Salut à vous !

Ainsi s'est conclu le chapitre concernant le "Monde des Rêves". L'aventure n'est, bien entendu, pas encore terminée ! Le voyage continue pour Link, qui va avoir encore fort à faire.

Concernant les chapitres suivants, leur publication ne viendra qu'après Japan Expo (qui se déroulera du 2 au 6 Juillet). Il est grand temps pour moi de prendre un peu de repos à cette occasion. Ce sera, bien entendu, pour n'en revenir que plus en forme !

À très bientôt !

Rating : T

Genre : Fantasy/Aventure

Disclamer : "The Legend of Zelda" est la propriété exclusive de ©Nintendo et de son créateur Shigeru Miyamoto, ainsi que les noms des personnages récurrents de la saga, les races et les lieux qui peuvent y apparaître.
Le personnage de Vann est une création personnelle.

Cette fiction constitue un opus inédit de la saga, il s'agit donc d'une histoire inventée n'ayant aucun rapport avec l'un des jeux vidéos.


CHAPITRE 29 : Le Trésor Sacré


Les gazouillis de quelques oiseaux se faisaient entendre. Certains d'entre eux étaient parvenus à se glisser par la porte ouverte et avait déjà entrepris de s'installer dans les parages.

L'un d'entre eux, plus téméraire que les autres, s'en vint sautiller tout près du corps endormi, étendu dans l'herbe. La curiosité poussa le petit animal à approcher davantage, penchant nerveusement la tête sur le côté, puis laissant échapper quelques morceaux de mélodie.

Un mouvement.

La mésange déploya ses ailes et quitta sa contemplation, rejoignant la sécurité des parois qui protégeaient cet abri.

Avec la sensation d'être aussi lourd que du plomb, Link émit un gémissement lorsque ses paupières se décidèrent à s'ouvrir. Le crissement de l'herbe et des feuilles, sous son crâne, le ramenait peu à peu à la réalité. Emerger de son sommeil n'était pas aussi aisé qu'il l'aurait voulu.

Combien de temps avait-il dormi ?

Une éternité à en juger par cette sensation d'avoir été assommé et piétiné par un troupeau de vaches. D'abord immobile, il tâcha de se remémorer ce qui l'avait entraîné dans cette situation.

Au-dessus de lui, les fresques aux couleurs passées ne bougeaient pas et semblaient l'observer. De simples dessins, pensait-il. Ses yeux se promenèrent autour de lui, à la recherche d'autres éléments qui eussent pu lui permettre de se souvenir.

Le « Monde des Rêves »… Cette longue aventure là-bas… Vann transformé en fée… Zelda… Ganondorf… Son ombre… Le vortex du « Chemin des Rêves »…

Le jeune homme se rappelait de tout cela, avec la sensation étrange que rien n'avait été réel. Pourtant, ces courbatures n'étaient pas là par hasard. Les songes avaient été bien trop vrais pour que l'illusion ne perdurât. Une fatigue intense se plaisait à cogner contre son front avec un fracas indescriptible.

Poussant un soupir, il finit par se redresser lourdement en position assise. Le décor lui était familier. Prendre appui sur sa main droite lui rappeler soudainement qu'il avait été blessé. Lorsqu'il la porta devant ses yeux, il constata cependant qu'aucun dégât n'était à déplorer. Il n'y avait aucune trace des brûlures, ni même de toutes les blessures occasionnées par son étrange voyage…. Rien.

Link était de retour dans le monde réel, au cœur du Sanctuaire du Héros.

Désireux de savoir si aucun temple, ni aucune magie, ne se jouait à nouveau de lui, le jeune Hylien fit quelques mouvements pour détailler son corps. Sa tunique n'avait pas subi de dégâts, comme cela avait été le cas dans l'autre dimension et son corps se portait bien.

Seul témoin de son périple : son épée avait disparu.

La dernière fois qu'il l'avait vue, elle se trouvait fichée dans la boite crânienne d'un serpent géant…

— Comment te sens-tu, Link ?

Le concerné sursauta lorsque la voix, néanmoins familière, s'adressa soudain à lui. L'ayant entendue dans son dos, il avait eu le réflexe de se retourner brusquement, avant de reconnaître le visage de celle qui lui souriait.

— Un peu déboussolé… souffla le concerné en passant une main sur son visage, soulagé.

— Tu as dormi durant deux jours entiers, depuis ton retour, expliqua doucement Saria, assise sur une souche.

