Coucou, le prologue ayant été assez bien accueilli, voici le premier chapitre de "Le courage de t'aimer". Je suis assez stressée. Déjà, c'est la première fois que j'écris à la troisième personne, j'espère bien m'en tirer. En plus, cette fic est assez importante pour moi puisque certaines choses me concernent de près... Bref, j'espère ne pas m'être planté même si, dans ce chapitre, c'est une présentation globale des personnages...
Je tiens à remercier Aya-chan31 (encore merci pour ta review, j'espère que ce chapitre te plaira), Ily7 (Voilà le premier chapitre, j'espère que tu aimeras ;), encore merci pour ta review)
Ecchymose: Je suis contente que tu aies aimé. J'ai également été très triste lors de la mort de Fred qui était mon jumeau préféré (si, si, je t'assure :p). Comme tu peux le voir, je continue ma fic ;) Pour ce qui est de la transformation du couple c'est un peu tôt pour répondre même si, moi, je connais la réponse ;) Je te remercie énormément pour ta review, j'espère que ce début te plaira :)
Nerv: Coucou, je suis contente que tu aies aimé l'os, comme tu peux le voir j'ai décidé de continuer, j'espère que tu aimeras ;) Merci beaucoup pour ta review.
Un grand merci aussi à kalisca pour la correction de ce chapitre.
Chapitre 1.
Cher Sirius Black,
Tu ne dois pas me connaitre ou alors simplement de nom. Nous avons pourtant été dans la même année et la même maison mais surtout de la même famille, d'une certaine manière. Toutefois ce n'est pas le sujet que je voudrais aborder avec toi.
Je ne sais pourquoi je t'écris, après tout, aujourd'hui, tu es enfermé à Azkaban et tu ne risques pas d'en sortir mais une voix, au fond de moi, me dit de le faire. Je suis quelqu'un qui peut se vanter d'avoir un instinct infaillible et cet instinct me dit qu'un jour, tu liras cette lettre et m'accordera ce que je m'apprête à te demander.
Avant tout, je me nomme Véronika Black, mais si tu as entendu parler de moi, ce serait plutôt sous le nom de Véronika Anderson. J'ai été la femme de ton frère, Regulus, qui est, malheureusement et à ma plus grande douleur, mort depuis très longtemps maintenant. Je sais qu'arrivée à ce passage, tu n'auras sans doute qu'une envie, déchirer cette lettre sans plus avancer dans sa lecture. Je te conjure de la lire jusqu'au bout.
Je suis donc la veuve de ton défunt frère, et si je t'écris aujourd'hui, c'est parce que dans quelques semaines, la maladie m'emportera et je laisserai derrière moi une enfant. Ma fille, notre fille. Je l'aime plus que je ne saurais jamais le dire et je tremble pour son avenir. Je n'ai d'autre choix, pour l'instant, que de la confier à mon frère, mais je sais qu'il ne l'aimera jamais tout comme il ne m'a jamais aimée et je veux qu'elle reste avec eux le moins de temps possible.
Encore une fois, tu dois certainement te demander en quoi cela te concerne-t-il. Et bien, il se trouve que Regulus t'a nommé en tant que responsable de notre fille au cas où ils nous arriveraient malheur. Pourquoi? Eh bien, sache que ton frère n'a jamais cessé de t'aimer et qu'il avait confiance en toi alors je me dois de faire de même. S'il pensait que tu étais le meilleur choix pour notre fille, je ne peux que l'appuyer. Je sais que cela peut paraitre idiot puisque tu es, en cet instant, enfermé dans une cellule d'Azkaban, mais comme je te l'ai dit, mon instinct ne m'a jamais trahi et je sens que tu n'y resteras plus très longtemps.
Alors, ma demande est que tu prennes soin de mon enfant le moment venu. Je suis malade et je vais mourir bientôt. Je veux la sécurité pour l'enfant que j'ai mise au monde lorsque je rejoindrai mon mari. Tu es la sécurité dont elle a besoin.
Pour sa sécurité, encore une fois, elle gardera mon nom de jeune fille, Victoria Anderson. Tu comprendras sûrement que porter le nom Black est désormais un danger social assuré, je ne veux pas de cela pour elle. C'est une enfant adorable et magnifique bien qu'extrêmement fragile psychologiquement malgré ses six ans. Sa personnalité me ressemble beaucoup trop pour son propre bien, c'est pour ça que je n'ai aucun doute sur ce qui adviendra d'elle si elle reste chez mon frère. Elle a par contre vos cheveux, à ton frère et toi. La blancheur de peau, également. Je n'essaie pas de t'attendrir mais juste de te dresser un portrait pour que tu ne sois pas pris au dépourvu si tu devais la rencontrer.
