Un chat seul.

La musique faisait vibrer les nombreuses silhouettes de la pièce. Du rock. La voix grave hurlait presque pour couvrir le son des guitares électriques.
Sur la piste, les corps s'entrechoquaient souvent avec violence, seulement des hommes. La plupart torses nus. La nuit arriverait bientôt à son terme mais le soleil ne filtrerait pas dans ce bâtiment, une boite de nuit gay pas très regardante sur les clients tant qu'ils avaient un assez joli minois... Un jeune homme roux faisait tache parmi les chevelures souvent noires, Totalement abandonné aux mains baladeuses qui caressaient son corps, il ne faisait que s'agripper parfois aux épaules d'un des mâles en rut pour voler un baiser sauvage ou ondulait violemment des hanches contre les sexes plus que durs qui l'entouraient. Nul doutes qu'il n'allait pas finir sa nuit seul. Et rapidement, il passa l'une des portes qui tapissaient le mur du fond avec deux hommes musclés qu'on aurait bien vu dans un combat de boxe ou bien de catch. Dans cette pièce, il se laissa dévorer et se plia aux exigences des deux autres, les amenant à la jouissance tandis qu'il les rejoignait grâce au plaisir né de sa douleur.

Il partit lorsque les premiers rayons du soleils apparurent, capuche rabattue sur sa tête et manches cachant de petites marques rondes de piqûres.

On était en février, Momiji, Hatsuharu, Yuki, Thoru et ses amis profitaient des vacances dans un village couvert de neige, lui était trop affaibli par les pluies récurrentes de l'hiver pour les suivre.

Il passa la porte de la maison de Shiguré et ne s'arrêta pas au salon dans lequel le chien et Hatori discutaient. Il s'arrêta cependant et tourna la tête lorsque son nom retentit dans la pièce, Hatori était debout et venait vers lui rapidement, il l'observa, un peu dans les vapes, saisir son menton pour relever son visage.

-Tes pupilles... Tu es drogué ?

Devant le silence du jeune homme, il saisit son poignet et remonta brusquement la manche de son sweat pour révéler plusieurs cicatrices laissées par les seringues, certaines plus anciennes que d'autres.

-Pourquoi tu as fait ça ? Demanda Shiguré qui s'était approché à son tour.

-Qu'est ce que ça peut vous foutre ?! Kyo retira violemment son bras et monta rapidement jusqu'à sa chambre dont il verrouilla la porte, en quelques secondes, il fut sur le toit. Il se savait idiot de réagir comme ça. Mais il se savait aussi faible en ce moment, et il ne supporterait pas les regards des autres sur lui. Il ferma les yeux et se laissa plonger dans la semi inconscience que lui offrait le mélange de drogues dans ses veines.

En dessous du toit, Shiguré ouvrit la porte avec le passe partout qu'il avait gardé -c'était quand même sa maison !- pour trouver la chambre vide, Hatori le devança et passa la tête par la fenêtre ouverte, il réussit à se hisser sur le bord et pu ainsi voir le chat allongé, il fut rejoint par Shiguré qui reposa sa question, tenant cette fois la cheville du garçon pour qu'il ne s'enfuie pas.
Celui ci se tourna vers eux, toujours allongé, et sembla réfléchir quelques secondes, les yeux ancrés dans ceux du propriétaire de la maison. Il réagit enfin en disant simplement « j'ai bientôt 19 ans... » et en resserrant ses bras autour de son ventre. S'était trop lui demander que de décrire plus précisément ce qui lui arrivait. Mais il savait que ces simples mots suffiraient a leur faire comprendre et peut être, a les faire enfin partir.
Les deux hommes froncèrent les sourcils puis Hatori sembla comprendre et faillit tomber à la renverse, il tira le Chien avec lui pour rentrer dans la maison et sorti de la pièce avant de s'expliquer.

-Shiguré, l'enfermement des maudits du chat coïncide toujours avec quelque chose : la naissance du prochain « dieu ». Ce sont eux qui donnent naissance au dieu à chaque fois qu'ils approchent de leurs 19 ans, c'est aussi ce qui leur fait souvent perdre la raison et fait qu'on les enferme.

-Que.. QUOI ? Sérieusement ?

-Je suis très sérieux.

-Attends attends... ça veut dire que Kyo est... enceint ? C'est ça ?