Deux jours ? Considérant ce qu'il avait vécu jusqu'à présent, Link considérait que c'était fort peu. Ce fut en tout cas son estomac qui le ramena à la raison, ainsi que ses lèvres, desséchée par le manque d'eau. Des sensations, des vraies, étaient revenues l'assaillir. La faim, la soif, la fatigue… Tout était redevenu normal.

Ses yeux s'écarquillèrent alors et il dirigea ses yeux bleus dans la direction de la Kokiri, alarmé par une pensée affreuse lui ayant traversé l'esprit :

— Saria… Vann est… ?

— Il va bien, le rassura la jeune fille, Vann était lié à moi, c'est pour cela que son apparence était comme telle. Lorsque j'ai senti que son esprit s'éteignait, je l'ai ramené juste à temps. Il a beaucoup souffert de ce voyage, mais ne semblait pas le regretter lorsque nous nous sommes parlé. Il a désormais réintégrer son véritable corps.

S'il n'avait été si troublé par son retour du « Monde des Rêves », Link en aurait volontiers pleuré de joie. Lui qui avait cru que son meilleur ami était passé à trépas… Jamais il n'aurait pu se pardonner sa disparition. Un sourire vint étirer la commissure de ses lèvres, tandis qu'un soupir les franchissait.

— Où se trouve-t-il à présent ? questionna le héros.

— Je l'ai retrouvé, pendant que tu étais absent, répondit Saria, lorsque vous avez pénétré dans les Bois Perdus, les créatures d'ici l'ont enlevé dans la brume et l'ont emprisonné dans le Sanctuaire de la Forêt. C'est un sort courant pour quiconque ose s'aventurer en ces lieux.

Link fronça les sourcils. Il n'avait donc pas de temps à perdre en bavardages et devait se dépêcher de le retrouver. En suite, il ferait en sorte de retrouver la Princesse Zelda et essaierait d'empêcher son ancien mentor de poursuivre ses méfaits. Quant à son alter-égo, toujours coincé dans l'autre monde, il devait trouver une solution pour l'aider… L'idée de l'abandonner ainsi lui était déplaisante, surtout après ce que l'ombre avait fait pour eux.

— Je me doute que ce n'est pas simple pour toi, mais tu dois te reposer, conseilla la Kokiri en se redressant pour se placer devant lui, tu es encore trop faible pour te permettre un nouveau voyage. Vann ne risque rien pour le moment et Hyrule vient de s'éveiller.

Ses jambes tremblotantes achevèrent de convaincre Link quant aux dires de la demoiselle. Grimaçant lorsque sa tête se mit à tourner dangereusement, il dut se faire violence pour ne pas retomber à terre aussi sec.

— D'accord, concéda-t-il avec un pauvre sourire.

— Il te reste une dernière chose à faire en ces lieux, avant de reprendre ton chemin, poursuivit Saria, un trésor sacré se trouve entre ces murs. Un trésor que tu es digne de porter aujourd'hui. Zelda m'a fait promettre de t'y guider, dès que tu serais de retour.

La demoiselle aux cheveux verts sautilla jusqu'à la souche où elle était assise et y bondit, avant d'ajouter :

— Elle m'a demandé de te remercier pour tout ce que tu as fait jusqu'à présent. Tu n'as pas à t'en vouloir de ne pas avoir pu lui venir en aide. Ganondorf la tient toujours et ne l'aurait jamais laissée te suivre, même si tu aurais pu l'emmener avec toi. Elle a également dit que tu auras besoin du trésor sacré pour poursuivre ta quête. Tout n'est, hélas, pas encore terminé.

Link aurait été bien naïf de croire le contraire.

En quittant l'univers des rêves, jamais il n'avait imaginé un seul instant qu'Hyrule était en sécurité. La Citadelle n'en restait pas moins prise d'assaut par une horde d'ennemis et le pays serait bientôt plongé dans le chaos avec le retour de l'ancien Général. Le Gerudo n'en resterait pas là, le héros en était intimement persuadé. Sa rage avait été effrayante à observer, lorsque ses plans avaient été mis en déroute. Le jeune Hylien ne l'avait pas reconnu, derrière ce faciès devenu assoiffé de sang.

— Emprunter le « Chemin des Rêves » m'aura au moins ouvert la voie vers une certitude : je sais ce que j'ai à faire et vers quelle route m'orienter. Des personnes comptent sur moi.

— Ce voyage ne sera pas sans embuches, admit tristement Saria.

