Série : Naruto

Auteur : Nadramon (mais je préfère Nadra)

Genre : On le saura… Mais c'est vrai que j'avais du mal à me décider au début. Action/Aventure, General, donc, et je pense que ça ne changera plus.

Couple : Je pense que vous avez deviné, mais pour les plus lents (sans offense, hein), je préfère attendre encore un peu avant de l'officialiser. Par contre, je précise que ceux qui veulent sont libres de considérer cette fic comme une fic NaruSasu, et les autres de voir leur relation comme de l'amitié. (Ca en restera à ce stade au moins de mon point de vue. Enfin…autant que dans le manga, quoi. XD )

Disclaimer : …. T-T … (c'est assez clair ?)

Bonjour, je suis encore en vie ! Oui, je sais, vous m'en voulez… Et je suis impardonnable… Mais bon, croyez-moi, je me fais violence pour continuer cette fic ! J'ai eu un big blocage, je vous raconte pas… Mais finalement, j'en suis venue à bout ! fière (Je sais, y'a vraiment pas de quoi, au vu du nombre de pages…) J'espère que ça vous plaira quand même. Avant de commencer, je tiens à remercier Stingmon, Aalynn, Tsunaade-sama et chonaku (2 reviews ! Merciiii !), ainsi que tous ceux qui lisent, même s'ils ne review pas, ce qui est bien dommage. Je m'égare. Réponse :

Stingmon : Eh bien, il semblerait que tu sois à nouveau seule dans cette section, ma ptite hermine… Merci pour tes encouragements ! Je t'avouerai que j'ai effectivement beaucoup pensé aux montreurs d'ours en réalisant le passé de Nagare. Je l'aime bien, lui ! (Pauvre petit… lol) Oui je sais, le combat, après relecture, c'est horrible… T-T J'ai vraiment pas assuré pour ce coup-là. Je tâcherai de me rattraper dans les chapitres à venir. Pour ce qui est de « did dit », c'est une vulgaire faute de frappe dont je m'excuse… Comment j'ai pu passer à côté ? Mais SURTOUT, merci encore infiniment pour le titre ! Je te remercierai jamais assez, je crois ! X)

PUB : Pour ceux qui aiment mon style d'écriture (ou pas, je pense m'être améliorée depuis), les fics AU, les vampires, l'hétéro-shounen-ai, le angst et bien sûr Naruto, rendez-vous dans « Liés par le sang », fanfic made by me ! Venez nombreux !

Vous en faîtes pas, c'est pas ça qui me fera updater plus lentement. En fait, cette autre histoire m'a plutôt aidée à débloquer. Mais ça n'augmentera sans doute pas ma vitesse de parution non plus… Désolée ! T-T

Au fait, Hambun no Akuma a plus d'un an, maintenant ! Bon anniversaire ! X)

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Hambun no Akuma

Par-delà l'œil orange

Iwa no Kuni était sans l'ombre d'un doute le pays le plus vaste du continent. Et également celui qui disposait du paysage le plus varié. Autant les pays limitrophes se caractérisaient-ils tous par l'environnement dont ils tiraient leurs noms (Konoha et ses forêts, Suna et son désert, Kiri et son océan où régnait la brume…), autant Iwa pouvait faire perdre la tête à n'importe quel voyageur peu averti avec sa seule météo, parfois variable d'une vingtaine de kilomètres à l'autre seulement. Ainsi certaines zones réputées pour leurs pluies torrentielles et la voracité de leurs insectes pouvaient-elles être presque voisines de vastes plaines nues au climat sec et venteux, essentiellement peuplées de mammifères et de reptiles.

Ces dernières étaient les plus courantes de la région, et les plus habitées. On s'habituait assez facilement au climat, et la nourriture et les ressources ne manquaient pas. En revanche, il était parfois difficile d'y trouver de l'eau. Les puits étaient assez rares en-dehors des zones urbaines, et les villes et villages monopolisaient systématiquement le peu de rivières et de lacs que l'on pouvait trouver. Aussi, tout voyageur d'Iwa était généralement forcé de passer par l'un d'eux à un moment ou à un autre…

« Oneechan…Je n'aime pas cet endroit… »

La fillette se retourna pour adresser un sourire d'excuse à son frère jumeau.

