La suite, en espérant qu'elle vous plaira
Chapitre 2
Misty ne passa pas une nuit des plus reposantes. Des frissons avaient parcouru son corps comme si la température s'était brusquement mise à chuter. Il avait eu la désagréable impression que quelqu'un l'observait et il voyait dans ses rêves des lèvres d'un rouge profond murmurer. Des mots qu'il n'entendait pas, ne comprenait pas. Il voulait se réveiller mais on le retenait, enchainé à l'obscurité, immobilisé par les ténèbres.
Le claquement sourd de la veille reprit. Misty se redressa brutalement dans son lit. Il était essoufflé et en sueur. Une fine raie de lumière filtrait entre les rideaux, éclairant à peine la chambre aux murs clairs.
- Excuse-moi…
Le Lézard sursauta. Il ne s'était même pas rendu compte que quelqu'un était entré et mit un instant à reconnaitre son visiteur.
- Argol ?
En effet c'était l'un de ses proches voisins de chambre qui se tenait debout devant lui.
- Je ne pensais pas qu'un jour je te verrais encore plus pâle que d'habitude. Un cauchemar ?
- Si ça ne pouvait être que ça, soupira le Français. Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Il est plus de neuf heures. Tu te lèves avant tout le monde généralement, je suis venu aux nouvelles.
Argol passa près du lit et ouvrit les rideaux sombres. Une clarté aveuglante envahie la pièce, Misty referma ses yeux clairs.
- Va prendre une douche ça te fera du bien, termina le chevalier de Persée avant de quitter la chambre.
Le lézard s'extirpa de ses draps et tituba jusqu'à la salle de bain adjacente. Il s'y déshabilla rapidement et en un instant il était sous l'eau brulante de la douche. Il aurait pu y passer des heures bien qu'il détestait l'eau. Un sourire s'étira sur ses lèvres rosées quand il sentit la présence de son second visiteur de la journée. La porte de la salle d'eau s'ouvrit lentement.
- Quelle magnifique vue, fit une voix dans son dos. Le paysage est tout simplement délicieux ce matin.
Misty se retourna lentement vers son interlocuteur en coupant l'eau.
- Tu sais que c'est interdit d'espionner les gens sous leur douche ?
- Est-ce de ma faute si tu ne ferme pas les portes, joli lézard ?
Astérion, appuyé contre le mur, détaillait sans aucun gène le corps nu de son ami. Malheureusement pour lui, Misty s'enroula une serviette autour des hanches. Le Chien de chasse s'approcha de lui et l'enlaça.
- Attend, je suis encore trempé !
- Je m'en moque !
Sur ces mots il l'embrassa tendrement, glissant sa main dans les boucles blondes alourdies par l'eau. Misty n'eu d'autre choix que de se laisser aller contre lui.
- Bien dormis mon lézard ?
- C'est censé être drôle ? J'ai passé la nuit la plus affreuse de ces dix dernières années.
- En rapport avec ce qui s'est passé hier je suppose.
- Tu suppose bien.
Misty s'échappa de ses bras pour retourner dans sa chambre et s'habiller. Astérion le suivi, ne serait-ce que pour contempler une fois encore les courbes parfaites de son corps.
- Ce n'est pas dans tes habitudes de t'inquiéter pour si peu et tu te change devant la fenêtre.
- On ne sait absolument pas ce qui c'est passé, ce n'est pas « si peu » et si quelqu'un passe par là et bien il profitera du spectacle.
Astérion soupira devant le manque total de pudeur de son ami et garda le silence jusqu'à ce que celui-ci soit totalement habillé.
- On y retourne si tu veux, pour voir de quoi il retourne.
- Mouais, hésita le Français. Mais je n'ai pas très envi d'être mêlé à tout ça.
- On va juste jeter un œil, viens.
Misty le suivit presqu'à contrecœur. En plus avec ça il n'avait même pas déjeuné.
Ils quittèrent tous deux le petit bungalow et se rendirent au bâtiment central. Quelques chevaliers étaient là, installés dans la bibliothèque ou dans la vaste salle qui servait de temps à autres pour des réunions. Aucun ne semblait avoir entendu le moindre bruit dérangeant.
- Allons voir en haut, proposa le Chien de chasse.
Le Français acquiesça et suivit son compagnon dans l'escalier en tendant l'oreille, attentif au moindre murmure. Seules les conversations de leurs frères d'armes lui parvenaient. Ca y est, ils étaient devant les trois fameuses portes qui claquaient. Un couloir et trois portes… derrière elles la salle des archives, un bureau où se rendait fréquemment Misty et un dépôt d'objet en tout genre. Rien d'extraordinaire pourtant. Astérion reprit la parole.
- Je vais voir les archives, tu inspecte ton bureau ?
- D'accord.
Il n'y avait pas énormément de conviction dans la tonalité de sa voix mais maintenant qu'ils étaient là, autant aller jusqu'au bout.
Misty pénétra dans le vaste bureau, vide de présence. A priori, il n'y avait pas âmes qui vivent et rien ne montrait que quelqu'un s'était rendu dans cette pièce la veille. Le Français fit le tour de la grande table et s'installa sur le fauteuil. Tout allait bien. Il ferma les yeux un instant et soupira pour se détendre un minimum. Geste qu'il regretta aussitôt. Il se redressa rapidement. Le fauteuil avait bougé ! Ses pieds ne touchaient pas le sol et pourtant il avait clairement sentit la chaise remuer sur ses appuis, se déplacer. Tous les sens en alerte, Misty attendit, scrutant le vide et le sol tout autour de lui. N'étais-ce qu'une impression ? Il aurait voulu que ce soit le cas mais un mouvement identique recommença, un peu plus fort. Avant qu'il n'est pu réagir le fauteuil se fit propulser contre le mur ! Poussé par une force invisible ! Misty se retrouva à terre, sonné par l'impact. Il se releva, le fauteuil avait disparu… sans aucune trace…
Alors qu'il tentait de se relever les portes des meubles adossés aux murs s'ouvrirent et se fermèrent brutalement. Le cadre suspendu se détacha et traversa la pièce pour aller se fracasser contre la porte. La table se retourna avec une violence incroyable et se retrouva les quatre pieds en l'air. La porte s'ouvrit à la volée et…
- Misty !
Le Lézard releva brusquement la tête. C'était Astérion qui se tenait dans l'encadrure de la porte, horrifié par la vision qui s'offrait à lui.
- Sors de là !, lui cria-t-il.
Il ne se le fit pas dire deux fois et se rua sur la porte, se retrouvant à l'extérieur du bureau, dans les bras du Chien de chasse.
Alerté par le vacarme, d'autres chevaliers avaient finit par monter voir ce qu'il se passait. La première chose qu'ils virent fut leur supérieur pâle comme la mort, accroché de toutes ses forces aux épaules d'Astérion. L'un d'eux se risqua à ouvrir la porte. Le Chien de chasse en resta muet. Tout était de nouveau à sa place, comme si rien ne s'était produit…
A suivre...