Elfe Bêta : Mokonalex
Note de l'auteur : Et voilà ! Cette histoire est terminée. Merci de l'avoir appréciée durant cette année 2023. Je vais retourner bosser sur Intolérance.
Joyeux Noël et Bonne année ! Meilleurs vœux à tous. On se retrouve en 2024.
Severus Rogue et Harry Potter restèrent enfermés dans la Salle sur Demande pendant six jours complets. Dumbledore s'arrachait la barbe et les cheveux depuis longtemps, Minerva faisait la tête et Poppy était aux 36èmes dessous et avait voulu appeler Sainte-Mangouste plusieurs fois depuis leur disparition afin de leur demander conseil.
Interrogé, Dobby avait assuré ne rien savoir. Non, il n'avait pas été appelé par son cher Harry Potter. Et non encore, il ne pouvait pas pénétrer dans la Salle sur Demande. Seul un Elfe lié pouvait répondre à l'appel de son maître lorsque celui-ci se trouvait dans un endroit incartable. Dobby étant un Elfe libre, il ne pouvait pas joindre Harry.
Albus ignorait donc comment les deux sorciers s'étaient nourris pendant tout ce temps. Il ne connaissait pas Ava, Severus ne lui en ayant jamais parlé. Les portraits interrogés, ainsi que les fantômes, affirmèrent ne pas les avoir vus. Crocus confirma que non, Monsieur Potter et le Professeur Rogue ne s'étaient pas rendus aux cuisines. Pour une fois, le vieil homme n'avait aucune information et se sentait totalement impuissant.
On avait dit aux élèves que Potter et le professeur absent étaient souffrants et reviendraient dès que possible. Evidemment les langues allaient bon train ! Toutes les suppositions étaient émises, du « Rogue a tué Potter et a fui » à « ils se sont enfuis pour se marier chez les Moldus » jusqu'à ce qu'un né-moldu agacé leur révèle que non, on ne pouvait pas plus se marier chez les Moldus que chez les sorciers lorsqu'on était du même sexe.
Ce fut donc avec un certain soulagement que le vieux directeur vit un Professeur Rogue parfaitement reposé et ayant bonne mine et les cheveux propres entrer le soir du sixième jour dans son bureau avec un Harry Potter le suivant en traînant les pieds. Le jeune Gryffondor boudait car il voulait rester encore un peu plus avec Severus, mais celui-ci ne voulait plus laisser ses serpents seuls sans soutien ni surveillance, sachant que des Mangemorts juniors se trouvaient dans sa Maison.
Harry et Severus s'étaient follement éclatés dans leur retraite forcée. Ils avaient expérimenté nombre de positions, de lieux comme la douche, un canapé et même une chaise (qu'ils avaient cassée pendant leurs ébats frénétiques) et s'étaient amusés à des petits jeux de rôles tenant plus de fantasmes torrides que de naïves saynètes. Le couple s'était merveilleusement entendu et cela les avait fait réfléchir.
Ils avaient décidé de continuer à mentir et dire qu'ils feraient semblant comme avant si nécessaire et exigé par Albus. Ils diraient aussi que l'effet de la potion n'avait duré que le temps prévisible et qu'en effet, ils avaient consommé la relation sous l'effet de la potion mais que depuis quelques jours, ils avaient cessé toute activité sexuelle afin de mettre au point un plan de bataille pour contrer le Seigneur des Ténèbres.
Albus Dumbledore, trop content de les retrouver en bonne santé, avait tout avalé… l'appât, l'hameçon et la ligne ! Il avait renvoyé Harry vers la tour de Godric et exigé de tout savoir sur le plan mijoté par son espion.
Pendant que le Maître des Potions exposait ses idées à un Dumbledore fortement intrigué qui prenait des notes, Minerva McGonagall, avertie par la Grosse Dame, avait mis la main sur Harry deux minutes après son arrivée dans la salle commune. Elle l'avait fait entrer dans son bureau, l'avait incendié, et lui avait donné deux semaines de retenues avec Rusard et Hagrid, avec l'interdiction absolue d'avoir le moindre contact avec le Directeur de Serpentard en dehors des cours de potions. Ah, si elle avait même pu l'en dispenser, elle ne se serait pas gênée ! Malheureusement, le cours de potions était obligatoire. Harry avait été expédié dans son dortoir avec un couvre-feu avancé à 20h00 comme les premières années. Elle avait aussi exigé qu'il lui remette sa cape d'invisibilité mais il avait refusé arguant qu'elle était en possession du Professeur Rogue qui la lui avait empruntée.
En fait, Harry et Severus n'avaient aucune intention de se séparer ni de faire semblant. Tout serait réel mais eux seuls le sauraient. Si appelés dans le bureau directorial, ils s'insulteraient et se menaceraient comme auparavant… Leur relation étant interdite, que le Directeur soit persuadé qu'ils faisaient semblant d'être ensemble pour contrer Voldemort serait leur sauf-conduit. Ils ignoraient que Dumbledore avait assuré au Magenmagot que Rita Skeeter avait encore tout inventé et que la photo publiée n'avait rien à voir avec la situation décrite dans l'article.
A l'abri des rideaux fermés de son lit à baldaquin, Harry avait écrit une lettre à Severus pour lui expliquer les représailles subies et leur interdiction de la moindre interaction en dehors des cours sous peine de renvoi pour lui et de dénonciation au Magenmagot pour le professeur. Il avait ensuite appelé Ava et lui avait demandé de remettre sa missive à Severus immédiatement et sans se faire voir. L'Elfe avait parfaitement compris les instructions et pourquoi. Elle savait que son maître bien-aimé –Dobby n'était pas le seul Elfe fidèle et idolâtre du château –– était en couple avec ce jeune Gryffondor dont Dobby vantait les mérites à longueur d'année.