Les obstacles seraient peut-être encore plus dangereux que ceux de l'autre monde. Ici, Link ne pourrait pas se reposer sur de fausses impressions de fatigue ou de douleur. Ici, tout était réel et ne cesserait jamais de l'être. Après un tel périple, il pensait tout de même avoir un avant-goût suffisamment prononcé de ce qui l'attendrait dorénavant.

Le visage du jeune écuyer de la Citadelle d'Hyrule avait bien changé. Un regard empreint de doutes et de tourments s'était éteint, pour céder sa place à celui, plus déterminé, d'un guerrier. Un guerrier qui était sur le point de grandir, encore et encore, jusqu'à atteindre la fierté et la force d'un lion.

— Je me battrai.

Saria hocha la tête lorsque ces mots furent prononcés.

Pour elle, cette décision sonnait l'heure d'une nouvelle ère pour ce royaume, mais aussi la fin de son propre voyage. Elle avait fait ce que les Déesses demandaient. Elle avait aidé Zelda à accompagner ce garçon et avait pris soin de son ami, afin que ce dernier pût le protéger.

— Mon rôle de guide s'achèvera donc ici, jeune héros, sourit-elle en s'inclinant, je vais te venir en aide une dernière fois et ouvrir le passage qui te conduira au trésor sacré. Place-toi devant la tombe de ton prédécesseur.

Saria entreprit de porter son ocarina à sa bouche, rappelant de ce fait quelque-chose d'important à Link, qui l'interrompit après avoir fait ce qu'elle demandait.

— Avant que tu ne partes, Saria, j'aimerais te transmettre un message dont quelqu'un m'a chargé de te faire part.

La Kokiri perdit son expression sérieuse et le dévisagea sans comprendre, au premier abord. Qui pouvait bien avoir pu demander une telle chose ? Aucun de ceux qui vivaient en son temps, n'était plus.

— « Tu demeureras toujours ma très chère amie… qu'importe le temps et qu'importe la distance entre nous. Nous nous reverrons… »

Les petites mains de la jeune fille se serrèrent vivement autour de son instrument de musique. Sa silhouette spectrale vacilla durant quelques brèves secondes, alors qu'un sanglot la traversait. Les pleurs mêlés de joie et de tristesse brisèrent le cœur de Link, plus qu'il ne voulut le montrer.

Il ne put néanmoins pas intervenir auprès d'elle, pour la consoler. Saria avait repris son instrument, duquel une mélodie paisible s'échappa. Bien que le jeune homme ne la connût pas, elle avait autrefois été nommée la « Ballade du Crépuscule ».

Il fit de son mieux pour se concentrer sur elle et aperçut du mouvement devant lui.

Le tombeau du héros d'autrefois était en train de se déplacer, glissant vers l'arrière dans un léger tremblement. La pierre cessa tout recul à l'instant où l'ocarina se tut soudain, cédant place au chant des oiseaux, qui reprenait le dessus.

— Merci, Link… murmura l'écho de la voix de Saria. Sois prudent…

Le jeune Hylien chercha après la Kokiri, mais ne la trouva nulle part dans le Sanctuaire, autour de lui. Tout comme elle l'avait laissé entendre, elle venait de disparaître à nouveau du monde des vivants.

— Un grand merci à toi…

Il était grand temps de découvrir ce que ces lieux cherchaient à protéger.

Baissant la tête, Link ne pouvait pas nier qu'il s'attendait à apercevoir directement le contenu de la tombe. Il n'aurait pas cru contempler les marches d'un escalier, qui conduisait sous la terre.

Prenant une inspiration, il se décida alors à emprunter ce passage.

Ce ne fut que lorsque son pied se posa enfin sur le sol que la tombe décida de se remettre à sa place, bouchant ainsi tout espoir de repartir de ce côté. D'abord inquiet, Link fit de son mieux pour conserver son calme : il ne se trouvait pas dans un lieu hostile, il y aurait donc bien une sortie quelque-part.

Ses pas le conduisirent au cœur d'un tunnel, tout juste éclairé par la lueur de quelques torches, qui s'allumaient et s'éteignaient en fonction de son passage. Ce long couloir avait été creusé à même la terre et de la poussière s'en échappait par endroits. Les racines de quelques plantes et arbres poussant à la surface dépassaient ça et là, contre les parois.

Link dut écarter quelques-unes d'entre elles afin de pouvoir passer sans prendre le risque de s'y accrocher.