« Je sais, Noroï…Mais nous ne pouvons pas toujours éviter les humains. J'ai fait ce que j'ai pu, mais la carte n'indiquait aucun autre lieu susceptible de nous fournir en eau à des kilomètres à la ronde. Il faut bien qu'on se ravitaille… »

Le jeune garçon émit un « tss » irrité en guise de réponse et passa sa mauvaise humeur dans un caillou qu'il envoya percuter un tonneau qui sonna creux, marmonnant quelque chose comme « devrait même pas avoir besoin de leurs ressources ». Sa sœur posa une main compatissante sur son épaule.

« Allez…Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. dit-elle d'un ton encourageant. Ignore-les, c'est tout. »

Il ne répondit rien. A la place, il lui lança un regard qui voulait dire « Je le fais juste pour toi. », avant de continuer à marcher à ses côtés d'un pas résolu, renvoyant chaque coup d'œil dégoûté, terrifié ou haineux qu'il recevait avec toute l'aversion dont il était capable. Ce qui n'était pas peu dire…

Ketsueki détourna les yeux, regardant droit devant elle. Ils déambulaient dans les rues bondées depuis quelques heures seulement, en quête d'eau. Les magasins se faisaient plus rares, dans cette partie de la ville, mais de toute façon, il leur aurait été difficile de trouver quelqu'un qui daigne leur vendre ne serait-ce qu'une gourde. Et puis pourquoi dépenser son argent lorsqu'il suffisait de se servir ? Elle se fiait à son instinct et à son odorat. Les loups savent où aller lorsqu'ils ont soif. Et plus particulièrement les loups démoniaques.

Au bout d'une trentaine de minutes, ils débouchèrent sur une place au sol dallé et aux habitations plus clairsemées. Le seul magasin visible ressemblait à une agence de voyage dont le vendeur ventait les mérites en une série de beuglements qui remplissaient à eux seuls la place entière, et qui se ressemblaient tous. Toutefois, dès l'instant où il avisa les jumeaux maudits, l'interpellation enthousiaste qu'il s'apprêtait à lancer mourut dans son gosier en un gargouillis inintelligible, et il disparut derrière son comptoir, feignant chercher quelque chose. Noroï lui lança un regard dégoûté, tandis que sa sœur passait sans le voir, humant légèrement l'air alentour.

« Il y a un puits aménagé dans cette maison. » indiqua-t-elle en désignant un petit bâtiment de pierre blanche sans fenêtres, servant de toute évidence à protéger le précieux élément de la chaleur torride qui s'abattait parfois sur la région.

« Enfin ! soupira le garçon aux yeux bicolores avant de se jeter sur le sac de sa compagne et d'y farfouiller en quête des quatre gourdes qu'il contenait. Je m'en charge. Attends-moi là et profite de l'ombre pour te reposer. Et si ces salauds tentent quoi que ce soit, n'hésite pas à leur arracher la tête ! »

Elle eut un rire doux-amer. Ayant trouvé ce qu'il cherchait, son frère lui sourit et courut dans la bâtisse par l'ouverture pratiquée dans la roche qui lui servait d'entrée. Ouverture par laquelle s'enfuit aussitôt et le moins bruyamment possible une femme d'âge mûr à l'air terrifié tenant un petit enfant dans ses bras.

Suivant le conseil de son frère, Ketsueki avisa un jeune saule au milieu de la place et s'assit dessous, reposant ses membres fatigués et rafraichissant sa peau brûlante. Elle s'étira avec délice, laissant la fraîcheur retrouvée lui caresser les muscles. Ils avaient marché des jours durant sans trouver un seul arbre susceptible de les abriter, et le fait qu'ils aient pu échapper à l'insolation tenait du miracle. Mais leur endurance leur avait été d'un grand secours, et si leurs réserves de chakra baissaient, leur rythme ne s'en ressentait qu'à peine. Une tierce personne aurait d'ailleurs été tout à fait incapable de faire la différence. Eux la sentaient, et la sentaient infime. Un sérieux avantage par rapport à la moyenne des humains. Mais aussi l'un des nombreux signes indélébiles de leur différence.

