Une Heure avant l'aube
Série : Naruto pre-Shippuden. C'est-à-dire l'époque où la regrettée équipe 7 faisait office de personnage principal.
Auteur : Nadramon
Genre : Amatrice de fantastique oblige, une bonne dose d'amours plus ou moins malheureuses et de créatures démoniaques. Sur FFnet, ça se traduit par Romance/Supernatural.
Couples : A propos d'amours malheureuses, y'a toujours que des sens uniques. X) GaaHinaNaruSakuSasuNaru, TenNejiSasu, InoSasu, sans oublier le petit dernier qui n'aura surpris personne : LeeSaku. Comme ça plus aucun « canon » de pre-Shippuden ne manque à l'appel.
Disclaimer : Une « prophétie des crapauds » qui fait de Naruto le prochain messie ? Itachi en défenseur de la paix dans le monde ? Sasuke en Terminator ? Deux gros plans successifs sur les parties génitales d'un tatou géant ? …Je crois que je me passerai des droits d'auteur, merci.
WARNINGS : Au cas où vous seriez devenus gâteux avec mes délais monstrueux, je vous rappelle que cette histoire inclut vampires, pré pubères homosexuels ou psychopathes, bastons, gros mots, alchimie boiteuse et autres joyeusetés de la même farine.
FAQ (Frequently Asked Questions) :
Vous avez été très nombreux à me demander combien de chapitres/parties/volumes/bibliothèques il restait avant la fin de cette fanfiction, qui a déjà il est vrai atteint une longueur respectable. Je suis au moins sûre d'une chose : cette seconde partie sera la dernière. Pour ce qui est des chapitres, sans compter cet interlude, il en reste approximativement six, très certainement de taille monstrueuse. Voilà, maintenant vous savez à quoi vous attendre. 8)
Résumé de la première partie :
Lancé sur les traces de l'agresseur de Sakura, Naruto trouve le coupable en la personne de Sasuke, et croise la route des vampires Moegi et Kakashi. Tous trois semblent étrangement réticents à l'attaquer. Avec l'aide de Moegi, il découvre le refuge des vampires : un manoir au cœur de la forêt, appartenant au clan Hyuuga. En confrontant sa camarade de classe Hinata Hyuuga, Naruto apprend que sa famille pratique l'alchimie depuis des siècles, utilisant les vampires pour leurs recherches et leur donnant leur sang en échange. Il s'avère que c'est Hinata qui interdisait aux vampires de s'en prendre à Naruto, et c'est encore elle qui dissuade les Hyuuga de le tuer pour avoir découvert leur secret. En effet, elle est la seule à pouvoir contrôler Gaara, un ancien chasseur de vampires devenu vampire lui-même, craint de tous ses semblables. La jeune fille convainc Naruto de revoir son opinion des vampires en lui parlant de son projet pour les faire redevenir humains grâce à l'alchimie, un projet dont les cobayes sont Gaara et Sasuke.
De son côté, ce dernier lutte contre la dépendance qu'exerce sur lui le sang de Neji Hyuuga. Sa route croise celle du chasseur Rock Lee, qui surprend un soir une conversation entre Sasuke et Naruto et apprend l'implication du clan Hyuuga dans les affaires de vampirisme. Entretemps, il s'avère que le sang de Naruto peut agir comme substitut pour celui de Neji. Comme cela perturbe les plans de l'alchimiste, Neji monte les Hyuuga contre Naruto et organise son exécution. Alertée par la vampire Ino, Sakura aide Naruto à s'enfuir de Konoha et à franchir le fleuve, échappant ainsi aux vampires, qui ne peuvent traverser l'eau courante. Lee et Kakashi retrouvent leur trace et leur proposent de rejoindre les rangs des chasseurs de Konoha. Sasuke apprend leur localisation par Ino, et Naruto suggère alors qu'il s'entraîne avec eux, en échange de quoi il reviendra sur cette rive pour lui donner son sang. Kakashi, cependant, se doute que les chasseurs de Konoha alerteront leurs collègues étrangers sur les anomalies vampiriques, auquel cas la guerre pourrait être à leur porte.