J'espère sincèrement que mon instinct ne m'a pas trompée et que tu sortiras de ta prison et prendras soin de ta nièce. Si ce n'est pas le cas, je mourrai au moins en paix en sachant que j'aurai tout fait pour qu'elle ait un plus bel avenir.
Je te remercie d'avance.
Véronika Black Anderson.
-C'est une plaisanterie?
La voix de Sirius Black claque dans le silence. Assis en face de lui, Albus Dumbledore a le regard perdu dans le vide.
-J'ai bien peur que non, répond-t-il. Véronika est morte de maladie voilà plusieurs années maintenant. Victoria n'était qu'une enfant.
-Mon… frère était marié? S'étonne Sirius. Avec Véronika Anderson? Regulus Black avec une née moldue?
Dumbledore sourit, amusé. Sirius Black a beau être intelligent, il peut parfois manquer d'ouverture d'esprit. Surtout quand cela concerne un ancien Serpentard qui était aussi son frère. Sans compter que le dit frère s'était finalement laissé influencer par son entourage et avait reçu la marque alors qu'il n'avait que seize ans à peine, l'une des plus jeunes recrues.
-Je sais que ça peut paraître surprenant…
-Plutôt impossible!
-…mais ils se sont mariés très jeune et s'aimaient vraiment, du peu que j'ai pu voir. Regulus s'est malheureusement rapproché de Miss Anderson trop tard mais c'est grâce à elle qu'il a finalement changé et est mort, non pas pour notre cause, mais pour celle de sa femme.
-Je ne suis pas sûr de comprendre, articule difficilement Sirius.
-C'est pourtant simple. Sa femme n'était pas une sang pure et ils se sont mariés dans le plus grand secret. Ils vivaient dans la peur d'être découvert. Finalement, Regulus a voulu mettre un terme à leur angoisse tout en sachant ce qu'il risquait. Il est effectivement mort, laissant derrière lui une femme brisée et enceinte. Véronika… a tenu plus de temps que ce à quoi nous nous attendions.
Il y a silence. Sirius essaie de réaliser. Peut-être est-ce dû au fait de sortir tout juste d'Azkaban et d'avoir failli recevoir le baiser du Détraqueur dans la même année. Toujours est-il qu'il a du mal à encaisser que son frère se soit marié avec une « sang impure ». En fait, il a du mal à encaisser que le sombre Regulus se soit marié tout court. Ou qu'il ait pu même aimer une femme, et avoir eu une fille.
Par le caleçon de Merlin, il est tonton et ne le savait même pas! Mais il reste tout de même une chose qu'il comprend moins encore.
-Pourquoi m'a-t-elle écrit alors qu'elle savait que j'étais à Azkaban? Demande-t-il.
-Véronika Anderson était… dotée d'un sixième sens, si je puis dire, explique Albus.
-Un don de voyance? Réplique Sirius, sceptique.
-Non, elle avait des… impressions. Elle savait, par exemple, lorsqu'un danger approchait. On racontait même qu'elle sentait quand elle allait avoir de la visite sans pour autant savoir qui viendrait. Elle a dû savoir que vous auriez cette lettre un jour ou l'autre et me l'a remise sur son lit de mort. D'ailleurs, j'étais tout aussi sceptique que vous quant à ce sixième sens avant d'apprendre que vous ne vous étiez échappé d'Azkaban, avoue-t-il en fronçant les sourcils.
Il y a de nouveau un silence et Sirius tente de bien comprendre ce qu'il vient d'apprendre. Il savait déjà qu'il était parrain grâce à Harry, mais c'est totalement différent. C'est la fille de son frère, ils ont le même sang. La curiosité le prend malgré lui et il se met à se demander à quoi elle ressemble, de qui elle tient. Comme s'il avait lu dans ses pensées, Dumbledore lui tend une photo.
Elle a les cheveux noirs des Black, pas de doute là-dessus. Ses yeux, gris-bleu, sont un mélange des Black et sûrement des Anderson. Ils brillent d'une lueur provocatrice, contredite par un sourire doux. Elle est un peu potelée, mais c'est une enfant adorable. La photo doit avoir été prise lors de ses onze ans.