La fillette soupira longuement et se laissa aller contre le tronc, essayant de vider son esprit. Sans grand succès. Elle avait conscience du regard perçant des rares personnes restées alentour, et même si elle feignait l'indifférence, le sentiment de malaise engendré était bien présent. Difficile de s'habituer à ce que chacun se détourne d'elle avec répulsion chaque fois qu'ils établissaient le contact visuel avec son œil orange. Ce monde hostile lui conférait toujours ce cuisant sentiment de solitude…

'J'ai mon frère. se sermonna-t-elle. Il y a des enfants comme nous qui n'ont personne…'

Elle avait du mal à se représenter ce à quoi une telle existence pouvait ressembler. Ou plutôt, elle avait peur d'imaginer. L'idée elle-même avait quelque chose de terrifiant. Elle ne savait pas où elle serait aujourd'hui si son frère n'avait pas été là pour elle, encore moins s'il venait à disparaître, et ne voulait surtout pas y penser. Que pouvait-il en être pour quelqu'un qui avait toujours été seul… ?

Elle secoua la tête. La mission qu'ils s'étaient eux-mêmes confiée consistait précisément à libérer ces enfants de leur solitude. Les humains ne voulaient pas d'eux, ils resteraient donc isolés. Mais au moins, ils seraient ensemble. Et ainsi, chacun y trouverait son compte.

Pourtant…

Il y avait la malédiction. Le destin de « l'œil gauche ». Le lien qu'il faudrait briser un jour…

Elle se mordit la lèvre. Noroï n'aurait pas aimé qu'elle y pense encore. Lorsqu'ils avaient lu cette partie de la légende dans le livre de leur père, il s'était aussitôt révolté contre la possibilité de la voir un jour devenir réalité. Après tout, il s'agissait d'une simple alternative, et c'était à eux de choisir s'ils devaient l'utiliser ou non. Pourquoi sacrifier sa sœur, son unique alliée, alors qu'ils parvenaient parfaitement à vivre avec leur chakra en l'état ? Ils resteraient ensemble, et apprendraient ensemble à le maîtriser. Aucun sacrifice ne serait jamais nécessaire…

Ketsueki aurait voulu que ce soit aussi simple. Mais elle sentait bien que l'influence de Kusari se faisait de plus en plus insistante, et que l'entraînement seul ne suffirait jamais à la contenir totalement. Au fond d'elle-même, elle se doutait qu'un jour ou l'autre, il faudrait avoir recours à la technique…

« Ne restez pas ici, étranger ! C'est dangereux ! »

« S'il vous plaît, je ne vous demande pas grand-chose… Est-ce que vous connaissez une personne susceptible de me traduire cette carte, oui ou non ? »

La fillette cilla et jeta un coup d'œil à l'agence, tirée de ses pensées. Apparemment, un garçon était en train de se disputer avec le vendeur, qui, lui, semblait dans un état de panique grandissant. Ketsueki remarqua qu'il la désignait du doigt, d'une façon qu'il espérait manifestement discrète.

« Il y a un démon ici… Vous ne devriez pas rester dans les parages ! »

« Un démon ? »

Le garçon se tourna vers elle. La petite fille détourna la tête. Elle n'avait pas envie d'avoir affaire à ce genre de choses maintenant… Ce genre de situation lui était suffisamment familier pour qu'elle n'ait pas envie d'en entendre davantage. Elle s'efforça donc d'ignorer la suite…

« Ecoutez… poursuivit le garçon, qu'elle entendait malgré tout, et qui paraissait de plus en plus énervé (à en juger par le ton employé, la scène devait durer depuis déjà un bon moment). Je m'en irai quand vous m'aurez expliqué à quoi riment tous ces symboles ou quand vous m'aurez indiqué quelqu'un qui puisse le faire à votre place ! Maintenant, si vous vouliez bien… »

« Je regrette, tout le monde utilise ce genre de cartes dans la région ! répondit précipitamment l'interpellé. Mais dans votre intérêt, ne… »

« EN VOILA ASSEZ ! »

Il semblait que le garçon avait explosé… Ketsueki exhala profondément, ramenant ses genoux contre elle avec lassitude. Les querelles de ce genre étaient tellement puériles…

« Dis donc, toi. »

La fillette sursauta avec une telle force qu'elle craignit de heurter les feuillages de l'arbre sous lequel elle se tenait. Elle n'avait pas senti le garçon s'approcher d'elle. Elle fit volte-face et se retrouva nez à nez avec lui.

