Disclaimer: Maître Oda est le seul qui peut faire faire des conneries monumentales à ses personnages ET en vivre.

Rating: T

Pairing: ZoSan - SanZo

Le mot de l'auteur: Je suis une larve ! J'avais dis dans le précédent chapitre que celui-ci devait être le dernier, mais j'avais tellement de chose à raconter que ça n'a pas tenu dans un seul. Donc la suite est pour plus tard et avant le 31. Je m'excuse pour ne pas répondre à toutes les reviews et même à vous lire, quand bien même 10 000 histoires m'intéressent. A vrai dire, je prépare mon déménagement, alors je passe le temps qu'il me reste à écrire. Mais je vous fais à tous de gros poutous à la bave de citrouille. Mais trêve de blabla. Je vous laisse avec un Zoro fou furieux et quelques réponses pour d'autres énigmes naissantes !

ENJOY IT ! :)


Chapitre 2: Ils vivent de sa Volonté


1

«Qu'est ce que tu fais ici ?! »

La question tonna, plus à l'égal à une menace qu'à une véritable interrogation. Un mal de crâne lui vrillait toute la tête et faisait tourner toute la pièce à son regard trop largement rétréci. Son œil le faisait souffrir, mais la douleur n'avait encore cheminé dans son cerveau, il y avait juste ce visage, qu'il fixait avec rage.

Qu'est ce que cet enfoiré de première classe foutait dans cet endroit ?! Même à moitié crevé, il ne pouvait donc pas avoir la paix ?!

Sa prise se raffermit autour du cou de sa victime alors que le souvenir du rictus et du ricanement de ce connard lui revint. Il avait l'impression de bouillir de colère, en proie à la fièvre qui le rongeait et à l'incompréhension. Mais les questions qui le harcelaient, il les repoussait dans un coin de son esprit. Savoir ce qu'il fichait dans cet appartement minable, il n'en avait rien à carrer et ceci jusqu'à savoir comment ce type avait pu le suivre dans cet endroit.

Il n'y avait aucun doute possible. La même tignasse blonde qui recouvrait son œil droit, la même allure, le même sourcil ridiculement entortillé qui lui donnait son air débile mais... qui le rendait unique. Impossible qu'un autre con ait pu penser lui aussi que ça pouvait donner du charme.

La personne à qui il faisait face, il ne pouvait s'agir que lui. Ce lieutenant de ce Doflamingo, qui avait mené l'assaut sur son village, avant l'arrivée de celui qui le précipita dans le néant. Si c'était bien Mihawk qui l'avait envoyé ici.

L'homme aux cheveux verts secoua la tête nerveusement, comme s'il était pris d'un tic. Des perles de sueurs coulèrent sur son front. A nouveau, il entendait des plus distinctement le ricanement de cette vermine, au milieu de tous ses amis, parmi les jeunes apprentis de son maître, qu'il avait mis à terre sans état d'âme, peu importait leur âge, leur capacité à se battre, leur dangerosité. Il les avait fait tous tomber.

Il secoua encore la tête, un nouveau flash passa devant ses yeux. Le sourire hautement contenté de cet homme, qui le regardait tomber dans ce «rien » pour y mourir, petit à petit. Un sourire qui lui fendait le visage d'un air malsain. Sa presque soeur n'avait pas abandonné son combat pour lui, c'était vers son adversaire qu'elle courait. Bordel, cet enfoiré !

«Laisse-le !»

Une voix le sortit de sa torpeur. Il sursauta presque avant de jeter un coup d'œil par dessus son épaule. Une fille aux longs cheveux roux avait fait un pas, peu sûr, en avant et le fixait, d'un air défiant. Elle n'était pourtant pas dangereuse et il en détourna bien vite son attention.

Un vif pique de douleur, qui semblait lui broyer tout le crâne, le força à fermer l'oeil, qu'il ouvrit aussitôt en sentant le blond s'agiter entre ses doigts. Il les serra d'avantage.

«Réponds ! Qu'est ce que tu fous là, Kuroashi ?! »

Sa question était presque un hurlement à présent. Le hurlement d'un homme épuisé, d'un homme qui souffrait mille maux, qui ne comprenait pas et qui, par dessus tout, était à bout.