-Quel âge a-t-elle? demande-t-il.
-Elle vient d'avoir quinze ans. Elle est dans la même année qu'Harry. Ce n'est peut-être pas la meilleure élève, mais ses notes sont tout à fait convenables et elle excelle en Sortilège. Elle n'est pas spécialement sociable et se contente de son petit groupe d'amis. Je sais aussi que peu la connaisse comme Victoria Anderson de Gryffondor mais plus comme Vicky la langue acérée, sourit-il malicieusement.
Sirius acquiesce. C'est une Gryffondor, ce qui est déjà un bon début. Et mise à part pour sa « langue acéré », elle semble plus tenir du côté de sa mère.
-Elle est au courant? Demande Sirius.
-Pas exactement, marmonne Dumbledore. Oh, elle sait qui est son père et donc qui vous êtes mais elle ne sait pas que vous êtes au courant et que je compte organiser une rencontre.
-Pour quand?
-Le plus tôt possible. Nous irons chez elle avant la rentrée.
Les apparences. C'est ce qu'il y a de plus important. Victoria le sait, sa mère le lui a répété pendant des années avant de mourir. Elle l'a simplement interprété à sa manière. Ne jamais rien laissé paraitre, toujours être parfaite, sembler hors de porté des insultes, des coups, des autres en général. Être parfaite de l'extérieur même si l'intérieur représente l'imperfection elle-même, la fragilité elle-même, la blessure elle-même. Toujours être belle, toujours être souriante. Toujours être mieux que ce que l'on est vraiment. Donner toujours plus jusqu'à en mourir d'épuisement parce que c'est la seule façon d'exister vraiment. Il vaut mieux mourir en étant connue comme quelqu'un de trop dur que vivre comme quelqu'un de faible. Même si c'est un mensonge. Parce qu'au final, la seule personne à vraiment nous connaitre, c'est nous.
Victoria cultive la perfection. La perfection du corps. Elle y travaille durement sans pour autant trouver un quelconque changement positif ou du réconfort. Les apparences sont importantes, c'est certain. Mais, parfois, Victoria a peur de se briser, de se répandre en mille morceaux sur le sol sans pouvoir se relever. Elle est faible et elle se hait pour ça.
Elle se regarde encore dans le miroir, espérant trouver quelque chose qui donnera tort au frère de sa défunte mère et de sa femme. Elle se regarde, combattant l'envie de regarder ailleurs, n'importe où mais pas dans ce miroir.
Moche.
Il est vrai qu'elle est banale mais moche? Elle se sait pas, elle n'est peut-être pas très objective après tout alors qu'eux, si.
Inutile.
Grosse.
Stupide.
Elle finit par se détourner du miroir, le cœur battant douloureusement, sentant cette éternelle boule dans sa gorge qui rend sa respiration difficile, voire impossible. Ses mains tremblent alors que sa cage thoracique est douloureuse. Elle jure avant d'attraper un sac en papier et de respirer dedans. Merlin, qu'elle hait son reflet, ils lui ont appris à le détester et aujourd'hui, se regarder est devenue une épreuve presque insurmontable. Peut-être qu'ils ont raison, peut-être est-elle ce qu'ils disent. Il est vrai qu'elle n'est pas aussi jolie que sa mère, qu'elle n'est pas très intelligente et pas très douée en cours malgré toutes ces heures de travail acharné. Il est vrai également qu'elle n'est pas assez mince. Elle fait pourtant des efforts quotidiens. Mais certaines rondeurs restent malgré elle. Ses hanches son trop larges, son ventre pas assez plat. Elle déteste voir son corps qui lui rappelle qu'elle ne sera jamais comme sa mère.
Elle a d'ailleurs un rituel pour éviter de voir son corps. Dans la salle de bain, les volets sont tirés, la lumière éteinte et elle ne laisse qu'une faible lueur transparaitre dans la pièce, juste suffisante pour voir ce qu'elle fait mais assez faible pour ne pas se voir elle. Quand elle se coiffe, se maquille c'est toujours à cette faible lueur. C'est son rituel, si elle s'aperçoit dès le matin, elle ne supporte plus de sortir de sa chambre. De toute façon, ce n'est pas pour déplaire à Claire et Henry, ses tuteurs légaux depuis la mort de sa mère. Ils ne l'aiment pas et moins ils la voient, mieux ils se portent.