La lettre d'Harry était donc apparue sur le bureau d'Albus juste sous le nez de Severus près de sa tasse de thé, alors qu'il discutait avec le vieux Directeur. Le Serpentard s'était excusé et l'avait ouverte puis en avait révélé la teneur à son supérieur. Celui-ci avait froncé les sourcils et promis qu'il allait calmer Minerva et annuler ces représailles lamentables et non-méritées. Severus avait alors hoché la tête et continué ses explications du plan de bataille suggéré par le Sauveur…
Severus avait beaucoup apprécié le plan d'Harry. Albus avait dès le lendemain fait part de cette idée à Kingsley Shacklebolt. Fudge, ce crétin, ne marcherait jamais, mais King avait ses entrées au 10 Downing Street et le Premier Ministre l'appréciait énormément. Il allait en discuter avec Amélia et Robards. Pourquoi est-ce que personne n'avait eu cette idée auparavant ? Il ne comprenait pas. Les Moldus avaient des ressources incroyables et auraient pu les débarrasser depuis longtemps de leur Emmerdeur des Ténèbres quasi immortel.
Cette première nuit de séparation avait rendu Harry déprimé et Severus morose. Le Serpentard, de nouveau seul dans ses cachots, avait retardé l'horaire de son coucher en voyant son lit vide et froid, et de déception avait attaqué une bouteille neuve de vieil Ogden. Harry, lui, avait pleuré toutes les larmes de son corps sous un sort de silence. Il ne voulait plus dormir seul, lui non plus. Il voulait s'allonger contre le corps chaud du Maître des Potions et fermer les yeux après un dernier baiser pour être réveillé le lendemain matin par des caresses bien placées, pas par les grognements de Ron et le réveil strident de Neville Londubat.
Le jeune Sauveur était sorti du sommeil le lendemain les yeux gonflés et avec une petite mine triste et avait refusé de raconter quoi que ce soit sur son absence à ses deux meilleurs amis. Si Hermione n'avait pas insisté et l'avait laissé tranquille, Ron avait tempêté et exigé de tout savoir.
Par Merlin, ça allait être dur de faire semblant de ne pas être ensemble pour Albus et Minerva et pas semblant pour les Mangemorts junior et le reste de l'école. Il y avait de quoi en perdre la boule.
Les jours suivants, on ne vit que rarement Albus Dumbledore à Poudlard. Il était très occupé à comploter avec Kingsley et Severus qui lui ne communiquait que par lettres avec Harry. Le lionceau était ainsi tenu au courant de tout ce qui se passait car Severus savait pertinemment qu'un Harry maintenu dans l'ignorance était une bombe à retardement.
Albus et Severus traquaient les Horcruxes de Tom Jedusor pendant leur temps libre et plusieurs fois les connaissances en Magie Noire de l'espion sauvèrent le vieil homme.
Harry avait fini par expliquer à ses deux amis que oui, il s'était isolé avec Severus à cause de la potion rose et qu'en attendant que ses effets cessent, ils avaient baisé jusqu'à l'épuisement, mais qu'il n'y avait rien à en dire car il avait l'habitude, merci bien. Ce n'était – soi-disant – pas la première fois et pas la dernière non plus. Pour lui, l'affaire était classée et il n'y avait rien à ajouter.
Le délai d'un mois donné par Lord Voldemort pour la séduction d'Harry étant arrivé à son terme, le Maître des Potions fut appelé par sa Marque des Ténèbres alors qu'il se trouvait avec le Directeur.
— Ne faites pas attendre Tom, Severus. Revenez ici dès qu'il vous libère.
— Albus, si je ne reviens pas d'ici demain matin, prévenez Potter, s'il vous plaît.
— Oui, je le ferai, mais vous reviendrez, mon garçon. Tom va être très satisfait des nouvelles que vous allez lui apporter.
— Mais Lucius et Bella beaucoup moins… avoua Severus avec une grimace.
Albus hocha la tête et Severus prit la cheminette pour rejoindre ses quartiers, mettre sa tenue de Mangemort, et sortir du parc pour transplaner depuis les grilles aux sangliers ailés.
Le Seigneur des Ténèbres se trouvait au Manoir Malefoy depuis des mois. Il squattait chez Lucius depuis sa résurrection au grand dam de Narcissa, Severus le savait.
Dans le parc des Malefoy, il fut accueilli par Walden McNair qui montait la garde.
— Salut, Severus. Il parait que ta mission est un succès ? C'est ce que le p'tit Nott a dit à son père. On n'en revient pas de ton habileté et de ta dévotion au Maître. Séduire ce binoclard rachitique… pouah, t'as du mérite.
— Merci, Walden. C'est comment l'ambiance, ce soir ?
— Moyen. Lucius et Bella semblent fortement contrariés et le Maître n'est pas ravi du tout. Nagini n'est pas rentrée depuis plusieurs jours et il commence à sérieusement s'inquiéter. Il a envoyé des jeunes recrues à sa recherche. S'ils ne la trouvent pas, va falloir qu'on fasse gaffe à nos fesses, les Doloris vont pleuvoir !