Sanji, lui non plus, ne saisit pas ce que lui reprochait ce type. Mais ce qu'il percevait très bien, était qu'il allait prochainement manquer d'air s'il ne faisait rien. Alors il laissa ses craintes et ses questionnements dans un coin de son esprit et riposta. Il enfonça son genou dans l'estomac de son agresseur qui, déjà affaibli, le lâcha immédiatement et se recula. Le blond n'attendit pas qu'il s'en remette pour lui flanquer un autre coup. Sa jambe se leva, et son talon partit s'écraser à l'arrière de son crâne, lui faisant rencontrer le sol.

Vivi glapit sous la violence de la scène et s'accrocha aux épaules de Luffy, qui regardait tout cela, les yeux brillant d'intérêt et de curiosité.

«Je ne suis pas Kuroashi ! » cria presque Sanji, pantelant, alors qu'il portait une main à sa gorge rouge.

Et tandis qu'il essayait autant que possible de redonner à sa respiration un rythme normal, son adversaire se redressa avec peine, recrachant un peu de son estomac, de salive et de sang. Retombé aussitôt après s'être complètement levé, l'homme aux cheveux verts essuya ses lèvres dans son bras, sans quitter une seconde des yeux le visage de celui qu'il appelait Kuroashi.

Mépris. Dégoût. Colère.

Sanji ne savait laquelle de ces trois émotions brûlait le plus dans l'oeil unique de ce type. Il en oublia presque l'image flou de son passé que ce même visage avait ravivé. Ce n'était pas du tout lui. L'homme qu'il avait connu avait beau avoir la même apparence, il avait beau être son jumeau presque parfait, il n'avait jamais vu briller ce genre de sentiment dans ses pupilles, quand bien même ils se disputaient et qu'une colère noire l'emportait. Cet homme, face à lui, était un parfait inconnu.

Mais ce qu'il ne remarqua pas, fut ce petit éclair fou qui traversa sa tête toute entière, amenant des questions qu'il ne se posera réellement que plus tard. Qu'est ce que son monde devait être pour l'avoir façonné de cette manière ? Qu'est-ce qu'un homme avait à affronter pour être autant en colère ? Quel rôle avait-il dans son monde, puisqu'il semblait, au vu de ses agissements, qu'il devait en être ? Que lui avait-il fait ?

Une interrogation, plus forte et largement plus folle que les autres, laissa une trace dans son esprit. Chacun était présent dans le monde de l'autre. Pouvaient-ils être liés ? Cette idée, la petite empreinte de cette légère folie de l'Homme, lui fit demander :

«Toi, qui es-tu ?

- Sanji, ménage-le ! Il est blessé !»

L'interpellé tourna la tête. Vivi. Toujours aussi soucieuse des autres. Il l'avait sentit lui-même dans le ton de sa voix, il n'avait jamais été aussi dur envers quelqu'un. Il soupira, alors que l'autre se mettait debout avec mal. Immédiatement, l'adolescente vint lui proposer son aide, une main bienveillante déjà posée avec douceur sur son bras ferme. Mais il la repoussa au moment même, l'envoyant à terre, à son tour.

Le gentleman réagit sans attendre, son pied retrouva le chemin du ventre de l'homme à terre pour l'écraser.

«On ne traite pas une demoiselle comme ça!» s'écria-t-il.

Et, tandis que la petite bleuté glapit et priait son ami de faire cesser les coups, Nami s'approcha de l'oreille de Luffy.

«Tu feras mieux de les arrêter, ça va vraiment dégénérer ! Pourquoi tu n'es pas en train de t'occuper de ça ?»

Le brun se tourna vers elle, les poings sur les hanches, le sourire aux lèvres.

«Sanji m'a dit qu'il voulait s'en charger. Puis, tu trouves pas ça intéressant ?! rétorqua-t-il, avec tout l'entrain du monde.

- J'vais t'en mettre de l'intéressant quand il y aura un mort dans le salon, espèce d'idiot !»

