Une femme marchait dans la forêt. Elle traversait silencieusement les arbres. De longs cheveux rassemblés en une natte lui arrivaient aux genoux. Ses vêtements identiques à ceux de son espèce, se composaient d'une tenue grise recouverte de pièces d'armures métalliques, des épaulettes, une jupe et des bottes. Pourtant la chose la plus impressionnante de son apparence restait la grande épée installée sur son dos, une claymore.
Elle atteignit une clairière, vit le soleil se coucher et décida de rester ici pour la nuit. Elle planta son épée sur le sol, s'assit contre elle et attendit. Quelques dizaines de minutes plus tard des bruits diffus émergèrent de l'environnement l'entourant. Une silhouette émergea de l'obscurité et se refléta à la lumière de la lune et des étoiles. De grandes tailles, portant un masque sur la moitié gauche du visage, ainsi qu'un grand manteau sombre recouvrant complètement son corps, l'homme de l'organisation, chauve, s'approcha et s'adressa à la claymore.
Alors ce travail.
Les informations étaient faussent Vars, il y avait trois yomas au lieu d'un seul.
Trois s'exclama l'homme.
Il avait l'air assez surprit.
Etonnant le nombre de victimes ne correspondaient qu'à celles d'un seul yoma et encore pas particulièrement affamé.
Conformément à ses habitudes, elle garda un visage inexpressif quand elle lui répondit :
Je pense qu'ils devaient chasser leurs victimes dans les nombreux villages alentour et j'imagine qu'ils faisaient disparaître les corps. Ainsi chaque village ne se rendait compte de rien, juste d'une ou deux disparitions. Ils ne pouvaient pas accuser un yoma d'en être responsable.
Hum, assez malins pour de telles bêtes. Quoiqu'il en soit même s'il y a une erreur dans les informations, j'imagine que tu n'as eu aucun problème.
J'ai rempli la mission.
A cette réponse évidente, il sourit. Elle ne changerait jamais pensa t'il mais, elle allait sans aucun doute réagir à sa prochaine mission. Il lui tendit une lettre noire.
Elle la prit sans réaction particulière et l'ouvrit. Rien dans son attitude ne se modifiait lorsqu'elle la lut et la rangea. Vars cacha son étonnement du mieux qu'il put. Cette fille ne régissait à rien, il ne l'avait jamais vu se départir de son calme. L'annonce prochaine de la mort de sa meilleure amie qui devra périr de ses propres mains ne la troublait pas.
Il fulminait intérieurement. L'une de ses occupations favorites consistaient à contempler les expressions sur les visages des êtres pathétiques dont il s'occupait. Leur tristesse, leur mélancolie, leur souffrance il aimait vraiment les voir inscrites sur leurs visages, surtout lorsqu'elles recevaient une lettre noire.
Avec Deirdre, il n'avait jamais put voir aucune expression et cela l'énervait profondément. Malgré tout ricana t'il en lui-même, un coté positif se dégageait de son comportement et de son caractère.
Contrairement à bon nombre de ses camarades il y avait peu de risques qu'elle s'éveille. En plus elle respectait à la lettre toutes les règles de l'organisation, si on ajoutait cela à sa force, elle avait tout d'une parfaite claymore. Il sourit à cette pensée. Il se demandait quand et comment elle allait mourir.
Deirdre se mit en marche dès le lendemain. Au bout de deux jours elle arriva dans une clairière rocheuse entourée de montagnes.
En fin de journée, elle arriva au sommet d'une colline et elle la vit, avec derrière elle un magnifique coucher de soleil, un paysage somptueux, idéal pour mourir. Elle paraissait inchangée.
Son sourire espiègle et arrogant restait le même que celui qu'elle contemplait il y a quelques années lorsqu'elles traversèrent ensemble le chemin sombre et difficile qui allait faire d'elles des monstres. Ses yeux d'argents contrairement à ceux de la majorité de ses congénères étaient expressifs et chaleureux. Ses cheveux extrêmement bouclés lui arrivaient au bas du coup. Quand elle aperçut Deirdre elle se leva et s'approcha :
Ah la là, tu t'es fait attendre, ma chère, j'ai bien du mal à continuer de me forcer à rester humaine. Tu …
Ca fait longtemps Kashya dit-elle en la coupant.