'Quels vêtements bizarres…' fut sa première impression.

Un peu plus grand qu'elle, il était entièrement vêtu de noir, avec une cagoule rabattue sur sa tête, qui à en juger par sa forme devait abriter une quantité de cheveux assez impressionnante. Elle se terminait en deux bosses pointues de chaque côté de la tête rappelant des oreilles de chat, et le bandeau frontal à motif de sablier la maintenait bien en place sur la tête de son propriétaire. Au-dessous se trouvait un visage aux traits étrangement durs pour un enfant si jeune, avec de petits yeux perçants qui paraissaient presque dépourvus de prunelles. Il portait également une chose presque aussi grande que lui dans son dos, qu'il était difficile d'identifier au premier regard. On aurait dit un paquet enveloppé de bandages duquel dépassait une touffe de longs poils bruns…

A environ un mètre d'elle seulement, il la regardait avec une certaine méfiance dans le regard, mais également l'air décidé. Elle remarqua qu'il n'avait toujours pas l'air de très bonne humeur…

« Tu n'es pas de cette région, pas vrai ? » lui demanda-t-il en désignant ses vêtements du menton.

Complètement prise au dépourvu, elle tâcha de reprendre contenance. Ne jamais montrer de faiblesse.

« Je… Non. » répondit-elle avec prudence.

« Bien ! » soupira le garçon avec une sorte de soulagement mêlé de lassitude.

Il tira alors de sa poche une carte qu'il déroula sans grande précaution avant de la lui tendre.

« Est-ce que tu sais lire ça ? » lui demanda-t-il prudemment en désignant les étranges caractères qui ornaient la carte. Sans très bien savoir quoi faire, elle hocha affirmativement la tête.

« Parfait ! Hum… » Il sembla hésiter soudain, comme s'il se rendait compte de la stupidité de son comportement. « Est-ce que tu pourrais… me la traduire, s'il te plaît ? Je peux te payer, si tu veux… » ajouta-t-il un peu maladroitement.

Elle le regardait sans rien dire.

« Je sais que ça paraît stupide… grommela-t-il en se renfrognant. Mais il semble que personne d'autre ne puisse le faire… » Il jeta un coup d'œil agacé au vendeur qui lui faisait des signes désespérés depuis qu'il avait adressé la parole à la jeune démone.

Cette dernière ne savait absolument pas comment réagir. C'était la première fois depuis des années qu'un humain s'adressait à elle… Et qui plus est simplement pour lui demander de traduire une carte ! Est-ce qu'il se rendait bien compte du risque qu'il prenait en s'approchant d'elle ? Il ne devait pas avoir plus de onze ans, mais au vu de son bandeau frontal, il était ninja. Et tout ninja digne de ce nom devait bien savoir qu'on n'aborde pas un demi-démon à la légère… D'ailleurs, n'importe quel civil, quel que soit son âge, hésite à s'approcher d'une petite fille avec un œil orange…

« …D'accord. »

Elle n'avait rien trouvé d'autre à dire. Encore un peu troublée, elle prit la carte, l'étala sur le sol, et fouilla dans son sac pour y prendre de quoi écrire. Elle entreprit ensuite de noter la signification de chaque symbole en bas de la carte sous forme de légende, jetant de temps à autre des coups d'oeils à la dérobée à l'étrange garçon. Ce dernier observait son ouvrage avec attention, tout en gardant ses distances.

« Tu… n'as pas à me payer. » précisa-t-elle dès qu'elle eut fini en lui rendant son bien. De toutes manières, elle se voyait mal expliquer à Noroï l'origine de l'argent.

Le garçon hocha la tête et marmonna un simple « Merci. » accompagné d'un soupir de soulagement en roulant sa carte. Après quoi il tourna les talons et s'apprêta à repartir…

« A… Attends ! »

Il se retourna, l'air interrogateur et à nouveau un peu méfiant.

Ketsueki ne savait pas vraiment ce qui lui avait pris. Elle s'était relevée et l'avait rappelé. Et maintenant… quoi ? Il la regardait et attendait, une légère impatience dans le regard. Mais pas la moindre once de dégoût ou d'antipathie. Un regard sans « a priori », qui lui procurait une étrange impression. Une sorte d'immense soulagement. L'impression d'être enfin traitée d'égal à égal… par un total étranger.

