Death Lovers 2.

Mello se réveilla dans un lit glacé, seul. Et il détesta ça. D'habitude, c'était lui qui se tirait en douce. Sauf avec Matt. Avec lui il se réveillait toujours en sentant son corps brulant collé au sien. Et dès qu'il esquissait un geste pour se lever, il se retrouvait emprisonner dans ses bras, couvert de baisers... Son sexe se rappela douloureusement à lui.

« Putain de Near... »

Il ne pouvait s'empêcher de se demander comme ce gosse si peu débrouillard quand il s'agissait des choses de tous les jours avait fait pour retourner au SPK. Surement qu'il avait dû appeler quelqu'un pour qu'on vienne le chercher... Il eut un sourire triste en pensant qu'il ne le reverrait sans doute plus jamais comme ça, en tête à tête. Near ne sortait jamais. Et quand il ne pouvait faire autrement, il y avait toujours un adulte qui l'accompagnait.

Il roula sur le dos et sentit un objet dur sur le coussin. Il se redressa pour y découvrir son arme. Avec son bracelet de caoutchouc enroulé autour du canon. Ça le fit rire. Il le dénoua et le repassa à son poignet. Il n'aurait jamais pensé que ce gamin serait aussi chaud... Son membre sembla se durcir encore plus. Mello décida de l'ignorer pour l'instant et se leva, cherchant ses vêtements du regard. La chambre était vraiment dans un drôle d'état. Du sang sur le parquet, une balle fichée dans le mur, les draps en lambeaux...

Il récupéra son boxer et son pantalon, les enfilant en sautillant, et glissa son arme derrière. Normal que sans ceinture, il l'ait perdu en s'asseyant la veille. Heureusement qu'il ne l'avait pas fait tombé pendant qu'il roulait en moto ! Il sortit son gsm tout en cherchant son t-shirt et s'assit dans le fauteuil pour lire ses messages. Il n'en avait que trois, de Matt, évidemment.

Le premier était plutôt encourageant : Rentre, j'ai envie de toi.

Le deuxième, excitant : Je commence sans toi, Mello... Ne m'oblige pas à jouir sur mon pauvre gsm...

Le troisième par contre le fit soupirer : Bâtard, tu rentres, t'es mort !

Il avait voulu l'appeler, mais là il n'était pas sûr qu'une engueulade au téléphone en plus de celle qu'il allait subir en rentrant en vaille vraiment la peine.

Il attrapa ses chaussettes et ses bottes et revint s'assoir pour les mettre à son aise, cherchant déjà une idée pour faire oublier à Matt qu'il avait découché un soir où il lui avait promis de rentrer. Le rouquin se fichait pas mal que Mello ne le prévienne pas et disparaisse, même pendant plusieurs jours, mais s'il avait eut le malheur de lui promettre de passer la nuit avec lui, et ne venait pas... Et bien, il s'étonnait d'avoir survécu jusqu'à maintenant ! Face aux autres, Matt le respectait et ne montrait rien de leur relation, mais en privé... Il soupira à nouveau rien que d'y penser.

Lorsqu'enfin il franchit la porte de ce qui leur servait de planque personnelle, il serra les dents, attendant les cris. Mais rien ne vint. Il se tourna donc pour verrouiller la porte et, juste au moment où il se crut hors de danger pour quelques heures encore, une chaise se brisa sur son dos, le faisant s'effondrer contre le chambranle, sa hanche douloureusement meurtrie par la poignée. Il se laissa glisser jusqu'au sol, complètement sonné.

« Où t'étais sale bâtard ? »

« Bonjour chéri, tu t'inquiétais ? »

Il avait à peine fini sa phrase qu'il regrettait déjà son impertinence. Matt allait la lui faire payer... Il se retrouva soulever par les cheveux et retourner sans ménagement tandis qu'un poids bien trop lourd lui coupait la respiration. À genoux sur lui, Matt se mit à le frapper, poings fermés, en plein visage. Il sentit sa lèvre éclater, et son nez craquer. Il n'était pas cassé. Pas encore. Il ferma les yeux. Les coups continuaient de pleuvoir et le sang envahissait sa bouche. Il aurait pu essayer de se défendre, mais n'en avait déjà plus la force. Soudain un baiser remplaça les coups, et il se sentit fondre, entrouvrant les lèvres pour le laisser passer. Mais il se fit mordre la langue, et gémit. Un autre coup l'atteignit à la tempe et il crut voir des étoiles.