Réponses aux reviews :
Driing : Ta review m'a fait extrêmement plaisir, et je ne m'excuserai jamais assez d'avoir mis un an et demi à te répondre… Du coup, je n'ai aucun moyen de savoir si tu liras ma réponse un jour. Mais comme respecter le caractère des persos a toujours été ma priorité, et que c'est ce qui t'a le plus marqué, je tenais à te dire merci. ToT Si tu me lis toujours, j'espère que la suite ne décevra pas tes attentes.
CraC craK Belin : Tu m'auras suivie longtemps, je te dois tout mon respect, et j'espère que ton bac s'est bien passé. Pour répondre à ta question, Bram Stoker est l'auteur de Dracula, que je cite comme référence au chapitre 1, et que manifestement Sakura et Lee ont lu avec assiduité. Un classique, et incontournable pour tous ceux qui s'intéressent aux vampires.
Maanon : J'aurais mis le temps, mais...la suite est là ! 83 Merci pour ta review !
Anglique : TOT NON, je n'ai pas laissé tombé ni oublié ! Je suis juste un monstre de lenteur… Vraiment désolée ! Je comprendrais très bien que tu en aies marre de mes délais monumentaux… Mais merci infiniment pour tes deux review, ça m'épate que tu puisses être si patiente. Allez, je te promets de mener cette fic à son terme, et j'en crèverai s'il le faut !
Hanamori : Cette fic n'est pas abandonnée ! Tu peux lire la suite ! X3
Lecteurs, remerciez Hanamori, sa review a été la goutte faisant déborder le vase. Je vous dois à tous de plates excuses : ça fait des mois que cet interlude est terminé, mais vu sa taille minuscule, je m'étais promis de finir le chapitre suivant avant de le poster. Il me semblait moins cruel de vous planter après la fin de la seconde partie plutôt qu'après un tout petit interlude… Mais certains d'entre vous commencent à douter de ma survie, et je me devais de revenir vous rassurer.
Alors à l'avenir, en cas de doute, vous pouvez m'envoyer un PM, comme ça je pourrai confirmer que je bosse sur le chapitre suivant. Pour les anonymes, vous pouvez me retrouver sur LiveJournal (lien « Homepage » sur mon profil FFnet) et m'y envoyer des messages anonymes, auxquels je pourrai répondre directement.
Pour l'heure, vous avez assez attendu, et je commence officiellement la seconde partie de ma fic avec le résumé ci-dessus, auquel vous pourrez vous référer en cas d'oubli sur la trame principale. Merci infiniment à PoseidonDemon, Yuuki Momoru, Yaku Hana, Amethyste-gracieuse, dragonwing4, May-Cat, EstrellaYYa et HortenseCortes pour leur soutien ! Sans vous, il y a longtemps que j'aurais lâché l'affaire.
The darkness is thickening, breathing gets harder
The balance is off, some take more than give back,
The attitude, ignorance, proved to be fatal (Sonata Arctica: It won't fade)
Interlude: Le désert
Si la superstition les désignait sous le terme de « morts vivants », la survie des vampires dépendait en réalité de l'écosystème, comme pour n'importe quelle créature terrestre. Inutile de s'encombrer avec des terreurs de bonnes femmes. Les simples d'esprit pouvaient appeler leur force titanesque « maléfique » si ça leur chantait, cette puissance n'était pas gratuite, et les chasseurs savaient tirer profit de ses contraintes.
Pour l'essentiel, il fallait aux vampires de la nourriture en abondance, des endroits où se cacher, et surtout, où conserver leur terre natale.
Les bois répondaient bien à ces exigences, les forêts montagneuses en particulier. Pourvu qu'il y ait un village à proximité, les vampires n'avaient qu'à trouver un bosquet d'arbres ou un rocher colossal sous lequel enterrer leur cercueil avec un peu de leur terre natale à l'intérieur. Découvrir leur cachette pouvait prendre des années, même aux natifs de la région.