Victoria ne leur en veut même pas. On ne peut pas forcer les gens à aimer et ils font partis de ces gens qui en sont incapables, comme elle. Ils se ressemblent plus qu'ils ne le pensent, au fond.
Elle regarde l'heure. Il lui reste encore cinq petites minutes et elle pourra aller faire un tour. Sa respiration est redevenue normale, à son plus grand soulagement et elle songe que ces crises deviennent de plus en plus fréquentes.
Elle pense aussi à sa rentrée dans un peu moins d'un mois. Victoria, du haut de ses quinze ans, entre en cinquième année à l'école de sorcellerie Poudlard, au plus grand soulagement de ses tuteurs qui se voient débarrasser d'elle jusqu'aux vacances. Son chat, Snoopy, vient se frotter à ses jambes et elle sourit pour la première fois de la journée. Elle sait que c'est un nom de chien, mais quand elle a acheté ce chat avec ses poils blanc et noir, le nom est venu tout seul et est resté.
-Tout va bien aller, souffle-t-elle en le prenant dans ses bras. Ce n'est pas plus mal de partir d'ici, non?
Elle sait qu'elle cherche plus à se convaincre elle-même. Elle n'aime pas retourner à Poudlard car au moins, ici, elle sait à quoi s'attendre. Elle connait les heures exact auxquelles elle peut descendre en bas sans risquer de croiser qui que ce soit. Elle sait quand elle doit sortir de la maison pour être tranquille et quand revenir sans risquer de recevoir les remarques désagréables de sa « tante ». Mais à Poudlard, c'est différent. Certes, il y a ses amies: Lindsay, Élodie et Sam. Mais même elles ne réussissent pas à l'aider parce qu'elles ne comprennent pas, ne savent pas. Victoria a toujours tout gardé pour elle.
Personne n'est au courant de tous ces mensonges qui dirigent sa vie. Même pas ses amies. Surtout pas elles.
Elle sent les gens la dévisager en permanence, et elle déteste ça. Le fait de sentir ses regards la jugeant sans même la connaitre. Elle n'est pas gentille, du moins avec très peu de personnes. Et même avec Lindz, Élo ou Sam, il lui arrive d'être froide, mesquine. Surtout quand elles s'approchent trop près de ses secrets, de ce qu'elle cache tout au fond d'elle pour paraitre infaillible, intouchable. Pour paraitre tout simplement. Non, elle n'est pas quelqu'un de gentil et elle l'assume. Les autres savent à quoi s'attendre et se contente de la dévisager, de parler dans son dos mais elle s'en fout, au moins ils ne s'approchent pas.
Victoria a formé un mur autour d'elle, ne laissant à personne l'occasion de la toucher de quelques manières que ce soit. Enfin, c'est ce que les autres pensent, car leurs remarques sur elle sont comme de l'acide et la brûlent parfois si fort qu'elle voudrait disparaitre. Mais elle ne laisse rien paraitre, jamais. Elle est la reine des glaces dont le choixpeau a raté la répartition. Que fait-elle à Gryffondor cette fille? Elle est aussi froide qu'une Serpentard!
Elle-même s'est demandée pourquoi le choixpeau l'avait envoyée dans cette maison. Elle n'est pas courageuse, bien au contraire, alors à quoi a-t-il pensé, au nom de Merlin, pour l'envoyer là-bas? Elle s'était attendue à Poufsouffle, elle s'en serait contentée, de toute façon, personne à la maison ne l'aurait complimentée au sujet de la maison dans laquelle elle a été répartie. Mais non, on l'a envoyée à Gryffondor et encore aujourd'hui elle est plus que sceptique quant à ce choix même si elle s'y est faite. Elle regarde encore l'heure et soupire de soulagement en sortant de sa chambre, Snoopy sur ses talons.
Elle descend les escaliers sans bruit et sort dehors avec son chat sans croiser personne, comme d'habitude, Claire et Henry mangent à cette heure-ci. Elle a essayé de manger avec eux au début, mais les remarquent déplaisantes fusaient et ça a finit par l'agacer. De plus, elle évite de trop manger le soir sinon elle est malade.