Le médecin hocha simplement la tête, attendant que Shiguré quitte son état de choc, celui ci se mit à faire les cents pas, concentré pour se souvenir de ce qu'il s'était passé ces derniers jours. Il avait vu le chat se renfermer depuis au moins quatre mois à présent, il ne rentrait presque plus non plus, Tohru et Yuki étaient eux bien trop concentrés sur leur couple pour s'inquiéter de cette attitude... Et lui n'avait rien compris. C'était lui l'idiot dans tout ça...

Le soir venu, Hatori rentra au manoir, ils n'avaient pas revu le jeune homme de la journée, Shiguré, qui avait repris tout son sang froid, décida d'aller voir s'il était descendu du toit. Effectivement, lorsqu'il entra dans la pièce, ses yeux tombèrent sur la forme de Kyo, recroquevillé sur son lit. Il s'approcha et s'assit finalement sur le sol, face aux yeux du roux qui le fixaient. Il pu voir des traces brillantes, sur ses joues, laissées par le sel de ses larmes. Il restèrent quelques minutes sans bouger avant que le brun prenne la parole :

-Je suis désolé.

-...Pourquoi ? La voix du roux était enrouée de ne pas avoir servie depuis le matin et par les larmes.

-Pour tout, pour ne pas avoir vu et ne pas t'avoir aidé.

-Qu'est ce que tu aurais pu y faire ?

-J'aurai déjà pu t'empêcher de te droguer. Tu vas te détruire avec ces saletés.

-Tant mieux, c'est ça que je veux. Sa réponse était sortie toute seule, mais il ne parvenait pas a la regretter. Shiguré réagit au quart de tour en haussant la voix.

-Te détruire ? Mais enfin, pourquoi ? Je comprends que ça doit être dur mais

-NON Tu ne comprends pas. Je t'interdit de dire ça !

Les larmes coulaient à nouveau sur son visage, il voulu se lever pour partir de cette pièce et empêcher que Shiguré ne le voit dans cet état mais celui ci le rattrapa par le bras et le remit dos sur le lit. Il se mit lui aussi sur le lit cette fois, et épingla son bras au dessus de lui, l'immobilisant pour qu'il l'écoute jusqu'au bout.

-Ça suffit maintenant ! D'accord, tu porte un enfant, d'accord, c'est le descendant de quelqu'un que tu hais plus que tout. Mais ce n'est pas une raison pour que je te laisse te détruire ! Alors tu vas arrêter de te droguer et tu ne sortiras plus sans m'avoir prévenu ! Compris ?!

Shiguré ne savait pas vraiment pourquoi il réagissait comme ça, mais il s'était mit à apprécier le jeune homme bruyant et vif, et il se révoltait de voir qu'il se laissait réduire à l'état de loque humaine, à peine capable de le regarder dans les yeux sans faillir.

Le jeune homme finit par détendre ses muscles qu'il avait tendus à l'extrême sans même s'en rendre compte, il se laissa retomber sur le lit, observant toujours l'autre homme. Après plusieurs minutes, épuisé par tout ça, il finit sans s'en apercevoir par tomber dans les bras de Morphée, presque en paix pour une fois alors qu'il sentait la chaleur du corps au dessus de lui.

Voyant que son vis à vis s'était endormi, Shiguré se releva mais sitôt fut il partit que le chat se recroquevilla à nouveau et poussa un petit gémissement de ce qui lui sembla être de la peur, il revint donc près du lit et s'assit sur le bord, aussitôt, le roux vint se pelotonner contre sa jambe. Shiguré, surprit, décida finalement de rester le temps qu'il faudrait si cela pouvait aider à faire diminuer les cernes et les ombres autour des yeux du plus jeune.

Le lendemain, lorsque Kyo se leva, Shiguré venait de partir à la cuisine. Il alla à la salle de bain et pris une douche, espérant mettre de l'ordre dans ses pensées et se débarrasser, par la même occasion, des odeurs des hommes de la boite de nuit de l'avant veille. Lorsqu'il eut fini de se sécher, ses yeux tombèrent sur le miroir qui lui renvoyait son reflet, si ses cernes avaient légèrement diminuées après cette nuit de sommeil, des bleus marquaient toujours ses hanches et des traces de suçons et de morsures brutales témoignaient encore des nuits d'abandon qu'il avait passé ces derniers mois. Son ventre lui continuait à grossir, il savait qu'il ne serait jamais aussi gros que celui des femmes lorsqu'elles attendaient un enfant mais ce changement était déjà bien suffisant à son goût.

