Coucou à tous, je croise les doigts pour que, cette semaine, la publication de ce chapitre se fasse sans encombre -_-

C'est un chapitre calme avec deux révélations assez inattendue (normalement lol)

Bonne lecture.

Chapitre 10:

Légitime.

Morgause ouvre les yeux, se rendant compte qu'elle n'a pas aussi bien dormi depuis le massacre de son village, il y a presque sept ans. Des doigts parcourant ses côtes avec délicatesse lui arrache un frisson et la jeune femme plonge ses émeraudes dans les yeux sombres du chevalier sur lequel elle est toujours allongée. Le silence règne mais, il n'est nul question de malaise. La dame n'a pas hésité la veille et elle est toujours aussi sûre d'elle. Quant à Lancelot, il sait qu'il s'est condamné le jour où il a croisé son regard pour la première fois. Il trouve tout de même judicieux – autant car la question le taraude que parce qu'il souhaite connaître sa pensée – de faire remarquer :

— Si tu venais à tomber enceinte, Arthur ne me laissera pas fouler cette terre encore longtemps.

Une lueur taquine qui surprend Lancelot apparaît dans les beaux yeux verts de la jeune femme. Elle relève la tête et pose son menton sur le torse du chevalier avec un léger sourire.

— Je n'ai donné aucune progéniture à Lot en six longues années de mariage, fait-elle remarquer. Crois-moi, si Arthur décide de mettre fin à ton existence, ce ne sera pas parce que je porte ton enfant. Je sais comment l'éviter.

Lancelot tique. Il est toujours compliqué pour lui de se rappeler le mariage de Morgause. Non parce qu'il ne supporte pas l'idée qu'elle ait connu un autre homme avant lui – même si l'idée n'a rien de réjouissante – mais bien parce qu'il sait combien cet homme lui a fait du mal. Jamais Morgause n'a détaillé les actes de Lot. Et c'est sans doute cela le pire. À croire que ce monstre a été tellement loin dans ses gestes que ni Morgause ni Mordred n'osent en parler sans détour. En pensant au fils de Lot, le chevalier se crispe légèrement mais, suffisamment pour que la femme sur lui le voit.

— Qu'y a-t-il ?

— Il n'y a pas que ton frère qui va vouloir me trancher la gorge s'il apprend ce qu'il s'est passé. Mordred, ajoute Lancelot devant le regard perdu de Morgause.

Cette dernière détourne le regard, impassible avant de s'asseoir, le drap couvrant sa poitrine et ramenant ses jambes contre elle.

— Je crois qu'il t'aime, insiste Lancelot bien qu'il en soit même certain.

Un éclat de tristesse passe dans les yeux verts de la jeune femme, confirmant qu'elle en est bien consciente. C'est autant un soulagement qu'un tourment pour Lancelot. D'un côté, le fait qu'elle le sache sans répondre aux intentions de Mordred prouve qu'il n'y aucune réciprocité. Mais cela signifie aussi qu'elle reste proche du jeune Seigneur alors même qu'elle connaît ses sentiments. Elle n'y répond pas mais n'y met pas non plus un terme.

Comprenant le cheminement des pensées de Lancelot, Morgause arbore une expression suppliante.

— Mordred a été là pour moi quand j'étais seule au monde. Il a pris soin de moi, année après année, prenant parfois ma défense, me portant quand mes jambes n'en étaient plus capable. Et quand Lot est parvenu à me couper l'envie de vivre, il a…

Morgause se tait en se mordant la lèvre, détournant le regard. Lancelot comprend ce qu'elle tait. Ce n'est pas une surprise. Du moins, pas vraiment. Les circonstances de la mort de Lot étaient vraiment floues, ni Morgause ni Mordred n'ont souhaités s'étendre sur le sujet. Lancelot est cependant étonné que Mordred ait tué son propre père. Ses sentiments pour Morgause sont-ils si fort ?