Dans son for intérieur, Severus songea que ce seraient les Avada Kedavra qui allaient pleuvoir plutôt. Il espérait être le plus loin possible du Manoir Malefoy, le jour où le Seigneur des Ténèbres allait comprendre que son serpent favori avait succombé à l'ingestion d'un rat empoisonné… Une idée d'Harry également. Oui, il en avait parfois de bonnes… il fallait le reconnaître. Bien sûr, il avait suggéré d'empoisonner Queudver et de le donner en pâture au serpent mais comme le traître ne quittait pas son maître d'une semelle, la chose s'était avérée difficile. Surprendre Nagini seule dans les bois où elle chassait avait été bien plus aisé…
Severus remercia McNair pour ses infos et monta les marches du perron du manoir. Il se dirigea directement dans ce qu'ils appelaient entre eux « la salle du trône ». C'était l'endroit où se tenait le Mage Noir pendant les réunions, assis dans un luxueux fauteuil au bout d'une longue table où ses Mangemorts du Cercle Intérieur prenaient habituellement place. Lorsqu'il entra, tout le monde se tourna vers lui et les murmures cessèrent.
— Ah ! Severus ! Te voilà ! Assieds-toi près de moi, fit Lord Voldemort, un sourire sinistre sur le visage, en désignant la chaise à sa droite.
Lorsque le Maître des Potions se fut installé, Voldemort débuta son interrogatoire.
— Le jeune Théodore Nott nous a raconté tes… aventures, Severus. Tu as donc séduit cette petite vermine inutile de Potter. Bien. Tu vas donc pouvoir lui donner la potion très bientôt.
— En effet, Maître. Je vais pouvoir, si tout se passe bien. Je dois dire cependant que certains évènements récents m'ont causé quelques soucis avec Dumbledore. Je suis actuellement très surveillé et mes interactions avec Potter sont plutôt limitées.
— Ah bon ? Je ne suis pas au courant. Raconte !
— Eh bien, Maître, le fils de Lucius a eu l'idée stupide de saboter le chaudron d'engrais rose de Potter pendant le cours où je leur faisais réaliser cette potion pour Chourave. Il a balancé une boulette de poudre pressée de saule dans le chaudron et bien entendu…
— Ce crétin a transformé l'engrais en potion rose de luxure, vieux truc connu, n'est-ce pas, Lucius ? glapit le Mage Noir d'une voix polaire.
Le noble eut le bon goût de ne pas répondre et Severus continua sur sa lancée de sa voix grave et posée.
— Potter et moi avons été englués des pieds à la tête de la potion et nous avons été isolés à l'infirmerie plusieurs jours. Bien évidemment, McGonagall n'a pas du tout apprécié les conséquences inévitables dont elle a eu connaissance. Et Potter a été puni sévèrement. En outre, il nous est dorénavant formellement interdit de nous adresser la parole en dehors des cours de potions ou de nous trouver seuls dans la même pièce. Donner la potion à Potter va être difficile, Maître.
Pour preuve, Severus sortit de la poche de sa robe de Mangemort la missive envoyée par Harry le soir de leur retour. Voldemort en prit connaissance, ricana devant les mièvreries larmoyantes du Gryffondor et rendit la lettre à Severus.
— En effet, ça va être plus compliqué. Et tout ceci à cause de Drago ! De quoi avait-il besoin de se mêler, celui-là ! LUCIUS ! Pourquoi lui as-tu enseigné ce tour ? Ne crois pas que j'ignore que tu as fait la même chose plusieurs fois lors de tes études à Poudlard ! Je ne veux pas que tu ruines mes projets ! ENDOLORIS !
Le hurlement que poussa Lucius fut un baume aux oreilles de Severus. Prends ça dans les dents, Malefoy ! Ça t'apprendra à vouloir me pourrir la vie !
Voldemort se désintéressa rapidement du Mangemort blond et leva l'impardonnable.
— Severus, tu dois donner la potion à Potter, coûte que coûte.
— Bien, Maître. Je m'arrangerai. Et que dois-je faire ensuite ?
— Tu m'apportes le garçon, immédiatement.
— Maître… c'est une potion de grossesse masculine. Qui voulez-vous utiliser comme géniteur ? La durée d'agissement d'une dose de potion n'est que de douze heures. Il faudra faire vite et donc prévoir. On ne peut donner qu'une seule dose par mois. Certains ingrédients sont dangereux à forte dose.
— Mais… moi, mon cher Severus ! Et lorsque j'aurai eu mon héritier, je tuerai cette vermine inutile de Potter.
Severus eut un haut-le-cœur qu'il dissimula rapidement et avala sa salive. Par Merlin, ni lui ni Albus n'avait prévu cette possibilité.
— Très bien, Maître, excellent plan.
— N'est-ce pas ? se rengorgea le monstre hideux.
Bellatrix, très choquée, choisit alors ce moment pour se manifester.
— Mais si vous voulez un héritier, Maître, je suis volontaire et je n'ai pas besoin de potion pour ça.
— Tais-toi, Bella ! Je n'ai que faire de tes jérémiades ! J'ai besoin qu'il soit du sang de Potter. Tu ne peux pas comprendre ! ENDOLORIS !
La date de « livraison » d'Harry Potter fut arrêtée au 22 décembre, date à laquelle les élèves allaient tous embarquer dans le Poudlard Express afin de rentrer chez eux pour les vacances de Noël. Severus assura qu'il n'y aurait aucun souci et qu'il livrerait le garçon sans problème, celui-ci ayant une confiance aveugle en lui. Cette déclaration amusa beaucoup Lord Voldemort et fit hurler de rire les Mangemorts présents. Severus s'autorisa même un petit rictus qui plut énormément à son Maître.
