Je ne possède aucun des personnages de la série

A force de rechercher le plus gros scoop, Ainsley finit par s'attirer des ennuis et comme souvent ce n'est pas sur elle que va finir par retomber les conséquences de ses actes, même si pour la première fois de sa vie, elle le regrette.

Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de Halston Sage

En espérant que cela vous plaise !

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Ultime protection

Le ciel nocturne de New York semblait plus sombre que d'habitude, comme si les étoiles elles-mêmes avaient pressenti la tragédie qui allait se dérouler. Ainsley Whitly n'aurait jamais dû venir ici. Elle le savait. Son instinct de journaliste l'avait poussée trop loin cette fois, au-delà des limites de la prudence, au-delà des avertissements de son frère.

« Une simple interview », s'était-elle dit. Un entretien exclusif avec un témoin clé dans l'affaire que son frère tentait de résoudre depuis des semaines. Un témoin qui refusait de parler à la police mais qui, étrangement, avait contacté Ainsley. Le piège était évident maintenant, mais il était trop tard. L'entrepôt désaffecté sentait la rouille et l'humidité. Les pas d'Ainsley résonnaient sur le béton fissuré tandis qu'elle avançait, son microphone serré dans sa main comme un talisman dérisoire.

- Il y a quelqu'un ? Appela-t-elle, sa voix trahissant une assurance qu'elle ne ressentait plus.

Le silence lui répondit d'abord, puis un léger bruit métallique la fit sursauter. Une porte s'ouvrit à l'autre bout de l'immense salle. Ce n'était pas son témoin qui apparut, mais un homme au visage partiellement dissimulé sous une capuche, la main droite enfoncée dans la poche de son sweat-shirt. Un frisson glacé parcourut l'échine d'Ainsley. Son téléphone. Elle devait appeler... mais il était trop tard.

- Mademoiselle Whitly, dit l'homme d'une voix rauque. Vous êtes venue seule. Parfait.

- Qui êtes-vous ? Demanda Ainsley, reculant instinctivement. Ce n'est pas vous qui m'avez contactée.

- Non, mais vous êtes exactement là où nous voulions que vous soyez.

« Nous »… Le mot résonna comme une sentence.

- Si c'est de l'argent que vous voulez…

L'homme eut un rire sec.

- Ce que je veux, c'est attirer l'attention de votre frère. Et maintenant...

Il sortit sa main de sa poche. Le métal du revolver capta la faible lumière qui filtrait par les fenêtres sales.

- Il va comprendre ce qu'on ressent quand on perd quelqu'un qu'on aime.

Le temps sembla se figer. Ainsley vit son doigt se crisper sur la détente, entendit le déclic mécanique qui précède la détonation. Puis une voix familière déchira l'air.

- Ainsley !

Malcolm. Son frère. Comment avait-il su ? Peu importait. Il était là, se précipitant entre elle et l'arme pointée, son corps devenant un bouclier humain dans un élan désespéré. La détonation fut assourdissante dans l'espace clos. Le corps de Malcolm fut projeté en arrière sous l'impact, heurtant celui d'Ainsley qui chancela sous son poids. Un deuxième coup de feu retentit ailleurs dans l'entrepôt, probablement Gil ou Dani qui avaient suivi Malcolm et leur agresseur s'enfuit en courant, mais Ainsley n'avait plus conscience de rien d'autre que de son frère qui s'affaissait contre elle, de son poids soudain insoutenable alors qu'elle tentait de l'allonger doucement au sol.

- Malcolm ? Malcolm !

Elle vit d'abord la pâleur de son visage, puis la tache sombre qui s'élargissait sur sa chemise au niveau de l'abdomen. Ses mains tremblaient, les mains de Malcolm tremblaient toujours, mais maintenant c'étaient les siennes qui étaient incontrôlables tandis qu'elle écartait sa veste pour voir l'étendue des dégâts.

- Tu... tu n'aurais pas... dû venir ici, articula Malcolm, sa voix à peine audible, entrecoupée de grimaces de douleur.

Son visage était livide, des perles de sueur se formant déjà sur son front.