Ce ne fut qu'au bout de quelques mètres supplémentaires qu'il parvint enfin à apercevoir la lumière du jour.

Loin d'être suffisamment en forme pour courir vers elle, le jeune homme se laissa porter tranquillement et ne tarda pas à la rejoindre, intrigué de savoir où il avait bien pu tomber.

De nouvelles marches évoluaient cette fois vers le haut, formées à même la terre de la forêt. Une fois de plus, ce fut le chant des oiseaux qui accueillit la venue du héros. Néanmoins, celui-ci resta prudent. Tout lieu méconnu méritait un peu d'attention, quand bien même était-il pratiquement sûr d'être en parfaite sécurité.

S'aidant de ses mains, il finit par escalader jusqu'en haut.

Link se trouvait à présent dans une clairière. Elle était surplombée par les ruines d'un ancien temple, à en juger par les symboles sacrés qui ornaient les restes de murs, tout autour du nouveau venu.

Le jeune Hylien leva alors le dos de sa main gauche devant lui, ayant noté que le stigmate des Déesses se mettait à luire fortement.

Pour une fois, cette lumière n'était en rien douloureuse et aucune brûlure ne s'en venait mordre la chair de sa main. Bien au contraire, ce fut une douce aura qui se mit à l'envelopper, chassant quelque-peu la fatigue qui l'envahissait.

Droit devant lui, après avoir dépassé une arche de pierre à demi effondrée, Link découvrit le reste de la clairière, où une dalle de pierre se trouvait, là, posée au beau milieu d'une herbe verte resplendissante. De frêles lueurs s'élevaient autour de cet endroit, s'écartant en le voyant approcher.

Et alors il la vit.

Plantée dans son socle de pierre, une majestueuse épée se tenait patiemment au milieu de la dalle. La garde, d'un bleu saisissant, était de toute beauté, aussi élancée que les ailes d'un oiseau. Une pierre dorée semblait fixer le jeune homme qui approchait lentement d'elle, s'illuminant à la vue de la marque qui trônait fièrement sur la main de celui-ci.

Ce fut comme si cette arme magnifique ne cessait d'appeler Link, lui murmurant de venir auprès d'elle. Comme si elle avait attendu durant des siècles, avant de pouvoir contempler son âme de nouveau.

Le héros ne recula pas face à cet appel. Marcher dans sa direction était aussi naturel pour lui que s'il avait soudainement eu conscience de retrouver une amie de longue date. Son pied se posa sur la pierre où il put enfin discerner le symbole de la Triforce, gravé dans la pierre.

Un cœur battait dans cette épée.

Il était impossible de le discerner, mais il ne pouvait pas échapper à Link. Il pouvait le sentir, l'entendre et le discerner jusque dans les tréfonds de son âme. Une résonance sans pareil pulsait entre les deux êtres qui s'observaient l'un et l'autre.

L'un d'abord timide, l'autre sûre d'elle.

Comment n'aurait-elle pas pu l'être en le voyant ainsi, vêtu de ses atours et muni de cette volonté qu'elle lui connaissait bien. Il était à la fois le même et bien différent, pour elle.

L'Epée de Légende émit une nouvelle pulsation, qui se propagea dans toute la clairière, tandis qu'une lueur bleuté agréable s'en venait l'entourer.

La lame sacrée attendait son nouveau porteur avec un enthousiasme sans bornes, l'invitant à approcher davantage et l'incitant à embrasser sa destiné à ses côtés.

Prenant une inspiration et fermant les yeux, Link finit par rompre la distance qui les séparait encore et posa ses mains sur la délicate poignée qui n'attendait plus que lui.

Un souffle s'échappa du piédestal, lorsque ce dernier sentit les deux auras entrer en résonnance l'une avec l'autre.

Le héros agrippa l'épée plus fermement et la retira de sa prison de pierre sans plus hésiter. La Triforce sur sa main luisit avec la même intensité que le symbole qui se trouvait au sol.

La forte lumière suivit l'élan de la pointe de l'Epée de Légende lorsque Link la leva vers les cieux. Une énergie colossale se déploya dans la forêt toute entière, balayant jusqu'à la cime des arbres et faisant vibrer la terre d'Hyrule elle-même.

Un très ancien pouvoir venait de refaire surface en ce monde.

Un éclat se fit ressentir dans le dos du jeune homme. Un fourreau bleu et or, finement ouvragé, se forma pour équiper ce dernier de nouveaux atours et ainsi transporter sa nouvelle compagne.