Le Serpentard quitta la réunion au triple galop lorsque le Mage Noir les libéra. Par Merlin, ils étaient dans une belle bouse de dragon ! Pourvu que Kingsley et Amélia puissent tout organiser pour le 22 décembre !
Les nouvelles rapportées par Severus Rogue à Poudlard ce soir-là choquèrent véritablement Albus Dumbledore qui en avait pourtant vu pas mal dans sa longue vie. Il en resta bouche bée quelques instants.
— Que me dites-vous là, mon cher enfant ? Il veut un héritier avec Harry ? Mais pourquoi faire, par la barbe de Merlin ?
— On se le demande, en effet, soupira le Serpentard qui déambulait nerveusement dans le bureau en glissant une main nerveuse dans ses longs cheveux.
— Oui, et en plus pour tuer Harry aussitôt après. Mais que diable si nous nous attendions ! Je pensais sincèrement qu'il allait plutôt vous demander d'engrosser notre jeune Harry après l'avoir rendu amoureux de vous, et tout ça afin de le distraire d'une bataille finale. Ça me semblait bien plus logique. Enfin… dans la mesure où on peut trouver de la logique chez Tom…
— J'essaie de comprendre depuis tout à l'heure, Albus. Il ne veut pas un enfant pour le plaisir d'en avoir un et de l'élever, non. J'en suis persuadé. Lorsque Bellatrix s'est proposée, il l'a juste envoyée promener avec un Doloris en cadeau. Tout ceci n'a aucun sens. Pourquoi veut-il absolument qu'il soit du sang de Potter ?
— C'est ce qu'il a dit ? demanda le vieil homme en débouchant une bouteille de Vieil Ogden.
— Oui, Albus. C'est ce qu'il a répondu à Bella et il a rajouté qu'elle ne comprenait rien. Eh bien, j'avoue que moi non plus, je n'y comprends rien.
Le bruit du Whisky Pur Feu versé dans des verres fit le Directeur de Serpentard se retourner.
— Venez vous asseoir, Severus, et avalez-moi ça. Ça vous requinquera. Et je promets que nous ne laisserons pas Harry se faire kidnapper par Tom aussi facilement.
— Il faut que tout soit prêt pour le 22 décembre, Albus. Je dois livrer le garçon au Seigneur des Ténèbres quand tous les élèves seront montés dans le Poudlard Express.
— Forcément. Il veut profiter de la cohue et de l'excitation du départ pour dissimuler ses Mangemorts dans le décor de la gare. Je vais rappeler Kingsley et prendre un peu de nouvelles. Je vous tiendrai au courant.
— Vous allez dire quoi à Potter ?
— Moi ? Rien. Vous n'aurez aucun mal à vous en charger, lors de vos petits rendez-vous discrets. Non, Severus, ne me regardez pas comme ça. Je ne suis pas idiot. Il n'y a que Minerva pour se laisser prendre à votre petit jeu.
— Que savez-vous donc ? demanda Severus, suspicieux.
— Je sais que depuis l'épisode de la potion rose votre relation avec Harry a changé drastiquement. Vous êtes discret, certes, parce que Minerva a menacé Harry de renvoi et vous de dénonciation au Magenmagot et donc d'Azkaban. Ce qui m'a fait vous dire de cesser la comédie puisque Tom marche à fond. Mais vous n'avez rien changé. Vous êtes juste tous deux très discrets. Essayez de ne pas donner de retenues à Harry trois fois par semaine, toujours les mêmes jours et aux mêmes heures, Severus. Si moi j'ai pu remarquer que ce sont des rendez-vous amoureux, d'autres pourront le comprendre aussi… d'autres comme Minerva par exemple.
Severus dut se dissimuler derrière ses barrières d'Occlumancie pour ne pas rougir jusqu'à la pointe de ses cheveux. Par Merlin, ils avaient cru être discrets mais ce n'était encore pas assez pour berner Dumbledore !
— Vous m'en voulez, Albus ?
— Moi ? Pas le moins du monde, mon cher enfant. C'est moi en quelque sorte qui vous ai mis tous deux dans cette situation en acceptant l'idée de la comédie suggérée par Minerva. Moi et Tom. Alors, vu les circonstances, je ne peux pas vous en vouloir d'être tous deux tombés amoureux.
— Je ne suis pas amoureux, Albus !
— A d'autres, Severus. A d'autres mais pas à moi. Vous êtes tous les deux amoureux. Pour un œil exercé ça se voit comme le nez au milieu de la figure. J'espère juste que vous ne vous servez pas d'Harry comme objet sexuel avec pour intention de le jeter comme une vieille chaussette trouée à la fin de l'année scolaire ! Ne lui brisez pas le cœur, Severus !
— Je n'en ai pas l'intention, Albus, marmonna le Maître des Potions, très gêné.
— A la bonne heure ! Ce pauvre garçon mérite bien un peu de bonheur et d'affection. Et vous aussi, d'ailleurs. Vous êtes parfaits l'un pour l'autre. Vous vous entendez bien ?
— Oui. Curieusement, extrêmement bien. Ce serait même parfait si Minerva n'était pas aussi suspicieuse. Depuis qu'elle sait que la comédie a fonctionné et que le Seigneur des Ténèbres a tout gobé, elle ne tolère plus le moindre regard entre Harry et moi, ou le moindre geste qu'elle peut juger déplacé. Et je vous assure que Minerva trouve énormément de choses déplacées.
