Bonsoir tout le monde !

Voici un OS qui fait suite à mon précédent OS sur le 4x23, mais qui peut être lu indépendamment.

Il s'agit d'un Two-shot sous les conseils avisés de madoka, donc pour les plaintes, s'adresser directement à elle !

Bonne lecture à tous !

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Nuit rêvée

Un souffle chaud et léger lui caressait la nuque, et elle fronça les sourcils d'être tirée de ce doux cocon dans lequel elle évoluait. Elle refusait de le quitter, mais cette brise délicate ne la laissait pas en paix et revenait sans cesse la faire frissonner. Elle ne se rappelait pourtant pas avoir laissé sa fenêtre ouverte hier soir en allant se coucher. Agacée, elle ouvrit finalement les yeux et les plissa pour s'habituer à la pénombre qui régnait dans la pièce. Sans bouger, elle laissa son regard se perdre sur les lieux, et son froncement de sourcils s'accentua en réalisant qu'elle n'était pas dans sa chambre. Et comme une vague, les souvenirs de la veille affluèrent, et une délicieuse chaleur envahit son corps. Doucement, comme si elle craignait de découvrir que tout ceci n'avait été qu'un merveilleux rêve, elle se retourna et fit face à son compagnon. Dans la pénombre, son visage lui apparut paisible et serein, et un sourire émerveillé étira ses lèvres. Un petit rire lui échappa lorsque le petit courant d'air qui l'avait tiré des bras de Morphée caressa sa joue. Au moins n'avait-elle pas à sortir du lit pour en découvrir l'origine.

Fermant les yeux, elle savoura cet instant, et un soupir de plaisir lui échappa. Jamais encore elle n'avait connu un tel sentiment de plénitude. En cet instant, dans le silence du loft, elle savait qu'elle était à sa place. Dans ce lit, blottie contre le torse puissant de cet homme qu'elle aimait au-delà de toutes raisons. Avec milles précautions, elle dégagea son bras droit, riant en constatant qu'elle ne risquait pas d'aller où que ce soit tant il la maintenait ferment pressée contre lui. Non pas qu'elle songe un instant à s'en plaindre. Au contraire, elle se sentait si bien, plus en sécurité que nulle part ailleurs, et elle n'avait aucune intention d'aller ou que ce soit avant un long moment. De toute façon, elle était libre comme l'air. Sa démission lui coûtait, mais c'était un petit prix à payer pour être enfin là où elle le voulait vraiment. Elle était lasse de lutter, d'être forte à chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour. Elle voulait enfin lâcher prise et laisser quelqu'un d'autre prendre les commandes, lui indiquer le chemin à suivre. Et qui mieux que lui pouvait être cette personne pour elle ?

En paix avec elle-même, elle ne craignait plus l'avenir puisqu'il ne serait empli que de lui, de sa présence rassurante, de son amour et de sa passion. Faire l'amour avec lui avait été au-delà de toutes ses plus folles espérances. Elle avait toujours su qu'entre eux ce serait explosif, comment aurait-il pu en être autrement avec cette alchimie entre eux ? Mais elle n'avait pas prévu cette symbiose parfaite, cette impression ineffable et tellement puissante, que son cœur avait cessé de battre durant quelques instants, de ne plus faire qu'un. Un nouveau soupir lui échappa, et elle se redressa légèrement sur un coude pour pouvoir l'admirer à loisir. Avec douceur, elle laissa sa main se mouvoir de sa propre volonté, et ses doigts redessinèrent les contours de ce visage qu'elle connaissait par cœur. Aussi légers que des ailes de papillon, ses doigts vinrent se poser sur les lèvres entrouvertes de son amant, et elle se mordilla lascivement la sienne tant elle avait envie de l'embrasser. En fait, elle voulait plus que ça. Elle voulait ressentir à nouveau les sensations qu'elle avait éprouvées sous ses caresses.

Elle voulait à nouveau toucher le nirvana, l'empoigner à pleine main pour ne plus le lâcher. Mais elle avait quelques scrupules à le tirer de son sommeil. Il souriait doucement, et elle le trouva si craquant qu'elle ne résista pas à la tentation et déposa une pluie de baisers légers sur son visage avant d'atteindre ses lèvres charnues qu'elle caressa tendrement jusqu'à ce qu'il réagisse. Rouvrant les yeux, elle redessina le contour de ses lèvres du bout de la langue, et un sourire étira ses lèvres en le voyant ouvrir les yeux. Il l'observa d'un air endormi, mais bien vite un sourire naquit sur ses lèvres, et son regard s'éclaira.