Son amie s'arrêta de parler. Son sourire et son regard changèrent, ils s'adoucirent dénotant une profonde affection et elle répondit doucement.
C'est vrai Deirdre, tu n'imagines pas le plaisir que j'ai à te revoir.
Les deux claymores se fixaient, l'une souriante l'autre de marbre.
Pourquoi m'as-tu fait venir ?
Kashia haussa les sourcils.
N'est-ce pas évident ? Je ne contrôle plus ma moitié yoma, je veux donc que mon ami la plus proche, grâce à laquelle j'ai traversé tant d'épreuves et de souffrances me permettent de mourir en tant qu'humaine.
Tu n'es pas le genre de personne pouvant qui peut laisser son coté démoniaque la submerger aussi rapidement. Ton cœur humain est bien trop fort pour ça. Si tu m'as envoyé une lettre noire alors, que manifestement, tu n'es pas en train de t'éveiller c'est que tu voulais me voir rapidement. Alors je me répète : Pourquoi m'as-tu fait venir.
Kashya resta silencieuse un long moment puit, elle se mit à éclater de rire.
Décidemment je ne peux pas te faire marcher. Tu as raison, je ne suis pas en train de m'éveiller. Ma moitié yoma est parfaitement sous contrôle.
Elle se calma un peu.
J'aurais cru que tu t'inquièterais un peu quand même, que tu envisagerais la possibilité qu'ayant trop utiliser on yoki je sois proche de l'éveil. Dès que tu as reçu la lettre tu savais que j'étais en train de mentir et à aucun moment tu n'as douté du fait que je me contrôlais toujours.
Je te connais.
Kashya souriait toujours en entendant cette réponse. Elle respira un coup et devint sérieuse. Les deux femmes se fixaient, chacune consciente que quelque chose d'essentiel allait se jouer, quelque chose qui bouleverserait complètement leur vie.
Je t'ais appelé pour te prévenir, je vais déserter et je veux que tu vienne avec moi.
Seul le silence lui répondit, le visage de Deirdre ne montrait aucune expression mais chacune plongeait son regard dans celui de l'autre. Au bout de plusieurs dizaines de secondes la voix de Deirdre se fit entendre :
Tu vas mourir.
Mourir ! s'exclama Kashia. Peut-être, peut-être pas la seule certitude c'est qu'en restant dans l'organisation là, je me ferais tuer.
Tu trépasseras bien plus rapidement en désertant, tu seras traqué sans relâche par des guerrières plus puissantes que toi. Tu sais aussi bien que moi que l'organisation met tout en œuvre pour éliminer les traîtres et celles qui enfreignent les règles.
Tu essaies de me dissuader hein Deirdre, mais ça ne sert à rien. J'en ai assez d'être l'esclave de ses ordures qui ont fait de nous des monstres et qui nous utilisent sans vergogne jusqu'à la mort. Je veux être libre.
Elle s'arrêta et planta ses yeux d'argents, rempli de détermination, dans ceux de Deirdre.
Pars avec moi, quittes toi aussi l'organisation. Malgré les apparences, ses missions que tu rempli et ses règles que tu suis parfaitement, je sais que tu détestes encore plus que moi l'organisation.
Tu t'égares, le problème n'est pas d'haïr ou non l'organisation. Il faut leur obéir. Lorsque tu n'es pas une cause de problèmes tu n'es pas considéré comme une menace ou un poids et donc on ne te confie pas de missions difficiles ou du moins de missions suicidaires.
Elle reprit :
Voila le meilleur moyen pour survivre le plus longtemps possible. De toute manière, j'ai toujours pensé que généralement il valait mieux obéir que désobéir car c'est plus facile et ça entraîne moins de coûts.