— J'aurais certainement fini par le faire moi-même, murmure Morgause. C'était lui ou moi. Nous avions des chambres séparées. Un soir, alors que je me remettais à peine d'un nouveau séjour dans les cachots, j'ai fini par perdre définitivement la tête. Je voulais le voir mourir. Je me suis rendue dans ses appartements, ne me souciant nullement de qui pouvait me voir. J'étais déterminée à lui planter ma dague en plein cœur, quitte à être condamnée à mort. Tout, plutôt qu'endurer cela encore un jour de plus. Plutôt que de le voir exiger que je remplisse ce qu'il appelait devoir conjugal le lendemain. Mais Mordred m'a vu. Il savait que si je tuais Lot dans son sommeil alors que tout le monde m'avait aperçue me rendre jusqu'à lui, je serais accusée et mise à mort. Alors, il m'a arrêtée. Je l'ai haïs, ce jour-là. Mais Lot ne m'a plus jamais rejointe pour exiger quoi que ce soit. Il était mort le lendemain alors qu'il était à la chasse.

Morgause a parlé sans le regarder, craignant sa réaction face à ses aveux. La verra-t-il différemment maintenant qu'il sait qu'elle était prête à tuer de sang froid ? Il sait déjà qu'elle hait Germanus, la jeune femme ne s'en est pas cachée devant lui. Mais, Lancelot comprend-t-il jusqu'où l'animosité de Morgause peut aller ? Et si tel est le cas, son regard sur elle va-t-il changer ?

— Il méritait de mourir.

Morgause relève la tête, surprise. Mais il n'y a nul mensonge dans les yeux de Lancelot.

— Et pour Germanus ?

La jeune femme pose la question avec une pointe de défi. Avec le chevalier, elle se surprend à improviser, avançant sans savoir qu'elle sera le résultat. Elle ignore pourquoi tout son être la pousse vers une confiance aveugle le concernant.

— Le sort de cette homme ne m'intéresse pas. La seule chose qui m'inquiète, c'est que l'on découvre que tu es impliquée s'il venait à périr. Je ne prétends pas que je ne préférerais pas que tu abandonne l'idée de le tuer mais… Je ne sais pas si j'en serais capable à ta place.

Morgause sent son cœur se réchauffer. La glace dans laquelle elle l'avait enveloppé semble avoir fondu face au feu que fait naître Lancelot dans tout son être. Morgause ne se souvient pas de la dernière fois où elle s'est sentie aussi… Vivante. Et apaisée. La jeune femme qui ne voyait aucun avenir pour elle se met à penser qu'un avenir avec le chevalier pourrait être agréable. Peut-elle tout avoir ? La mort de Germanus, l'amour de son frère et Lancelot ? Est-ce que toutes ces choses sont compatibles ? Si l'évêque disparaît, Arthur acceptera peut-être de ne pas marier Morgause à Méléagant. Et elle pourra avoir Lancelot ? Partir en Sarmatie avec lui quand le moment viendra, sur une terre qui donne à la femme la possibilité de choisir sa vie, semble salutaire à la jeune femme.

— Germanus vivant, je risque de me retrouvée mariée à Méléagant dans l'année, grince Morgause. Au-delà de ce qu'il m'a fait, c'est également ce qu'il veut me faire qui me pousse à agir. Je sais que je devrai pas te demander cela. C'est un acte de trahison extrêmement grave. Rien ne t'oblige à y être associé, de près ou de loin. Tu es libre de t'en aller si tout cela t'effraie.

Lancelot se redresse et agrippe la nuque de la jeune femme pour l'embrasser avec force.

— Quoi qu'il arrive, il y a une condamnation à laquelle tu ne pourras plus jamais te soustraire, belle Morgause, souffle Lancelot.

— Laquelle ?

— Tu es à moi. Et je m'engage à être à toi uniquement. Je te laisserai me transpercer de ta dague si je venais à te blesser ou te trahir.

— C'est un serment dangereux, chevalier.

— Ma fidélité t'es acquise, sur tous les plans, insiste Lancelot.

Morgause le dévisage un instant. Cet homme est sincère. Et la jeune femme le croit. Alors, elle s'engage à son tour.

— Tout comme la mienne.

Leur moment hors du monde finit par être interrompu quand Aliénor entre avec hésitation. Lancelot se crispe, réalisant seulement maintenant qu'il aurait peut-être mieux valu qu'il parte avant d'être aperçu par la servante de Morgause.

— N'aie crainte, Aliénor est la personne en qui j'ai le plus confiance, c'est une amie fidèle.

Aliénor sourit, fière que sa maîtresse avoue son amitié devant témoin. Peu de gens comprennent ce qui lie les deux jeunes femmes. Plus qu'une amie, Morgause est comme une sœur pour Aliénor même si elle lui témoigne le respect que les convenances exigent.

