LE CHOUCHOU DU PROF (teatcher's pet)
Hello ! Quelqu'un se souvient encore de cette histoire ? J'espère que oui ! Désolée d'avoir mis autant de temps, j'ai eu un petit coup de mou sur cette traduction. Mais je vais essayer d'être moins longue pour le prochain chapitre, promis.
Je voulais signaler que j'ai changé d'adresse mail (visible dans mon profil). Je me suis aperçue que je ne recevais pas tous mes mails et je pense que les miens n'arrivaient pas tous à destination. Alana et Orely par exemple, je ne suis pas sûre que vous ayez reçu mes envois.
Merci pour les reviews (très nombreuses pour ce chapitre ! Décidément vous aimez ça quand Sirius fait du mal à notre petit Mumus bande de sadiques !).
J'ai répondu à celles qui comportaient une adresse. Il me reste à remercier :
Luthien pour ses gentils compliments - Orely pour ses encouragements et pour son travail de relecture - Oxaline pour son soutien sans faille depuis le début - mimi pour son petit mot et clow pour ses compliments et encouragements !
Bonne lecture à tous ...
Précautions d'usage de l'auteur :
Avertissement : léger AU (univers alternatif). Techniquement, si c'était dans l'univers HP, ce serait situé à l'époque des maraudeurs. Soyez également avertis qu'il s'agit d' un slash qui implique une relation entre deux hommes.
James, Peter et Sirius ont environ 18 ans.
Pairings : Sirius Black/Remus lupin
disclaimer : je jure solennellement que je suis prête à beaucoup de choses avec ces personnages, mais je les rendrai à Mme Rowling dès que j'en aurai terminé.
Résumé : quand le professeur Lupin arrive à Hogwarts, Sirius Black est déterminé à tout pour le faire virer suite à un pari avec James. Et il est prêt à N'IMPORTE QUOI pour gagner ...
CHAPITRE ONZE
La silhouette au sommet de la tour ressemblait à une simple forme noire recroquevillée, se détachant sur les étoiles.
Sirius, les lèvres serrées en un pli amer, serrait étroitement sa robe contre son corps, se protégeant ainsi du froid mordant qu'il ne sentait même pas. Les jointures de ses doigts blanchissaient à force de tenir ainsi ses bras serrés autour de lui, en un geste de réconfort ou de colère, il n'aurait su dire. Ses yeux fixés sur l'horizon, luisaient d'une lumière étrange et furieuse.
Il aurait dû comprendre plus tôt. Remus Lupin : professeur ; homme ; monstre. Bon sang, il avait pourtant été proche du professeur suffisamment longtemps. Et lui qui se targuait de son intelligence et de son sens de l'observation ! Il trouvait assez inquiétant de n'avoir rien deviné plus tôt. Il n'était lui-même qu'à moitié convaincu de ses déductions au moment où il les avait jetées, mais l'étrange regard à la fois coupable et empli de crainte du professeur à cet instant, avait été suffisant pour que Remus Lupin se retrouvât condamné aux yeux de Sirius.
'Comment Dumbledore a-t-il pu permettre ça ?' pensa-t-il furieux, ' Il représente une menace – un danger pour la société ! ' Sirius grinça des dents, furieux, effrayé, et plus bouleversé qu'il ne voulait l'admettre. 'Il tuerait sans un regret. Il lorgne la chair humaine '. Cette pensée le mettait hors de lui : une sombre et dangereuse créature tapie derrière le masque d'un calme jeune homme. 'Mon professeur,' grinça-t-il intérieurement, et il ressentit un frisson inattendu courir le long de son échine,' et il aurait pu tuer n'importe lequel d'entre nous, n'importe quand. '
La pensée que lui, Sirius Black, avait été trompé était un sujet d'amertume supplémentaire – une tache de plus sur le nom , déjà douteux, de Lupin. À cet instant, Sirius se forçait presque à envisager le pire au sujet de l'homme, uniquement parce qu'il lui avait menti et prétendu, assez pathétiquement, être humain, ce qui n'était pas le cas bien évidemment .
Les termes de 'déchet', 'traître' et 'animal' ne cessaient de répercuter leurs échos dans la tête de Sirius, jusqu'à ce qu'il ne cache son visage dans ses mains, serrant les dents et gémissant faiblement. Tout avait été de travers durant cette soirée et il sentait une migraine le gagner. Il pouvait presque sentir des générations de Black en train de le fixer de leurs yeux morts – le condamnant pour avoir seulement osé penser s'approcher de quelqu'un d'aussi impur, d'aussi manipulateur.
'Je le hais, ' décida Sirius en se frottant les yeux et en essayant de réprimer la furieuse brûlure de sa colère. 'c'est un monstre et je le hais. Je voudrais ne jamais le revoir. ' Il déglutit et sentit qu'un goût amer avait empli sa bouche. Il voulait se ruer dans le bureau de Remus – le confronter une nouvelle fois à la vérité. Il voulait aller trouver Dumbledore pour exiger que son professeur ne soit viré. Il voulait haïr le loup garou et – en dépit de tout, il se rendit compte qu'il ne pouvait pas. Il avait envie de crier ; il avait envie de hurler ; il avait envie de briser quelque chose ...
Surtout, il avait envie de pleurer, et ça, ça faisait mal encore plus que tout.
AaAaAaAa
James Potter s'était toujours considéré comme un gentil garçon.
À l'âge de cinq ans il avait décidé que quand il serait grand, il serait gentil ; et somme toute, il y était parvenu. Il n'avait pas vraiment d'ennemis – sauf les Serpentard bien sûr, mais eux personne ne les aimait – et il s'entendait bien avec la plupart des gens. Il se disait souvent qu'il était probablement trop sympathique pour son propre bien. Il avait aussi tendance à être un peu trop spontané, mais il estimait réagir honnêtement et selon son coeur.
Cependant à cet instant, James Potter ne se sentait pas l'âme d'un gentil garçon.
Il se sentait en colère et perturbé et fâché aussi parce qu'il était en colère et perturbé. Il se sentait également mal à l'aise, et le désintérêt total de Peter pour le sujet ne contribuait pas à améliorer son sentiment général de malaise. Il était aussi presque sûr que l'infirmerie était le dernier endroit où il aurait dû avoir cette conversation, particulièrement à minuit, alors qu'il était censé dormir.
« C'est pas parce qu'il embrasse les garçons, » gémit-il, puis tout de suite après il haussa les épaules. « En fait, si. Mais c'est aussi ... c'est parce qu'il s'agit du professeur Lupin. » Il soupira, passant une main dans sa chevelure ébouriffée. « Tu vois, j'essaye d'être un bon camarade, et je n'ai pas arrêté de penser à tout ça depuis que tu es parti Pete, et je voudrais comprendre, je le veux vraiment, mais je me sens ... bizarre à propos de toute cette histoire, tu comprends ? »
Peter mâchouilla pensivement sa plume en sucre, son visage pâle baignant dans la lumière de la baguette magique. « Peut-être que tu penses que tu ne le reconnais plus ? » suggéra-t-il.
James secoua la tête. « C'est même pas ça. C'est comme ... je sais que ça devrait m'être égal qu'il soit intéressé par les garçons et qu'il reste mon ami de toutes façons. Et la partie logique de mon esprit me dit que c'est bien, mais il y a quelque chose qui me rend un peu nerveux à la perspective de le revoir maintenant. » James s'arrêta, passant à nouveau sa main dans ses cheveux. « Et le fait que tu m'aies dit qu'il a une histoire avec un prof me rend encore plus mal à l'aise. Et je suis inquiet pour lui également. »
Peter approuva sagement, sa plume en sucre terminée, et tendit à James le paquet de choco-grenouilles. « Il y a des cartes de Quidditch à l'intérieur, » offrit-il, et James en ouvrit une, avec un drôle d'air.