Inutile, tu ne me convaincras pas. La situation diffère de celle passée lorsque tu m'as sauvé la vie. A l'époque, je me suis enfuie de l'horreur qu'on subissait. On nous entraînait pur devenir des tueuses pendant que notre corps se transformait et que des instincts bestiaux apparaissaient dans notre esprit. Je ne l'ai plus supporté et tu m'as suivie, me sauvant du yoma qui allait me tuer tout en me convaincant de rester.
Elle soupira doucement, son regard se perdant dans le ciel, ses pensées nostalgiques la faisant doucement sourire.
Grâce à toi je suis en vie aujourd'hui et je t'en suis reconnaissante mais, je ne suis plus une enfant, j'en ai assez, d'obéir, de devoir me battre tout le temps, de tuer des yomas, de ne revoir que haine et peur en retour. Heureusement contrairement au passé je sais faire fonctionner mon cerveau maintenant. J'ai un plan qui me donne des chances de survivre à ma désertion.
Je me demande dit Deirdre, jusqu'à maintenant tu supportait tout ce que tu viens d'énumérer qu'est-ce qui t'as fait changé ?
Moi qui pensais que tu serais impatiente de connaître ce plan.
Le sourire apparut sur le visage de Kashia disparût tout aussi vite.
Je ne te le dirais pas. Sache seulement que suite à un évènement j'ai failli me perdre définitivement. J'ai approché ma limite de très près mais, j'ai réussi à m'arrêter là, grâce à une seule pensée : être libre.
A ce moment son ton augmenta, ses yeux lançaient des éclairs argentés.
Je ne voulais pas mourir après avoir seulement vécu une vie aussi misérable. C'est le désir de vivre libre et non comme une esclave qui m'a permis de rester humaine et, suite à cet évènement j'ai décidé de quitter l'organisation mais je ne veux pas partir seul.
Elle tendit le bras en direction de son amie.
Je pense que j'ai peur et aussi, j'en ai assez de la solitude. En étant ensemble nous pourrions nous réconforter et nous protéger mutuellement. Je sais que tu n'es pas heureuse et que tu ne te satisfais pas de ta vie, comment le pourrais-tu d'ailleurs ?
Elle reprit son souffle et reprit plus doucement.
Mon sourire et ma joie font partie de mon caractère mais ils font également partie de la façade que j'utilise pour me protéger comme toit tu te sers de ton impassibilité pour cela. Tu survis mais tu ne vis pas. Si tu pars avec moi ce sera positif pour nous deux.
La désertion signifie la mort et en l'attendant on ressent de la peur et de l'inquiétude puisqu'on doit toujours être aux aguets de nos camarades venant pour nous tuer. Je ne vois rien de positif là dedans
Tu oublies une chose. J'ai un plan. Regarde ça !
Très satisfaite d'elle-même, elle sortit un tube contenant des suppresseurs de yoki.
Si on prend les suppresseurs de yoki, grâce à ça nos camarades ne pourront pas nous repérer. Il nous suffira ensuite d'éviter les villes pour ne pas croiser accidentellement nos camarades et d'aller s'installer dans des endroits isolés idéales pour l'ermitage. Bien sur je ne veux pas finir comme une ermite isolée, malheureuse et solitaire, même si c'est toujours mieux que de rester dans l'organisation. En restant quelques années dans cet endroit notre yoki deviendra complètement indétectable et nous pourrons nous déplacer librement.
J'espère que tu te rends compte des failles de ton plan. Avec les pilules on ne pourra pas sentir des claymores s'approchant de nous ou même des éveillés et même en évitant les villes on peut tomber sur eux par hasard. Ne le sous estime pas il a conduit à la mort bon nombre de personnes.
Je sais, mais tu as envie de venir avec moi parce que je suis sur que tu commences à trouver ça excitant n'est-ce pas ? En plus même en continuant de te comporter d'une manière docile tu finiras par mourir.
Deirdre ne regardait plus son amie, plongée dans une réflexion profonde, elle contemplait les reflets rougeoyants du soleil couchant. Au bout de quelques minutes elle se tourna vers Kashia et lui répondit simplement :
D'accord, je viens avec toi.