Elle avance dans la rue déserte de Magnolia Crescent, sentant avec ravissement l'air frais lui caresser le visage. Snoopy la suit en trottinant à ses côtés, la devançant de temps en temps et s'arrêtant à chaque fois pour l'attendre. Ce chat est plus fidèle qu'un chien, de toute façon elle n'aime pas trop les chiens, excepté les petits peut-être. Mais les gros chiens encombrants, mise à part quand ils appartiennent à quelqu'un d'autre, très peu pour elle. Snoopy lui suffit amplement. Bien qu'en cet instant, elle en doute très sincèrement.
En effet, le chat semble avoir senti quelque chose, car il arrête net et regarde autour de lui de ses yeux perçants. Il traverse subitement la rue, et sa maitresse le suit en l'appelant.
-Snoopy qu'est-ce que tu fais encore? S'exaspère-t-elle. Reviens ici maintenant, ce n'est pas drôle.
Il s'arrête devant un arbre à l'orée du bois alors qu'un grondement sourd se fait entendre. Victoria se fige et regarde, les yeux écarquillés, le grand chien noir qui fixe son chat.
-Snoopy, tu es suicidaire où quoi? S'exclame-t-elle alors que le chat fait un autre pas en avant vers le gros chien. Tu veux finir dans le ventre d'un sale sac à puces?
À peine a-t-elle fini sa phrase que les yeux sombres du chien se fixent sur elle et elle jurerait presque qu'elle l'a vexé. Merlin, elle devient folle. Elle se penche doucement vers son chat et le prend dans ses bras alors qu'il siffle de mécontentement, mais elle n'y prête pas attention, fixant toujours le chien qui n'a pas bougé d'un poil et continue de la regarder avec intérêt.
Une fois son chat récupéré, elle part à toute vitesse chez elle. Décidément, elle n'aime pas du tout les gros chiens. Elle rentre chez elle et a le malheur de se retrouver face à son oncle.
-Où étais-tu encore? L'agresse-t-il. En pleine nuit!
-Il n'est même pas huit heures, proteste-t-elle sans pouvoir s'en empêcher.
-On ne t'a pas demandé ton avis, fulmine-t-il alors qu'elle se mord la langue pour se forcer à se taire. Toujours a essayé de te faire remarquer. Soit, monte te coucher et que je ne te vois plus.
Elle ne répond pas et monte dans sa chambre où elle se jette dans son lit, retenant ses larmes avec fureur. Sa mère lui manque, sa tendresse et son amour aussi. La seule famille qui lui reste la méprise et la rabaisse dés qu'elle le peut. Pourtant elle n'a jamais rien fait qui puisse justifier un tel mépris. Elle n'en a pas eu l'occasion puisqu'elle les évite depuis des années maintenant. Elle ne va tout de même pas s'excuser d'exister?
Mais quand une personne vous déteste au premier regard, parfois même avant de vous avoir rencontré, que pouvez-vous y faire? Victoria se contente de supporter. Au départ, dans sa tête fragile, elle se disait qu'elle ne faisait pas assez d'effort, qu'il fallait qu'elle travaille plus, qu'elle s'embellisse, maigrisse encore. Qu'il fallait qu'elle les rende fière. Et finalement, elle a compris. Il n'y a rien à attendre d'eux. Ils ne seront jamais fiers ou affectueux, alors elle a cessé d'essayer pour eux mais pas pour elle.
Car, malgré sa résistance, son oncle et sa tante ont réussi à l'influencer et à la blesser au plus profond d'elle-même. Que nous restent-ils quand nous perdons notre estime de soi? Quand nous nous haïssons en silence?
Elle ne remarque même pas qu'elle n'a pas dîné ce soir. Elle ne remarque pas non plus que ce simple fait débute une descente aux enfers dont elle ne ressortira pas indemne…si elle en sort. Parce que rien n'a d'importance si ce n'est ce contrôle qu'elle veut garder sur sa vie, si ce n'est cette perfection extérieure qu'elle vise au-delà de tout.
Elle essaie de dormir sans y parvenir, elle entend ses tortionnaires verrouiller sa porte avant de rejoindre leur chambre quand elle se lève. Ils peuvent se montrer très naïfs parfois. Comme si une porte verrouillée pouvait l'empêcher de sortir. Elle se lève sous le regard perçant de Snoopy et se change rapidement. Elle prend son sac et ouvre la fenêtre silencieusement. Elle sent toujours le regard de son chat et elle a l'impression qu'il l'accuse.