« Baldure de Bulgarie encore, » dit-il sourdement, et il jeta la carte sur la table de chevet. Mordant dans la grenouille avec une férocité alarmante, il fronça les sourcils et abaissa les yeux sur sa couette. « Pete ... est-ce que tu penses qu'on devrait en parler à Sirius ? »
« Qu'est ce que tu veux dire ? » Peter avait laissé tomber sa grenouille par inadvertance, et se tenait à présent la tête en bas, penché sous le lit pour essayer de la retrouver. « Tu penses qu'on devrait le laisser nous en parler en premier ? » Il se rassit, rouge et échevelé mais triomphant – la grenouille serrée dans une main dont le chocolat commençait déjà à fondre légèrement. « Ça pourrait être une idée. » Il essuya distraitement ses doigts collants sur sa veste de pyjama.
« Est-ce que tu crois que Sirius est même conscient qu'il est gay ? » demanda James en faisant une grimace dégoûtée à la vue des traces de chocolat sur le pyjama propre de Peter.
« J'en doute. » Peter haussa les épaules et termina sa grenouille. « Il ne m'a jamais paru être le type le plus tolérant qui soit par ailleurs, alors quelque chose de ce genre serait une sorte de choc je pense. »
« Sirius est tolérant ! » s'écria James. « C'est simplement son éducation qui le perturbe. »
Peter haussa à nouveau les épaules. « Ouais, je sais, mais penses-y James – s'il a été élevé dans la croyance que tout ce qui n'est pas de sang pur est le mal, comment crois tu qu'il va réagir à quelque chose de ce genre ? » Il fit une pause pendant un moment, et James – qui avait tout d'abord ouvert la bouche pour répliquer énergiquement – s'était tu et le fixait pensivement. « Tu vois . Je doute que Sirius aimerait qu'on le découvre. Il aura sans doute déjà assez à faire pour digérer tout ça. Donc non, en réponse à ta question originale, je pense qu'on devrait le laisser nous en parler d'abord. »
« Mais comment je dois ... »
« Agir ? Réagir ? » Peter commença à nettoyer les débris de leur festin de minuit impromptu. « Normalement. Je pense qu'on devrait simplement le traiter comme d'habitude. » Il glissa du lit. « Je vais y aller et voir s'il est revenu dans le dortoir à présent. Madame Pomfresh a dit quand est-ce que tu pourrais sortir d'ici ? »
« Probablement demain. » James bailla. « Mais j'ai interdiction de quitter le château pendant quelque temps. Apparemment c'est juste au cas où je ... m'évanouirais brusquement ou quelque chose dans le genre. »
« T'évanouir ? » Peter semblait légèrement dubitatif. « Après toutes les blessures de Quidditch que tu as eues ? C'était juste un coup sur la tête. »
« Un sacré coup, » lui rappela James.
« Même ! »
« On n'y peut rien mon vieux. Déjà je peux vous faire confiance à toi et à Sirius pour me rapporter toutes les bizarreries bonnes à manger de Pré-au-lard hein ? »
« On fera de notre mieux, » répondit sèchement Peter et il sortit de la pièce, juste avant que Madame Pomfresh n'apparaisse en tenue de nuit, pour vérifier que James se portait toujours bien.
AaAaAaAa
« Tu as une mine épouvantable. » constata Mars en mordant joyeusement dans un morceau de toast. Sinn, assis près de lui à la table du petit déjeuner, examina la nourriture avec dégoût et trouva refuge dans une tasse de thé noir.
« Merci, » dit Remus faiblement, en s'asseyant près du professeur de Divinations. « J'ai passé une assez mauvaise nuit . »
« Oh ? » Mars se pencha et emplit l'assiette de Remus d'oeufs brouillés. « Mange et raconte nous tout. » Il sourit, légèrement curieux, puis reporta son attention à sa nourriture. Sinn, plus attentionné, observa Remus pensivement. Avec précautions, il mit de côté sa tasse de thé – hors de portée des coudes assez pointus de Mars – et donna une légère tape sur l'épaule de Remus.
« Quel est le problème ? »
« Je ... » Remus regarda autour d'eux pour s'assurer que personne d'autre n'écoutait. Sa bouche était sèche, et la douleur qui lui tordait l'estomac depuis la nuit dernière, refusait de s'apaiser. L'air inquiet de Sinn et la vague curiosité de Mars ne servaient qu'à mettre un peu plus en lumière ce qu'il allait perdre d'ici peu. « Quelqu'un ... sait. »
« Sait ? » Mars termina son toast et commença à attaquer sérieusement son bacon. « Sait quoi ? »
Cependant Sinn, avait compris immédiatement ce que Remus voulait dire, et il avait pâli et grimacé. « Qui ? Un élève ou quelqu'un de Pré-au-lard ?'
« Un élève, » répondit Remus doucement en enveloppant sa tasse de thé de ses doigts pour cacher le tremblement de ses mains. Les yeux baissés, il fixait la table, le visage tourmenté ; il s'efforçait de respirer calmement tout en souhaitant n'avoir jamais pensé à enseigner ; n'avoir jamais accepté de venir à Poudlard et surtout, n'avoir jamais rencontré Sirius Black. Il se mordit les lèvres et Mars eut un hoquet de surprise, la bouche pleine, en sentant le coup de coude que Sinn venait de lui donner.
« Es tu sûr que cet élève soit au courant ? » demanda Sinn doucement, et Mars marqua une pause suffisamment longue dans son repas pour lancer un regard acéré à plusieurs élèves qui semblaient marquer un peu trop d'attention à la table des professeurs.
« Certain, » répondit Remus misérablement. « Nous avons eu une discussion à ce sujet. »
« Qui est-ce ? » Mars se pencha, ses yeux bleus étincelèrent tandis qu'il regardait Remus avec curiosité.
« Hum, » Remus rougit et bougea nerveusement, son coeur battait à tout rompre. « Sirius Black. »
Il y eut un long silence tandis que Sinn et Mars dévisageaient Remus, le visage empreint d'une expression identique d'horreur mêlée de sympathie. Remus soupira et laissa tomber sa tête entre ses mains. Les autres membres du personnel poursuivaient leur petit déjeuner respectifs avec une insouciance joyeuse, et le brouhaha des élèves continuait à leur parvenir. Personne ne prêtait attention au petit groupe de professeurs soudain lugubres, à l 'une des extrémités de la table du personnel.
Mars brisa le lourd silence par un torrent de jurons.
« J'ai besoin d'aide,' gémit Remus misérablement; « Qu'est ce que je dois faire ? »
« - Ce petit bâtard, je le tuerai de mes propres mains s'il s'avise seulement de dire un mot à qui que ce soit ... »
« Mars ! Tu n'aides pas ! » Aboya Sinn, en reposant bruyamment sa tasse sur la table puis il se tourna vers Remus, le visage grimaçant. « Je pense que tu dois aller en parler à Dumbledore. Tout d'abord peut-être qu'il peut discuter avec Mr Black – le convaincre de ne pas révéler ce qu'il sait ? » Sinn leva un sourcil noir. « En somme, si Black ne le dit à personne, tu pourras conserver ton boulot. Personne ne dira rien si personne n'est au courant. »
« Et j'étranglerai son sale petit cou de sang pur s'il a dit quoi que ce soit, » promit Mars. « Tu sais, désolé de dire ça Remus, mais quand tu es arrivé au début, j'étais vraiment sceptique sur le fait d'enseigner avec un ... enfin tu sais. » Le professeur de sports jeta un coup d'oeil à la ronde pour être sûr que personne n'écoutait. « Mais plus maintenant. » Il haussa les épaules, sans aucune honte. « Donc je tuerai le petit con s'il a seulement fait une allusion sur ta condition à quiconque. »
« Professeur Fogarty, » grogna Sinn en reprenant son mug, « Je vais finir par croire que tu as un coeur après tout. » Il sourit à Remus, voulant l'inclure dans la plaisanterie. Mars regarda ses amis avec un sérieux inhabituel. « Tu n'as jamais dit que je n'en avais pas, » Dit il franchement.
Sinn toussa et regarda ailleurs. « Donc, Remus. » Il hocha la tête en direction de Dumbledore. « Je suggère que tu ailles trouver Albus immédiatement. » Il fit tambouriner ses doigts impatiemment sur la table. « Ça va aller ? »
« Oui ... je vais ... » Remus fit courir des doigts tremblants dans ses cheveux, le visage blême. « Je vais bien. » dit-il avec un pâle sourire. « C'est juste que je ne m'étais pas attendu à ce que quelqu'un le découvre si vite. » En vérité il était malade, mais il n'allait pas le dire à Mars et Sinn. La seule pensée que Sirius pourrait avoir déjà révélé son secret à tous ses camarades était suffisante pour lui donner envie de se rouler en boule et de mourir sur le champ, mais le fait qu'il s'était passé entre eux ... ce qu'il s'était passé, rendait les choses encore pires. Et si Sirius se contentait de révéler à tout le monde qu'il avait couché avec un professeur ? Remus pourrait aussi bien être arrêté et il doutait même qu'il aurait droit à un procès, considérant ce qu'il était.