Albus soupira et avala le reste de son verre. Il avait remarqué et il avait aussi dit à sa professeure de métamorphose que son attitude nuisait à la mission de Severus, mais elle n'avait pas voulu en démordre. Si Severus approchait encore une fois d'Harry Potter, il finirait entre deux Aurors et goûterait aux joies d'un aller simple vers Azkaban.
Le Premier Ministre avait accepté la demande de Kingsley. Il allait lui prêter un Sniper né-moldu pour la journée du 22 décembre. Albus, Amélia Bones ainsi que Severus Rogue en furent particulièrement soulagés. Le vieux Directeur organisa donc quelques jours avant l'évènement une petite réunion entre l'Auror noir, la Directrice de la Justice Magique, son espion favori et surtout son petit Sauveur, future victime élue de Voldemort.
Une fois tout le monde installé confortablement et disposant de thé à volonté – oui, oui, Harry, il y a des biscuits au chocolat –, le dispositif prévu fut expliqué aux différents acteurs.
— Severus, vous vous ferez remarquer. De la façon que vous souhaitez, mais je veux que vous fassiez un coup d'éclat qui attire les Mangemorts sur vous et sur Harry. Pendant ce temps, nous ferons monter absolument tous les enfants dans le train et le feront quitter la gare le plus rapidement possible. Les Aurors seront cachés, bien évidemment, et éparpillés dans Pré-Au-Lard et autour de la gare. Nous ignorons si Lord Voldemort a prévu beaucoup de renforts, donc il vaut mieux voir grand. Nous savons juste qu'il sera présent pour la remise d'Harry par Severus. Oui, ricana Albus, nous savons qu'il aime être vu et admiré et faire ses sales tours avec un public tout à sa dévotion ou bien terrifié. L'un n'empêchant pas l'autre…
— Ouais, confirma Harry avec un hochement de tête. Il aime causer aussi… Et surtout s'écouter parler. A chaque fois, j'arrive à me sauver quand il fait ça. Il est trop sûr de lui et ça lui joue un sale tour systématiquement. Le pire c'est qu'il continue et n'apprend jamais de ses erreurs.
— Parce que c'est sa nature profonde, Harry. Les Moldus disent « chassez le naturel, il revient au galop ».
Ainsi donc, Amélia et King expliquèrent en détail les mesures prévues, la position du Sniper (caché en haut du château d'eau alimentant Pré-Au-Lard et se trouvant à l'autre bout du village) et ce que devraient faire Harry et Severus. Lorsque tout fut établi et que chacun connut parfaitement son rôle, on se donna rendez-vous en croisant les doigts pour le 22, à dix heures moins dix. Le Poudlard Express quittant la gare à dix heures, Severus devrait démarrer son petit simulacre dix minutes auparavant.
Les vacances de Noël avaient débuté la veille au soir après les cours. Et en ce beau matin, Poudlard se réveilla sous la neige comme chaque jour depuis un bon mois. La salle commune de Gryffondor grouillait et vrombissait comme une ruche. Partout des élèves couraient, cherchant à récupérer toutes leurs affaires éparpillées, à ramasser aussi leurs chats dans leurs paniers et leurs chouettes et hiboux dans leurs cages. Les malles, chargées et verrouillées, s'entassaient dans un coin, attendant les Elfes qui allaient les transporter par magie jusqu'à la gare où chaque enfant récupèrerait son bien pour monter dans le train.
Ron avait invité Harry à venir passer les vacances au Terrier. Hermione avait refusé, cependant. Elle avait prévu d'aller skier en Suisse avec ses parents et sa grand-mère et ne voulait rater ça pour rien au monde. Elle ne voyait pas souvent ses proches alors hors de question de refuser de les accompagner lorsqu'ils planifiaient des vacances surtout à l'étranger. Harry était prêt, mais pas pour la même raison que Ron.
— Ça va être super, tu vas voir. On va faire des batailles de boules de neige, on jouera au Quidditch et pis aussi, on mangera la dinde aux marrons de M'man… et ses gâteaux ! Ah ouais… ses gâteaux ! Et le lait de poule, et le chocolat chaud aux épices et…
— Oui, oui, se mit à rire Harry, on a compris, Ron ! On va bouffer à s'en faire péter la panse et on va s'amuser.
— Ouais, et on essaiera les nouveaux gadgets des jumeaux sur Ginny, mais faudra pas l'dire à M'man, hein ? Sinon, on se f'ra piler, mon vieux.
Harry grimaça. Il aurait préféré que Ron ignore sa sœur plutôt. Ginny avait très mal pris la comédie que Severus et lui avaient joué au bénéfice de toute l'école et elle lui avait mené la vie dure pendant des semaines. Il avait fallu que Dumbledore s'en mêle pour qu'elle laisse enfin le jeune Sauveur tranquille. Même les retenues à tour de bras de Severus ne l'avaient pas influencée. C'est que la petite demoiselle était obstinée et avait mauvais caractère en plus.
Le jeune Gryffondor enfila son blouson noir matelassé en duvet et enroula son écharpe rouge et or autour de son cou. Son bonnet et ses gants étaient dans ses poches. Sa malle n'avait pas rejoint celles de ses condisciples dans le coin de la salle commune où elles étaient toutes entassées. Dobby l'avait emportée dans les quartiers d'Albus Dumbledore qui allait la cacher pendant quelques heures. Il fallait que Ron, Hermione, Neville et les autres voient que le dortoir était vide puisque personne ne restait à Poudlard pour les congés, du moins dans leur année. Le troupeau des élèves quitta la tour de Godric lorsque McGonagall leur en intima l'ordre et ils se ruèrent dans les escaliers, où ils furent rejoints par les Serdaigles et au rez-de-chaussée par les Poufsouffles et les Serpentards.