Ne pouvant plus supporter la vue de ce corps qui ne lui appartenait plus vraiment, il frappa violemment le miroir de son poing et celui si se brisa en de nombreux morceaux dont plusieurs qui entaillèrent sa main.

Au son de ce bruit soudain, Shiguré accourut dans la pièce et s'arrêta une seconde devant le jeune homme qui s'était laissé tomber à genoux au sol avant de prendre une serviette pour l'envelopper et le tirer hors de cette pièce pour qu'il ne se blesse pas plus.

Il serra dans ses bras ce corps tremblant qui semblait au bord de la rupture et sentit les mains fines du jeune homme serrer de toute leurs forces les pans de son kimono*.

-Hey, tu vas bien ? Qu'est ce qui s'est passé ?

-J'en ai assez de cette...chose, je le sens à l'intérieur de moi, je veux qu'il disparaisse...

-Il ne reste que quelques mois, non ? Ce sera bientôt fini.

-Laisse moi aller prendre une dose... S'il te plaît, je veux juste arrêter de le sentir

-Non, c'est hors de question. J'ai dit que tu n'en reprendrais plus !

-Je veux juste quelque chose... Pour oublier qu'il est là, c'est tout ce que je veux ! Il le suppliait presque à présent, l'envie de planter ses ongles dans la chair de son ventre se faisait plus que tentante. Il fallait qu'il fasse quelque chose ou il allait devenir fou, il le sentait.

-Je ne peux pas te laisser te droguer à nouveau, je suis désolé. Shiguré resserra ses bras autour du jeune homme, cherchant à se faire pardonner de son impuissance. Kyo se redressa soudain et se plaqua un peu plus contre lui, il sentit ses dents pointues mordiller son cou et ses clavicules tandis que ses mains se glissaient sous son vêtement. Une fois la surprise passée, il le repoussa violemment, l'envoyant frapper le mur de son dos tandis que la serviette tombait au sol. C'est seulement là que Shiguré vit les marques qui constellaient la peau du jeune homme.

-Qui est ce qui t'a fait tout ça ?

-J'en sais rien, des hommes, des coups d'un soir.

-Que... Depuis quand tu couche avec n'importe qui comme ça ?

-Quelques mois.

-Kyo... Tu couche pour te payer ta drogue ?

-Non ! Parce que j'aime ça, ça me fait penser à autre chose, c'est tout.

-Et tu voulais le faire avec moi ?

-Tu m'interdis de me droguer, faut bien que je trouve autre chose !

-Mais enfin tu...

-Et ne dis pas que tu n'en a pas envie ! Ce kimono n'est pas très discret tu sais.

Shiguré rougit d'un coup en remarquant son état mais il reprit bien vite ses esprits.

-Peu importe, je ne coucherai pas avec toi juste parce que tu es en manque. Vas t'habiller, je vais m'occuper du miroir. Et tu ne sors pas !

Voyant que Shiguré s'éloignait, Kyo lui obéit mais il n'avait pas dit son dernier mot !
Il s'habilla et soupira de soulagement autant que de douleur lorsque ses ongles s'enfonçant dans la chair de son bras diffusèrent une douleur différente de celle qui l'habitait depuis des mois.
Il prit soin de baisser ses manches jusqu'à ses poignets et alla rejoindre le Chien à la cuisine.

Fin de ce chapitre~
*kimono ou yukata, je ne fais pas vraiment la différence, désolé...

Me revoilà avec cette histoire que j'avais mise en pause depuis Octobre 2012... je ne pensais pas que ça faisait si longtemps xD Enfin, j'espère que vous me pardonnerez mon retard... J'ai donc légèrement remaniés les deux premiers chapitres et ai finalement terminé d'écrire cette ficlette ! Elle est donc plus longue que prévue (6 chapitres) et a pris plusieurs détours imprévus, mais voilà.
Je vais rester sur mon rythme d'un chapitre tous les deux jours a partir du chapitre 3, mais pour l'instant, je poste ces trois premiers chapitres en même temps!^^
J'espère que vous aimerez cette petite fic, et je vous dis a très bientôt!^^