Et par dessus toutes ces inquiétudes il avait le sentiment étrange et persistant qu'il était plus meurtri par la réaction de Sirius que par le fait qu'il pourrait parler à quelqu'un.
AaAaAaAa
« Il n'est pas rentré de la nuit, » dit Peter d'un air inquiet tandis qu'ils s'asseyaient pour le petit déjeuner.
James leva un sourcil. « T'en es sûr ? Peut-être qu'il est rentré tard et que tu dormais, et qu'il est reparti tôt ce matin. »
« Non, il n'est pas rentré au dortoir, » insista Peter. « Son lit n'était même pas défait. » Il soupira et empila du bacon dans son assiette. Quand Peter était inquiet ou mal à l'aise, il avait tendance à manger ; James l'observa pendant un moment, puis se servit des oeufs brouillés et quelques toasts. Il s'assirent tous les deux en silence pendant quelques minutes, mâchant pensivement jusqu'à ce que James ne rompe le silence en s'éclaircissant la gorge.
« Tiens regarde, le voilà. »
Sirius pénétrait dans le Grand Hall, échevelé et arborant un air fatigué et plutôt soucieux. Il se contenta de hocher la tête en direction de l'un des joueurs de Quidditch qui lui avait adressé un salut amical, et se glissa dans un siège à côté de James. Il remplit un verre de jus d'orange, puis autorisa son corps fatigué à s'affaler pour se reposer. Il plongea en avant et posa sa tête sur la table, tout près d'une flaque de ketchup renversé.
« 'Jour, » dit James en repoussant ses lunettes sur son nez. Il piqua du nez dans son assiette, évitant le regard sévère de Peter et essaya de garder un ton aussi normal que possible. « Peter m'a dit que tu n'étais pas rentré au dortoir la nuit dernière. »
« Non. » la voix de Sirius était ténue ; épuisée. Ni Peter ni James ne pouvaient voir son visage.
« Pauvre Pete, tu as eu une nuit solitaire ? Pas moi et Sir non plus ... » James marqua une pause et déglutit. « Alors, t'étais où ? »
« Je réfléchissais. » Sirius se frotta les yeux mais ne fit aucun effort pour s'asseoir. Il bailla et laissa son regard se déplacer lentement sur la surface de la table, rencontrant des miettes et des morceaux de nourriture éparpillés. Il soupira et ferma les yeux. « Désolé de ne pas être venu te voir. Comment va la tête ? »
« Pas trop mal. » James essayait de paraître joyeux. « J'ai eu un peu mal à la tête ce matin quand je me suis réveillé, mais tout va bien maintenant. » Il toussa nerveusement. « Donc ... heu .. tu réfléchissais à quoi exactement ? Si c'est pas indiscret. » À ses côtés, Peter se tendit légèrement, priant qu'il n'y ait pas d'éclat soudain ou que James n'ait pas posé par inadvertance la question que Sirius ne voulait pas entendre.
« Je réfléchissais ... » Sirius ouvrit les yeux à nouveau, mais ne fit aucun geste pour regarder quelqu'un. « Je réfléchissais aux créatures de l'ombre. »
« Drôle de sujet. » constata Peter légèrement, faisant descendre son petit déjeuner avec un jus de pomme.
« Pas vraiment. »
James commençait à réaliser que quelque chose n'allait pas du tout chez Sirius. Même quand il était de mauvaise humeur, son ami avait plutôt tendance à crier ou à chercher la bagarre plutôt que de rester assis avec une expression indifférente sur le visage. Ce morne désespoir ne lui ressemblait pas – quelque chose le troublait visiblement, et le soupçon de colère amère et de douleur qui perçait dans sa voix malgré son expression neutre, était suffisant pour avertir James qu'il allait très très mal.
« Qu'est ce qui se passe ? » demanda-t-il doucement, et Sirius, pour la première fois rencontra son regard.
« James ... et si ... et si tu pensais que tu connaissais quelqu'un parfaitement alors qu'en définitive il était quelqu'un d'autre ? Et si cette personne cachait quelque chose de terrible sur elle-même – quelque chose qui changeait la perception que tu avais d'elle si radicalement que tu étais furieux contre elle et que tu ne savais plus quoi faire ? »
« Eh bien ... je ne sais pas, » dit James d'un air dubitatif. « Je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire. Je pense qu'il faudrait que je connaisse la chose terrible d'abord, parce que tout dépend du degré d'horreur. » Il fronça les sourcils. « C'est pas au sujet de ta famille n'est-ce pas ? » Il serra les lèvres tandis que Sirius secouait la tête, et regarda Peter se pencher vers lui d'un air attentif.
« Snape ne t'a pas ennuyé n'est-ce pas ? »
« Ha ! » le rire de Sirius ressemblait à un aboiement rauque – amer, mais malgré tout légèrement amusé. « Comme si ce con graisseux pouvait m'ennuyer ! »
James et Peter échangèrent des regards dubitatifs à ce sujet, puis James haussa les épaules.
« Très bien, c'est quoi alors ? »
« Pas ici. » Sirius jeta un coup d'oeil alentour, le visage pâle. « Quelqu'un pourrait écouter. » Il se leva et fit un geste pour inciter James et Peter à le suivre hors du Grand Hall. Une fois dehors, il regarda autour d'eux, avisa une classe vide, et entraîna ses deux amis à l'intérieur en fermant la porte derrière eux. James et Peter l'observaient, tous deux semblant légèrement alarmés par l'attitude étrange et nerveuse de Sirius.
« Bon, » dit James dès que la porte fut fermée, « Qu'est ce que tout ça veut dire ? » il s'adossa à un bureau, bras croisés.
« C'est au sujet ... du professeur Lupin. » Sirius ignora le regard entendu qu'échangèrent James et Peter, ne se préoccupant même pas de leur soudaine connivence et de leur attitude de conspirateurs. « Il y a quelques chose que vous ne savez pas. » Il s'éclaircit la gorge et croisa ses doigts nerveusement.
« Mon pote, » dit James gentiment, et Peter sourit – content de voir que ses récentes inquiétudes à savoir comment réagir face à Sirius s'étaient évaporées. « On est au courant. »
« Vous savez ? » les yeux de Sirius s'agrandirent, puis s'étrécirent brusquement. « Comment ? »
« Peter l'a vu en Divination. » Peter confirma de la tête et James se gratta le crâne d'un air embarrassé. « On en a discuté tous les deux et on a décidé qu'on s'en fichait. »
« Peut-être que vous vous en fichez, mais pas moi ! » Sirius éclata, partagé entre le désespoir, la peur et la colère. « Enfin comment l'école a-t-elle pu autoriser une chose pareille ? Je suis surpris qu'il n'y ait pas eu de veto de la part des Gouverneurs. » Il frissonna soudain. « Comment se fait-il qu'on ne m'ait rien dit ? Malfoy a des liens très étroits avec l'école ... »
« Attends une minute ! » James leva les mains, faisant cesser la furieuse tirade de Sirius. « Je crois qu'on ne parle pas de la même chose là. Que veux-tu dire par 'comment l'école a-t-elle pu autoriser une chose pareille ' ? »
« Comment ont-ils pu laisser Remus ... le professeur Lupin ... Remus enseigner ici ! » Sirius prit une profonde inspiration, son regard allant du visage confus de James à celui de Peter. « C'est un loup garou ! »
« Quoi ? » James pâlit et Peter laissa échapper un sursaut de surprise. « Tu en es sûr ? »
« Tout à fait sûr, » répondit Sirius, se laissant tomber sur le sol le dos contre un pied de bureau. Il semblait totalement misérable tout à coup, et Peter s'assit à côté de lui, pensant qu'il avait besoin d'un peu de réconfort. « Je l'ai découvert la nuit dernière. D'un seul coup tout s'est ... mis en place. » Il eut un sourire amer. « Je ne pense pas que je l'aurais découvert s'il ne s'était pas brûlé les doigts en essayant d'attraper une pièce en argent ; et alors je me suis souvenu qu'il s'absentait tous les mois, et j'avais vu ses blessures ... »
« Comment - ? » commença James, cherchant à savoir comment exactement Sirius avait pu voir les blessures du professeur Lupin, mais Peter secoua la tête frénétiquement, l'interrompant.