Puis l'infection commençait. Le vampire trouvait une proie, l'attirait à sa cachette, et après plusieurs visites, en faisait sa compagne. Sous la tutelle de son aîné, le vampire nouveau-né apprenait l'art de la dissimulation et de la chasse, revenait s'abreuver du sang de ses proches, et gagnait en puissance. Puis il transformait une victime à son tour, et le virus se propageait.
Le vampirisme avait fait du chemin. De village en village, de villes en contrées, les créatures s'étaient multipliées comme du chiendent. Presque aucun pays n'était épargné.
Mais Suna serait certainement la dernière infectée.
Bâtie en plein désert autour d'une oasis, la vaste forteresse de pierre, avec ses murs lissés par le sable et le vent, se fondait aisément au milieu des dunes. Mieux que les hauts murs de pierre, des kilomètres de sable l'abritaient du fléau qui rongeait le monde extérieur : la plus épaisse couche de terre ne pouvait isoler totalement un vampire du soleil de plomb qui frappait la région, dont les rayons s'infiltraient par les plus petites interstices des cercueils. Même si le vampire tentait d'ensevelir son cercueil sous le sable durant la journée et de voyager de nuit, la trop grande quantité de minéraux empêchait les rayons lunaires d'atteindre la terre dont il s'enveloppait, et la créature se vidait rapidement de ses forces. A la nuit tombée, le cercueil se serait profondément enfoncé sous le sable, et le vampire à l'intérieur n'aurait pas l'énergie nécessaire pour s'extraire aux tonnes de minéraux qui le recouvraient.
Une barrière naturelle que les habitants de Suna avaient longtemps crue infranchissable.
Mais depuis bientôt sept ans, les chasseurs vivaient dans la crainte. Plus personne ne pouvait prétendre au titre de civil : chaque habitant, dès son plus jeune âge, était initié à la chasse, et nul ne sortait de nuit sans ses armes. Dès le coucher du soleil, les portes étaient barricadées et enduites d'ail.
Il avait suffi d'une fois pour que des années de certitudes soient jetées aux orties…
C'est avec cette pensée amère en tête que l'adolescent poussa la lourde porte de sa maison et sortit, un pieu de petite taille serré dans sa main.
Les contours arrondis des bâtiments brillaient d'une pâle lueur bleutée sous la lune. Des rues désertes les contournaient en tracés sinueux, et se perdaient dans les ténèbres. Poussé par le vent, le sable s'engouffrait en sifflant dans le dédale de pierre. En dehors de ce chuintement, le silence était total.
L'adolescent referma précautionneusement la porte, sans quitter les rues sombres du regard. Seule la position des étoiles indiquait que la nuit touchait à sa fin. Aucune lumière n'était discernable à l'horizon. Il était encore trop tôt pour se croire à l'abri des vampires…
Avec un grognement, le jeune homme tira sa capuche sur son front pour mieux se protéger du vent, et s'engagea dans les ruelles. Les ténèbres engloutirent rapidement sa silhouette noire. Sans lâcher le pieu, ni baisser sa garde, il ne cessait de pester intérieurement. Il avait suffi d'une infiltration, qu'un vampire parvienne à franchir les murs et à s'enfuir indemne, pour que le village entier sombre dans la paranoïa. Il était évident que cette folie du buveur de sang n'avait pas d'autre motif. Une vulgaire provocation, qui avait mis dans le mille. Franchement exaspérant.
Il fallait vraiment que ces vampires soient sûrs d'eux pour envoyer l'un des leurs jusque sur leur territoire, dans le seul but d'alarmer les chasseurs. Ou ils se moquaient ouvertement de leurs efforts, ou cette bravade avait un tout autre sens.