- Tais-toi, ordonna Ainsley en appuyant ses mains sur la blessure.

Le sang chaud et visqueux s'infiltra immédiatement entre ses doigts. Trop de sang.

- Les secours arrivent. Gil doit avoir appelé une ambulance.

Malcolm toussa, et une ligne écarlate apparut au coin de ses lèvres. Mauvais signe. Très mauvais signe. Ainsley avait suffisamment couvert de faits divers pour le savoir.

- Ça fait... plus mal que... je ne l'imaginais, murmura Malcolm avec un sourire crispé, tentant pathétiquement de minimiser la situation comme il le faisait toujours.

Ainsley sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle les refoula. Elle devait rester concentrée. Appuyer sur la blessure. Essayer d'arrêter l'hémorragie. Les pensées se bousculaient dans son esprit totalement contradictoires et chaotiques.

- C'est de ma faute… Non, c'est la faute de ce malade… Si Malcolm meurt, ce sera à cause de moi… Il va s'en sortir. Il s'en sort toujours… Il ne serait pas là si je n'avais pas été si stupide… Pourquoi a-t-il fallu qu'il joue encore les héros ?

Sous ses mains, elle sentait la respiration de Malcolm devenir plus laborieuse, son torse se soulevant de manière irrégulière. Ses yeux, habituellement si vifs, si analytiques, commençaient à se voiler, à fixer un point au-delà d'elle.

- Reste avec moi, Malcolm, supplia-t-elle, appuyant plus fort sur la blessure, ce qui lui arracha un gémissement. Je suis désolée, mais tu dois rester éveillé.

- Ains...

Malcolm tenta de lever une main vers son visage, mais le geste resta inachevé, son bras retombant lourdement.

- Pas... ta faute...

Le sang imprégnait maintenant complètement sa chemise, formant une flaque sombre sur le sol de béton. Il coulait entre les doigts d'Ainsley, chaud et épais, le sang de son frère littéralement sur ses mains. Cette image la frappa avec une ironie macabre. N'était-ce pas ce que tout le monde avait toujours craint, qu'un des enfants de Martin Whitly finisse avec du sang sur les mains ? A cet instant, Malcolm émit un son étranglé qui la ramena brutalement à la réalité. Son corps fut secoué d'un spasme de douleur, son dos s'arquant momentanément avant de retomber. Ses pupilles étaient dilatées, son regard de plus en plus absent.

- Malcolm, non, s'il te plaît, reste avec moi !

La voix d'Ainsley se brisa.

- L'ambulance arrive. Tu m'entends ? Tu dois tenir bon !

Quelque part au fond d'elle-même, une voix froide et analytique, celle de la journaliste habituée aux drames, lui disait que c'était grave, très grave. Que la balle avait probablement touché des organes vitaux. Que son frère perdait trop de sang, trop vite, mais une autre partie d'elle, la sœur, refusait cette réalité. Cette partie-là se rappelait Malcolm enfant, la protégeant déjà des cauchemars, lui racontant des histoires pour l'endormir. Malcolm adolescent, revenant de temps en temps à la maison avec ce regard hanté mais trouvant toujours un sourire pour elle. Malcolm adulte, profiler brillant mais toujours aussi brisé, toujours prêt à tout pour protéger sa famille malgré leurs dysfonctionnements et voilà où cela l'avait mené. Allongé dans une mare de son propre sang, à cause d'elle. Une larme tomba sur le visage de Malcolm. Ainsley ne s'était même pas rendu compte qu'elle pleurait.

- Je... je ne voulais pas ça, murmura-t-elle, autant pour elle-même que pour lui. Je voulais juste l'exclusivité. Je voulais prouver que je pouvais être aussi brillante que toi, aussi... importante.

Les yeux de Malcolm papillonnèrent, luttant pour rester ouverts. Il semblait vouloir dire quelque chose, mais seul un gargouillis sanglant franchit ses lèvres.

- Ne parle pas, dit-elle rapidement. Économise tes forces.