Dehors, il n'y avait pas de vent et rien ne tombait du ciel qui avait une belle couleur bleutée. Il faisait pourtant un froid polaire bien piquant et Harry mit sa paire de gants et enfila son bonnet sur ses longs cheveux. La longue file d'élèves descendit l'escalier de pierre qui suivait le dénivelé de la lande et longeait la rive du Lac Noir. Les carrioles tirées par les sombrals les attendaient non loin du hangar à bateaux, sur la route carrossée et mal empierrée qu'Hagrid avait déneigée avec sa baguette.
Le paysage était véritablement enchanteur. Tout était blanc et figé. Les arbres alourdis de poudreuse scintillaient sous le soleil hivernal et la neige crissait sous les pas. Alors que les élèves montaient dans les vieux carrosses, les retardataires s'immobilisèrent et certains pointèrent un doigt vers le lac.
— Ooooh ! Qu'est-ce que c'est que ça ?
Une gondole, totalement inattendue sur un lac écossais, glissait silencieusement sur l'onde calme comme une mare d'huile. Seule la rame unique, manœuvrée par un bien curieux gondolier tout de noir, vêtu troublait l'eau.
Un élève ayant une vue particulièrement perçante s'exclama alors :
— Hé les mecs ! C'est Rogue ! C'est Rogue dans la gondole !
L'esquif approcha du quai et le gondolier improvisé regarda Harry avec un sourire qui surprit et terrifia les élèves encore présents. C'était que voir le Professeur Rogue sourire était un spectacle totalement anormal et donc particulièrement inquiétant.
— Une petite promenade en gondole, Harry ? Si ça te tente… lança-t-il au jeune Gryffondor.
— Et comment ! répondit celui-ci en se précipitant en courant vers l'embarcation pour carrément sauter à l'intérieur.
Harry n'écouta pas les protestations de Ron et d'Hermione. Il se contenta de rester planté au milieu de la gondole, le temps que Severus abandonne sa rame et le rejoigne. Celui-ci lança alors un sort sur la rame et la magie dirigea à sa place la gondole. Il fallait le dire, il avait dû demander à Hagrid comment elle se manœuvrait, car le demi-géant lorsqu'il avait découvert la gondole au matin de la fugue d'Harry et Severus l'avait totalement adorée et avait demandé la permission de la conserver. Albus avait permis la chose et Hagrid se promenait souvent avec sur le lac. Il servait même de gondolier à ses collègues qui voulaient essayer l'embarcation. Il était donc devenu expert dans le maniement de la rame.
Severus quitta le plat-bord sur lequel il se tenait et sauta au centre du bateau. Il prit alors Harry dans ses bras et le serra contre lui. Le Gryffondor s'accrocha des deux mains à l'écharpe anthracite portée par le Maître des Potions et leva son visage vers lui. Severus se pencha pour l'embrasser voluptueusement sous les cris de dégoût, les rires et quelques sifflets, tandis que la gondole s'éloignait vers le milieu du lac.
— Méééé ! protesta Ron en tapant du pied sur le sol. Où il va comme ça ? Il va rater le train ! Et je croyais qu'il n'avait plus le droit de voir Rogue ! McGo lui a bien dit qu'il serait renvoyé s'il continuait et que Rogue irait à Azkaban !
— Visiblement, il leur est très difficile, voire impossible, d'être éloignés l'un de l'autre, déclara Hermione en regardant les silhouettes s'asseoir à présent dans les fauteuils de peluche marron.
— Ah bon ? Tu crois qu'ils sont amoureux ?
— C'est l'évidence même. Et je suis persuadée que les nombreuses retenues d'Harry n'avaient pas pour objet le récurage de chaudrons, si tu veux mon avis.
— Oh, ça… je veux bien te croire. Viens, faut qu'on se dépêche sinon on va rater le dernier carrosse aussi. On rattrapera Harry à l'autre bout du lac, déclara Ron en tirant Hermione par la main pour la faire se presser un peu.
Dans la gondole, Harry et Severus s'embrassèrent pendant plusieurs minutes. Cela faisait plusieurs jours qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de passer du temps ensemble et seuls en dehors des horaires de cours, Minerva les surveillant comme du lait sur le feu, aidée de sa copine Pomfresh.
— Harry, dès qu'on va approcher du quai de Pré-Au-Lard, je te donnerai ostensiblement un flacon de potion à avaler. C'est juste de l'eau dedans, on en a déjà parlé. Il faut que mes Serpentards te voient avaler la soi-disant potion. Ensuite, nous quitterons la gondole.
— Ouais et tu appelleras l'autre enflure à la face de serpent qui tentera de m'embarquer avec lui.
— Je ne lui laisserai pas le temps pour ça, Harry. Hors de question qu'il transplane dans la seconde dès que je t'aurais lâché. Je t'immobiliserai entre mes bras car tu te débattras, il faut que tu lui fasses croire que tu as peur et que tu as compris que je te trahissais. Insulte-moi si besoin, il faut être crédible. Wilson a reçu l'ordre de tirer dès que le Seigneur des Ténèbres posera sa main sur toi. Il a dit qu'il utiliserait un laser. Dès que tu verras le point rouge sur son front laisse-toi tomber à terre, ça diminuera les risques que tu reçoives un mauvais sort, un maléfice ou un impardonnable.
— Tu te rends compte qu'on arrive au bout, Sev' ? Tu vas être libre dans quelques minutes.