« Hey ! » souffla-t-elle tout contre ses lèvres en posant son front contre le sien.

« Hey » marmonna-t-il d'une voix rauque en raffermissant son emprise autour de sa taille « Quelle heure est-il ? » s'enquit-il en baillant doucement contre son visage, la faisant rire.

« Pas loin de 4 heure du matin » constata-t-elle en jetant un regard au réveil.

« Bien trop tôt pour se lever » grogna-t-il en cachant son visage dans son cou.

« Qui a parlé de se lever ? » le taquina-t-elle en s'allongeant sur lui.

« Vous êtes insatiable Miss Beckett » lança-t-il en laissant ses mains s'égarer dans son dos en de lascives caresses.

« Vous plaindriez-vous M. Castle ? » répliqua-t-elle en butinant son cou de baisers fiévreux.

« Jamais… » soupira-t-il en tirant sur ses cheveux pour ramener son visage contre le sien et s'emparer de ses lèvres.

Le baiser s'enflamma instantanément, et des gémissements s'échappèrent de leurs bouches pressées l'une contre l'autre. Kate s'installa plus confortablement sur son amant, pressant leurs bassins l'un contre l'autre, et un soupir de plaisir raisonna dans l'air sans qu'aucun d'eux ne puisse dire de qui il provenait. Doucement, elle commença à se mouvoir sur lui, incapable de contrôler les vagues de désir qui déferlaient en elle, la rapprochant inéluctablement de la jouissance de tous les sens. Frissonnant sous la douceur des mains de Rick sur son corps offert, elle gardait les yeux ouverts sur le visage de son partenaire, se délectant de la myriade d'émotions qui le traversait. Elle le trouvait incroyablement beau et sexy alors que le plaisir revendiquait ses droits sur leurs corps, et elle ne voulait perdre une seule minute de ce précieux spectacle. Un sentiment d'urgence l'envahit, et ses baisers se firent plus fiévreux, plein d'une alerte fougueuse qui les fit gémir à l'unisson. A bout de souffle, elle mit un terme à leur échange, et se suréleva légèrement pour pouvoir retrouver une respiration normale.

Dans un grognement de protestation, Castle ouvrit difficilement les yeux, et la dévora du regard. Il la trouvait sublime avec ses boucles folles qui cascadaient autour de son visage, adoucissant les traits épurés de son visage. Sous le feu de son regard, Kate se mordilla sensuellement la lèvre inférieure et en réponse, il se passa une langue gourmande sur sa propre lèvre. Avec douceur, il laissa ses mains retracer les contours de son corps de déesse, et rejetant la tête en arrière dans un soupir de contentement, elle laissa le plaisir reprendre ses droits en elle. Elle adorait être l'objet de toute son attention, et la passion qu'il nourrissait à son égard semblait sans fin. Ramenant sa tête au-dessus du visage de Castle, elle rouvrit les yeux et plongea dans les limbes de son regard. Un lent sourire sensuel étira ses lèvres, et elle alla cueillir ses lèvres dans un tendre baiser. Mais bien vite, la tendresse céda la place à la passion, et Kate laissa échapper un cri lorsque le monde se mit à tourner autour d'elle. Haletante, elle se détacha des lèvres de son amant, et rouvrant les yeux, réalisa qu'elle se trouvait à présent prisonnière entre le matelas et le corps puissant et brûlant de son partenaire, ce qui lui arracha un long frisson de volupté.

Avec une lenteur affolante, elle laissa une de ses mains se perdre dans ses cheveux, le tirant à elle alors que sa seconde main venait se poser dans le bas de son dos, griffant légèrement sa peau alors que leurs corps s'emboîtaient à la perfection. Taquine, elle laissa sa joue caresser celle rugueuse de son compagnon, frémissant sous la sensation, et du bout du nez, effleura sa pommette avant de laisser sa bouche survoler la sienne. Leurs souffles se mêlèrent, et leurs regards se soudèrent, reflétant le même désir, la même envie. Celle de ne plus faire qu'un, de s'abandonner encore une fois à cette passion qui fleurissait entre eux, les reliant aussi sûrement que le fil d'Ariane avait relié Thésée à la sortie du labyrinthe. Elle s'amusa de ses propres pensées, songeant une fois encore que Castle influençait bien plus sa vie qu'elle ne voulait bien le reconnaître, du moins ouvertement, et pourtant, elle ne voulait pour rien au monde qu'il en soit autrement. Maintenant qu'ils avaient enfin sautés le pas, franchis cette barrière invisible qu'elle avait érigée entre eux, il était hors de question qu'il sorte à nouveau de sa vie.