« C'est un loup garou , une créature vile. Il est dangereux. » Sirius serra les lèvres, il paraissait malade. « Et j'avais confiance en lui. »
« Et tu en es absolument sûr ? » demanda Peter avec précautions. « Pas d'erreur possible ? »
« Aucune. » Sirius eut un rire creux. « Il ... la créature me l'a confirmé rien qu'à voir son air coupable. » Il jeta un regard dur à James qui fronçait les sourcils, le regard fixé au sol. « Peux-tu réellement croire que Dumbledore le laisse enseigner ici ? »
« Je le peux. » Le ton de James était prudent. « Ça ressemble bien à Dumbledore d'accorder une chance à tout le monde. » Il était suffisamment perspicace pour comprendre que Dumbledore avait laissé le professeur Lupin enseigner pour la simple raison qu'il n'aurait pas trouvé de travail ailleurs. « Et je pense que la raison pour laquelle il ne l'a dit à personne c'est que ... hé bien, tu peux imaginer le scandale ? » Il soupira et se frotta le front. « Par les couilles de Merlin, je ne m'attendais pas à ça si tôt le matin. Un loup garou ... »
« Un loup garou, » confirma Sirius en grimaçant.
« Ah, » dit une nouvelle voix dans l'entrée. « Je pense que j'ai bien fait de partir à votre recherche. »
Sirius, James et Peter sursautèrent tous les trois.
Dumbledore sourit aimablement.
« Un mot dans mon bureau ? »
AaAaAaAa
« Le ... hum ... le problème avec les épouvantards, c'est bien sûr que vous aurez plus de chances de réussir à vous en débarrasser si vous êtes au moins deux. » Remus tritura d'un air absent des papiers étalés sur son bureau , et jeta un coup d'oeil à la pendule qui affichait la même heure que cinq secondes auparavant. « À présent, je suis sûr que la plupart d'entre vous a déjà entendu parler ou vu l'un d'entre eux, et je pense que votre dernier professeur vous a donné les instructions nécessaires pour vous en débarrasser ... »
Plusieurs élèves qui s'ennuyaient visiblement, changèrent de position ; mais Remus ne leur prêta aucune attention.
'Je me demande si Dumbledore l'a trouvé maintenant. J'espère qu'il ne l'a dit a personne ... oh dieu, s'il vous plaît, faites qu'il ne l'ait dit à personne ...'
Il se mordit les lèvres, l'abject sentiment de terreur le submergeait à nouveau, perturbant son élocution. La classe attendait pendant que son professeur s'égarait et semblait avoir perdu le fil de son cours, aussi l'un des élèves leva-t-il bravement la main pour demander s'il se sentait bien. Cela sembla le secouer et plusieurs élèves échangèrent des regards intrigués en voyant Remus hésiter et prendre une profonde respiration.
« Non effectivement, je ... heu ... je ne me sens pas très bien. Merci. Peut-être que nous ferions mieux de continuer ce cours demain. » Remus sourit faiblement. « Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. Attendez ici dans le calme le prochain cours je vous prie. » Il rangea promptement ses affaires dans son cartable et se dirigea vers la salle des professeurs, laissant sa classe se gérer toute seule pour les vingt minutes restantes.
Le professeur McGonagall dégustait tranquillement une tasse de thé quand il pénétra dans la salle des professeurs, et elle releva les yeux, sourcils dressés. Lorsqu'elle le reconnut, elle sourit.
« Je croyais que vous aviez un cours ? »
« J'avais, » dit Remus en laissant tomber son cartable sur le sol et en s'affaissant dans le sofa. « Mais ... je ne me sens pas particulièrement bien. »
McGonagall lui offrit une tasse de thé, le regard aigu. « Le directeur m'a informée de votre situation, » dit-elle doucement. « Et s'il ne l'avait pas fait, le professeur Fogarty et ses ... ahem ... menaces assez sonores de ce matin auraient été suffisantes pour faire clignoter plusieurs sonnettes d'alarme ; métaphoriquement parlant bien sûr. » Elle sourit gentiment en entendant Remus laisser échapper un petit gémissement tout en se cachant le visage dans les mains. « Êtes vous réellement si inquiet ? Demanda-t-elle en se rasseyant. « Je suis sûre qu'Albus va s'assurer que personne ne soufflera mot. »
« Il n'y a pas que ça, c'est ... » Remus se mordit la langue, sur le point de tout confesser. Il déglutit difficilement et recommença. « C'est le fait que je devais surveiller Sirius – Albus me l'avait demandé – et je me sens ... je me sens comme si dans un certain sens ... je l'avais trahi. » Et tout en prononçant ces paroles, Remus réalisa que c'était la vérité. Il avait effectivement trahi Sirius. Le garçon avait besoin de quelqu'un à qui faire confiance, et il aurait pu le trouver en Remus – mais plus maintenant.
« Sirius a beaucoup de problèmes qu'il doit parvenir à résoudre par lui-même, » constata gentiment le professeur McGonagall. « Je ne pense même pas qu'il en réalise seulement le nombre. Tout ce qu'Albus désirait c'était que vous essayiez de devenir un ... ami pour lui pendant les périodes difficiles. » Elle sirota une gorgée. « Mais ce n'est de pas votre faute s'il a tout découvert. »
'Si ça l'est' voulait répondre Remus. 'C'est précisément ma faute s'il a tout découvert. Si Sirius n'avait pas passé autant de temps avec moi ... s'il n'avait pas commencé à faire attention à moi ... si je ne l'avais pas encouragé au début ...' Il se tordit les doigts nerveusement, essayant de cacher leur tremblement.
« Ne vous inquiétez pas, » continua McGonagall. « Tout va s'arranger au mieux. » Mais ses paroles sonnaient creux, et même Remus, bouleversé comme il l'était, pouvait voir qu'elle n'en était pas aussi sûre qu'elle s'efforçait de le paraître. Elle hocha la tête et prit une gorgée de son thé, se brûlant presque la langue, et elle fit une autre tentative pour le rassurer. « De toutes façons, Sirius est un garçon intelligent. Je suis sûre qu'il va réaliser que vous n'avez rien d'effrayant. »
« Vous ne l'avez pas vu, » murmura Remus. « Vous n'avez pas vu comment il a réagi. Je ne l'avais jamais vu aussi ... en colère. » McGonagall fronça les sourcils, tandis qu'elle le regardait en face pour la première fois. Ses yeux étaient hantés, son visage pâle, mais étrangement, elle vit une résolution brûlante dans son regard tandis qu'il se redressait dans son siège.
« Mais vous avez raison. Il semblait avoir peur aussi. Peut-être qu'il a juste besoin d'apprendre qu'il n'y a pas de quoi avoir peur. »
« Vous voyez ? » Le professeur McGonagall sourit et saisit son livre de Transfiguration. « C'est ce que je voulais dire. Il y viendra j'en suis sûre. »
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Dumbledore observa James et Peter quitter son bureau puis se tourna vers Sirius d'un air aimable.
« Ainsi donc, » dit-il joyeusement, « Mr Potter et Mr Pettigrew m'ont donné leur assurance qu'ils ne souffleront mot à propos de la condition du professeur Lupin, mais je note que vous êtes resté silencieux. » Il sourit, les coins de ses yeux plissés de malice. « Un tour de force étonnant, je dois bien l'avouer Mr Black. Je ne vous avais jamais vu aussi calme. » Il fouilla dans son bureau pendant un moment avant de sortir un sac de papier froissé. « un caramel ? »
« Non. Merci. » Sirius secoua la tête, et se laissa aller dans sa chaise. Dumbledore l'étudia pensivement pendant un instant avant d'ouvrir un bonbon et de le fourrer dans sa bouche.