Il y avait longtemps que les chasseurs de Suna avaient cessé de traiter les vampires comme des proies puissantes, mais stupides, aveuglées par leur soif de sang. Les créatures avaient évolué, et la réputation de leur ruse n'était plus à faire. Plutôt que réaffirmer leur supériorité en semant la déroute parmi les chasseurs, ce coup d'éclat visait certainement à cacher autre chose. Une chose que Suna, plongée dans la terreur d'une éventuelle invasion, n'était pas en état d'envisager…
Par pure habitude, le jeune chasseur ajusta ses lunettes infrarouges contre ses yeux et scruta les rues rougies qu'il connaissait par cœur, sans interrompre sa progression. Aucun mouvement suspect. Il ne s'attendait pas réellement à en trouver. Si les vampires s'étaient vraiment sentis assez puissants pour les envahir, ils l'auraient fait sept ans auparavant, au lieu de les provoquer en traversant le désert. Mais la consigne était la consigne, et les hautes instances de Suna ne laissaient rien au hasard. Le danger était réel, et la sécurité avait été renforcée en conséquence.
Mais elles n'avaient pas été assez stupides pour jouer le jeu des vampires. Les dirigeants du village se doutaient qu'il s'agissait d'une diversion. Ces buveurs de sang préparaient quelque chose, et des enquêteurs avaient été dépêchés à travers le monde pour découvrir quoi.
L'adolescent arrivait à destination. Ce n'était qu'un bâtiment ordinaire, qui se fondait parmi les maisons rondes, isolées les unes des autres par des chemins tortueux qui se ressemblaient tous. Sa vue n'avait rien d'impressionnant. Pourtant, le jeune chasseur déglutit péniblement en approchant sa façade.
Il n'était devenu chasseur que tout récemment, peu d'informations parvenaient jusqu'à lui. Mais il avait fourni des résultats rapides, que personne n'hésitait à qualifier de stupéfiants pour son âge. Et cette nuit, il se verrait confier sa première mission à l'étranger. Il allait prendre une part active à l'enquête…
Ce n'était pas trop tôt.
Après un dernier regard autour de lui, le jeune homme rangea ses lunettes et frappa cinq coups au battant de la porte. Une ombre passa devant la lorgnette aux reflets carmins pratiquée dans le bois. On retrouvait cette même tâche rouge sur toutes les portes alentours, comme un œil fixé sur la nuit. Six ans plus tôt, un renforcement de la sécurité avait exigé leur aménagement. Chaque fois qu'un villageois rentrait chez lui, ses proches étaient tenus de vérifier sa chaleur corporelle à travers cette lorgnette avant d'ouvrir la porte. En dessous d'un certain seuil, la personne était tuée sur le champ.
L'adolescent fut tenté de lever les yeux au ciel. Jusqu'ici, aucun cas n'avait été répertorié. Cette fois encore, la porte s'ouvrit après une minute d'examen. Les vampires avaient vraiment bien réussi leur coup…
La vue de l'homme dans l'embrasure interrompit ses imprécations silencieuses. Son propre enseignant se tenait là, en uniforme, son visage peinturluré l'invitant à entrer d'un signe de tête. Le jeune chasseur mit une seconde à se remettre de son étonnement, puis inclina humblement la tête et franchit le seuil.
Son maître se déplaçait en personne pour cette mission ? Cela faisait pourtant quatre mois qu'il n'avait plus besoin de chaperon. Si un chasseur de sa trempe avait été demandé, c'était que la mission elle-même l'exigeait. La tâche s'annonçait plus importante que prévue…
Mais une plus grande surprise l'attendait à l'intérieur :
« Temari ! »
Cette fois, il avait été incapable de se contenir. Il venait d'apercevoir sa sœur aînée, en uniforme de chasseur elle aussi, adossée à l'un des épais murs du bâtiment, son regard rivé sur la porte comme si elle voyait à travers le nouveau venu.
A son exclamation, les yeux de la jeune fille se focalisèrent sur lui. Seul le froncement accentué de ses sourcils témoigna de sa désapprobation pour le manque de contenance dont il venait de faire preuve, à la stupéfaction du jeune homme. Elle l'avait habitué à des réprimandes à voix haute.
