… Par les dieux, tu ressembles tellement à ton père au même âge ! J'ai l'impression d'avoir Ned face à moi !
Le Jon aux cheveux blanc avait les larmes aux yeux, et il n'hésita qu'un court instant avant de serrer le Jon plus jeune dans ses bras. L'adolescent se raidit aussitôt, et Jon Arryn cessa son étreinte.
-Ah, pas tactile, hein ? Pardonne-moi mais… Ah, tu es le portrait craché de Ned ! C'est stupéfiant.
Après des présentations plus formelles, Jory Cassel remit une lettre d'Eddard Stark à Lord Arryn, et celui-ci la lut à son bureau.
-J'ai bien reçu un corbeau m'annonçant ton arrivée : ton père te recommande à moi… Mais je suis trop vieux pour te prendre comme écuyer : je ne joute plus depuis bien longtemps et je ne sais pas si je saurais encore manier l'épée comme du temps de la Rébellion…
-Je suis persuadé que vous n'avez pas perdu votre vigueur au combat ! s'exclama Jon. Mon père m'a beaucoup parlé de vous et vous étiez son modèle.
Lord Arryn soupira…
-Ah, ce cher Ned… Vous allez vous reposer pour aujourd'hui, et demain, je te présenterais au roi. Avec lui nous réfléchirons avec quel chevalier tu pourrais te former. Ne t'inquiète pas : Robert est le plus grand ami de ton père, il se souciera de te trouver une place adaptée.
La désillusion fut dure. Au lieu du roi héroïque et majestueux qu'il s'attendait à voir, du magnifique cerf, Jon fut présenté à un homme bedonnant et ivre, devant les restes d'un repas gargantuesque et avec des servantes qui se laissaient tapper sur les fesses en riant. Jon Arryn l'avait conduit le soir suivant dans les appartements privés du roi. Toutes les histoires chevaleresques sur la Rébellion de Robert, de sa victoire au Trident et de la révolte des Fer-Nés avait couru dans la tête de Jon alors qu'il essayait de dormir dans une chambre heureusement privée. Le lendemain il avait trépigné d'impatience et visité le Donjon Rouge en long en large et en travers en compagnie de Jory Castel, puis après le repas dans la grande salle le seigneur du Val les avait fait mander. Il l'avait suivit jusque dans les appartements du roi, gardé par un frère juré de la garde royale, impressionnant dans son armure claire et son manteau blanc. Et c'est là que ça avait dégénéré. Jon Arryn obtient l'attention d'un Robert Baratheon passablement saoul et lui montra Jon. Le roi se leva de table.
-Non…
-Permettez-moi de vous présenter...
-Un des fils de Ned ! Le bâtard pour que ce soit en privé. Sacré Jon, vous me faites des cachotterie depuis quand ?
Le roi Robert enserra le jeune Jon dans une étreinte virile trop serrée pour le jeune garçon, rouge de honte, qui n'osait ni parler ni bouger.
-C'est bien le fils bâtard de Ned. Il me l'a confié pour lui enseigner la chevalerie, mais je suis trop vieux.
-Ne dites pas de bêtises, Jon, vous avez encore de belles années devant vous et je ne saurais laisser ma Main dire cela.
Le roi lâcha enfin Jon et cria sur un blondinet guère plus âgé que Jon :
-Lancel ! Une coupe et du vin pour le petit de Ned !
Jon se retrouva à boire le meilleur vin qu'il n'avait jamais bu, avachis sur un fauteuil auprès du roi, qui lui en consommait une quantité impressionnante.
-C'est incroyable ce que tu lui ressembles au même âge… Ton père et moi nous avons fait les quatre cent coups à Jon dan le Val. Les Eyriés se rappellent encore de nos frasques… Et bien sûr nous avons combattu côte à côte. Ton père est un excellent combattant à l'épée à deux mains, mais il ne vaut pas avec mon marteau de guerre !
Et le roi de partir dans un rire tonitruant pendant que Jon s'enfonçait dans la déconfiture. Robb et lui avait joué des centaines de fois à être Père et le Roi Robert… Il songea amèrement que les illusions cachaient bien la réalité, pour son frère comme pour Robert.
-Alors comme ça il lui faut quelqu'un qui à servir en tant qu'écuyer…
-Exactement, répondit Lord Arryn.
-Mais il est un peu vieux pour commencer, non ?
-Certes mais ce n'est pas dérangeant.
-J'ai bien une idée de qui il pourrait servir… Lancel ?
Il chuchota quelque chose à l'oreille du gamin et celui-ci décampa de la pièce en à toutes jambes. Une dizaine de minutes plus tard, un homme frappa et passa la porte. Il était grand et ses cheveux dorés encadraient son visage. Il portait l'armure étincelante et blanche ainsi que la cape blanche des frères jurés de la garde royale, cette prestigieuse institution. Il avait des yeux verts brillants et un sourire qui coupait comme un couteau. Jon trouva cela étonnamment difficile de détourner les yeux de lui, et en son for intérieur, il pensa : "c'est à ça qu'un roi devrait ressembler."