Draco n'en pouvait plus. Il se dirigea vers la tour d'astronomie, où il s'assit contre la porte. Il contempla les étoiles, perturbé. Potter... Le jeune brun l'attirait plus de jours en jours, sans qu'il ne puisse rien y faire. Et, lorsqu'ils étaient sous leur forme Animagus, il se sentait plus proche de lui que jamais. Il ne parvenait pas à oublier ce qu'il avait vu ce jour là, dans la forêt. Potter qui redevient humain, puis s'assoit... Et là, une sorte de flash, un juron. Le corps d'Harry, seulement habillé d'un pantalon, son torse couvert d'ecchymoses, sa peau trop pâle, des morsures couvrants ses épaules. Un regard soutenant le sien, comme le défiant, « Ne dis rien... ». Et lui, comme un imbécile. Lui faisant croire que de toute façon, il n'en avait rien à faire de ce qui pouvait se passer. Alors qu'il avait été choqué par ce qu'il avait vu.

Et maintenant ? Que devait-il faire ? Ne rien dire ? Il ne savait même pas comment Harry pouvait avoir ça... Enfin, il avait un doute, mais qui pourrait faire ça au Survivant ? Pourquoi Potter ne se défendait-il pas ? Pourquoi lui avait-il montré ? Même si il savait bien que le Gryffondor n'avait pas fait exprès, que c'était le sort de Glamour qu'il s'était lancé qui avait lâché – causé par une trop grande dépense d'énergie. Comment devait il prendre ça ? Draco soupira, se prenant la tête entre les mains. Il était complètement perdu. Le regard de Potter était clairement un appel au secours, caché sous une détermination sans faille et du défi. Mais... Que pouvait-il faire pour quelque chose dont il ne savait rien, et dont Potter ne parlait jamais et qu'il s'évertuait à cacher à ses meilleurs amis ! A moins que ce qu'il ait vu ne soit que le résultat d'une séance de baise un peu trop violente ? Non... ce n'était pas du tout le style du brun.

Et puis, si Potter ne voulait rien dire, il avait peut-être une bonne raison. Il avait entendu parler de ces Moldus qui se flagellaient, et même certains sorciers se scarifiaient. Mais bon, il ne voyait pas du tout un Gryffondor faire ça ! Surtout Harry Potter. Quoique, le jeune avait quand même eu une lourde responsabilité sur les épaules...

Le jeune blond appuya un peu plus sur ses tempes. Tout cela était une vraie prise de tête. Il ne savait plus quoi faire, quoi dire, évitait de se retrouver seul avec Potter... Harry... Il ne savait plus ce qu'il voulait. Lui qui était habituellement sûr de lui... La dernière fois qu'il avait ressentit ça, c'était quand on lui avait demandé de tuer Dumbledore. Non, en fait, il n'avait pas hésité. Dès le début, il avait compris qu'il ne pourrait pas tuer son professeur. Il avait bien trop de respect pour lui, et de plus, il ne pouvait pas tuer le chef de l'Ordre du Phénix ! Mais c'est vrai que la pression psychologique qu'à la fois son père et Voldemort avaient fait peser sur lui avait été très dure à supporter. Ce jour où Potter l'avait retrouvé à pleurer dans les toilettes, il se posait une question qu'aujourd'hui encore, il regrettait de s'être un jour posée. Il se demandait si être un espion était le bon choix, s'il n'aurait pas mieux fait de suivre son père... Il pensa qu'il ne dirait sans doute jamais à Harry combien celui-ci l'avait aidé à faire son choix en lui criant dessus et en le blessant. Et il se souvint que quand, au manoir, on lui avait demandé si l'adolescent devant lui était bien Harry Potter, Draco n'avait pas hésité un instant. Il s'était dit qu'il devait sauver le Sauveur.

Draco sourit. Étrange paradoxe... Lui, le fils de Mangemort, celui que tous prenaient pour un traître fini, avait sauvé le Sauveur. Et maintenant, il devait peut-être recommencer. Il soupira en repensant à sa préoccupation première. Foutu Potter... Ce type ne sortait pas de son esprit, que ce soit en bien ou en mal ! Décidément, il était maudit... Il finissait toujours par retomber sur lui. Quoiqu'il fasse... Draco rejeta la tête en arrière. Il se souvenait encore de ce qu'il s'était passé, lorsqu'il avait dû reconnaître Harry dans le manoir. Cela faisait déjà presque deux ans qu'il était un espion pour l'ordre (depuis la fin de sa cinquième année en réalité). Il avait eu tellement peur ce jour là... Un choix s'était imposé. Il devait mentir, mais si ses parents appelaient Voldemort, il était fichu... Et Potter et ses amis aussi ! Il se rappelait encore des hurlements de douleur de Granger qui se tordait de douleur sur le sol, de la proposition de son père « Vas-y, jette lui un Endoloris, je sais que ça te fera plaisir... » et de son dégoût devant le visage tordu de plaisir de sa tante... Puis il était descendu à la cave, priant (pour la première fois de sa vie) pour que Potter et les autres se soient échappés... Mais non, ils étaient toujours là ! Et lorsque les deux Gryffondors avaient débarqué dans le salon pour sauver Hermione, il avait ressenti un profond soulagement – ainsi qu'un agacement certain pour Potter, qui aurait mieux fait de se tirer, mais bon, on n'abandonne pas ses amis, surtout quand on est un Gryffi. Puis ils s'étaient enfuis.