Il entendit à peine la remarque sèche que lui fit son maître en refermant la porte. Circonspect, il regardait le pli soucieux qui barrait le front de la jeune fille, blanchi par de longs mois passés à l'étranger, durant lesquels elle ne sortait plus qu'à la nuit.
L'initiation de Temari avait été plus rapide encore que la sienne. Nul ne mettait en doute ses capacités de chasseresse, et encore moins son sang-froid. Il en fallait beaucoup pour la mettre mal à l'aise. Et en cet instant, la tension qui émanait d'elle était presque palpable. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer… ?
« Maintenant que nous sommes au complet, » dit leur maître, « le temps est venu de mettre nos informations en commun. Kankurô, en tant que nouvelle unité de terrain, je t'invite à commencer. »
L'adolescent réprima un sursaut, et se redressa. Ce faisant, il s'autorisa un regard vers sa sœur, et son air perplexe le conforta un peu.
Si cette mission était si importante, pourquoi se contenter d'une équipe de trois personnes, dont une nouvelle recrue ? Qui plus est, choisir des unités ayant des liens trop étroits allait à l'encontre du règlement le plus basique.
« Sabaku no Kankurô, affecté à la collecte d'informations pour une mission de reconnaissance au pays du Feu, » récita le jeune chasseur, de la manière la plus concise que le règlement susmentionné autorisait. Les réponses viendraient en temps voulu. « Les opérations seront concentrées autour du village de Konoha, dont le niveau d'infection s'est stabilisé entre 6 et 7 depuis plusieurs décennies. Un rapport récent a signalé des anomalies vampiriques dans le secteur, nécessitant une enquête sur le terrain. »
Il aurait été mal placé pour critiquer les décisions de ses supérieurs, mais le peu qu'il savait de Konoha lui faisait déjà douter du bien-fondé de cette histoire.
La priorité de Suna était d'en apprendre plus sur l'organisation vampirique qui était parvenue à infiltrer un de ses membres dans la ville, et d'en anéantir tous les éléments. Ils n'avaient pas de temps à consacrer à un nid de vampires qui s'entretenait lui-même sans chercher à se propager. A sa connaissance, Konoha était même l'un des nids les plus stables du pays du Feu, naturellement propice aux buveurs de sang. Si Suna se donnait la peine d'envoyer une patrouille en reconnaissance, même aussi restreinte, il lui fallait une bonne raison.
Ignorant le regard scrutateur de son ancien disciple, l'homme se tourna vers Temari. La jeune fille s'avança pour prendre la parole, d'une voix claire et ferme. Cette voix ne trahissait aucune émotion, offrant un fort contraste avec les traits contractés de son visage :
« Sabaku no Temari, stratège et unité de combat rapproché. Ma mission consiste à protéger Kankurô dans la mesure de mes moyens, en assurant ces deux fonctions. Je dois également l'épauler dans sa collecte d'informations. Et pour commencer, » dit-elle en raidissant davantage l'échine, « j'ai suivi vos instructions, Baki-sensei, et mémorisé l'intégralité des documents que nous possédons sur Konoha. Y compris… le rapport envoyé par les chasseurs locaux. »
Elle buta sur les mots, et son regard se durcit. Ses quatre queues de cheval raidies par le sable paraissaient se dresser en branches menaçantes contre le vétéran. Sa physionomie exigeait la réponse à une question que le protocole lui interdisait de formuler. Ça ne lui ressemblait pas.
Baki lui ordonna simplement de poursuivre. Après un bref regard pour Kankurô, Temari s'exécuta :
« Konoha… Comme Kankurô vient de le dire, il s'agit d'un nid de vampires dont le niveau d'infection oscille entre 6 et 7. Le village est vaste, et les vampires entretiennent sa population sans chercher à l'anéantir. Il y a eu des révoltes par le passé, mais toujours endiguées, dont la dernière remonte à plus d'une dizaine d'années. Le seul intérêt que ce village aurait pu présenter réside dans ses légendes. »
Kankurô se renfrogna. Temari prenait son temps pour en venir au fait… Au fond cet échange de rapports était une pure perte de temps; il n'y avait aucune raison de faire traîner davantage les choses. Il valait mieux que ces stupides légendes aient un lien solide avec le rapport en question.