Elle avait lutté avec tout ce qu'elle avait de ressources contre ses sentiments, refusant de mettre son cœur dans la balance sans s'apercevoir que ce combat était vain. Parce qu'il lui avait voler son cœur avant même que leurs regards ne se croisent. Il lui avait simplement failli mourir et l'entendre lui dire qu'il renonçait pour en prendre conscience. La culpabilité d'avoir été la raison de la souffrance qu'elle avait lu dans ses yeux était le prix à payer pour en être enfin arrivée à cette simple conclusion. Elle ne pouvait ni ne voulait plus vivre sans lui. Elle avait besoin de lui pour devenir enfin la femme qu'elle voulait être. Elle le voulait et le lui avait dit. Mieux que ça, elle le lui avait prouvé, et s'apprêtait à le faire une fois encore. Et s'il la laissait faire, elle passerait toutes les nuits et certains jours aussi du reste de sa vie à lui témoigner cet amour inconditionnel qu'il éveillait en elle. En souriant, elle abolit les derniers centimètres qui les séparaient encore, et dans un sourire aguicheur, ravit ses lèvres dans un baiser qui révéla à Rick le désir qui l'animait en cet instant. Passant ses bras dans le dos de son amante, il la pressa contre lui, alignant leurs deux corps, la faisant soupirer de contentement.

Approfondissant toujours plus leur baiser, il se fondit lentement en elle, leur arrachant un râle mutuel d'extase qu'ils s'empressèrent d'avaler, refusant de quitter les lèvres de l'autre, et dans un lent tempo doux et délicat puis de plus en plus enlevé, ils interprétèrent la merveilleuse partition de leur amour dont ils composaient la symphonie ensemble, dans une symbiose parfaite, comme s'ils en connaissaient d'avance les accords. Progressivement, sans précipitation, le rythme s'accéléra, les cœurs s'emballèrent, les souffles s'accélérèrent, et les vents se déchaînèrent pour aboutir à une longue apothéose qui les laissa pantelants et repus de bonheur. Pressés l'un contre l'autre, ils écoutèrent la musique de leurs respirations s'atténuées pour devenir quasi-imperceptible, et à nouveau le silence revint, les entourant d'une douce couverture dans laquelle ils se blottirent avec délectation. Bercée par le souffle chaud de Castle sur son front, Kate se laissa emportée par le sommeil, un sourire heureux étirant ses lèvres.

Les yeux rivés au plafond, Rick n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il ne cessait de se repasser les derniers évènements, et toujours ce même sentiment indéfinissable l'étreignait. Délicatement, ne voulant surtout pas réveiller Kate, il dégagea lentement son bras de sous la tête de la jeune femme, puis avec une égale lenteur, entreprit de sortir du lit. Kate remua légèrement, et il se statufia, paniqué à l'idée de l'avoir tirer du sommeil. Dans un soupir, elle roula sur le ventre et enfouit sa tête dans l'oreiller qu'il venait d'abandonner, et le souffle de sa respiration se fit de nouveau lent et régulier. Fermant les yeux, il prit une profonde inspiration et se passa une main dans les cheveux. Relâchant son souffle, il laissa son regard parcourir le corps à demie recouvert par le drap, et secoua la tête avec dépit. Détournant résolument les yeux, presque avec indifférence, il scanna la pièce à la recherche de ses vêtements avant de se rappeler qu'ils étaient chez lui et que par conséquent, il avait l'embarras du choix. Aussi silencieusement qu'un guépard, il traversa la pièce et ouvrant armoire et commode, s'empara de ce dont il avait besoin.

Armé de la pile de vêtements, il gagna sa salle de bain dont il referma soigneusement la porte avant de s'installer sous la douche, cherchant à définir clairement les sentiments contradictoires qui l'habitaient. Il se sentait à la fois euphorique et dépité, satisfait et insatisfait, triomphant et défaitiste, et plus que tout, il se sentait indifférent, détaché de ce qui venait d'arriver. Il avait si longtemps attendu cette nuit, que maintenant que c'était chose faite, il avait l'impression d'avoir perdu tout intérêt pour Kate. Bien sûr il éprouvait une réelle affection pour elle, mais à présent qu'ils avaient assouvis ce désir qu'elle avait éveillé et savamment entretenu en lui durant toutes ces années, il se sentait vide de toutes émotions. Et c'est pour ça qu'il ne voulait surtout pas qu'elle se réveille. Il avait besoin de prendre ses distances et savoir très exactement ce qu'il voulait à présent. Et pour la première fois, il envisageait que cette fascination qu'il avait ressenti pour sa muse n'avait été qu'un sentiment de convoitise exacerbé à l'extrême. Il n'était plus sûr de rien et s'en sentait déstabilisé.