« Vous voyez Sirius, le professeur Lupin est un remarquable jeune homme. Il a lutté toute sa vie pour surmonter les préjugés et exercer le métier qu'il aimait réellement – enseigner. J'ai pensé qu'ici à Poudlard, nous pourrions lui offrir cette opportunité, et je dois admettre que j'ai presque dû batailler contre Beauxbâtons pour l'avoir. » Dumbledore mit de côté le sac de bonbons . « La condition du professeur Lupin, dût-elle être un jour révélée, causerait son renvoi immédiat. C'est une certitude et peu importe que ce soit un jeune homme extrêmement intelligent et un excellent professeur ; tout ce qui importerait aux centaines de parents qui enverraient des lettres pleines de colère c'est que, une fois par mois, il se transforme en loup – chose sur laquelle il n'a aucun contrôle. » Le directeur se pencha en avant dans sa chaise, l'extrémité de ses doigts pressés ensembles. « Ceci est la raison pour laquelle je vous ai demandé de ne pas faire état de sa condition. »
« Ça je peux le comprendre, » répondit Sirius avec lassitude, et Dumbledore nota avec intérêt qu'il s'était affaissé dans son siège, « Mais Monsieur je ne comprends pas pourquoi ? Je veux dire ... C'est ... c'est une créature sombre ; un animal ... »
« Sirius, » dit Dumbledore gentiment, « Remus n'est pas plus un animal que vous ou moi. Ce que vous dites en somme est que nous devrions nous méfier de lui à cause de qui – ou dans son cas, ce qu'il est. Prenons une approche différente, pendant un instant. » Il sourit, le scrutant par dessus ses lunettes. « Prenons l'exemple des Maisons de Poudlard. Admettons que James soit un Gryffondor, mais que vous ayez été placé chez les ... hé bien disons au hasard les Serpentard. Est-ce que vous haïriez James simplement pour être ce qu'il est ? Pour avoir été placé chez les Gryffondor – quelque chose sur lequel il n'a aucun contrôle ? »
« Hé bien ... » Sirius tripotait avec embarras la manche de sa robe. « Je comprends votre point de vue Monsieur, mais James ne tuerait pas quelqu'un simplement parce qu'il est chez les Gryffondor. Re – le professeur Lupin le peut, parce que c'est un loup garou. »
« Vous m'êtes toujours apparu, » dit Dumbledore d'un ton faussement charmeur, « comme étant un jeune homme extrêmement intelligent Sirius. » Sirius fronça les sourcils, attendant ce que Dumbledore allait dire. « Mais je dois confesser que vous êtes décidément borné en ce qui concerne ce sujet. Est-ce que cela vous ennuierait terriblement – même si vous ne deviez plus jamais vous retrouver en présence du professeur Lupin – de ne pas parler de sa condition aux autres élèves ? »
« Qu'est-ce que vous feriez, » énonça Sirius délibérément lentement , « si je disais 'oui' ? »
« Il n'y a absolument rien que je pourrais faire, » dit Dumbledore tout en essayant d'imaginer une autre ruse. « Bien sûr, techniquement je pourrais placer un charme de mémoire sur vous, mais puisque M. Potter et M. Pettigrew sont au courant de toute la situation, je suis sûr qu'ils vous remémoreraient tout ceci avant longtemps. Ce qui voudrait dire, » continua-t-il en ouvrant un nouveau bonbon, « que je devrais placer un charme de mémoire sur vous trois. Mais je ne le ferai pas parce que je crois Sirius, que c'est une décision que vous seul devez prendre. »
« Je veux le dire, » assena Sirius, les lèvres serrées de fureur. « Je veux avertir les élèves de ce qu'il est réellement. » Dumbledore le regardait, impassible, suçant son caramel. « Mais, » continua-t-il, et les coins de sa bouche s'adoucirent légèrement, « Je ne vais pas le faire. »
« Oh ? » Dumbledore leva un sourcil. « Vous n'allez pas le faire , »
« Non. » Sirius fit courir une main dans ses cheveux, la voix soudain lasse. « Je l'ai dit à James et à Peter, parce que je voulais avoir leur opinion, et j'ai entendu ce qu'ils en pensaient – ils n'y attachent pas autant d'importance que moi. » Il soupira et se frotta le visage. « Aussi, bien que la situation me dégoûte et que je sois furieux, je ne vais pas ... je ne vais pas démolir la vie de quelqu'un. »
Pour la première fois depuis longtemps, Dumbledore voyait l'un de ses plus brillants élèves se départir de son masque d'arrogance, pour se révéler à visage découvert. Le directeur avait toujours été persuadé que Sirius Black, avait plus de positif en lui que ce qu'il voulait bien en montrer. Peu d'enseignants étaient d'accord avec cette assertion, mais Dumbledore était très content que son opinion se soit révélée juste. Ici même, dans son bureau, il découvrait un jeune homme avide de découvrir le monde et qui avait besoin de compréhension – ce que les jeunes gens de son âge ne pouvaient probablement pas lui donner.
« Pourquoi avez-vous décidé de ne pas révéler le secret de Remus ? » Demanda-t-il doucement, offrant à nouveau le sac de bonbons, et cette fois-ci Sirius en prit un, le faisant rouler entre ses longs doigts.
« Parce que ... parce que ... » Sirius hésita pendant un moment, puis regarda Dumbledore directement dans les yeux. « Parce qu'il a été le seul qui m'ait vu en tant que Sirius et non pas en tant que Sirius Black. Même James et Peter ne le font pas ; Pas vraiment. »
« Mr Black. » La voix de Dumbledore était légèrement amusée. « Au moment même où je pensais qu'il n'y avait plus d'espoir pour vous et que vous ne révéleriez jamais vos profondeurs cachées, vous vous ouvrez de quelque chose qui me stupéfie. » Il sourit, et Sirius fronça les sourcils avec embarras. « Après le nombre de détentions et d'avertissements que vous avez reçus ce trimestre, je pensais plus ou moins que vous vous dirigiez droit vers de sérieux ennuis, mais encore une fois vous me prouvez que vous avez de la maturité. »
« J'ai seulement dit que je ne dirais rien parce que je pense lui devoir quelque chose, » Murmura Sirius. « ça ne veut pas dire pour autant que j'ai accepté qu'un loup garou me serve de professeur. »
« Non, » approuva Dumbledore. « Mais vous défiez vos ancêtres – en fait votre hérédité même – en gardant le silence à ce sujet. Votre famille vous condamnerait à coup sûr pour votre discrétion. »
« Je ne suis pas ma famille. » La voix de Sirius était froide.
« Non, vous ne l'êtes pas. Et ceci en est une preuve. »
Il y eut une pause ; les seuls sons perceptibles dans le bureau étaient le léger tic tac de la pendule et les bruits épisodiques de l'école qui filtraient depuis l'extérieur. Sirius déplia son bonbon et l'introduisit dans sa bouche, le croquant sans vraiment le goûter. Dumbledore le regardait pensivement, ses doigts martelant négligemment son genou en rythme .
« Sirius » finit-il par dire, et Sirius leva un sourcil à la question, incapable de parler avec la bouche pleine de son bonbon. « Y-a-t-il quoi que ce soit d'autre dont vous voudriez discuter avec moi ? »
La tension dans la pièce s'accrut, et Dumbledore qui avait simplement fait quelques conjectures sur la possibilité de quelque chose de plus grave à propos de Sirius, ne trouva aucune satisfaction à avoir deviné juste.
« Il n'y a rien, » dit Sirius après un moment, et il buta sur les mots, la langue rendue épaisse par quelque chose qu'il ne pouvait pas identifier clairement – terreur ou culpabilité, peut-être. Il avait là l'opportunité de détruire complètement Lupin – de s'assurer qu'il ne le reverrait jamais : de lui donner une bonne leçon pour avoir menti à un Black, mais Sirius ne pouvait tout simplement pas le faire. Tout ce qu'il aurait eu à faire, était de révéler que Remus avait fait l'imbécile avec lui, et Dumbledore n'aurait pas eu d'autre choix que de diriger une enquête. Sirius ferma les poings et il évita le regard acéré de Dumbledore. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas prononcer ces mots et il ignorait pourquoi.