Et que ce dernier ne soit pas une fausse alerte.
« Ces légendes évoquent une version de la naissance du vampirisme, » enchaîna Temari sans paraître remarquer la moue impatiente de son frère. « Deux clans d'alchimistes auraient été impliqués : le clan Hyuuga et le clan Uchiha. Ces noms ont survécu jusqu'à nos jours, mais aucune activité suspecte n'a été reportée sur l'un ou l'autre des clans. Jusqu'à récemment, Suna n'avait aucune raison de croire à ces racontars. »
Et son ton laissait fortement entendre qu'elle n'était toujours pas prête à y croire. Kankurô partageait son scepticisme, et ne comprenait pas pourquoi elle se donnait la peine de digresser là-dessus. Il dressa pourtant l'oreille au nom d'« Uchiha ». Il n'entendait pas grand-chose à ces histoires d'alchimie, mais ce nom lui était familier. Enfin, on arrivait à quelque chose…
« Il y a environ huit ans, le clan Uchiha entier a été décimé par un de ses propres membres, Itachi Uchiha, » dit Temari, complétant le nom qui s'était imposé à son frère. « Et nos espions ont confirmé que ce vampire fait maintenant partie de la même organisation qu'Akasuna no Sasori, le vampire qui a infiltré notre village il y a sept ans… »
Temari s'interrompit encore, au grand damne de Kankurô. Jusqu'ici, elle ne lui avait rien appris qu'il ne sache déjà, et il ne voyait toujours pas ce qui pouvait la mettre si mal à l'aise. Les coups d'œil qu'elle ne cessait de lui jeter n'arrangeaient rien.
Baki, cependant, restait impassible. La jeune fille n'eut d'autre choix que de continuer :
« Jusqu'à présent, Suna ne s'intéressait à Itachi Uchiha qu'en tant que membre de l'organisation de l'Aube, Akatsuki… Mais un appel récent de Konoha nous a révélé une anomalie qui avait échappé à notre vigilance. Il semble qu'un autre Uchiha ait été vampirisé.
« Son nom est Sasuke Uchiha. D'après nos sources, il avait sept ans le jour du massacre, qui coïncide avec la date de sa transformation. Pourtant, notre informateur affirme l'avoir vu sous l'aspect d'un enfant de treize ans. »
Kankurô retint un ricanement. Les chasseurs de Konoha ne savaient vraiment plus quoi inventer pour attirer l'attention de Suna… Ce prétendu informateur n'avait sûrement aucun moyen de confirmer la date exacte de la vampirisation, et de toute façon, quand un gosse est petit à la base, n'importe qui peut se tromper sur son âge. Uchiha ou pas, on ne les faisait quand même pas se déplacer pour ça ?
« Il y a autre chose, » dit Temari sur le ton de la réprimande en le fusillant du coin de l'œil.
Toute envie de rire le quitta aussitôt. Même Baki s'était tendu.
Quoi que Temari ait voulu cacher à son frère, elle paraissait résolue à le formuler, à présent.
« Le chasseur qui nous a contactés a vu autre chose, » dit-elle, et sa voix perdit de sa formalité. « Un vampire armé de crochets, semblables aux nôtres. Il a le physique d'un natif du désert… »
Kankurô sursauta. « Sasori ? » demanda-t-il, incapable de se contenir.
Mais Temari secoua la tête, sèchement.
« Non. Le signalement est celui d'un enfant d'une douzaine d'années. Notre informateur n'a aucune certitude, mais il aurait surpris une conversation entre Sasuke Uchiha et sa proie, durant laquelle le nom de ce vampire armé de crochets a été évoqué : Gaara. »
Le nom tomba comme une pierre. Le silence qui suivit fut assourdissant. La posture impassible de Baki, le regard dur de Temari, tout jusqu'au poids du pieu oublié dans sa main semblait river Kankurô au sol.