Seules de vieilles histoires faisaient mention de cette arme légendaire…

Link n'aurait jamais pensé qu'elle lui serait un jour destinée. Les contes de son enfance prenaient vie les uns après les autres, dévoilant toute la magie et tous les gardiens qui arpentaient ces terres depuis très longtemps.

— Ne trainons pas ! lança-t-il à la lame qu'il tenait dans sa main gauche. On compte sur nous.

N'osant toujours pas y croire, le jeune Hylien la rangea dans son fourreau et entreprit de tourner le dos à la clairière. Tout était redevenu calme, presque morne, en l'absence de l'habitante qui siégeait ici depuis tant d'années. Seul le vent se remit à secouer doucement la végétation environnante.

Le passage, qu'il avait précédemment emprunté, était resté ouvert pour lui permettre de repartir. Il n'aurait pu trouver d'autre issue dans cet endroit.

L'hésitation ne se faisant plus ressentir dans ses pas, il ne tarda guère à retraverser le long couloir qui le ramènerait jusqu'au Sanctuaire du Héros.

o o o

Sortir de la forêt ne fut pas difficile pour Link, qui vit son chemin être éclairé par la lueur du jour, qui transparaissait à travers les feuillages. La brume de la première fois avait totalement disparu.

C'était comme si les Bois Perdus le laissaient tout bonnement passer.

Aucune créature ne s'en vint l'arrêter, ni même ne se mit en travers de sa route. Tout était paisible, quand bien même un mal terrible assombrissait déjà l'horizon du royaume.

Avec l'impression d'être parti durant des années, le héros eut l'occasion de goûter à la douce brise qui soufflait sur la plaine d'Hyrule. Son Hyrule. La terre qu'il chérissait et reconnaissait. Plus d'illusion. Il marcherait sur des sentiers qu'il ne tarderait pas à découvrir.

Parvenu à la hauteur d'une légère colline, le jeune homme observa les alentours pour apercevoir enfin la Citadelle. Sa maison… Le lieu où il avait grandi et où il escomptait passer le plus clair de ses années, auprès de ses amis… de son mentor…

Link avait le cœur gros.

Le rêve était désormais bien différent de ce qu'il avait imaginé et il ne pourrait pas retourner là-bas avant un temps. Avant toute chose, il lui faudrait prendre du repos, sauver son meilleur ami et apprendre à se servir de sa nouvelle arme. Autant d'obligations et de devoirs qui nécessiteraient de la patience.

Au-dessus du château, une aura étrange flottait.

Maintenant qu'il y regardait de plus près, il pouvait nettement constater la présence de ce qu'il prit pour un champ de force… avant que les éclairs ne l'obligeassent à avoir un mouvement de recul.

Là-haut, dans le ciel, un énorme tourbillon ne cessait de croitre : un tourbillon qui ne lui était pas inconnu. Tout comme Saria l'avait laissé entendre, ce n'était vraiment pas terminé. Le vortex tournoyait lentement au-dessus de la forteresse sans se refermer, terrible tâche noirâtre dans le ciel bleu du royaume.

Le « Chemin des Rêves » était toujours ouvert et il était à parier que Ganondorf était responsable de ce qu'il se produisait.

L'instinct de Link lui dicta pourtant de rester là où il se trouvait pour réfléchir. S'élancer là-bas ne rimerait à rien. Pas sans se préparer et pas tant qu'il n'aurait pas de vraie solution pour remédier au problème.

Ses poings se serrèrent alors et il fit mine de regarder derrière lui.

Non loin de lui, les toits d'un village se dessinaient.

Malgré lui, il venait probablement trouver le fameux Village Cocorico. Le lieu où résidait la famille de Vann et où les deux amis étaient censés se rendre pour obtenir de l'aide, bien avant leur périlleuse aventure.

Non sans un dernier regard vers la Citadelle d'Hyrule, Link finit par se détourner : s'il devait commencer par un endroit, ce serait par le village. Avant de repartir, il lui faudrait du repos. Quelqu'un aurait peut-être quelques informations à lui fournir, quelques indices…

Parvenant jusqu'à l'écriteau indiquant sa destination, le héros se sentit soudainement très seul. Son petit groupe de compagnons avait été brisé lorsque la réalité l'avait arraché au « Monde des Rêves ».

Son nouveau voyage serait empreint de solitude et il ne l'ignorait pas.

— Attendez-moi… Je serai bientôt là.