Draco secoua la tête. Ah, il se rappelait encore de pourquoi il avait enduré tout ça. Ça avait débuté le jour où, durant les vacances de Pâques pendant la quatrième année, il avait décidé de rendre une visite surprise à son parrain. Il adorait Severus, qui était un vrai mentor pour lui, bien que très grincheux et froid. Mais parfois, entre deux engueulades sur la qualités de ses préparations, il surprenait une lueur de fierté et d'affection dans les yeux du Maître des Potions, et cela l'encourageait à aller plus vers lui. Il avait donc décidé d'aller l'embêter un peu... Grave erreur.

Lorsqu'il apparu dans la cheminée, il tomba nez à nez avec Severus embrassant fougueusement Sirius étendus sur le canapé, les mains sous la chemise du premier (Severus enlevait sa robe noire quand il était chez lui). Première réaction du blond : pousser un hurlement horrifié et donc interrompre ce pelotage en règle. Deuxième réaction : dire « c'est un cauchemar, je vais me réveiller », fermer les yeux, et utiliser sa baguette pour se lancer un Aguamenti sur la tête. Geste inutile bien entendu, mais pas sans conséquence puisque son père dut par la suite jouer de ses relations pour éviter un procès à Draco.

Une fois le Serpentard sec et installé sur un fauteuil, les deux hommes se lancèrent.
- Tu m'en veux ? demanda un Severus glacial.

- Non. Simplement, je trouve que ton choix laisse à désirer. Sortir avec le parrain de Potter, un Gryffondor traître à son sang, recherché par le Ministère et fervent allié de Dumbledore...

- Professeur Dumbledore, le corrigea Rogue.

- ... En tout cas, j'avoue que j'ai du mal à comprendre.

Les yeux de son parrain se firent plus noirs encore, et à la grande surprise de Draco, ce fut Sirius qui posa une main apaisante sur le bras de son amant.

- Sev' tu vas pas t'énerver pour si peu. Draco a parfaitement raison.

- Siri... souffla le Serpentard.

- Tchh' tu vas te taire oui ? Draco, je comprend que cela te déplaise, seulement nous sommes adultes et nous faisons ce que nous voulons. De plus, tu pourrais être un peu plus sympa avec moi : je suis tout de même le cousin de ta mère.

Par la suite, Draco apprit son arbre généalogique par cœur, même les branches supprimées (pour celles-ci, il demanda à Sirius). Il ne voulait plus jamais avoir une honte pareille ! Ne pas connaître sa famille, pourtant plutôt proche, c'était vraiment terrible. Il fut surpris de savoir que la sœur de sa mère, Andromeda, avait été reniée car elle s'était mariée avec un Né-Moldu, et qu'ils faisaient partie de l'Ordre du Phénix, ainsi que leur fille unique.

Au début, Rogue lui fit croire qu'il était avec Sirius uniquement par intérêt, pour se servir de lui dans son métier d'espion de Voldemort. Seulement, au fil du temps, Draco s'aperçut des regards aimants que son parrain lançait à Sirius quand il pensait que personne ne le voyait. Le jeune Malefoy passa de plus en plus de temps avec eux. Ce fut Sirius qui commença à lui parler de Lily, et à le surprendre en lui disant que Severus était un Sang-Mêlé. Il lui demanda si cela changeait sa vision sur son parrain, ce à quoi Draco fut obligé de dire que non.

- Juge toujours les gens sur leurs actions, et pas sur le nom ou leur apparence...

Ce fut un des plus grands enseignements de Sirius. Ensuite, lui et le potionniste lui parlèrent de leur jeunesse, de James, Remus et Lily. De Peter aussi, de son père, de ceux qu'ils avaient connu., des bêtises qu'ils avaient faites (surtout Sirius!) Et à travers ces portraits parfois amers, mais souvent affectueux, le jeune Draco avait découvert une vérité : ils était tous humains, doués de conscience et d'amour.

- Même Vous-Savez-Qui ? avait-il demandé, moqueur.

- Oui, répondit Sirius, en enchaînant sur ce qu'il connaissait de l'histoire de Voldemort, complétée par ce que savait son petit ami.

Au fil du temps, Draco avait commencé à éprouver un certaine respect pour le compagnon de son parrain. Puis, cette admiration s'était transformée en affection. En effet, Sirius était quelqu'un de très souriant, toujours blagueur, fidèle... Un parfait Gryffondor, avec cependant quelques côtés Serpentard. Il adorait faire des blagues à Rogue, qui râlait tout ce qu'il pouvait mais qui était au final heureux de voir son amant si joyeux et s'entendant si bien avec son filleul. Sirius aimait beaucoup Draco et lui mitonnait toujours de bons petits plats... Dont son cousin finit par découvrir l'origine : c'était Kreattur qui se faisait un plaisir de cuisiner pour « le jeune Maître, fils de Miss Cissy ».