Il n'était pas fier de fuir comme un voleur après la nuit qu'ils venaient de partager, mais il ne se sentait pas le courage d'affronter son regard. Il ne voulait pas qu'elle lise ses doutes dans ses yeux alors même qu'elle avait vaincu les siens pour venir lui offrir son cœur sur un plateau. Cœur qu'il était sur le point de piétiner. Et il détestait cette impression grandissante d'être un monstre. Il avait la sensation de s'être servi d'elle, d'avoir abusé de ses sentiments en lui faisant croire à une histoire qu'il n'était plus sûr de vouloir. Une fois habillé, il prit une profonde inspiration et retourna dans sa chambre, et inévitablement, son regard fut attiré par le corps abandonné de Kate sur son lit. Lui qui avait si souvent rêvé de voir la jeune femme entre ses draps après une folle nuit de passion se surprenait à regretter que cela soit finalement arrivé. Secouant la tête de dépit, il se détourna du spectacle que Kate lui offrait dans son sommeil, et gagna résolument la porte de sa chambre. Une petite balade dans le parc lui permettrait de mettre de l'ordre dans ses pensées.

« Castle ? » entendit-il Kate l'appeler alors qu'il s'apprêtait à refermer la porte de sa chambre.

Pestant dans sa barbe, il posa son front contre le bois de la porte et ferma les yeux. Voilà exactement ce qu'il avait à tout prix voulu éviter. La dernière chose qu'il voulait était de faire de la peine à Kate. Elle ne méritait pas de faire les frais des doutes qui l'assaillaient en cet instant. En partant furtivement, il aurait eu tout le temps de trouver une excuse valable à son absence lorsqu'elle se serait réveillée seule, mais non, il avait fallu que son instinct de flic la prévienne qu'un truc pas net se produisait, et elle lui avait coupé l'herbe sous le pied, le mettant au pied du mur.

« Où vas-tu ? » demanda-t-elle dans son dos, le faisant grimacer de plus belle.

Le froissement des draps lui indiqua qu'elle venait de s'asseoir, et il pouvait sentir aux picotements de sa nuque que son regard perçant ne le quittait pas. Sans avoir besoin de se retourner, il pouvait dire qu'elle fronçait les sourcils avec un mélange d'inquiétude et d'incompréhension et qu'elle se mordillait la lèvre d'un geste machinal. Se redressant lentement, il se décida enfin à se retourner et à assumer les conséquences de ses actes, quelles qu'elles soient. Le silence lourd et tendu qui s'était instauré dans la pièce n'aidait en rien à apaiser la situation, et Kate sentait une sourde inquiétude grandir en elle face au comportement de son partenaire. Si elle ne le connaissait pas mieux, elle aurait juré qu'il était sur le point de l'abandonner sans état d'âme. Mais c'était de Castle dont il s'agissait, et elle se refusait à croire qu'elle ait pu à ce point se tromper sur ses intentions, que tout ce qu'il lui avait dit et promis n'avait été qu'un moyen de l'attirer dans son lit. Lentement, elle quitta le lit et revêtit le premier vêtement qui lui tomba sous la main.

Sans quitter Castle du regard, elle boutonna deux des boutons de ce qu'elle devina être la chemise de son compagnon. Lorsqu'enfin il daigna lui faire face, elle sentit la bile envahir sa bouche. Elle n'aimait pas ce qu'elle lisait sur son visage fermé, et ses doutes revinrent de plus bel. C'était un cauchemar, et elle allait se réveiller, mais elle eut beau se pincer discrètement, elle ne se réveilla pas.

« Castle qu'est-ce qu'il se passe ? » l'interrogea-t-elle doucement.

« Je suis désolé Kate… » soupira-t-il en secouant la tête avec défaitisme.

« De quoi ? De ce qu'il s'est passé cette nuit ? Du fait que tu allais partir sans un mot ? » Répliqua-t-elle en sentant sa colère grimpée dangereusement.

« De tout ça je crois… je ne sais plus où j'en suis, et aujourd'hui c'est à moi de te demander du temps… » expliqua-t-il en l'observant d'un air désolé.