« Tu pues la pomme. »

« Qu... quoi ? »

Il avait du mal à articuler, tout son visage semblait en morceaux.

« Tu t'es fait baiser par qui, salope ? » s'écria Matt en le soulevant par le col.

« Par personne... » lâcha-t-il en ouvrant difficilement les yeux.

Ce n'était pas vraiment un mensonge. Et si ça s'était produit un autre soir, le rouquin n'aurait sûrement rien dit. Seulement c'était arrivé lors de l'une de leurs nuits. Une des rares qu'ils arrivaient à grappiller par-ci par-là, discrètement, pour qu'aucune des personnes avec qui ils bossaient ne se doute de rien. Et avec toutes ses nuits de surveillance acharnée, de combines foireuses, il ne leur en restait vraiment que trop peu. Il comprenait pourquoi Matt était si en colère. Il l'avait doublement trahi. Et s'il acceptait que Mello baise avec d'autres, il ne supportait pas le mensonge. Jamais.

Les yeux verts d'eau s'étrécirent en deux fentes, il le sondait. Au bout d'un moment, il sourit, un sourire triomphant :

« Alors qui as-tu baisé, Mello ? »

« Near. »

Il se mordit la langue, le sang emplissant à nouveau sa bouche. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. Il était mort. Aussi sur que deux et deux font quatre.

« P'tite pute. »

Et Matt se releva, l'attrapant par les cheveux et le trainant jusqu'à la salle de bain, pour le jeter dans la cabine de douche.

« Déshabille-toi. »

Mello voulut protester, mais il ne s'était pas encore lavé. S'il l'avait fait, peut-être qu'il aurait pu lui mentir, prétendre qu'il n'avait rien fait avec personne. La pomme n'était vraiment pas son genre... Il enleva donc difficilement ses vêtements, affaler et plier en deux dans l'étroitesse de la cabine, mais n'avait pas la force de se relever. Il entendait Matt fouiller dans les placards de la cuisine puis prendre de l'eau au lavabo, mais ne chercha pas à comprendre.

Il ferma les yeux en attendant que son tortionnaire revienne, essayant d'oublier son épaule blessée, sa hanche douloureuse, et surtout son visage en miettes quand il sentit un liquide glacé lui bruler le visage et cria, mais une main lui claqua le menton.

« N'avale pas idiot, tu vas te rendre malade. Et garde les yeux fermés ! »

Il essaya d'éloigner la source de cette eau qui lui agressait le nez et compris. Il le lavait à l'eau de javel, le salopard ! Il essaya de l'atteindre avec ses pieds, mais ne rencontra que le carrelage et se fit mal. Il entendit Matt déposer le bidon et allumer la douche. Il le laissa lui rincer le visage et dès qu'il put ouvrir les yeux lui envoya une droite en plein ventre, le regardant tomber à genoux et s'écraser lamentablement avec plaisir.

« Tu veux me tuer ou quoi ? Espèce de malade ! »

« J'l'ai dilué putain, fais pas chier ! »

Matt se releva et lui retourna une gifle. Il coupa l'eau et reprit le bidon dont il aspergea le corps de Mello. Celui-ci essayait bien de se défendre, mais il était coincé et n'arrivait pas à se relever, le fond de la cabine glissait et il retombait à chaque tentative. Il le vit prendre le gant de crin et paniqua. Matt semblait trouver ça très drôle. Il reposa l'eau de javel diluée et s'accroupit, attrapant un de ses bras et se mettant à le frotter de toutes ses forces.

« Arrête bordel ! Tu m'arraches la peau ! »

Mais il ne l'écoutait pas, l'attirant à lui pour passer à son dos, puis à l'autre bras, avant de le repousser pour pouvoir laver son torse. Il reprit un peu du liquide qui l'irritait et continua sa tâche, l'air totalement absorbé. Mello ne disait plus rien. S'il fallait en passer par là pour qu'il lui pardonne, il survivrait.