— Je vous ai apporté de quoi vous nourrir, explique la jeune servante.

Dans ses mains, un plateau dont la composante laisse entendre qu'elle savait que Dame Morgause n'était pas seule. Morgause la remercie avec enthousiasme, affamée.

— Aurez-vous besoin de moi pour vous apprêter ? s'enquit Aliénor.

— Je pense pouvoir m'acquitter de cette tache aujourd'hui, rit doucement Lancelot alors que Morgause rougit pour la première fois.

Aliénor prend cependant une teinte bien plus rouge que sa maîtresse et cela ne s'améliore guère quand cette dernière ajoute :

— Va rejoindre Owein, je pense qu'il sera heureux de te voir.

La jeune servante, ne sachant plus où se mettre acquiesce et se dirige vers la porte.

— Aliénor, réalise Morgause. Il va de soi qu'à partir de maintenant Lancelot est libre d'accès en ce qui concerne mes quartiers.

La jeune servante hoche à nouveau la tête et s'en va pour de bon.

Lancelot embrasse l'épaule de Morgause et cette dernière sent l'endroit s'enflammer alors que ses pensées s'entremêlent.

— Est-ce ainsi pour tout le monde ? demande-t-elle soudainement alors que le chevalier s'apprêtait à se lever. Ce que je ressens quand tu me touches, cette impression de brûler, est-ce commun ?

— Non, affirme Lancelot sans une once d'hésitation. Cela peut y ressembler mais… Pas à ce point, pas si fort. Du moins, pas pour moi, précise Lancelot avec un sourire en coin.

— Tu es si beau, laisse échapper Morgause sans s'en rendre compte.

Lancelot éclate de rire, secrètement fier de lui. Il sait qu'il a été doté d'un physique avenant. L'entendre de la bouche de la femme qui le hante est toutefois bien plus agréable que de la bouche de n'importe quelle autre femme qu'il a pu connaître. Et bien plus gratifiant.

Ils mangent en silence, se souriant de temps à autre. Ils s'habillent ensuite, Lancelot aidant Morgause comme promis. Alors qu'il lasse sa robe d'un vert émeraude, la jeune femme ayant passés ses cheveux par-dessus son épaule gauche, Lancelot s'arrête, obsédé par sa nuque. C'est ce qui est incroyable. Le chevalier est amoureux de chaque détail chez elle. Allant de la pointe de son nez, à la courbe supérieur de sa lèvre et le lobe de son oreille droite. Et il y a la courbe de sa nuque, juste devant lui. Quand Morgause se tourne pour lui faire face, relevant ses yeux d'un vert plus chaleureux que jamais, Lancelot sait que c'est sans doute la chose qu'il préfère chez elle. Ses yeux d'un vert clair et intense, entouré par des cils fournis d'un noir d'encre.

Il plonge sur ses lèvres sans pouvoir se contrôler, la ramenant contre lui. Lancelot a la sensation que ne pas la toucher est devenu la pire des tortures. Et que la toucher lui fait perdre tout contrôle. Et le chevalier se demande s'il était vraiment nécessaire de se rhabiller. Se rappelant qu'Arthur doit certainement le chercher partout, il se force à s'éloigner.

— Tu ne m'aides à garder le contrôle, la réprimande le chevalier.

Ne sachant quoi répondre ni comment elle pourrait l'aider alors qu'elle-même est dépassée par ses émotions, Morgause se contente de sourire. Lancelot se dirige vers la porte quand Morgause, prise d'un étrange pressentiment, l'arrête.

— Promets-moi d'être patient avec Mordred. Je sais qu'il peut être pénible mais, il reste mon ami.

Morgause attend sa sœur, sachant pertinemment que cette dernière la trouvera aisément près de ce cours d'eau. Celui près duquel ils ont trouvés Taran. Au vu de ses dernières informations, Morgane n'aura aucune difficulté à la rejoindre, même de ce côté du mur. Car sa jumelle est bien plus proche qu'elle ne l'a laissé entendre.