De furieux calculs défilaient dans sa tête. Six… Douze ans… ? Impossible. Et pourtant…
« Gaara, » confirma Baki, prenant la parole pour la première fois. « Un chasseur prodige enlevé il y a sept ans par Sasori, après qu'il ait réussi à passer nos frontières… Votre frère. »
Comme voir défiler sept années dans le désordre. Les images se succédaient dans un chaos assourdissant le corps mutilé de leur oncle, la panique, la voix de leur père, enlevé, un vampire a franchi nos murs, il a enlevé Gaara, Akasuna no Sasori…
Sept ans… Bon sang, ces salauds ne s'étaient pas contentés de le vampiriser…
« Tout le village est au courant de ce qui s'est passé cette nuit-là, » ajouta Baki de cette voix dure qui lui était propre, quelles que soient les circonstances. « Sasori, un déserteur du village ayant choisi le camp des vampires, est parvenu à passer nos frontières. En guise de provocation, il a enlevé le fils benjamin du seigneur de Suna, alors âgé de six ans. Mais ces informations n'ont pas quitté nos murs. Les chasseurs de Konoha ne savent rien de ces événements. »
Kankurô avait la bouche sèche. Son regard allait furieusement de son maître à Temari. Qu'est-ce que tout ça voulait dire ? Pourquoi leur confiait-on cette mission ? Qu'étaient-ils seulement censés faire… ?
« Pour cette raison, le conseil est prêt à accorder du crédit au rapport de ce chasseur, » dit Baki. « Il semble que deux vampires repérés dans le secteur de Konoha, au moins, subissent un phénomène de croissance, en dépit de leur statut d'infectés. Ce chasseur a également mentionné l'implication du clan Hyuuga; le clan Uchiha étant lui-même étroitement lié à cette affaire, une explication alchimique du phénomène est envisageable. »
Voilà qui expliquait les digressions de Temari. L'homme s'interrompit pour se masser les tempes. Visiblement, cette explication ne lui plaisait pas beaucoup plus qu'à ses disciples. Ou peut-être cette histoire l'affectait-elle plus qu'il ne le laissait paraître.
« Mais avant tout, » dit-il enfin, « il nous faut considérer la possibilité que l'enlèvement de Gaara était un élément capital du plan d'Akatsuki, et non une simple provocation… »
Kankurô serra le poing. C'était donc là-dessus qu'il fallait enquêter… Bien sûr, l'apparition de Gaara dans le village natal d'Itachi Uchiha, aux côtés du frère cadet de ce dernier, tous deux affectés par une croissance anormale, c'était trop gros. Il était tout à fait possible que des membres d'Akatsuki se cachent parmi leurs semblables, dans des nids comme Konoha…
Et puis, songea Kankurô en serrant les dents, aussi réticents que les trois chasseurs soient à l'admettre, le fait que ce nid en particulier ait vu perdurer deux clans de prétendus alchimistes, et que les noms de ces deux clans se trouvent mêlés à l'affaire, n'était certainement pas une coïncidence. Même si l'alchimie n'était pas la véritable cause de l'anomalie, il semblait du moins que l'Akatsuki s'intéresse à cet art. Suna ne pouvait ignorer cette piste.
Mais surtout, Gaara avait été vu avec des crochets… Non, l'Akatsuki ne s'était pas contentée de le vampiriser. Elle avait certainement des projets pour lui. Et Suna avait bien assez d'un seul chasseur vampirisé. Sans aucun doute, l'affaire était cruciale.
Mais alors, pourquoi une unité de trois hommes ?