« Bien. » Dumbledore soupira et se frotta le font d'un air las. « Dans ce cas si vous voulez bien refermer la porte en partant Sirius. » Il sourit, mais n'insista pas sur les secrets de Sirius. Au lieu de cela, il regarda l'un de ses plus brillants élèves s'esquiver rapidement, retroussant presque sa robe dans sa hâte de s'échapper.
« Bien, » répéta le directeur tandis que la porte se refermait derrière Sirius, et son regard se fit vague tandis qu'il se posait des questions.
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« Je crois que je vais être malade. » énonça James comme une certitude.
« Mais non, » lança Sirius tout en essayant de nouer sa cravate correctement. « Ça va bien se passer. » Son sourire rassurant démentait son ton passablement irrité, et Peter soupira en tendant à James une pile de partitions.
« Tiens, prends toujours ça. Tu vas en avoir besoin dans une minute. »
« Ne m'en parle pas ; ne m'en parle pas, » marmonna James et Sirius lui tapota sur l'épaule. « Je n'arrive pas à croire que j'ai pu accepter ça. Mais à quoi je pensais ? J'avais vraiment envie de me ridiculiser en public. » gémit-il tout pâle. Sirius qui avait eu la présence d'esprit de s'éloigner au cas où James aurait vraiment vomi, récupéra une chaussure qui traînait et la lança à Peter.
« James, tu te ridiculises en public tous les jours, » dit-il, « Aujourd'hui il se trouve que ça va être légèrement différent. D'ailleurs, tu ne vas pas te ridiculiser. Tu as du talent. Même McGonagall l'a dit. Tu vas être très bien. »
« Facile à dire pour toi. » James observait Peter nouer à la hâte les lacets de sa chaussure. « Tu ne dois pas chanter. Tout ce que tu as à faire c'est de te tenir là et de pincer quelques cordes, enfin le genre de trucs que tu fais. » Il passa une main dans ses cheveux, les faisant rebiquer encore plus que d'habitude. « Tu penses que les juges m'en voudront si je leur vomis dessus ? » s'enquit-il faiblement, et Sirius leva les yeux au plafond.
« Si tu vomis je te jettes un sort. On perdrait au profit des Serpentard ! »
« Je suis si content, de ne pas avoir été assez stupide pour m'engager dans ce concours » commenta Peter avec insouciance. « Je préfère ne pas imaginer de quoi j'aurais été menacé sinon. » Il rit en entendant James geindre.
« Ferme là Peter ! » émit Sirius à travers ses dents serrées tandis qu'ils regardaient tous les deux James virer vers une jolie teinte de vert. « Tu ne fais qu'empirer les choses. »
« Je sais, » murmura Peter. « Mais c'est ma seule chance de rendre la monnaie de sa pièce à James pour toutes les fois où il m'a terrifié. » Lui et Sirius échangèrent des sourires de conspirateurs, juste au moment où leur ami eut un haut-le-coeur et se dirigea brusquement vers le lit de Sirius. Celui-ci se précipita derrière lui, le tirant en arrière par le col de sa robe et le menaçant de tous les sorts connus dans le monde de la magie s'il s'avisait à nouveau de seulement de regarder vers le lit de Sirius, et encore plus s'il essayait de vomir dessus.
« On pourrait pas y aller ? » gémit James, déjà à demi sur le chemin de la porte tandis qu'il essayait de se débarrasser de Sirius – qui croyait qu'il essayait de faire une nouvelle tentative en direction de ses draps. Il émit un soupir de soulagement en sortant du dortoir, tandis qu'ils cheminaient vers le Grand Hall.
« Au moins, l'école toute entière ne participe pas à la compétition,' commenta Sirius en passant devant le portrait. « On y serait pour des heures sinon. » Peter fit un vague bruit d'acquiescement, mais James pâlit seulement un peu plus à la mention de 'l'école toute entière'.
« Je n'y arriverai pas, » coassa-t-il en descendant les marches vers le Grand Hall. Il était bondé d'étudiants, tous assis au hasard plutôt que de se trouver aux tables de leurs Maisons respectives. La table des enseignants avait été supprimée pour être remplacée par une table plus petite, à laquelle avaient pris place trois sorciers et deux sorcières. Il n'y avait pas besoin de scène, mais on voyait tout de suite où les musiciens devraient se produire en voyant des partitions et un piano, placés juste en face des juges.
« Tu peux et tu vas le faire, » murmura Sirius en repoussant quelques jeunes élèves de son chemin. « De toutes façons, tu ne peux plus reculer maintenant sans passer pour le pire froussard qui soit. » Il se mit sur la pointe des pieds et scuta le Hall. « Ah, je crois que je vois mon violon. Venez. » Agrippant un pan de la robe de James, il tira son ami vers l'endroit où plusieurs autres musiciens Gryffondor étaient assis - tous apparemment pâles et nerveux.
« Bon ben dans ce cas, je vais rester là. » constata platement Peter en s'adressant au vide en face de lui.
AaAaAaAa
Remus prit une grande aspiration et essaya de se retenir de bailler. À coté de lui, Mars ne fit pas un tel effort et s'écroula dans son siège, avec un air de profond ennui et d'énervement mêlés. À la droite de Mars, Sinn se tenait les bras croisés et s'efforçait de paraître intéressé. Plusieurs autres professeurs – parmi lesquels McGonagall, Maple, Flitwick et Dumbledore – semblaient être plus sincèrement attentifs à ce qui se passait. 'Peut-être est-ce parce que ce sont des directeurs de Maisons.' pensa Remus.
« Potter a été bon, » admit Mars à contre-coeur. « Et aussi cette petite Poufsouffle : la blonde avec la flûte. »
« Annabel ? » s'enquit Sinn.
Le professeur de sports haussa les épaules. « Peut-être ! Je ne connais pas tous leurs noms – je ne reconnais que les gars qui jouent au Quidditch. » Il ignora le regard exaspéré de Sinn.
« J'ai bien aimé le choeur des Serpentard, » admit Remus, s'attirant aussitôt un coup de coude de Mars.
« La honte, la honte ! Des Serpentard ! »
« Les professeurs ne devraient pas avoir de favoris, » remarqua Sinn sèchement. Mars lui lança un regard indigné, l'air blessé.
« Je n'ai pas de favoris. Simplement, espérer sincèrement que les Serpentard ne gagneront pas, ne veut pas dire que j'accorde un traitement de faveur à une des Maisons en particulier. Même si j'aimerais bien que les Serdaigle gagnent ... »
« Tu vois ? Favoritisme ! »
Remus se détourna du naturel spontané de Mars et du sarcasme acéré de Sinn, pour reporter son intérêt aux élèves. La plupart d'entre eux ne faisaient pas attention aux candidats – trop occupés à se moquer et à rire les uns avec les autres. Dominant la musique – pour l'heure un concerto au piano d'un élève Poufsouffle souriant – régnait un constant brouhaha, bien que quelques applaudissements se firent entendre à la fin du morceau.
Laissant son attention dériver, le regard de Remus s'arrêta sur Severus Snape qui était assis avec ses camarades Serpentard et semblait plus misérable que jamais. Se considérant lui-même à la fois comme professeur et comme paria, Remus estimait qu'il aurait dû se sentir réellement navré pour le garçon, mais il y avait quelque chose qu'il n'aimait pas chez Snape . C'était peut-être le fait qu'il le suspectait fortement d'être au courant (et là son coeur se serra douloureusement) de la situation entre lui et Sirius, avant tout ce gâchis avec le loup-garou. À moins que ça ne soit le fait que Snape le surveillât avec attention pendant ses cours, lui donnant l'impression qu'il attendait que Remus ne fasse un faux pas.
Il était si complètement plongé dans ses sombres pensées, qu'il avait totalement manqué l'ouverture du morceau suivant, jusqu'à ce que l'épaule de Mars ne le pousse légèrement, et qu'un « il est bon » murmuré à contre coeur, ne le fasse revenir au présent.