Alors, après avoir imprimé ses quatorze phalanges sur la figure de son pseudo «chef» et s'être avancée près des deux belligérants, la rousse usa de ses cordes vocales, qu'elle savait vivement entraînées à cet usage. Elle hurla donc, de manière à les faire cesser promptement :

«C'est pas bientôt fini tout ça ?! » son regard se fixa sur le nouvel arrivant. «Tes problèmes ne sont pas notre faute! Ton Kuroashi, s'il t'a balancé ici, ou quoiqu'il ait fait de toute manière, y'a aucune chance pour qu'il se soit pointé aussi ! Lui,» elle pointa le blond, qui s'intéressait soudainement au sol. «il s'appelle Sanji et il habite là depuis presque aussi longtemps que moi ! C'est notre seul cuisinier, alors tu seras gentil de lui foutre la paix. »

L'infirme, qui jusque là gratifiait Sanji d'un regard lourd et sombre, posa son iris unique sur Nami, qui se massait les tempes d'un air agacé. Puis son œil fit le tour. Il passa sur Luffy, qui lui offrit un grand sourire, sur Usopp, qui se cachait derrière, et sur Vivi, qui s'efforça d'étirer les lèvres elle aussi, bien que quelque peu nerveuse.

Il sentit ses traits se crisper en une grimace douloureuse, son cœur, qui semblait battre à tout rompre à l'arrière de son crâne, parut se calmer, comme cette rage qui bouillait dans ses veines.

«Ah ! Nami, tu es vraiment si belle quand tu es énervée !»

La rousse le fit taire d'un simple geste de la main, regardant toujours le nouvel habitant du lieu que l'exclamation de cet amoureux des femmes avait fait siffler entre ses dents.

«Il me semble qu'on t'a demandé ton nom, pas vrai ? »

L'homme bougonna légèrement et ne se décida à répondre uniquement lorsqu'il remarqua que la jeune femme s'apprêtait à nouveau à donner de la voix, ce qui, dans l'état actuel des choses, plairait bien peu à sa tête meurtrie.

«Roronoa Zoro.»

Le cœur de Sanji manqua un battement, ou même deux, vu l'intensité de l'émotion qui le submergea. Le même visage, la même voix rauque mais calme et il fallait qu'il ait le même nom ! De pareilles coïncidences étaient-elles donc possible ? La plainte que l'émotion lui fit pousser et qu'il pensait étouffer dans sa gorge lui attira tous les regards et toutes les inquiétudes.

«Sanji, ça va ? » demanda Usopp.

Le blond se massa les tempes et se tourna précipitamment vers la petite fenêtre de la pièce quand ses yeux croisèrent malencontreusement ceux de Zoro.

«Ca va. » répéta-t-il avant de partir en direction de la cuisine.

Vivi voulut le suivre, toute préoccupée qu'elle était de son état, mais revint bien vite, pas plus apaisée. Aussitôt, Nami et Usopp accoururent à ses côtés pour lui demander quelques éclaircissements sur leur ami. Le petit brun les regarda en souriant, bien qu'il préféra quant à lui, s'intéresser à celui dont il voulait se faire l'ami.

Ce dernier étant toujours à terre, il s'agenouilla à son tour, en ricanant.

«C'est une drôle d'affaire, non ? demanda-t-il.

- De quoi tu parles ?

- Bah de Sanji. Vous avez l'air de vous connaître tous les deux, c'est marrant ! »

Zoro siffla entre ses dents. Il ne comprenait pas l'immense sourire que ce gamin arrivait à afficher et en détourna le regard pour le poser sur la cuisine où s'était réfugié le blond.

«Non. Je ne le connais pas.»

Ce... Sanji n'avait rien à voir avec l'homme de son monde. Kuroashi avait cette aura meurtrière, inquiétante et déplaisante constamment autour de lui. Il ne se cachait pas de tout le sang qu'il avait sur les mains et prenait même un malin plaisir à rappeler aux quelques braves qui tentaient de lui tenir tête, tous ses méfaits.

Le type qu'il avait vu ici, bien qu'il ne put clairement le distinguer à son réveil, n'était pas Kuroashi. Il ressemblait à un homme perdu, bon et avenant. Quoiqu'un peu déséquilibré, il en avait l'impression. Quel mec sensé pouvait se dandiner comme le plus parfait des idiots face à une sorcière alors qu'il était précédemment tout en fureur ?

Le vert se leva, avec difficulté et non sans grimace avant de tourner le dos au gamin assis à terre.

«Il faut que j'y aille. dit-il simplement.

- Où ça ?