La jeune femme entendit enfin des sirènes au loin. Trop loin. Le temps semblait s'étirer indéfiniment dans cet entrepôt sordide, chaque seconde marquée par la respiration de plus en plus faible de Malcolm. Ainsley sentit soudain une main sur son épaule. Gil était là, son visage déformé par l'inquiétude.

- L'ambulance est presque là, dit-il, s'agenouillant de l'autre côté de Malcolm.

Le soulagement qui traversa Ainsley fut immédiatement remplacé par une vague de culpabilité encore plus intense. Gil avait prévenu Malcolm des dangers de cette enquête. Il les avait tous prévenus.

- C'est ma faute, dit-elle, sa voix à peine audible.

Gil ne répondit pas, concentré sur Malcolm dont les yeux venaient de se fermer complètement.

- Malcolm ? Malcolm !

Gil tapota légèrement sa joue. Pas de réponse…

- Non mon petit, ne fais pas ça.

Les sirènes étaient maintenant toutes proches, mais Ainsley sentit que quelque chose avait changé. La poitrine de Malcolm ne se soulevait presque plus. Sa peau, déjà pâle naturellement, avait pris une teinte grisâtre, presque translucide.

- Non, non, non, répétait Ainsley comme une litanie, secouant la tête en rythme avec ses mots. Malcolm, ne fais pas ça. Tu ne peux pas...

Des bruits de pas précipités résonnèrent dans l'entrepôt. Des voix professionnelles, des ordres lancés. Les ambulanciers prenaient le relais, écartant doucement mais fermement Ainsley. Elle se laissa faire, comme anesthésiée, fixant ses mains couvertes du sang de son frère. Ces mêmes mains qu'elle avait tant de fois lavées après avoir touché quelque chose de sale, ces mains qu'elle soignait méticuleusement pour paraître professionnelle à la caméra. Elles étaient maintenant souillées de la façon la plus terrible qui soit.

Tandis que les ambulanciers s'activaient autour de Malcolm, posant un masque à oxygène sur son visage, établissant une voie intraveineuse, Ainsley restait figée. Une partie d'elle-même observait la scène avec un détachement journalistique, comme si elle assistait à un reportage sur un fait divers tragique. Une autre partie hurlait silencieusement, se débattant avec la réalisation que son ambition, son besoin de reconnaissance, avait peut-être coûté la vie à la seule personne qui l'avait toujours acceptée sans condition. Gil s'approcha d'elle, la sortant de sa torpeur.

- Ils l'emmènent à l'hôpital. Je vais t'y conduire.

Elle leva les yeux vers lui, s'attendant à voir du reproche, mais n'y trouva que de l'inquiétude et de la compassion. Cela la fit se sentir encore plus coupable.

- Et s'il...

Elle ne put terminer sa phrase et Gil posa une main sur son épaule.

- Malcolm est un battant. Il l'a toujours été.

Cependant, même dans la voix du lieutenant, elle perçut cette note d'incertitude qui confirma ce qu'elle savait déjà : cette fois, la détermination de Malcolm pourrait ne pas suffire. Cette fois, les démons qu'ils combattaient avaient pris forme dans le monde réel et le sang qui coulait n'était pas métaphorique.

Alors que les ambulanciers soulevaient la civière, Malcolm semblait minuscule et vulnérable, loin de l'image du profiler brillant et intrépide qu'il projetait habituellement. Son visage, en partie caché par le masque à oxygène, était d'une pâleur cadavérique. Ainsley sentit son cœur se serrer douloureusement. L'ironie ne lui échappait pas : elle qui avait toujours craint l'héritage génétique de leur père, qui avait toujours redouté que Malcolm ne devienne comme Martin, réalisait maintenant que c'était sa propre imprudence, son ambition aveugle, qui avait peut-être causé la perte de son frère. Alors, tandis que l'ambulance s'éloignait, sirènes hurlantes, Ainsley resta immobile, les mains couvertes du sang de Malcolm, symbole tangible de sa culpabilité. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne cherchait pas le meilleur angle pour raconter cette histoire. Pour la première fois, elle aurait tout donné pour que cette histoire n'existe pas du tout.