Sirius se tenait devant les juges. Il avait une mise plus nette que d'ordinaire, pensa Remus, peut-être parce que sa robe d'école n'était pas dans son état habituellement débraillé . Il se mordit les lèvres à cette pensée et baissa le regard, écoutant l'étrange et lente mélopée du violon. A part en classe, il n'avait pas revu Sirius depuis deux semaines ; il semblait qu'en dehors des cours de Défense contre les forces du mal, l'élève n'existait tout simplement pas. Remus n'était pas stupide ; il était conscient que Sirius l'évitait, et il s'y était attendu, même après que Dumbledore soit venu l'assurer que Sirius ne dirait rien à personne à son sujet. Mais ça faisait toujours mal, et Remus n'arrivait pas à comprendre pourquoi.
Sirius Black avait été un problème depuis le début, et à présent qu'il n'exerçait plus ses pressantes attentions sur Remus, celui-ci savait qu'il aurait dû se sentir soulagé. Pourtant, chaque fois que Sirius évitait délibérément son regard, ou ricanait dans sa direction, son estomac chavirait et il sentait une petite boule dure se former dans sa gorge.
'C'est simplement de l'inquiétude, ' se rassura-t-il, notant au passage que Sirius paraissait plus fatigué qu'il ne l'était deux semaines auparavant. 'Je suis inquiet qu'il ne dise à quelqu'un que je suis un loup-garou. C'est la seule raison pour laquelle je suis un peu ... agité.' Il soupira, maudissant silencieusement Sirius pour être aussi prévisible ; aussi en rage et si ... si ... Remus fronça les sourcils, incapable de penser à une façon satisfaisante de décrire les multiples caractéristiques de Sirius Black.
Il laissa tomber, soupira et à contre coeur, dirigea à nouveau son regard vers son élève pour l'étudier. Les doigts de Sirius volaient rapidement sur les cordes du violon, ses yeux étaient fermés et il fronçait les sourcils dans sa concentration. Mais même s'il se balançait légèrement, évoluant au rythme de son jeu, Remus ne put s'empêcher de penser que sa musique semblait quelque peu ... en dedans. Légèrement plate ; comme si Sirius ne mettait pas tout ce qu'il pouvait pour la représentation.
Apparemment, il n'était pas le seul professeur à penser ainsi d'ailleurs. Sinn et Mars – qui n'avaient jamais entendu Sirius jouer auparavant – paraissaient tous deux agréablement surpris, mais le professeur McGonagall l'observait de l'air froid d'un professeur qui sait que son élève ne donne pas le meilleur de ses capacités.
Quelque chose dans la musique de Sirius semblait cassé et sans espoir, et Remus suspectait que c'était largement involontaire de sa part. Il pensa tout à coup avec une légère ironie, que c'était uniquement quand il jouait du violon, que Sirius était parfaitement honnête – avec lui-même et avec les autres. Remus pinça les lèvres, ne voulant pas examiner cette réflexion trop dans les détails, et observa Sirius tandis qu'il terminait le morceau et saluait poliment le juges, le visage sans expression.
'C'était étrangement sans âme,' pensa le professeur. 'Après une si longue pratique, et tant de menaces de la part de Minerva, je suis surpris que tu n'aies pas fait mieux que ça Sirius.' Il soupira tandis que Mars se penchait vers Sinn, murmurant quelque chose à son oreille, et malgré lui, il maintint son attention fixée à son élève. 'Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? '
AaAaAaAa
Sirius savait qu'il n'avait pas réussi.
Il avait été relativement confiant sur le fait de jouer en face d'un large public – être le point de mire ne l'avait jamais troublé – mais à cet instant, il avait remarqué que les professeurs l'observaient et, plus spécifiquement lui, il était là. Jouer à nouveau en face de Remus Lupin était quelque chose que Sirius n'avait pas envisagé. La créature ne méritait pas d'entendre de la musique, et le fait que jouer du violon était quelque chose d'assez intime, avait encore accentué le malaise de Sirius. Il n'avait vraiment pas imaginé que Lupin serait là – il n'avait pas pris la peine d'y penser pour être honnête – si bien que sa présence et le fait qu'il l'observait avaient rendu les choses encore plus difficiles.
Quelque part, la musique était devenue plus personnelle qu'elle n'aurait du, si bien que Sirius avait senti qu'il ne pourrait pas jouer – qu'il ne pourrait pas étaler ainsi publiquement ses émotions . Même lui n'aurait su le dire quelle était la nature de ces émotions. Ainsi il allait mal jouer. Il se refuserait de placer quelque émotion que ce soit dans le morceau. En se repliant sur lui-même pensa-t-il, du moins ne donnerait-il pas à Remus Lupin , professeur, loup-garou et menteur patenté, quelque chance de lire dans ses pensées.
Quand il eût fini de jouer, Sirius ne regarda pas une seule fois dans la direction de la table des professeurs. Mais tandis qu'il saluait les juges, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil sur le côté.
Remus l'observait toujours avec sur le visage une expression indéchiffrable. L'intensité de son regard brûla Sirius comme un fer rouge, et il frissonna, déchiré entre terreur et une sorte de vague curiosité. Il se rembrunit et fit demi tour, refusant d'admettre qu'il l'avait regardé et entreprit de rejoindre sa place près de James, bousculant presque un petit groupe de Poufsouffle dans sa précipitation.
« Raté, » furent les premiers mots de James, suivis aussitôt par : « Je t'ai vu jouer mieux que ça une bonne centaine de fois . À quoi tu pensais ? »
Sirius haussa les épaules, hissant son étui à violon sur sa chaise. « Je ne pensais pas. C'est juste que ... je ne me sentais pas au niveau aujourd'hui. » il eut un petit rire, essayant de masquer son échec. « On a tous un jour sans. Même moi. »
« Mais il fallait que ça tombe justement aujourd'hui ? » La voix de James était un mélange d'exaspération et d'incrédulité.
« On ne choisit pas le jour ! » aboya Sirius tout en rangeant durement son violon dans sa boite et en refermant le couvercle. « D'ailleurs, Lupin m'a déconcentré. » c'était une demie vérité.
«Ouais, je peux comprendre pourquoi, » admit James en grommelant. « Tu sais Peter et moi on était assez choqués au sujet de ... tu sais ... tout ce truc. Mais tu l'as pris plus mal que nous. Tu étais plus proche de lui, tout ça .. » Il fronça les sourcils, réalisant ce qu'il venait de dire, et lança immédiatementun regard contrit à Sirius. « Désolé. Je ne voulais pas parler de ça. Je veux dire, je sais que c'est évident – c'était évident pour n'importe qui vraiment – et ... oh, flûte. Je crois que je ferais mieux de la boucler. » L'air passablement irrité contre lui-même, il ferma la bouche.
« James, » fit Sirius d'un air las en finissant par s'asseoir. « On a déjà parlé de tout ça. On a eu une conversation approfondie et instructive dans la Salle Commune il y a un peu plus d'une semaine et qui s'est terminée pour toi par une morsure à l'oreille. On ne va pas reparler du temps que j'ai passé avec Lupin d'accord ? C'est quelque chose que j'essaye d'oublier. » Il frissonna ostensiblement. « À présent, est-ce qu'on peut parler d'autre chose ou est-ce que je dois te bâillonner ? »
« Parler d'autre chose est faisable, » se hâta de répondre James, pleinement conscient que Sirius allait effectivement le bâillonner s'il le fallait. Il fit une pause, cherchant désespérément un sujet de conversation. « Donc, » finit-il par dire, son visage s'éclairant. « Comment va Snape ? »
Sirius émit un grognement moqueur.
« Bien, bien, un autre sujet de dispute. » James roula les yeux et abandonna. « Désolé. Et si je parlais de Lily pendant un moment ? Je veux dire, tu ne fais jamais attention quand j'en parle, donc il n'y a aucune chance pour moi que je t'ennuie avec ce sujet. Après tout, je n'ai pas envie d'avoir à expliquer une autre morsure à madame Pomfresh. » Il sourit et Sirius leva les yeux, bien conscient du ridicule des excuses que James avait fournies quand il lui avait mordu l'oreille dans la bagarre qui avait suivi leur discussion.
« Tu n'as qu'à parler de ... nuages ou quelque chose dans le genre, » Lui conseilla-t-il exaspéré.