« Nous ignorons tout de ce que l'Akatsuki prépare, » dit Baki, mettant un terme à ses réflexions. « Mais notre impératif absolu est qu'ils ne s'aperçoivent pas de notre implication. Et c'est là que nous entrons en jeu. »
« Temari, Kankurô, » dit-il en toisant successivement ses deux élèves, « vous avez été choisis pour vos capacités, et votre jeune âge. Avec votre physique, vous vous fondrez plus facilement parmi la population de Konoha. Le fait que vous voyagiez ensemble éveillera d'autant moins les soupçons que vous êtes parents. En outre, vous êtes les plus à même d'identifier Gaara avec certitude. »
« …Vous ne venez pas avec nous. » Fit remarquer Temari.
« Mon rôle est de m'assurer du bon déroulement des opérations. Je vous escorterai jusqu'à la frontière, puis je resterai aux abords du village et recevrai vos rapports réguliers. S'ils ne me parviennent pas en temps voulu, je rentrerai à Suna pour donner l'alerte. »
Son front se barra d'un pli sévère. Du moins, Kankurô préférait l'interpréter comme ça. Songer que leur maître pouvait s'inquiéter pour eux n'avait rien de rassurant.
« Je le répète : votre priorité est la discrétion. N'agissez pas sans ordre direct, et ne tuez aucun vampire à moins que votre vie ou votre couverture n'en dépende. Le cas échéant, détruisez toute trace. A notre arrivée, je vous mettrai en contact avec notre informateur, qui se trouve en ce moment hors des frontières de Konoha. Ne lui montrez pas vos visages. En dehors de cela, vous avez carte blanche. »
Le silence se réinstalla. Kankurô sentit une boule familière lui nouer la gorge. Il connaissait la formalité qui devait suivre. Trois simples mots, mécaniques, qu'il répétait tous les jours sans même y penser.
Jusqu'ici, il ne s'était jamais demandé s'il s'agissait ou non de la vérité.
« Je suis prête. »
Temari l'avait devancé. Et à la regarder, avec son menton droit et ses yeux luisants, dépourvus de toute fatigue alors qu'elle rentrait tout juste de mission, on pouvait croire ces mots sur parole.
Kankurô pinça les lèvres. L'entraînement psychologique l'avait préparé à ce genre de situation. Il parvenait sans trop de problème à contenir le flot insistant de ses souvenirs. En fait, c'était tout juste s'il se rappelait le visage de son petit frère… Une tête rousse, et une main minuscule qui tenait un crochet sans trembler, des années avant lui.
'Trop petit.'
C'était la pensée que Kankurô associait le plus facilement à Gaara. Trop petit pour les crochets, trop petit pour son talent, trop petit pour le surpasser… Trop petit pour se faire enlever.
'Pourquoi un gamin si jeune… ?'
Les deux autres le toisaient en silence, attendant sa réponse. Kankurô soutint leur regard sans broncher.
La vengeance était un mot absurde dans la bouche d'un chasseur. Dans la lutte contre les vampires, n'importe qui était susceptible d'être tué, ou de devenir un ennemi. Faire preuve de sentimentalisme, c'était prêter le flanc aux buveurs de sang. Si son frère devait devenir leur prochaine cible… ça ne ferait qu'une raison de plus de bien faire son boulot.
Ils avaient été désignés tout exprès pour cette mission. En tant que chasseurs de Suna, il était de leur devoir d'obéir, et de réussir. Mieux encore, on leur donnait carte blanche. Ils étaient reconnus comme chasseurs de haut niveau, et traités comme tels. Il n'y avait rien à discuter.
« Je suis prêt. »
Et voilà, je sais que c'était court… Mais au moins, ça me force à me remettre au boulot, et vous saurez qu'aucun camion citerne n'a encore attenté à mes jours.
Je n'en suis qu'au tiers pour le chapitre suivant, et je ne peux malheureusement pas évaluer le temps que ça me prendra… J'espère que je ne vous désespère pas trop. Mais le pari tient toujours : je finirai cette fic avant mes vingt-cinq ans, quitte à en crever !
Histoire d'être optimiste, je vous dis à bientôt !