-Je ne vais rien faire de mal, assure-t-elle. J'ai juste besoin de prendre l'air.
Elle sait que ses paroles sont fausses, elle sait que si elle sort aujourd'hui, il se passera quelque chose. Elle sort souvent le soir, elle va au parc pour enfant et s'assied simplement sur la balançoire. Mais elle sent qu'aujourd'hui, quelque chose sera différent. Cette certitude ne l'empêche pas de passer le rebord de la fenêtre et de descendre. Elle atterrit en bas sans un bruit et marche dans la nuit en direction du parc, le seul endroit qu'elle aime dans ce quartier paumé.
Elle s'assied comme d'habitude et profite du calme. Au bout de cinq minutes, elle se dit que son impression était fausse et que ce sera une soirée comme les autres. Mais au bout de vingt minutes, une bande de garçons arrive et elle se fige. Elle déteste être seule face à des gens qu'elle ne connait pas.
Elle se lève, prête à partir mais un des garçons la retient.
-Hé, la hèle-t-il avec un sourire aimable. Ne t'enfouis pas comme ça, on ne va pas te manger.
-Moi je ne dis pas non, s'esclaffe un autre en jaugeant Victoria du regard et elle rougit sans pourvoir s'en empêcher.
Les deux derniers lève les yeux au ciel et boit chacun à une bouteille différente. Le premier lui sourit toujours gentiment et elle se détend. Le compliment silencieux de l'autre garçon y est aussi pour beaucoup. On ne lui en a jamais fait et pourtant, sans oser l'avouer, elle en rêvait. Elle a toujours voulu plaire mais elle pensait que cette faiblesse avait disparu. Il faut croire qu'elle n'est pas entièrement partie à en juger par son rougissement stupide.
-Moi c'est David, s'exclame joyeusement celui au sourire gentil qui l'a mise en confiance en s'asseyant sur la balançoire à ses cotés. Le gros nigaud c'est Éric et les soulards, ce sont Lucas et Dan.
-Victoria, elle répond simplement.
-Quel prénom sérieux, grimace Éric. Ça te dérange si je t'appelle Vicky?
Vicky. Les seules personnes ayant obtenu le droit de l'appeler comme ça sont ses amies. Sa mère l'appelait Vic, Tory ou sa victoire. Elle pince les lèvres. Elle n'est pas habituée à être sociable -ou plutôt gentille- avec des personnes qu'elle ne connaît pas mais… sans comprendre pourquoi -ou plutôt en sachant exactement pourquoi- elle a envie d'obtenir leur approbation. Ils sont plus vieux et ce sont des garçons. Appeler ça les hormones si vous voulez. Le fait est qu'elle sourit pour la première fois de toute ses vacances et répond presque -il ne faut pas exagérer- gentiment.
-Si tu veux.
-Cool, s'exclame-t-il joyeusement avant de lui tendre la bouteille. Tu veux boire?
-Tu l'as vue il y a cinq minutes et tu tentes déjà de la faire sombrer dans la dépravation, soupire David avec un faux air désespéré avant se tourner vers elle et de lui faire un clin d'œil. Compte sur moi pour te protéger.
-Je n'ai besoin de personne pour ça, réplique-t-elle en haussant un sourcil hautain.
Les « soulards » éclatent de rire, accompagné par Éric alors que David lui sourit de manière taquine. Elle attrape alors la bouteille et la porte à ses lèvres tout en sachant que boire avec si peu de nourriture dans l'estomac est une mauvaise idée.
Elle aurait peut-être dû rester à la maison aujourd'hui…
Tu vois, à cette époque, je pense que j'aurais accepté n'importe quoi pour me sentir importante pour quelqu'un. Même l'espace d'une minute, d'une heure. Ce besoin de représenter quelque chose m'a toujours dominée sans que je n'arrive à l'arrêter. Ne m'en veux pas, je t'en prie. Je n'ai jamais eu ta force, VOTRE force. Je ne suis que moi, Victoria. Celle qui, malgré les apparences, dépend de ce que pense les autres aussi sûrement qu'ils dépendent de l'air pour vivre. Jusqu'à vous. Jusqu'à toi...
Encore aujourd'hui, je t'appelle. Est-ce que tu m'entends?
Voici donc le premier chapitre de ma nouvelle fic. Je suis assez stressée, j'espère que ça vous a plu...
N'hésitez pas à laisser une review :)
Bye.