« Lève-toi. »

Il obéit et le rouquin versa le reste du bidon sur le bas de son corps. Son sexe le brulait. Matt commença par ses fesses, puis ses jambes. Il se releva finalement et fit mine de prendre le membre du blond qui se retourna vers le mur.

« Là tu rêves gars ! »

« Retourne-toi ! »

« Non ! T'es complètement dingue ! »

« Mello ! »

« J'ai dit... »

Mais il ne put finir sa phrase, sa tête heurtant violemment le carrelage. Il sentit le corps tout habillé de Matt se presser contre le sien et le gant de crin s'enrouler autour de son sexe dans une parodie de masturbation qui le fit hurler.

« J't'avais prévenu... »

Mello avait les larmes aux yeux. Mais il ne voulait pas pleurer. Non. Il ne pleurait jamais. Il sentit la morsure du crin passer à ses bourses et gémis. Puis Matt passa entre ses fesses.

« T'es sûr qu'il ne t'a pas pris aussi ? »

« Oui... »

« Oui quoi, Mello ? »

« Oui, je suis sur... »

« Tant mieux, ça m'aurait fait chier de devoir te laver aussi à l'intérieur. » Ricana-t-il.

Matt sortit de la douche et alluma l'eau, lui passant le pommeau.

« Je pense que tu devrais pouvoir te débrouiller maintenant. »

Et il sortit, le laissant là, le corps meurtri et la peau brulante. Mello se laissa glisser contre le mur froid et enserra ses genoux pliés de ses bras, se balançant lentement d'avant en arrière en attendant que son envie de pleurer passe.

Il ne vit pas le temps passer et ne sentit pas l'eau devenir froide. Ce n'est que quand Matt lui versa du shampoing sur la tête qu'il se rendit compte qu'il n'avait toujours pas bougé. Il leva les yeux vers le rouquin qui semblait toujours aussi en colère, lui massant le cuir chevelu beaucoup trop fort.

« Ça fait vingt minutes que t'es là dedans, crétin. »

« Ah. »

Il se laissa faire et, même si le savon lui piquait la peau, il apprécia beaucoup. Il voulut embrasser Matt, mais ne reçut qu'une gifle en retour. Il se laissa ensuite rincer et sortit difficilement de la cabine, les jambes endormies d'être restées si longtemps coincées sous l'eau froide dans une position si inconfortable. Le rouquin le fit s'assoir sur le meuble du lavabo et le sécha. Il prit ensuite délicatement son visage en main, évaluant les dégâts. Il se penchait pour prendre une crème pour soigner ses hématomes quand il avisa sa blessure à l'épaule.

« C'est quoi ça ? »

« ...Near m'a tiré dessus... »

« Après ou avant que tu l'aies baisé ? »

« Avant... »

Oubliant toute la gentillesse qu'il avait réussi à retrouver, Matt l'attrapa par le bras et le traina dans la chambre, le jetant sur le lit avec un cri de rage. Le blond l'entendit se déshabiller, mais ne bougea pas. Il avait envie de lui. Même s'il savait qu'il allait lui faire mal. Il le sentit s'allonger sur lui et l'obliger à se tourner sur le dos.

« Tu le sais quand même... Alors pourquoi, Mello ? Je ne te suffis pas ? »