— Ne vends pas la peau du demiguise avant de l'avoir attrapé, Harry. Fudge peut très bien décider de m'expédier à Azkaban et de jeter la clé aussitôt.
— Ah ouais, ben qu'il essaie seulement, ce lâche ! gronda le jeune Sauveur soudain courroucé à cette pensée.
Severus resserra son bras autour du cou d'Harry et se pencha une dernière fois pour l'embrasser. On apercevait le quai, et les élèves sortant des carrosses les regardaient interloqués. La chevelure platine de l'héritier de Lucius se remarquait de loin. Drago s'était figé et regardait avec attention ce qui se passait dans la gondole, un rictus sournois sur les lèvres. Près de lui, Théodore Nott s'agitait avec un sourire hilare sur sa face de rat. Harry ne manqua pas leur petit manège…
° Attendez un peu, mes gaillards. Vous allez avoir une drôle de surprise ! Papa Noël avant l'heure ! °
Severus sortit alors son fameux flacon de sa poche tandis que la gondole accostait et s'alignait le long du ponton de bois. Il le déboucha et sembla obliger Harry à en boire le contenu. Le Gryffondor pesta que c'était mauvais, fit une grimace de dégoût et demanda ce que ça pouvait bien être. Question à laquelle Severus Rogue ne daigna pas répondre, comme prévu.
Le Maître des Potions fit sortir Harry de la gondole alors que les autres professeurs se dépêchaient de faire monter les élèves dans le train, leur disant qu'ils allaient le rater. Comme par hasard, le sifflet de la locomotive retentit alors et des cris de panique se firent entendre.
— Vite, vite ! Pousse-toi, on va le rater ! Où est ma malle ? Qui a vu ma malle ?
Alors que Severus entraînait Harry par le bras comme pour l'éloigner du train, le hurlement de Minerva McGonagall se fit entendre.
— SEVERUS ROGUE ET HARRY POTTER ! JE VOUS PRENDS SUR LE FAIT ! LÂCHEZ CET ENFANT, SEVERUS ! AZKABAN VOUS ATTEND ! ET VOUS, POTTER, JE VAIS VOUS FAIRE RENVOYER !
Par la barbe de Merlin, cette vieille mégère allait tout faire rater ! Severus n'hésita pas. Il sortit sa baguette de sa poche et à la stupeur d'Harry, il lui lança un Stupefix et la sorcière tomba dans la neige.
— Elle avait pas été prévenue ?
— Si, Harry, tout comme les autres professeurs présents ici, mais elle était contre. Elle m'a traité de pervers, quand Albus a mis au point toute l'affaire, murmura Severus à l'oreille du lionceau.
Et sans attendre, alors que les derniers élèves montaient dans le train et que Ron et Hermione passaient leur tête à la fenêtre ouverte d'un wagon, Severus brandit sa baguette vers le ciel et cria :
— MORSMORDRE !
Aussitôt, Harry fit semblant de paniquer et de se débattre. En trois secondes, le Mage Noir transplana et se matérialisa devant eux accompagné de tout son Cercle Intérieur baguettes aux poings. Les gloussements et rires de Bellatrix furent entendus de la locomotive au wagon de queue.
Comme Harry gigotait comme un beau diable en exigeant que Severus le lâche, Voldemort éclata de rire. C'était un rire sifflant et désagréable. Severus en frissonna malgré lui. La dernière fois qu'il avait entendu ce rire, c'était quand les jeunes recrues avaient ramené le cadavre en décomposition de Nagini, trouvé dans le bois autour du Manoir Malefoy. Voldemort en avait été si furieux qu'il avait Avada Kedavratisé tout le petit groupe puis avait ri de ce rire sifflant de fou furieux.
— Tu lui as donné la potion, Severus ?
— Bien sûr, Maître !
— Quoi ? Tu m'as trahi, Severus ? Tu m'as trahi ! Tu as osé ! Je vais te tuer !
— Donne-moi le garçon, Severus.
Et Voldemort tendit la main pour attraper le bras d'Harry.
Severus et son jeune amant virent aussitôt un point rouge se matérialiser sur le front du Mage Noir. Alors Harry et Severus se laissèrent tomber sur le sol tandis qu'un petit sifflement se fit entendre au-dessus d'eux, suivi du bruit sourd d'un impact. Le Maître des Potions leva les yeux juste à temps pour voir Lord Voldemort valdinguer dans la neige, la moitié du crâne emportée par une balle qu'il aurait jugée explosive, mais il ne connaissait absolument rien aux armes moldues. En tout cas, Wilson n'avait pas eu peur et avait mis le paquet.
Les cris de fureur des Mangemorts venant de voir leur vénéré Maître mourir encore une fois ne durèrent que quelques secondes. Le temps que les Aurors présents et invisibles les inondent de sort de stupéfixion et les saucissonnent proprement d'Incarcerem. Des Portoloins furent aussitôt posés sur les Mangemorts qui disparurent de la scène de crime. Le troupeau allait se réveiller dans les cellules du Ministère où Maugrey Fol Œil, remonté comme une pendule moldue, les attendait de pied ferme avec toute la brigade de Tireurs d'élite de baguettes. Gare à ceux qui allaient bouger un orteil…
En quelques dizaines de secondes, toute l'affaire fut terminée ou presque. Harry et Severus se relevèrent et le lionceau enlaça Severus, trop heureux que le Mage Noir soit enfin vaincu.
On entendit Drago Malefoy hurler et menacer tout en tentant de quitter le train accompagné de Nott et d'autres Serpentards marqués, certains plus jeunes encore que lui.