« Je ne suis qu'une idiote ! » marmonna-t-elle dans un ricanement lugubre « Tu sais quoi, je vais te simplifier les choses. Oublie-moi ! » s'emporta-t-elle avant de ramasser rageusement ses affaires pour aller s'enfermer dans la salle de bain.

« Kate, je… » commença-t-il en sentant la panique l'envahir.

« Laisse tomber Castle, ça vaudra mieux pour toi. Je n'ai pas besoin d'une arme pour te descendre ! » répliqua-t-elle en le foudroyant du regard.

Sans un regard pour lui, elle s'enferma à son tour dans la salle de bain, et se laissa lourdement tomber contre la porte. Fermant les yeux, espérant encore que tout ceci ne soit qu'un affreux cauchemar, elle se passa une main tremblante sur le visage. Mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouvait toujours dans la salle de bain de Castle, et elle était frigorifiée. Aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Dans un état second, elle se doucha et se rhabilla, même si elle avait l'impression désagréable que ses vêtements la brûlaient. La première chose qu'elle ferait en rentrant chez elle serait de les jetés au feu. Relevant fièrement la tête, elle quitta son refuge et se prépara à affronter le traitre qui lui servait de partenaire. Elle ne devait pas flancher, ne surtout pas lui montrer à quel point elle était anéantie par son rejet. C'était comme s'il l'avait évalué, et que finalement il ne l'avait pas jugée digne de son amour. Et ça faisait mal. Horriblement mal. Mais elle ne craquerait pas. Elle aurait tout le temps de pleurer sur l'échec de sa vie lorsqu'elle aurait retrouvé la sécurité de son appartement. Pas avant.

Pressée d'en finir, elle accéléra son allure et débarqua vivement dans le salon. Elle laissa son regard balayé la pièce à la recherche de son Juda personnel, et le trouva dans la cuisine à préparer du café comme si de rien était. Faisant claquer ses talons sur le parquet, elle sourit d'un air sadique en le voyant sursauter et s'ébouillanter la main en renversant le liquide brûlant qu'il venait de verser dans une tasse. Sur un regard plein de mépris, elle se dirigea droit vers la porte et ramassa sa veste qui gisait encore sur le sol, rappel silencieux de ce qu'il s'était passé entre eux.

« Kate, attends, tu ne peux pas partir comme ça… » tenta Rick, bien conscient que s'il la laissait partir, il ne la reverrait plus jamais.

« Arrête de faire semblant Rick, tu as été assez clair. Tu as eu ce que tu voulais, alors plus la peine de me faire ton numéro. Tu vas pouvoir passer à la suivante ! » gronda-t-elle en se tournant vers lui, une expression haineuse sur le visage.

Ils s'affrontèrent silencieusement du regard, chacun d'eux se demandant comment les choses avaient pu basculées aussi rapidement, et à nouveau Rick sentit sa culpabilité l'assaillir. Il savait que c'était de sa faute. Il avait été maladroit, et elle avait mal interprété ses intentions. Voilà pourquoi il avait voulu partir avant son réveil. Mais il était trop tard, et la condamnation sans appel qu'il lisait dans son regard lui fit comprendre que cette fois, c'était bel et bien fini. Passant une main dans ses cheveux, il fit quelques pas dans la pièce, cherchant vainement le moyen d'effacer ces derniers instants pour revenir à la veille et tout reprendre de zéro. Mais c'était impossible, et il allait devoir vivre le reste de sa vie avec l'idée qu'il était responsable de ce gâchis, de l'échec de leur relation naissante. A cette pensée, une violente douleur l'étreignit, et il porta machinalement une main à sa poitrine.

« Kate attends, je ne veux pas que ça se termine comme ça entre nous, je… » s'écria-t-il en tendant une main vers elle, comme pour la retenir.

« Tu quoi ? Tu ne sais plus où tu en es ? Tu n'es plus sûr de vouloir un nous ? Que veux-tu Castle ? » soupira-t-elle en se pinçant l'arête du nez dans un geste d'exaspération.