Sa voix était tellement triste... Mais il ne savait pas quoi lui répondre, et se contenta de passer ses bras autour de son cou pour l'attirer à lui, capturant ses lèvres et soulevant son bassin pour sentir le sexe tendu de désir de son amant si jaloux frotter le sien. Il ne bandait pas. Pas encore. Mais le sentir si dur l'excitait. Il sentit ses mains sur son corps et sursauta. Il avait gardé ses gants... Mello détestait quand il faisait ça, même si c'était lui qui, le premier, un jour où il avait refusé d'enlever les siens après une dispute, avait initié cette désagréable manie. Il se sentait sale, et avait l'impression qu'il le dégoutait et se refusait à toucher sa peau directement, même s'il savait que c'était ridicule, puisque tout le reste de son corps était en contact avec le sien. Matt s'éloigna et lui mit ses doigts gantés de cuir dans la bouche. Il n'en aimait pas du tout le goût, mais les suça quand même, conscient que s'il refusait, son amant le prendrait à sec. Il le vit sourire, et lui sourit en retour, heureux qu'il n'ait plus l'air en colère. Dès que Matt sortit ses doigts de sa bouche, Mello voulut reprendre leur baiser, mais il avait beau le tirer vers lui, le rouquin ne bougea pas, se contentant de le fixer avec un drôle de regard, qui ne le rassura pas du tout. Il le sentit pousser contre son intimité, mais c'était son sexe, et sans lubrifiant ni salive ! Il voulut l'empêcher de le pénétrer, mais c'était déjà trop tard, Matt l'attrapant par la cuisse tout en se guidant en lui. Mello hurla tandis que le rouquin, sans lui laisser une seconde pour s'habituer, se mit à cogner en lui de plus en plus fort. Il sentit les doigts qu'il avait léchés s'enrouler autour de sa queue et le branler tout aussi violemment.

« Matt ! Tu me fais mal, arrêtes ! »

« Parce que tu crois que je n'ai pas mal, moi, quand je t'imagine avec d'autres hommes ? Tu crois que ça me fait quoi de savoir que ces si jolies lèvres ont sucé la queue de Near, hein ? Parce que tu la forcément fait ! Je te connais Mello... Aaah... Tu es si serré... »

Il s'interrompit pour le prendre par les hanches, l'amenant à la rencontre de ses coups de reins, trouvant sa prostate et lui donnant enfin un peu de plaisir. Les draps lui écorchaient la peau et même le contact de son amant entre ses cuisses lui faisait mal après le lavage qu'il lui avait fait subir. Mais il se contenta de subir, ne cherchant plus à éviter les hanches de Matt, lui criant de le prendre plus fort. Il voulut prendre son sexe en main puisque son partenaire avait besoin des siennes pour l'attirer à lui à chaque mouvement, mais il entendit la langue de Matt claquer contre son palais. Il ouvrit les yeux, qu'il ne se souvenait même pas avoir fermés, pour voir ceux de son amant, vert émeraude tirant toujours sur ce bleu indéfinissable, le fixer intensément.

« Je... peux... aaah... Matt... »

« Non. Tu attends. »

« Mais je... aah... »

La bouche de Matt prit possession de la sienne, sa langue forçant le passage comme sa queue l'avait fait plus tôt entre ses fesses, et il se sentit se détendre, enroulant ses bras et ses jambes autour du corps chaud qui se pressait contre le sien, savourant le léger goût de cigarette de son ami.

« Matt...Aaah... Plus fort ! »

Son amant obéit, mais resta coller à lui, passant ses bras dans son dos pour le presser contre son torse, son souffle chaud se mélangeant au sien, front contre front.

« Matt... »

« Pourquoi, Mello ? Ah... Pourquoi... »

Mais le blond ne répondit pas, l'embrassant à nouveau et mordillant ses lèvres avant de les lécher. Il appuya plus fort avec ses chevilles sur les reins de son amant, le faisant aller plus loin tandis qu'à chaque coup de boutoir le sexe de Matt touchait sa prostate, lui envoyant de délicieuses décharges de plaisir. Il souleva légèrement son bassin et son propre sexe se mit à frotter contre le ventre du rouquin, lui donnant une double dose de plaisir.

« Mello... Aaaah... Je vais jouir... » »

« Moi aussi... Ah ! »

Tout son corps se cambra tandis qu'il se libérait entre eux et il sentit les contractions de son intimité faire décharger Matt en lui avec un gémissement rauque, le visage enfoui dans son cou.