'C'est un humain… se dit-elle en l'examinant à nouveau, comme pour s'en convaincre. Je sens son chakra… Alors, pourquoi… ?'

« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-il, visiblement incommodé par ses yeux scrutateurs.

« …Comment tu t'appelles ? » hésita-t-elle.

La question avait été posée spontanément, mais d'une voix qui lui parut beaucoup plus faible et timide que la sienne. Elle sentit le rouge lui monter aux joues, et ne s'en sentit que plus gênée. Que lui arrivait-il donc… ?

Le garçon, de son côté, sembla pris au dépourvu. Il fronça les sourcils, comme s'il se demandait s'il devait répondre ou non. Ce qui était compréhensible. Il n'est jamais recommandé de donner son nom à un démon. Mais en règle générale, les gens vont jusqu'à estimer que ne jamais leur adresser la parole ou même dans la mesure du possible éviter tout simplement de croiser leur chemin sont encore les moyens les plus sûrs de maintenir son espérance de vie en l'état. Et apparemment, ce garçon n'était pas de ceux-là.

« Sabaku no Kankurôu. » répondit-il finalement, non sans lui décocher un autre regard de pur scepticisme.

Alors, sans qu'elle sût pourquoi, la fillette sentit son visage se fendre d'un large sourire. Curieusement, en cet instant, sa nature de démone, le fossé social entre ce garçon et elle, ce que son frère pourrait penser d'une telle rencontre et même le fait qu'elle devait avoir l'air complètement stupide avec ses joues en feu et son sourire idiot, tout ça importait peu. En l'instant, à ses yeux, le seul fait d'avoir obtenu une réponse était tout ce qui comptait.

« Je m'appelle Ketsueki ! » lança-t-elle en retour d'un ton enjoué, agrandissant encore son sourire.

L'humain parût d'autant plus désarçonné. Il la dévisageait sans comprendre pourquoi elle rayonnait soudain, et se demandait manifestement ce qu'il convenait de faire à présent. Et à la vérité, elle-même se sentait assez ridicule, mais ne s'en souciait pas plus que ça.

L'intrusion de la kunoichi les sauva tous les deux :

« Kankurôu ! Tu m'amènes cette carte, oui ou non ? »

L'interpellé se tourna dans la direction d'où était venue la voix, et Ketsueki l'imita. La source de l'injonction était une jeune fille avec des cheveux blonds coiffés en quatre queues de cheval toutes droites qui se tenait à quelques mètres de là, les mains sur les hanches.

Après lui avoir répondu d'un « Oui, oui… » agacé, Kankurôu, puisque c'était son nom, se tourna à nouveau vers la démone, et après s'être bruyamment éclairci la gorge, marmonna qu'il devait y aller avant de s'éclipser sans plus de cérémonie.

La fillette le suivit des yeux, et lorsqu'il s'éloigna en compagnie de la fille, elle ne pût s'empêcher d'écouter leur conversation :

« Alors, tu as pu la traduire ? » demandait la fille en prenant un grand éventail apposé contre un mur proche.

« Oui, et crois-moi, ça n'a pas été simple… » grommela en retour Kankurôu.

« Parfait ! sourit son interlocutrice en consultant ladite carte, comme si elle ne l'avait pas entendu. Cela fait tout juste quatre-vingt trois kilomètres d'ici à Suna no Kuni, donc à peu près soixante-douze heures à vitesse normale, pauses non comprises. »

« Si tu le dis… » soupira encore le jeune shinobi.

Après quoi ils disparurent dans la foule.

« Suna no Kuni… » répéta distraitement Ketsueki.

« Qu'est-ce que tu dis ? »

La démone-louve fit brusquement volte-face, prise par surprise. Son frère lui renvoya un regard interloqué. Il était rare qu'il parvienne à surprendre sa sœur, tant la sensation de leur chakra respectif leur était familière. Sans parler de leur « lien ».

« Oh… ! J'étais juste en train de me dire… que nous devrons passer par Suna no Kuni… ? » hésita la fillette.