Morgause a fait appel à elle en utilisant leur lien. Étant jumelle, les deux jeunes femmes partagent un lien unique leur conférant la possibilité de savoir quand l'une a besoin de l'autre. C'est ainsi, surtout, que Morgane a su que sa sœur avait besoin d'elle en Orcanie, bien au-delà de ce que Morgause laissait entendre dans ses lettres. Car, dans la noirceur des cachots, alors que Morgause n'avait pour compagnie que les rats et son angoisse, elle ne pouvait s'empêcher de s'accrocher au lien qu'elle partage avec Morgane. Seule chose qui maintenait son esprit hors de la dérive. Aujourd'hui, Morgause l'utilise quand elle doit parler à Morgane. Comme aujourd'hui.

— Ma sœur, se fait entendre la voix de cette dernière.

Morgause se tourne vers sa jumelle qui abaisse son capuchon pour dévoiler son visage.

— Morgane, sourit la jeune femme en la prenant dans ses bras. J'ai besoin de toi pour envoyer un message à Merlin. Mais avant, il va falloir que tu m'expliques certaines choses.

Morgane détourne le regard avec gêne, sachant très bien de quoi sa jumelle veut lui parler. Pour être honnête, elle ne sait pas comment justifier ce qu'elle a fait, continue de faire et fera pendant encore probablement très longtemps.

— Tu pensais vraiment que je verrai rien ? se vexe Morgause en fronçant les sourcils.

— Je n'y avais guère beaucoup réfléchi, je l'avoue.

— Tu l'aimes à ce point ?

— Ce n'est pas exactement cela. Morgause, c'est très compliqué.

— Je n'en doute pas ! La raison pour laquelle tu te mets en danger sans même m'en parler doit être vraiment obscure. Et je doute que ce soit pour moi. Alors, c'est là que tu avais disparu toutes ses années ? Je te croyais en sécurité près de Merlin !

— J'y ai été, au départ, se défend Morgane. Merlin m'a aidé à mieux contrôler ma magie, il s'est occupé de moi durant plus d'un an mais, ce n'était pas ce que je voulais. Et je me demandais comment il allait après tout ce temps.

— Cet homme prend un plaisir malsain à massacrer tout ce qui se trouve sur son passage. Il ne peut qu'aller bien !

— Morgause !

— Et donc, tu n'as rien trouvé de mieux à faire, ma tendre et naïve sœur, que de transformer en faucon pour suivre à la trace ton ancien amant ?

Et Morgane baisse la tête, coupable. Parce que c'est exactement ce qu'elle a fait. Et qu'elle ne se sent pas prête à arrêter. Elle n'a pas pu préserver le cœur de Tristan, elle peut au moins essayer de préserver sa vie.

— Tu es de bien bonne humeur.

Lancelot sourit pour confirmer les dire de Kay. Ce dernier le regarde avec circonspection et Lancelot se demande un instant qu'elle est son expression habituelle pour qu'elle soit autant en contradiction avec celle d'aujourd'hui.

— Tu ressembles à Bors quand Vanora lui annonce qu'elle est enceinte, approuve Galahad.

— Tu aurais enfin trouvé une femme qui t'intéresse plus qu'une nuit ? raille Bors.

— Oui, la tienne, répond Lancelot pour cache son léger malaise.

Les autres chevaliers éclatent de rire. Bors prend la tête de Lancelot sous son bras et frotte son point dans la tignasse bouclée de ce dernier.

— Prends garde ou je ferai en sorte que ta nouvelle conquête ne puisse plus compter sur tes talents nocturnes, le menace Bors.

Lancelot se dégage en passant une main sur son crâne, toujours en riant.

— Vanora n'apprécierait pas de devoir se passer de moi.

Sur cette parole, le chevalier fait un clin d'œil plein d'humour avant de s'enfuir en courant, Bors sur ses talons.

— Lancelot amoureux, soupire Gauvain en secouant la tête. Qui cela peut bien être, à votre avis ?

Arthur sourit en haussant les épaules. Il ne le sais pas mais, voir son ami comme cela est très agréable. Owein ne répond rien, détournant le regard. Le jeune chevalier a une vague idée de l'identité de cette femme mais, pour une fois, la nécessité de se taire l'emporte sur son plaisir à commérer. Il espère cependant que Lancelot sait ce qu'il fait car Arthur a beau l'aimer, il risque de très mal prendre que son ami ait osé toucher sa sœur. Surtout après le fiasco entre Tristan et Morgane sans parler de l'envie de Germanus de la marier à ce stupide roi.