Ils restèrent comme ça de longues minutes, reprenant leur souffle et embrassant chacun l'épaule de l'autre. Mello se sentait bien. Il était heureux que son ami ne soit plus trop en colère, bien qu'il ne se fasse aucune illusion, il ne lui avait surement pas déjà pardonné, et il risquait d'en voir encore de toutes les couleurs ! Mais il se sentait bien, Matt dans ses bras, toujours à l'intérieur de lui et soupirant d'aise, son souffle chatouillant sa nuque. Finalement, le rouquin se laissa rouler sur le dos, se séparant du blond comme à regret et lui souriant. Il caressant sa joue et déposa un baiser sur ses lèvres, se reculant avant que Mello n'aie pu l'attraper pour approfondir l'échange.

Matt finit par attraper son iPod, et le déposa sur le socle des baffles miniatures que Mello lui avait offert quelques mois plus tôt, et les paroles alléchantes mille fois entendues de Fer Sure s'élevèrent.

« Encore cette chanson ? »

« Ouais ! Je l'adore... Et puis j'aime te baiser avec ces délicieuses paroles dans les oreilles... »

* Fuck me in the backseat, fuck me in the backseat... *

« C'est sûr, c'est pas du Shakespeare ! Tu veux qu'on aille dans ta voiture peut-être ? »

« Laisse ma caisse en dehors de ça ! Elle en a déjà assez vu, la pauvre... »

« La cave peut-être... ? »

« Mello... La dernière fois que je t'ai accompagné dans la cave, tu as torturé un type pendant deux jours... »

« Ah. C'est vrai. Très bon souvenir d'ailleurs ! J'ai adoré quand tu m'a pris à ses pieds... Son regard ! »

« Il était déjà mort, Mello. »

« Bein, ça devait être pour ça alors ! » Et le blond éclata de rire.

* We're not falling in love, we're just falling apart... *

Parfois il effrayait un peu Matt. Mais en même temps, le voir se défouler ainsi sur des salopards qui l'avaient mérité, le voir les travailler au corps pendant des heures, leur faire avouer leurs plus infimes et intimes secrets... Matt aimait cet homme-là. Celui qui pouvait broyer n'importe qui. Et il aimait avoir le privilège de le dominer. D'ailleurs, il avait du faire ses preuves pour en arriver là où leur relation en était ! À la Wammy's House, le rouquin n'aurait jamais osé rêver pouvoir effleurer son amour secret... Et pourtant...

Wammy's House, des années auparavant.

« Viens ici. »

Matt resta pétrifié. Jamais Mello ne lui avait demandé de venir près de lui, et il avait peur de ne pas pouvoir se comporter correctement. Cela faisait tellement longtemps qu'il sentait ses griffes le retenir par les entrailles, son sourire en coin l'enflammer et ses yeux si bleus s'enfoncer au plus profond de son âme.

« Matt ! »

Il sursauta, et se leva précipitamment du sol froid sur lequel il avait pris place en entrant dans la chambre du blond. Il ne savait même pas pourquoi il était venu. Mello lui avait juste soufflé, au moment d'aller se coucher : « Minuit, je t'attendrai. Ne sois pas en retard. »

Et, comme un idiot, il avait regardé les minutes passer, son coeur battant à tout rompre. À moins quart, il s'était levé. Il s'était déjà lavé, habillé, coiffé. Il avait envie d'une clope. Il était bien conscient de prendre une mauvaise habitude, mais il ne pouvait s'en empêcher. C'était la seule chose qui arrivait à le calmer lorsque Mello était dans les parages. À moins dix, il hésita longuement. Chaussures ? Pantoufles ? Chaussettes ? Il n'avait aucune idée de ce que son ami attendrait de lui, ni ce qu'il avait prévu. A moins cinq il avait finalement opté pour y aller en chaussette en portant ses bottines en main, pour le cas où Mello voudrait sortir se ballader, comme ça lui prenait souvent. Matt préférait rester à l'intérieur, mais pour lui faire plaisir, il était toujours prêt à tout. Et maintenant il était debout, incapable de se décider à aller s'assoir à l'endroit que Mello avait tapoté à côté de lui, sur son lit. Il fit un pas, hésitant, et le blond s'esclaffa.