Il s'agissait davantage d'une question que d'une constatation, et Noroï sembla s'en apercevoir. Pourtant, ils en avaient déjà convenu…

« Nous n'avons pas vraiment le choix… fit-il remarquer, un peu incertain. Le village du démon-ours est encore loin, et pour y accéder, il faut nécessairement passer par le désert. Donc, il faudra forcément passer par… le village caché. »

La dernière phrase avait été dite avec une note d'amertume. Encore une manifestation de sa répugnance à l'idée de pénétrer à nouveau un lieu habité… Ketsueki en oublia presque son trouble.

« Ne t'inquiètes pas, nous n'y resterons pas longtemps… » lui dit-elle sans grande conviction.

Au fond d'elle-même, elle espérait pouvoir y séjourner le plus longtemps possible. C'était bien la première fois qu'elle avait ce genre de souhait pour un village humain…

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Ketsueki humait l'air brûlant, en quête de son odeur. La tâche était plutôt malaisée avec le vent environnant qui lui envoyait toujours plus de sable au visage et la lourdeur de l'atmosphère qui mélangeait toutes les senteurs. Cependant, elle se souvenait parfaitement des moindres détails de cette odeur-ci, et il était difficile de la confondre avec une autre. Pour commencer, il y avait la légère odeur de sueur propre à tous les ninja, ainsi que celle du tissu, liée aux vêtements. En ce lieu, l'odeur du sable se trouvait partout, cette caractéristique ne lui serait donc pas d'un grand secours. En revanche, elle se souvenait de l'odeur étrange qui semblait émaner du paquet que le garçon, Kankurôu, portait sur le dos le jour de leur rencontre. Une odeur d'os à nu desséchés, de caoutchouc et de métal. Peu commune, et dont la nature lui échappait. Il fallait juste espérer qu'il portât toujours ce paquet sur lui.

Toute à sa recherche, elle ne faisait pas spécialement attention à son entourage, mais elle avait déjà eu l'occasion, à son arrivée, de constater que le village de Suna était impressionnant. Les habitations, bien qu'assez petites par rapport à celles des pays limitrophes, en imposaient par leur visible solidité. Même vus de l'extérieur, les murs paraissaient si épais qu'un homme de stature moyenne aurait facilement pu se tenir à l'intérieur s'ils avaient été creux. Leur surface, lissée par le sable et le vent, adoptait leur couleur, et sans les hauts remparts autour du village, il aurait été bien malaisé de deviner sa présence au milieu des dunes.

Chaque habitant qu'elle croisait écarquillait les yeux à sa vue dans une expression de peur incrédule, et elle entendit les mots « démons » et « Gaara » (ce qui aurait dû l'intriguer) revenir à plusieurs reprises, mais elle n'y prêtait aucune attention. La seule chose qui comptait, c'était de trouver une piste.

Au détour d'une rue, elle sentit le vent tourner, et la perçut enfin. C'était cette odeur-là ! Elle bifurqua aussitôt dans sa direction, accélérant pour ne pas la perdre.

Tout en courant, elle repensa à ce qu'elle était en train de faire, et se demanda à nouveau quel pouvait bien être le bien-fondé d'une telle expédition. Elle avait dit à Noroï qu'elle désirait visiter seule le village de Suna, lui avait suggéré d'en faire autant de son côté, et lui avait donné rendez-vous à la tombée du soir. Il n'avait rien compris de son soudain intérêt pour le village, mais avait résolu de l'écouter, comme à son habitude. Peut-être avait-il pensé qu'elle avait besoin d'être seule ?

Elle eut un pincement au cœur. Elle ne mentait jamais à son frère sans bonne raison… A chaque fois, elle le sentait blessé de son manque de confiance, si rares qu'aient été les occasions. Mais elle ne pouvait pas lui parler de Kankurôu…

'Pourquoi est-ce qu'il m'intéresse autant ?' se demanda-t-elle.

Une question qui revenait sans cesse, et ne trouvait jamais de réponse.

Brusquement, elle mit fin à sa course. Il était là.

Assis en tailleur sur un rocher, il était en train de manier divers outils avec une application soutenue, jetant de temps à autres un coup d'œil à la forme inerte à côté de lui, que la fillette ne distinguait pas bien, mais qui avait l'odeur du paquet de l'autre fois…

Cette fois, sa capuche était rabattue dans son dos, laissant à l'air libre d'épais cheveux châtain foncé dressés en épis désordonnés, qui mettaient en valeur le maquillage sombre de style kabuki dont son visage était à présent couvert.