- Trouver le moyen de rentrer chez moi.»

Alors Luffy bondit sur ses jambes puis sur le canapé, sans se défaire un instant de son sourire. Il fixa le nouvel arrivant avec intérêt et curiosité. Nami, Vivi et Usopp venaient de rejoindre Sanji dans la cuisine pour l'aider à la préparation du repas, ou pour simple compagnie.

«Tu crois que tu pourras ? demanda le petit brun.

- Je croyais bien arriver dans l'Entre-monde. On dirait que c'est tout autre.

- L'Entre-monde ?» répéta Luffy en se laissant tomber en tailleur sur le canapé.

Zoro se tourna vers lui et le dévisagea. Ce gamin n'était pas au courant de cette légende ? On disait pourtant qu'elle était connue de tous les mondes existants. Comment pouvait-il passer à côté ? Même les gosses entre eux se racontaient cette histoire pour s'effrayer.

L'espoir fit soudain son chemin dans l'esprit du jeune homme. Les chances qu'il ait atterrit dans un autre monde et non dans ce triste lieu augmentaient. Il trouverait donc certainement le moyen de retourner d'où il venait.

«Oui, l'Entre-monde. Un endroit où sont envoyés les gens indésirables pour y souffrir, jusqu'à devenir fou et disparaître.» expliqua le plus vieux. «A ce qu'on dit.» rajouta-t-il, car il n'y croyait qu'à moitié lui-même, jusqu'à atterrir ici, en tout cas.

Le chef de bande haussa les épaules.

«Ca me dit rien.»

Sa réponse troubla le vert, qui fronça les sourcils et le considéra silencieusement, se perdant petit à petit dans ses pensées. Qui était ce gosse pour n'avoir jamais entendu parler de cet endroit ? Il se moquait de lui ou bien il était sérieux ? Et s'il n'était pas dans l'Entre-monde, où était-il ? Savoir qu'il avait peut-être une chance de sortir de là, c'était bien beau, mais d'où sortirait-il ?

«On est où alors ? » demanda-t-il.

Nouveau haussement d'épaules. L'attitude de Luffy commençait à agacer Zoro.

«A la maison ! Si tu veux plus de précisions, demande à Sanji, c'est lui qui veut s'en occuper. Il t'expliquera tout. D'habitude, c'est moi qui m'en charge, mais cette fois est spéciale.

- J'en ai rien à carrer de ce dont il a envie. Je me casse. cracha-t-il puisqu'on refusait de lui répondre.

- Et ta fièvre ? Vivi a dit que tu devais rester allongé. En plus, avec tout ça, on t'a même pas présenté tout le monde ! Il y a Usopp...

- Je me casse ! répéta-t-il en appuyant chacune des syllabes qu'il prononçait.

- Comme tu veux. »

Zoro n'attendait de toute manière pas la permission de cet moitié d'homme pour mettre les voiles. Qu'est ce que des personnes qu'il ne connaissait pas avaient à exiger de lui ? Ils l'avaient soigné, il devait peut-être s'en sentir reconnaissant, mais il ne leur avait rien demandé. Il pouvait parfaitement se débrouiller seul. Dut-il le faire avec une fièvre de cheval et un mal de crâne écrasant. Il avait toujours surmonté tous les obstacles qui s'étaient dressés devant lui, sans aide.

Alors il prit la direction de la porte qui l'amènerait hors de ces lieux, qui malheureusement pour lui, se trouvait dans la cuisine. Il dût donc traverser la pièce bondée en s'attirant tous les regards.

«Qu'est ce que tu fais ?»

Sanji ne s'était pas détourné un instant de sa préparation quand il était entré dans la pièce, mais visiblement, il n'avait pas manqué de le remarquer. Tant pis. Il n'avait pas de compte à lui rendre de toute façon.

«Qu'est ce que ça peut te faire, Kuroashi ?! » rétorqua le vert, mauvais, en ouvrant la porte.

Cela lui avait échappé, mais il s'en fichait, ce visage, il l'avait toujours assimilé à ce nom et cela n'allait pas changer aussi vite. Et ce fut sur cette erreur qu'il claqua la porte.