« De nuages ? Est-ce que c'est pas un sujet bateau ? » James vit l'expression de Sirius et grommela. « Ça va, ça va, j'ai compris ; ne dis plus un mot James Potter . Ferme là. »
« Bien. » Sirius se rassit dans sa chaise pour voir le reste des candidats. Comme il se détendait, son regard erra presque accidentellement vers les professeurs, et il réalisa avec un étrange émoi que Remus le regardait toujours.
'Je ne t'aime pas, ' Pensa-t-il gravement, serrant les lèvre et regardant délibérément ailleurs. 'sombre créature. Je ne t'aime pas. Pas du tout. Je te hais : je hais tout ce que tu es ; je hais le fait que tu m'aies menti .. ' il fronça les sourcils, une main sur le front, le frottant sans y penser, comme s'il voulait se débarrasser d'une pensée dérangeante.
'Je hais que tu me manques autant.'
AaAaAaAa
« On a perdu, » constata James d'une voix faible, fixant le plafond de la Salle Commune des Gryffondor de l'air de celui qui doute encore tandis qu'il gisait allongé sur le dos. « On a perdu. On ne peut pas avoir perdu. Ce n'est pas possible. On a perdu, » répéta-t-il à nouveau..
« Pour les Poufsouffle pas moins, » Commenta Peter joyeusement, bien à l'abri d'éventuels livres, sacs et autres projectiles divers qui auraient pu lui être lancés. Sirius – qui était assis à la toute extrémité d'un des sofas – roula les yeux et donna un bon coup de pied dans la jambe de James, mais dépourvu de méchanceté.
« C'est pas la fin du monde, » dit-il, bien que la note de léger désappointement dans sa voix trahissait sa propre déception.
« Pas la fin du monde ? » James ne pouvait même pas envisager de lever la tête. « Bien sûr que si, bordel ! On n'a pas fini d'en entendre parler ! Le nom de Gryffondor, tout entier, a été souillé ! Les Serpentard vont se foutre de nous pour les siècles à venir ! 'ici ', diront-ils, 'vous vous souvenez quand ces pathétiques Gryffondor ont perdu contre la plus faible des Maisons ?' et nous devrons alors tous baisser la tête sous la honte. La Honte. » La dernière phrase fut accentuée par le bruit sourd de son poing heurtant le dos du sofa.
« Les Serpentard ont perdu eux aussi, » lui rappela Sirius .
« Oui mais ça leur est égal ! »
« Je ne comprends pas bien sa logique, » murmura Peter à l'adresse de Sirius, qui roula les yeux en signe d'assentiment.
« Des losers ... » gémit James sans prêter la moindre attention à la conversation qui se déroulait autour de lui. Il mit ses mains devant ses yeux. « On est des losers. Je savais qu'on aurait dû chanter 'Un sorcier et son bâton' ! Les juges auraient adoré ça. »
« James , si tu avais fait ça, le concours aurait été annulé, ou les Gryffondor disqualifiés, » Fit remarquer Peter patiemment. « Et le professeur McGonagall t'aurait transformé en une souris en peluche pour pouvoir t'arracher les poils quand elle se serait sentie trop en colère. »
« Il a raison. » Sirius glissa du sofa et s'installa dans un fauteuil proche. Il fouilla dans son cartable, et en sortit plusieurs livres de textes, et une lettre qu'il avait reçue dans la matinée de son frère Regulus, qui étudiait à Durmstrang. « Maintenant un peu de silence je vous prie ! Ou alors si tu dois pleurer comme une fille, fais le au moins dans un coin discret, là où ta réputation de virilité n'en sera pas complètement ruinée. Enfin, non pas que tu aies une grande réputation de ce côté là. »
Souriant, il ignora la réaction plutôt brutale de James – quelques mots bien choisis et un geste vulgaire de la main – et il tourna son attention vers sa lettre.
'Sirius,
Puisque c'est bientôt Noël et que (une fois de plus) tu ne reviens pas à la maison pour les vacances, j'ai pris la liberté de t'envoyer ton cadeau pour qu'il te parvienne à temps. Le seul problème est qu'il est un peu, enfin beaucoup, encombrant cette année, donc j'ai dû prendre quelques mesures drastiques.
Le soir du réveillon, je te suggère de te rendre à la grotte que l'on avait trouvée il y a deux ans, juste à l'extérieur de Pré-au-lard. Tu t 'en souviens n'est-ce pas ? Celle qu'on a découvert quand Mère nous a emmenés visiter le Dragon. (tu sais de quelle tante je veux parler – ne joue pas les imbéciles avec moi Sirius !) . Dans tous les cas, j'utilise une variante du sort de port-au-loin pour t'envoyer ton cadeau donc il faut que je sois sûr que tu puisses te glisser hors de l'école pour quelques heures pour me faire plaisir ! D'ailleurs, t'échapper de Poudlard ne devrait pas être un problème pour toi – ce ne serait que l'un de tes nombreux exploits d'après ce que j'ai entendu dire.
En parlant de tes exploits (et en conclusion logique – des ennuis sui s'ensuivent), Mère a mentionné quelque chose d'intéressant dans sa dernière lettre. Elle semblait encore plus remontée que d'habitude contre toi au sujet de tes rapports avec les sang-mêlés. (franchement Sirius ? Est-ce que tu as besoin de faire ça ?) elle a dit quelque chose qui m'a marqué – une mention à propos de 'relations contre nature' ? Je ne suis pas sûr de ce qu'elle voulait dire, mais je surveillerais mes arrières si j'étais toi, elle sait quelque chose. Peut-être quelqu'un lui rapporte-t-il tes faits et gestes à l'école ? Juste une suggestion.
Bien à toi,
Ton frère,
Regulus.
Tremblant, Sirius froissa la lettre entre ses mains et regarda fixement le sol. Comme venant de très loin, il pouvait entendre James continuer à exposer dans les moindres détails pour Peter, comment, si Anne Holmestock avait simplement soufflé un peu plus fort dans cette flûte, les Gryffondor auraient sûrement gagné. Sans faire plus attention à ses amis, Sirius fourra la lettre dans sa poche et se prit le menton dans les mains.
Quelqu'un le surveillait. Quelqu'un rapportait à ses parents tout ce qui le concernait. A ses yeux, Poudlard avait toujours représenté un refuge contre sa famille et voilà qu'à présent, même ici, il ne se sentait plus en sécurité. Il se sentait sale, observé et plus que paranoïaque.
Involontairement, le souvenir de Snape pénétra son esprit. Il l'observait sans arrêt – attendant de le prendre sur le fait. Était-ce lui ?
'Il sait,' pensa Sirius gravement. 'C'est le seul qui sache ... savait ... à propos de Lupin et moi. Peut-être que c'est ce que Mère voulait dire quand elle parlait de 'relations contre-nature'. Il fronça les sourcils et se mordit les lèvres, plongé dans ses pensées. 'Mais comment aurait-il pu lui apprendre ? Il la connaît à peine elle ou ma famille. Pourtant si. Ça doit être lui. Il n'y a personne d'autre.' Il siffla doucement, s'attirant des regards surpris de quelques premières années. ' Le sale petit serpent. Je le prendrai à son propre jeu. Il ne m'aura pas.'
Sirius releva la tête en entendant James – qui essayait d'attirer son attention depuis quelque temps – s'égosiller. Il Plaqua un sourire sur ses traits furieux, se leva et lissa sa robe. S'il s'était vu dans un miroir, il aurait à peine reconnu sa propre image. Pâle, les lèvres serrées et les yeux étincelants, son sourire ne révélait rien, et James lui lança un curieux regard prudent tandis qu'il avançait nonchalamment.
« Un problème ? »
« Non. » Sirius fit un geste de la main. « Ce n'est rien. » Il haussa un sourcil. « Tu as fini de geindre ? Tu veux faire une partie d'échecs ? »
Tandis qu'ils disposaient les pièces, Sirius, d'un air absent, retourna un pion entre ses mains pendant un moment, le regardant froidement.
Il commençait à réaliser qu'il devait faire quelque chose au sujet de Snape. Si ce n'était pas pour son propre salut, du moins pour celui de Lupin murmurait une petite voix dans le fond de son esprit. Refusant la simple possibilité qu'il pourrait s'inquiéter pour le bien-être de Remus, Sirius plaça le pion sur l'échiquier.
Oui, il devait faire quelque chose.
A suivre