'De plus en plus bizarre…' songea-t-elle, quelque peu interloquée.

Il sembla sentir son regard sur lui et dressa la tête. Dès qu'il l'eut reconnue, une expression déconcertée s'imprima sur son visage, puis il fronça les sourcils, à nouveau sur le qui-vive.

Elle se contenta de l'observer tout en reprenant son souffle, nullement incommodée par le silence qui régnait entre eux. Elle se sentait étrangement à l'aise, maintenant qu'elle l'avait retrouvé. Sa fébrilité de tout à l'heure s'était complètement envolée, et elle ne songeait plus qu'à savourer ce moment de calme.

L'autre, en revanche, ne paraissait pas aussi détendu, et même un rien irrité, bien que toujours prudent :

« Tu cherches quelque chose ? » demanda-t-il en désespoir de cause.

Cela la ramena à la réalité. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle-même ignorait totalement pourquoi elle avait cherché à le retrouver, alors qu'ils ne s'étaient parlé qu'une fois, et que cela ne les avait pas vraiment rapprochés…Mais il lui fallait un prétexte.

« …Qu'est-ce que tu fais ? » questionna-t-elle donc en retour, suivant son impulsion.

Kankurôu haussa un sourcil, la dévisageant avec une légère désapprobation qui la blessa un peu, avant de soupirer et de lui montrer la chose à ses côtés. Elle eut un sursaut à cette vue.

« C'est un pantin… précisa-t-il lorsqu'il vit sa réaction. Je le perfectionne. »

D'où les pièces détachées qui l'entouraient. Oubliant la prudence, elle s'approcha un peu et scruta l'objet démonté, fascinée. Elle n'avait jamais rien vu de pareil. Même dans cet état, la marionnette avait un air vaguement humain, avec une tête ronde aux cheveux hirsutes et aux yeux vides, un corps mince et des bras et des jambes désarticulés qui traînaient par terre et desquels sortaient divers objets coupants.

« Tu t'en sers… pour te battre ? » demanda-t-elle encore avec curiosité. La chose ne paraissait pas très maniable…

« Avec l'aide de fils de chakra, oui… » répondit-il avec circonspection. Elle se rappela alors que les ninjas devaient en principe éviter de dévoiler les secrets de leurs techniques. Mieux valait changer de sujet…

« Je peux t'aider ? » proposa-t-elle, comme si elle était venue spécialement dans ce but.

En réalité, elle ne savait pas du tout d'où cette idée avait bien pu lui venir. Elle avait presque l'impression qu'une voix en elle lui soufflait tout ce qu'il fallait faire, et qu'elle arriverait à ce qu'elle voulait grâce à son seul instinct. Sans même savoir ce qu'elle voulait au juste…

Kankurôu la regardait à présent avec des yeux ronds. De toute évidence, il s'était attendu à tout, sauf à ça. Il scruta son visage, comme pour vérifier si elle était ou non sérieuse. Son regard s'attarda un peu sur son œil gauche, et elle crut y déceler une pointe d'amertume, l'espace d'un instant. Finalement, il parut se résigner.

« …D'accord. lâcha-t-il dans un soupir. Tu n'auras qu'à visser certaines pièces et me passer celles dont j'aurai besoin quand je te le dirai. »

Un peu surprise, mais ravie, elle acquiesça joyeusement de la tête et s'assit à ses côtés, examinant avec attention chaque pièce qu'il la laissait manipuler. Puis elle commença à en assembler certaines, avec milles précautions…

« Dans l'autre sens. »

Elle sursauta violemment et dressa la tête, raide : « Pa…Pardon ? »

Il leva les yeux au ciel.

« Le tournevis. siffla-t-il, agacé. Tourne-le dans l'autre sens. »

Elle resta un moment à le regarder sans comprendre, avant que la réalisation n'atteigne enfin son cerveau.

« Ah…Oui ! dit-elle en rougissant. Bien sûr. Gomen… »

Et elle se remit à l'ouvrage. Son compagnon secoua la tête en silence, mais n'émit aucun commentaire.