Tristan et Morgane ont attendus la permission d'Arthur avant de se voir. Plus du fait de Morgane que du chevalier, d'ailleurs. Mais la jeune fille était d'un tempérament docile et l'accord de son frère était pour elle une nécessité. Étrangement, elle n'a pas eu ce genre de scrupule pour épouser le romain. Mais Aliénor a expliqué à Owein qu'il s'agissait du conseiller de Lot et que la sœur de Morgause l'avait épousé pour se rapprocher de sa jumelle.

Le cri d'un faucon retend dans les airs alors que l'oiseau vient se poser avec grâce sur l'épaule du chevalier Tristan, posant une seconde le haut de son crâne sur la joue du chevalier qui lui caresse le cou d'un doigt en réponse. Arthur met alors fin aux enfantillages de Lancelot et Bors et ils s'entraînent. Dans quelques jours, ils escorteront Mordred jusqu'à ce que les hommes de ce derniers prennent la relève. Et l'évêque Germanus partira aider un Seigneur pendant un long moment. Le commandant sent en lui un pressentiment qu'il a du mal à refouler.

Comme si une longue période de calme se préparait avant qu'une tempête ne terrasse tout ce à quoi il croit et tient.

Arthur soupire, les souvenirs lui comprimant le cœur alors que Guenièvre ne cesse de le regarder avec inquiétude. Gauvain, Galahad et Dagonet sont là également. Étrangement, son épouse ne lui pose aucune question. La renne est picte. Morgause également. Et elles ont toutes deux été en contact avec Merlin. Peut-être se connaisse-t-elle ?

— Nous avons brièvement parlé, il y a longtemps, avoue Guenièvre quand le roi lui pose la question. Merlin a beaucoup d'estime pour elle.

Et son peuple également. Mais cela, Guenièvre le tait. Arthur est bien assez agité ainsi.

— Est-ce bien sage de laisser Enora seule avec elle ? interroge Dagonet avec inquiétude.

— Tristan n'est pas loin, répond Arthur, les yeux dans le vide.

On ouvre la porte de la grande salle et le garde annonce la venue de Merlin. Ce dernier entre dans la pièce, un pli soucieux entre ses sourcils broussailleux.

— Morgause est ici ? réplique d'emblée Merlin en s'arrêtant devant le bureau d'Arthur.

— Vous êtes bien informé, constate le roi avec morosité. Elle n'a encore essayé de tué personne et a promis de s'en aller au matin.

— Vous devez vous réconcilier, c'est primordial.

Merlin a parlé de manière abrupte, se laissant choir sur la chaise sans que personne ne l'y ait invité. Guenièvre se retient de rire devant la mine agacée de son mari face au comportement de son conseiller.

— Pour commencer, j'ai déjà essayé de lui parler il y a des années et je me souviens encore avec une douloureuse précision de sa réaction. Ensuite, pourquoi souhaiterais-je me réconcilier avec une femme qui rêve de voir ma tête séparée de mon corps et, idéalement, par ses soins ? Morgause s'en va au matin et je n'ai pas spécialement envie de la retenir tant qu'elle est raisonnable.

Les autres chevaliers acquiescent, plus d'accord que jamais. Morgause les effraie. La force de sa colère est bien plus élevée que ce qu'elle ne laisse paraître. Et la seule personne pouvant contrôler sa rage est morte.

— Morgause est bien plus puissante que vous ne l'imaginez, s'emporte Merlin. Bien plus puissante qu'Enora elle-même mais, surtout, bien plus incontrôlable. Être son ennemi, c'est signer votre perte ainsi que celle de votre peuple.

Arthur fronce les sourcils, jaugeant le vieil homme qui lui fait face. Il a compris, de manière assez abrupte, que Morgause avait des facultés… Impressionnante, il y a un bon moment déjà. Et, au fil des années – et bien qu'Arthur n'ait plus jamais mis un pied en Orcanie après ce que sa sœur a fait – il a entendu parler des rumeurs. Celle prétendant que Morgause était la descendante d'une fée et la plus grande prophétesse ayant foulée la terre depuis des siècles. Mais les paroles de Merlin vont au-delà de ce fait.

— Que me cachez-vous encore ? soupire Arthur avec défaitisme.

— Que savez-vous du Graal ?