Elle non plus ne voulait pas voir les choses en rester là, mais elle ne voulait pas non plus qu'il reste avec elle parce qu'il se sentait coupable. Elle préférait mettre un terme à leur histoire maintenant plutôt que de laisser le temps suivre son court, et qu'ils finissent par se détester. Reportant son regard sur lui, elle sentit son cœur se serrer en avisant son désarroi. Il semblait aussi perdu qu'elle l'avait été, et elle s'en voulut aussitôt. Lui avait su être patient et compréhensif lorsqu'elle doutait qu'ils puissent avoir un avenir ensemble. Et elle devait reconnaître que son revirement avait été si soudain qu'elle n'avait pas vraiment le droit de lui en vouloir d'avoir à son tour des doutes. C'était à elle aujourd'hui d'être patiente et de ne pas lui mettre la pression. Elle était prête à se battre pour qu'ils aient un avenir, et si pour ça il fallait qu'elle s'éloigne de lui, elle y était prête. Lui l'avait bien fait pour elle.

« Ecoutes Castle… je vais retourner chez moi, et quand tu sauras ce que tu veux, tu viendras me le dire… » soupira-t-elle en lui adressant une pâle imitation du sourire éblouissant qu'elle lui adressait habituellement.

Tout aussi troublé et ému qu'elle, il se contenta d'hocher affirmativement de la tête. Ils restèrent à se sonder du regard longuement, et alors que Kate s'apprêtait à se détourner pour quitter ce loft dans lequel elle avait touché du bout des doigts le Paradis, un spot rouge attira son attention. Se crispant, elle se retourna vers Castle juste à temps pour voir ce spot se poser sur sa poitrine.

« CASTLE ! ATTENTION ! » hurla-t-elle au moment où une détonation retentissait.

La vitre de la baie vitrée du salon explosa en une myriade d'éclats, et avec horreur Kate vit le corps de Rick basculer en arrière sous l'impact. Elle resta tétanisée durant d'interminables secondes avant de se ressaisir suffisamment pour se ruer vers son compagnon. Sans penser que le tireur pouvait encore se trouver là-bas, prêt à ouvrir à nouveau le feu, elle se mit à courir avant de se laisser tomber à genoux, glissant jusqu'au corps de Castle.

« RICK ! » hurla-t-elle en se penchant au-dessus de lui.

Délicatement, elle lui palpa la poitrine à la recherche d'une blessure, mais elle ne trouva rien. Elle commença à croire que le tireur l'avait raté et qu'il s'était simplement assommé en tombant, ce qui ne l'étonnerait pas outre mesure. Le cœur battant à tout rompre, elle posa une main sur son visage qui était tourné vers le mur, et avec douceur, lui redressa la tête. Et un hurlement terrible retentit dans la pièce. Elle mit quelques instants avant de réaliser que c'était elle qui hurlait, les yeux rivés sur le visage de Rick. Le sniper ne l'avait pas raté, bien au contraire. La blessure était nette et sans bavure, un vrai travail de professionnel. La plaie, pas plus grande qu'une bille ornait son front, et du sang s'en échappait. Dans un gémissement, Kate agrippa les pans de la chemise de Rick et le secoua, espérant ainsi le ramené à la vie. Mais il restait là, à la fixer de son regard éteint, un trou sanguinolent au milieu du front. Incapable de détourner le regard, Kate ne pouvait que contempler le masque funèbre qu'arborait Rick. Les yeux écarquillés par la surprise, la bouche légèrement entrouverte, il paraissait figé à jamais dans une expression qui aurait pu être comique si la situation n'avait pas été aussi tragique.

Et Kate savait qu'elle n'oublierait jamais cette vision, et que celle-ci la poursuivrait jusque dans ses cauchemars. Que dans chaque cadavre qu'elle verrait, ce serait le souvenir de Rick qu'elle reverrait, rappel incessant de son éternelle impuissance à protéger ceux qu'elle aimait. Dans un état second, elle se releva et appela les gars. Puis en faisant un large demi-cercle pour éviter le corps de Rick, elle alla se poster devant la fenêtre éventrée, défiant le sniper de finir ce qu'il avait commencé. Elle se fichait de mourir, mais comme pour mieux se moquer d'elle, rien ne se produisit. Pas de funeste détonation, signe de son salut. Non, visiblement, elle serait condamnée à vivre avec le poids de la culpabilité. Elle ne prêta pas attention à l'arrivée des gars, ni des secours, indifférente à tout ce qui l'entourait. Elle ne réagit pas plus lorsqu'une Lanie en larme l'entraîna à l'étage, lui enfonçant une aiguille dans le bras après l'avoir allongée sur le lit de Castle. Ce lit où ils avaient été si heureux, vivant enfin pleinement leur amour. Mais c'était fini. Plus jamais elle ne connaîtrait une telle plénitude, et à cette idée, les larmes se mirent enfin à couler le long de son visage, et c'est avec soulagement qu'elle accueillit l'obscurité salvatrice de l'inconscience.