Elle le regardait du coin de l'œil. Elle ne savait toujours pas pourquoi il l'attirait à ce point. Au fond, était-il si différent des autres ? Il se méfiait d'elle, c'était évident… Mais curieusement, l'effet n'était pas le même. Il lui avait demandé son aide, lui avait parlé, et acceptait à présent sa compagnie… Était-il si fort qu'être aux aguets en permanence devenait la seule précaution dont il avait besoin… ?

« Qu'est-ce que tu regardes ? » demanda-t-il, et elle remarqua que ses joues avaient un peu rosi, sous son maquillage. Cela l'amusa…

« Je…ne sais pas ? hésita-t-elle, un peu paniquée malgré tout. Je veux dire…Rien, je suppose…Heu…Tu demandes souvent aux gens de…t'aider à perfectionner tes armes ? »

Elle ne se rendit compte qu'après coup que sa question pouvait être prise pour de la raillerie, et sentit sa panique augmenter encore. Mais il se contenta de se détourner et de répondre avec dédain :

« Nan. Je supporte pas qu'on touche à mes affaires… »

A ces mots, sa panique disparut d'un coup, et Ketsueki sentit son cœur se serrer un peu.

« Alors…pourquoi tu me laisses t'aider ? » demanda-t-elle, presque dans un murmure.

Il eut un léger sursaut, et leva à nouveau les yeux vers elle, sans tourner la tête. Il paraissait réellement pris de court, avec une confusion évidente imprimée sur son visage, dont les traits de peinture ne parvenaient toujours pas à masquer la rougeur.

« …J'en sais rien… » lâcha-t-il dans un grognement en détournant les yeux, à nouveau renfrogné.

La demi-démone le regarda un moment encore avec incrédulité, puis sentit des tremblements lui secouer la poitrine, remonter dans sa gorge et… elle se mit à rire. Cela ne dura que quelques secondes. Un rire très bref, qui était sorti de lui-même, pour exploser d'un coup entre ses lèvres, et qui la laissa déconcertée. C'avait presque été un gloussement.

Le garçon ne s'en empourpra que davantage, et se tourna vers elle d'un air exaspéré.

« Ca n'a rien de drôle ! s'offusqua-t-il. Ne vas pas te faire des idées ! J'ai pas l'habitude de ce genre de trucs, c'est tout… Enfin… Tu sais, qu'on me propose de l'aide et tout… Oh et puis zut ! Visse cette pièce au lieu de poser des questions idiotes ! »

Sur ce, il se remit lui-même au travail, marmonnant au passage quelque chose comme « Je déteste les mioches. »

Ketsueki l'observa avec une attention redoublée. « Ne vas pas te faire des idées »… ? Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Elle sentit son rythme cardiaque accélérer sensiblement, et ses joues se remettre à chauffer. Elle n'était pas sûre de bien comprendre, mais elle se surprit à penser que c'était plutôt à lui de se « faire des idées »…

Finalement, elle secoua la tête, et reprit elle-même sa besogne, tirant tout à coup une étrange fierté de celle-ci.

Cet humain n'était sans doute pas particulièrement aimable, mais elle appréciait sa compagnie. Et lui ne rejetait pas la sienne. Il était conscient de son pouvoir, mais se satisfaisait d'une légère prudence, qui semblait même s'être un peu amincie… Elle sourit à cette pensée. Elle se sentait heureuse. Satisfaite, en tous cas.

Les questions pouvaient attendre. De toute façon, elle n'était pas sûre d'avoir à ce point envie de réponses dans l'immédiat. Pour l'instant, elle se contenterait de profiter de cette journée qu'elle pouvait passer avec l'étrange humain.

Car comme tout le reste, cela ne durerait pas.

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Je sais, je sais… Je vous ai fait poireauter pendant des mois et je vous gonfle avec des flash-backs… Mais je pouvais pas décemment laisser chacun de mes OCs faire un topo sur son passé, ce serait devenu franchement lourd ! D'ailleurs, personnellement, j'ai plutôt bien aimé… (Même si j'ai pleinement conscience du fait que j'ai encore BEAUCOUP à apprendre…)

Mais je ne veux absolument pas vous imposer mon point de vue. Sur ffnet, le lecteur est toujours roi.

Un petit commentaire, pour m'inciter à écrire plus vite ? (puppy eyes)