Le blond soupira et se leva, s'approchant du bord et s'appuyant sur le rempart pour mieux voir le parc. Peu à peu, il avait commencé à changer d'opinion sur les Nés-Moldus, les Sang-Mêlés, et toutes les créatures magiques (loup-garous, elfes de maison et autres géants). Il se sentait vraiment bien avec eux. Sirius était vraiment quelqu'un de merveilleux, qui ne tenait pas compte de tout ce que Lucius avait pu faire en temps que Mangemort, prenant Draco pour ce qu'il était. Il jugeait que le garçon n'était pas responsable des agissements de sa famille. De plus, il était heureux de trouver enfin quelqu'un qui comprenait la difficulté d'être un Sang-Pur, et élevé comme tel.

Oui, Draco était réellement heureux... Jusqu'à ce jour maudit où Bellatrix avait tué Sirius. Enfin, où ils avaient tous pensé que Sirius l'était, car il était à présent à nouveau là. Il se souvenait être allé voir Dumbledore le lendemain.

- Directeur... Je voudrais vous être utile en tant qu'espion.

- Draco...

- Ne dites rien. Je suis même prêt à m'opposer à Severus s'il le faut. Sirius a changé ma vision du monde...

- Nous avons malheureusement besoin de toi, avait déploré le vieil homme. Severus... voulez-vous entrer s'il vous plaît ?

Le Maître des Potions était entré, et avait jeté un regard surpris à Draco. Il semblait plus pâle et ses cernes étaient plus présents qu'à l'ordinaire, et le jeune blond avait remarqué ses yeux rougis qu'il tentait de cacher derrière un regard encore plus glacial qu'à son habitude. Son parrain allait vraiment mal. Et puis, pourquoi venait-il ? Il était un partisan des Mangemorts non ?

Le Serpentard sourit à ce souvenir. A l'époque - cela lui semblait si loin – il ne savait pas que Rogue était un espion pour l'Ordre. Dumbledore avait sourit, amusé, puis lui avait tout expliqué. Il avait été fâché un instant contre Severus qui ne lui avait rien dit, puis avait compris que c'était pour sa propre sécurité. Il avait donc intégré l'équipe d'espions de Severus, déjà composée, à sa plus grande surprise, de ses deux meilleurs amis. Théodore et Blaise, deux Serpentards. Plus tard, Blaise lui avait révélé que sa mère n'appréciait pas trop les opinions du Seigneur des Ténèbres sur les Sangs-Mêlés car... il en était un. Son père était un Moldu dont sa mère était tombée amoureuse. Il ne l'avait jamais connu car elle était partie dès qu'elle s'était rendue compte de sa grossesse. Ensuite, elle avait fait croire qu'il était le fils de son premier mari, pour éviter que Voldemort n'ait vent de cette histoire et décide de tuer son fils nouveau-né.

Quant à Théo, il avait les opinions de son père en horreur. Ce dernier avait renié et tué sa mère lorsqu'il avait appris qu'elle était Née-Moldue. Enfin, il avait d'abord attendu qu'elle mette Théo au monde. C'était en tombant dans la Pensine de Nott senior à l'âge de douze ans que le jeune homme avait su cette terrible vérité. Avec la vue et le son. D'abord traumatisé, il avait ensuite nourri une haine profonde contre son père, ce qui l'avait conduit à le trahir en quatrième année, après le retour de Voldemort. Il avait révélé à Dumbledore ce qu'il avait entendu au sujet du faux Maugrey et avait ainsi sauvé Harry.

Draco se pencha et regarda le vide. Encore aujourd'hui, il se souvenait du corps de Dumbledore basculant par dessus les pierres sombres. Tant de choses dont il ne voulait plus... Severus avait été tellement mal suite à cela. Draco l'avait même surpris à pleurer, un jour où le plus âgé le pensait endormi. Voir Severus Rogue pleurer lui semblait encore aujourd'hui irréel, impossible. Les larmes coulaient sur le visage cireux et gouttaient sur le nez crochu. Il était étrange de penser que quelqu'un avec un physique aussi peu avantageux puisse paraître beau aux yeux de ceux qui le connaissaient. Le blond eut un petit rire. Après tout, pour avoir vu son parrain torse nu lors d'un de ses séjours chez lui, il pouvait dire que ce dernier était vraiment bien foutu ! Mais bien entendu, il ne lui dirait jamais. Il avait sa dignité malefoyenne tout de même ! Et puis, Sirius devait suffisamment le lui répéter...

Alors qu'il était encore plongé dans ses pensées, Draco entendit soudainement un bruit derrière lui. Il se figea puis se retourna. Personne. Il fronça les sourcils, écouta attentivement... Oui, c'était bien un bruit de pas qui troublait le silence de la nuit. Il sortit sa baguette d'un mouvement vif...


- Hominum Revelio !

L'air sembla se troubler et il sourit.

- Potter, sors de là-dessous...

- Zut. Foutu sortilège, râla Harry en enlevant la cape...


Et voilà ! Un nouveau chapitre ! Dites-nous ce que vous en pensez! :D