« Je ne vais pas te mordre ! Allez, viens ici ! »

Alors il obéit, et s'assit. Un des bras de son ami l'entoura et l'obligea à lui faire face, un sourire presque cruel ne le rassurant pas du tout aux lèvres.

« Je t'ai vu, ce midi. »

Matt se crispa. Non, pas ça ! Il se sentit devenir rouge de honte.

« Et je sais que ce n'était pas la première fois. »

Il baissa les yeux, mais Mello lui prit le menton et le força à le regarder. Ses iris étaient bleu électrique. Le rouquin en eut le souffle coupé.

« Tu sais que ça m'a beaucoup excité te voir te branler comme ça, en gémissant mon nom. ? Tu es un très vilain garçon, Matt. Je n'ai pas pu m'empêcher de me toucher aussi à travers mon pantalon. C'était... insoutenable ! »

« Mello, je... je... »

« Tu veux bien recommencer, juste pour moi ? »

« Mais Mello! »

Le blond lui glissa une main entre les cuisses, souriant encore plus.

« Tu bandes déjà tellement fort, Matt... Je sais que tu en as envie ! »

Il dégrafa le pantalon de son ami rouge tomate, ouvrant la tirette, et plongea la main dans son boxer, empoignant son sexe durci de désir avec force.

« Ah ! Mello ! »

Il fit quelques mouvements, puis le lâcha et se recula pour s'adosser au mur, lui faisant comprendre d'un geste qu'il voulait qu'il continue seul. Matt ne savait pas quoi faire. Il en avait effectivement envie. Mais il était surtout extrêmement gêné. Seulement, la perspective de perdre Mello par manque de courage, alors qu'il n'avait pas hésité l'après-midi même à se masturber dans le parc de l'orphelinat, dans une petite clairière qu'il croyait peu fréquentée, l'effrayait trop. Il était parti précipitamment, plantant son ami sans rien dire, fou de désir après l'avoir vu lécher longuement une tablette de chocolat du bout de la langue, et il n'était donc pas étonnant que Mello l'ait suivi pour voir ce qui lui avait pris. Se souvenant de la manière dont il s'était fait jouir, il se sentit rougir encore plus. Le blond l'avait donc surement vu fourrer ses propres doigts dans son intimité brulante pour aller chercher sa prostate alors qu'il se trouvait à quatre pattes, branlant son sexe rapidement... Imaginer Mello dans les fourrés, se caressant en entendant Matt gémir son prénom l'excita encore davantage. Il prit une grande inspiration et se leva, retirant son sweat rayé et son pantalon, ses chaussettes... et hésitant sur son boxer. Il finit par l'enlever et se rassit brusquement, cherchant à cacher son érection en repliant et croisant ses longues jambes aussi glabres que le reste de son corps. Mais Mello glissa son pied nu entre ses chevilles, et le les lui fit décroiser gentiment en lui susurrant ce qu'il prit pour un encouragement :

« Je veux te voir, Matty... Écarte-les bien pour moi. Tu es si beau quand tu prends ton pied. Et tu me fais confiance, non ? »

« Bien sûr Mello ! »

« Alors, vas-y. Regarde ta queue, elle n'en peut plus... On dirait qu'elle va exploser ! »

Et le blond avait raison. Malgré le fait qu'il s'était déjà soulagé une fois au réveil, comme tous les jours depuis plusieurs mois, et une fois à midi, ce qui était un peu plus rare, son gland avait pris une teinte presque violacée, et son sexe lui faisait mal tellement il avait besoin d'être touché. Il aurait aimé que Mello le caresse, mais ne se faisait pas trop d'illusions. Ils n'étaient qu'amis ! Et le blond avait toujours eu des idées bizarres... Comme la fois où il avait voulu voir ce que ça faisait de pincer les tétons d'une des autres pensionnaires de la Wammy's, ordonnant à Matt de la tenir pendant qu'il expérimentait. Il n'était pas allé plus loin, mais avait depuis des envies de plus en plus étranges. Et celle-ci n'était que la plus récente qu'il s'était décidé à tester, non ?