— Ce que me contait ma mère. La légende d'une coupe sacrée et mystérieuse porteuse de tous les bienfaits du monde. Capable d'apporter paix et prospérité à celui qui en serait le détenteur.

— Ce n'est pas tellement une légende. Plus une prophétie que beaucoup ont mal comprise et matérialisée. Il y a des siècles de cela, un prophète a prédit qu'un roi serait amené à se lancer dans la quête du Graal pour apporter la paix à son peuple. Mais le Graal n'est pas une coupe. Il s'agit de votre sœur.

— Je ne suis pas sûr de bien comprendre.

— La quête du Graal est la réconciliation entre votre sœur et vous. Parce qu'elle sera celle capable de vous aider à protéger votre peuple. Par ses visions, elle sera apte à vous mettre en garde contre quiconque vous voudrait du mal. Mais, si elle vous hait, elle est capable de tout l'inverse. Morgause peut faire tomber sur vous tous les royaumes souhaitant votre perte sans que vous n'ayez le temps de le voir. Morgause est restée à l'écart parce que Lancelot était à vos côtés et cela vous conférait une certaine sécurité. Néanmoins, il n'est plus et outre un ami vous avez également perdu le seule rempart entre vous et votre sœur ! Rien que Méléagant vous trancherait la gorge dans l'espoir d'obtenir sa main. Et elle a bien d'autres alliés.

— Et si… nous l'enfermions, tente Galahad avec hésitation. Ce serait traître mais, l'occasion ne pourrait être meilleure. Elle est seule et sans escorte.

Beaucoup semble considérer la solution sous cet angle. Sauf Arthur et Merlin. Arthur parce que l'idée d'enfermer sa sœur dans un cachot après ce qu'elle a déjà vécu lui semble être la pire des insultes. Et Merlin…

— Je doute qu'elle n'ait pris aucune précaution avant de pénétrer entre ses murs. De plus, c'est la réconciliation qu'il nous faut viser. La faire disparaître ne fera pas mourir vos ennemis. Il reste des Saxons qui se réunissent chaque jour dans l'espoir de vous faire tomber. Et certains Pictes sont partis avec Morgause, refusant de se faire diriger par l'homme qui a tué tant des leurs.

— Et comment pourrais-je faire ? se lève Arthur, énervé. Morgause n'a jamais voulu rien entendre.

— Et vous, l'avez-vous entendue ? sous-entend Merlin. Morgause ne vous a pas toujours détesté. Il fut un temps où elle vous a aimé. Elle avait une grande confiance en vous. J'ignore si vous êtes réellement responsable de l'animosité qu'elle vous porte mais elle pense être légitime de son côté.

Arthur se pose devant la fenêtre, les épaules crispés, le cœur en morceaux.

— Elle l'est, avoue ce dernier. Je l'ai trahi plusieurs fois. Alors, oui, sa haine est légitime.

Le roi replonge dans ses souvenirs, se souvenant comme si c'était hier du sourire de Morgause quand il entrait dans la même pièce qu'elle. Il revoit l'amour dans ses yeux aussi émeraudes que les siens. Arthur n'a pas vu l'amour qu'elle lui portait disparaître, il n'a pas vu la chaleur qu'elle lui portait se transformer en glace. Il ne sait pas quand Morgause a commencé à le haïr, quand ses gestes de tendresse et d'amour sont devenus mensongers. Aussi mensongers qu'Arthur.

Il a trahi Morgause, lui ôtant le peu d'humanité qui lui restait. Alors, même si elle veut lui ouvrir la gorge avec ses ongles, Arthur ne peut lui en vouloir.

Parce que, même après tout ce qu'ils ont traversés, le roi aime sa sœur, plus que tout au monde.

Et il regrette de l'avoir si mal aimée.


Voilà voilà,

Alors, pas d'hésitation ou de je t'aime moi non plus concernant Lancelot et Morgause. Leur histoire d'amour, de manière isolée, rien de compliquée. Ce sont deux personnes qui tombent amoureuses et assument pleinement leurs sentiments. Les problèmes sont externes avec Germanus qui souhaite la marier à tout prix et les secrets entre autre. Sans parler de qui n'est pas encore arrivé.

En fait, la seule chose simple dans cette histoire, ce sont leurs sentiments lol.

Laissez-moi une review pour me dire ce que vous en pensez ;)

Bisous,

Rose.