Les Aurors, qui venaient d'annuler leurs sorts de désillusion, les cueillirent aussitôt après quelques Expelliarmus précis. Harry qui souriait, niché entre les bras de Severus qui lui bécotait le cou, fit de grands signes de la main et un large sourire à Drago Malefoy. Celui-ci en resta figé de stupeur et se laissa emmener sans opposer de résistance. Il allait rejoindre sans tarder son père à Azkaban, tout comme son pote Nott, Crabbe et Goyle, voire Pansy Parkinson si elle avait la marque. Harry l'ignorait, n'ayant pas demandé l'info à Severus.
Albus Dumbledore arriva alors par Fumseck Express, une paire de multiplettes pendues autour du cou.
— Tout va bien, mes enfants ? Severus, j'ai vu que vous aviez stupéfixé, Minerva ? Rassurez-vous, Tonks l'a ranimée et l'a conduite à l'infirmerie. Qu'a-t-elle encore fait ? J'avais été très clair, pourtant.
— Elle a failli tout faire capoter, Albus. Elle nous a encore menacé d'Azkaban pour moi et de renvoi pour Harry, soupira Severus.
— Par la barbe de Merlin, elle commence à me fatiguer, pesta le vieil homme. Vous devriez rentrer au château tous les deux. A moins que tu ne veuilles rejoindre tes amis dans le train, Harry ?
Le Gryffondor sentit Severus se raidir dans son dos. Evidemment, le Maître des cachots pensait qu'Harry allait l'abandonner. Non, pas question. Il refusait. Au diable McGo et ses menaces !
— Je reste avec Severus, Professeur Dumbledore. Je refuse de l'abandonner pour les fêtes. Et si vraiment le Professeur McGonagall veut me faire renvoyer, je partirai de moi-même avant et j'espère que Severus viendra avec moi. On ne la laissera pas démolir nos vies sans rien faire.
— Je partirai avec toi, Harry. Je démissionnerai, Albus, si elle met ses menaces à exécution. De toute façon, je n'ai pas l'intention de rester au-delà de la fin de cette année scolaire.
— Il y a un bon moment que je m'en doute, mais nous en reparlerons. Il y a peut-être une solution afin que vous restiez tous les deux ici. J'ai ouï dire, Harry, que tu te débrouillais très bien en Professeur de Défense Contre les Forces du Mal…
— Qui vous a dit ça ?
— Remus, avoua le vieil homme avec un grand sourire.
Le trio s'éloigna à pas lents de la gare, laissant derrière eux l'agitation. Le train s'éloignait, on ne le voyait déjà presque plus depuis la gare. Le corps de Voldemort était en train d'être glissé dans un sac à cadavres par le Légistomage Ackerley et le Sorcier-Funèbre Sawbridge, son compère habituel. Un Auror faisait fondre la neige tachée de sang…
Dans quelques heures, le Monde Magique allait apprendre sa bonne fortune. Troy Wilson, sorcier né-moldu engagé dans l'armée britannique, ancien Poufsouffle, allait être félicité par la Reine et en plus recevoir un Ordre de Merlin de Première Classe d'un Fudge contrarié et sur la sellette. Ledit ministre ne se faisait aucune illusion, les prochaines élections allaient lui être fatales.
En effet, dans le mois, Fudge fut remercié et remplacé par Amélia Bones. Severus Rogue fut décoré d'un Ordre de Merlin de Première Classe tout comme Harry, une fois les procès des Mangemorts terminés. Bellatrix Lestrange, son époux et son beau-frère furent expédiés à travers le voile de la mort tout comme Lucius Malefoy, Nott, Crabbe et Goyle pères, Queudver et le reste du Cercle Intérieur.
Drago Malefoy et les élèves portant la Marque des Ténèbres (dont Zacharias Smith, à l'horreur de Pomona Chourave) furent condamnés à vie à Azkaban. Hors de question de prendre un seul risque. Plus jamais !
Le Magenmagot ayant très sérieusement tiqué sur la relation entre Severus et Harry (au grand plaisir de Minerva et malgré les efforts d'Albus), on leur demanda de cesser toute promiscuité et même de ne plus communiquer d'aucune façon en dehors des heures de cours. Harry quitta l'école le jour même avec sa chouette, sa malle et son balai. Le lendemain, Severus Rogue démissionnait et Horace Slughorn revenait assurer l'intérim.
Albus Dumbledore recommanda au Maître des Potions de bien veiller sur son lionceau, de le faire réviser et passer ses ASPICs en candidat libre. A la rentrée prochaine, ils pourraient tous deux revenir sans aucun souci et s'installer ensemble dans les cachots, s'ils le souhaitaient. Minerva n'aurait plus aucune raison de protester et, d'ailleurs, gare à elle si elle s'y avisait. Tonks désirait reprendre sa carrière d'Auror et surtout se marier, donc sa place, dès que vacante, était toute réservée à Harry.
Severus, de nouveau réuni à Grimmaurd avec l'objet de son affection, regarda Harry avec une tendresse inhabituelle et passa sa main dans les longs cheveux du Gryffie.
Ce qui avait commencé comme une vilaine blague avait bouleversé leurs vies, pour le pire d'abord. Mais maintenant que le Mage Noir avait quitté ce monde pour de bon, il n'y avait plus que le meilleur qui les attendait. Severus en était persuadé et le sourire d'Albus qui regardait ses deux protégés depuis la cheminette indiquait que lui aussi en était sûr. Pour le Serpentard, Harry était son cadeau du ciel.
FIN