Mello écarta un peu les jambes et sortit une tablette de chocolat de sa table de nuit, la déballant et se mettant à la lécher comme il l'avait déjà fait plus tôt dans la journée, et comme il le faisait souvent en fait. Mais ce n'était que depuis ces derniers mois que cette vision excitait autant Matt. Son corps grandissait, et ses hormones étaient devenues de plus en plus dures à contrôler. Voyant la façon dont Matt fixait sa langue, le blond se mit à la faire glisser le long des carrés de chocolat avec ostentation, le faisant profiter au maximum de la vue en souriant.

« Mello... »

Matt avait enfin saisi son sexe et faisait monter et descendre lentement sa main serrée autour, son pouce jouant avec son gland. Il se mit aussi à se caresser le torse et à pincer un téton qui durcit instantanément en sentant sa honte laisser place au plaisir. Et le regard du blond sur son corps l'électrisait.

« Je veux te voir, Mello... Montre-moi ton corps ! »

Le blond sourit et finit sa tablette avant de se lécher longuement les doigts. Le regard de Matt devenait fiévreux et son propre membre palpitait douloureusement entre ses cuisses. Mais non. Il voulait jouer. Il enleva lentement son t-shirt et ouvrit sa ceinture et son pantalon, se contentant de tirer sur l'élastique de son boxer pour laisser voir à son ami la naissance de son sexe.

« Plus ! » gémit-il d'une voix rauque.

« Non. Je veux que tu t'accroupisses maintenant. »

Matt fit ce qu'il voulait, écartant les jambes aux maximums en prenant appui contre le mur qui longeait le lit.

« Enfonce-toi trois doigts. »

« Fais-le toi même, Mello... »

Le rouquin haletait, mais il ne ferma pas les yeux. Il voulait voir et sentir ce garçon qu'il désirait depuis si longtemps. Le sourire du blond s'élargit. Il fouilla dans le tiroir d'où il avait pris le chocolat et en sortit un énorme gode qui fit frémir Matt. C'était un cadeau de L... Et il avait adoré l'utiliser. Il le prit en bouche, gémissant de manières appuyées pour exciter son ami encore plus. Celui-ci se mordait les lèvres et ondulait des hanches dans le vide tout en se branlant et se caressant les bourses.

« Mello... »

Le blond se pencha et appuya l'extrémité du gode contre l'anneau de chair qui palpitait doucement entre les fesses de Matt.

« Empale-toi dessus. »

Il voulut protester, mais une main sur son épaule le força à obtempérer et il se sentit douloureusement écarté. Lorsqu'il fut pratiquement complètement en lui, Mello l'alluma, le faisant vibrer au maximum. Il se rassit contre le mur, admirant le spectacle et frottant légèrement son sexe à travers son pantalon. Matt avait mal. Mais en même temps les vibrations du gode lui procuraient des sensations bien meilleures que ses propres doigts ne lui en avaient jamais donné.

« Mello... Je... je vais... Mello ! »

Et Matt se libéra en criant son nom, se laissant aller en plusieurs longs jets puissants qui dégoulinèrent sur son torse et ses cuisses.

« Tellement sexy... » murmura le blond.

Il lui tendit une serviette pour s'essuyer quand il eut repris son souffle puis le congédia.

« Tu peux y aller Matt. Merci. C'était... très agréable. »

Le visage de son ami se décomposa. Mais il ne dit rien, se contentant de lui jeter le gode qu'il venait de sortir de lui et ramassant ses vêtements. Il ne remit que son pantalon et se dirigea vers la sortie, les larmes aux yeux et le coeur au bord des lèvres. Il voulait mourir.

Lorsque sa main effleura la poignée de la porte, il sentit un corps le presser contre le bois dur et un souffle chaud dans son cou.

« Ne me dis pas que tu as vraiment cru que tu allais t'en tirer à si bon compte, petit pervers ? »

Il ne trouva rien à lui répondre, trop heureux d'enfin sentir les mains de Mello sur sa peau. Le contact le fit frissonner. Le blond lui arracha son pantalon et se guida en lui, le faisant se cambre contre la porte, ses mains cherchant désespérément à s'accrocher à quelque chose tandis que ses ongles raclaient contre la surface lisse.

« Ah ! Mello ! Aaaah ! »

« Crie pour moi Matt... Crie plus fort ! »

Et d'un coup de rein bien ajusté, il toucha sa prostate, lui tapant le front sur le bois par la même occasion. Mais il ne ralentit pas la cadence, maintenant qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait, il comptait bien s'en servir pour faire hurler son innocent ami si dévergondé.

« Mello ! »

Il sentit les mains de Matt lui empoigner les hanches pour le faire venir plus loin en lui, et accéléra encore le rythme. Seulement les jambes du rouquin se mirent à trembler de manière incontrôlable. Il l'attrapa alors par les cheveux et le dirigea vers le bureau sans sortir de son antre brulant, le faisant s'allonger dessus, le visage écrasé sur ses notes. Il le souleva par le bassin et le tint légèrement surélevé pour continuer à taper contre le noeud de nerfs qui se trouvait niché à sa portée, le faisant crier de plaisir. Le sexe de Matt râpait contre les papiers, mais la sensation n'était pas désagréable. Il aimait sentir Mello en lui, même s'il lui faisait aussi mal. C'était encore meilleur que tout ce qu'il avait jamais pu s'imaginer dans ses fantasmes lors de ses jeux solitaires.

« Aaaah... Mello... Je vais bientôt... jouir... encore... J'peux plus... »

« Serre les dents ! »

Et le blond se laissa tomber en arrière sur la chaise en le tenant par les cuisses, le faisant s'empaler encore plus profondément. Cette position lui permettait d'attraper le membre tendu de son amant, et il se mit à le caresser frénétiquement, lui mordant l'épaule pour retenir ses propres gémissements tandis que Matt prenait appui sur le bureau pour continuer à soulever et laisser retomber son corps sur la verge de Mello.

« Vais... jouir Mello... »

« Vas-y ! »

Et il le sentit se libérer, le fourreau de muscles se contractant autour de son sexe enfoncé au plus loin dans le corps tremblant de son amant. Il déchargea presque au même moment, criant :

« Mail ! Ah, Mail ! »

Matt s'était raidi, mais ne dit rien. Le blond le fit se relever brusquement avant de le faire se rassoir sur ses genoux, face à lui, en retournant dans son corps brulant. Il voulait continuer à le sentir l'enserrer. Il colla sa bouche à celle de son amant et lui donna enfin leur premier baiser, le sentant fondre entre ses bras tandis qu'il l'étreignait à l'étouffer. Il couvrit ensuite son cou et son torse de baisers légers tout en murmurant des paroles que lui-même n'était pas sur de comprendre, mais son ami l'interrompit :

« Mihael, je sais. »

« Moi aussi. »

C'était leur façon à eux de se dire ce qu'il ressentait. C'était une façon peu franche, voire même totalement hypocrite. Mais elle leur convenait parfaitement. Il finit par se lever en le tenant dans ses bras, Matt enroulant ses jambes autour de sa taille, et alla jusqu'au lit où ils s'allongèrent. Mello s'éloigna un peu pour admirer son visage aux joues rougies, aux lèvres légèrement gonflées et aux yeux brillants comme il ne les avait jamais vus. Les iris de son amant jouaient entre le bleu et le vert, d'une teinte assez foncée. Il adorait cette couleur indéfinissable. Il savait que ses propres yeux devaient être plus bleus que jamais, et était heureux que ce soit grâce à Matt. Celui-ci se mit à onduler des hanches sous lui, ses mains accrochées au creux de ses reins le guidant avec délicatesse.

« Encore... »

« Tout ce que tu voudras Matt. »

Finit, leurs véritables prénoms, ils ne pouvaient se le permettre. Mais avoir entendu Mello dire son nom en jouissant, même si cela devait rester l'unique fois de toute sa vie, suffisait à le combler de bonheur. Et il avait adoré prononcer le sien. Mihael. Ça ressemblait à un nom d'ange... Les mouvements amples des hanches de son amant le sortir de sa rêverie, et il s'accrocha à lui.

Fin du deuxième chapitre.

Review please !