Le blond grogna, en finissant de couper quelques légumes. Il planta son couteau dans la planche et s'essuya les mains dans son tablier, qu'il arracha juste après pour le lancer négligemment sur une chaise branlante. Puis, jurant contre le fugitif, il se lança à sa suite après avoir laissé quelques sommaires instructions pour le dîner.

«Ils sont vraiment partis ? demanda Luffy en arrivant dans la cuisine.

- Faut croire. répondit Nami en baillant longuement.

- Tu veux aller dormir ?

- Laisse-moi le repas.»

Usopp chercha une explication dans le regard de Vivi. Il ne comprenait pas ce que cet échange voulait dire. Et même si les principales enjeux de celui-ci échappaient aussi la bleuté, elle savait au moins de quoi il en retournait.

«Elle dort dans la chambre, ce soir.»

2

«Tu crois aller où ?! » hurla Sanji dans la cage d'escalier, car la fièvre de Zoro l'empêchait de courir comme il le voudrait.

Un « ta gueule » résonnant du bas de l'immeuble lui répondit et le fit presser le pas, jusqu'à avoir enfin en vue cet idiot aux cheveux verts.

«Dis-moi au moins où tu vas comme ça. »

Quand il passa la porte qui donnait sur la rue, les rayons encore quelque peu vifs du soleil couchant l'éblouirent. Il dû se stopper le temps de s'habituer à la clarté journalière que les fenêtres vieilles et sales de l'appartement ne laissaient pas passer, mais il était maintenant presque à hauteur de son but, qui essayait de le distancer.

«Je te parle ! » insista le blond.

Alors le vert s'arrêta et fit volte-face pour s'approcher dangereusement de son poursuivant.

«Quoi ? Tu n'hésite pas à me taper sur la tronche et maintenant tu voudrais «m'aider » ?! Lâche-moi la grappe, Kuroashi.

- C'est toi qui as essayé de m'étrangler, je te signale. Et je m'appelle pas Kuroashi ! Dis-moi où tu vas. »

Zoro roula des yeux et grogna, avant de continuer son chemin.

«Je rentre chez moi. Salut.

- Quelle tête de con... » grommela Sanji pour lui-même en s'allumant une cigarette.

Puis il emboîta le pas à cet idiot dégénéré qui croyait pouvoir rentrer chez lui. Comme si c'était possible. Si cela l'avait été, il aurait été le premier à retourner d'où il venait, à retrouver les personnes qui lui étaient chères. A le retrouver lui, parmi tous les autres.

Un instant, il regarda douloureusement l'homme qui marchait devant lui avant de vivement secouer la tête. Non. Ce n'était pas la même personne. Ce Zoro n'était pas celui qu'il avait connu.

«Comment tu veux rentrer chez toi, hein ? » demanda le blond.

Ça... Zoro n'en avait aucune idée. Il fallait dire qu'il était parti sur un coup de tête en se disant rapidement qu'il finirait bien par trouver un moyen. Une espèce de passage qui pourrait le ramener dans son monde. C'était impossible que cela ne fonctionne qu'à sens unique.

Il grinça des dents et ralentit le pas. Un pique de douleur. Sa tête qui tournait. Bordel, il fallait que ça arrive maintenant. Mais ce ne fut pas assez pour le décourager. Le torse droit et fier, il continua d'avancer.

«Je trouverai bien.» répondit-il vaguement.

Sanji secoua à nouveau la tête. Comment s'était possible ? Ne remarquait-il donc rien ? Il s'arrêta et, fixant le dos qui s'éloignait peu à peu de lui, s'écria alors :

«Il est un endroit entre les mondes, réservé aux gens de la pire espèce, où ils endurent tout ce qu'un homme est capable d'endurer et bien plus encore. » Zoro s'arrêta. «Ils sont plongés dans un monde noir et sordide, ou serait-ce plutôt l'absence d'un monde, pour se faire déposséder de tout ce qu'ils avaient jadis...

- Nul ne s'échappe du néant.» continua le vert en lui coupant la parole. «Je connais cette foutue légende ! Et qu'est ce que ça peut faire ?! il commençait à crier et s'énerver.

- Pourquoi tu ne percutes pas alors ?! Où est-ce que tu crois être ?!»

Le nouvel arrivant grinça des dents, les poings serrés. Il ne savait absolument pas où il était. Bien évidemment, il avait pensé à l'Entre-monde. Mais la réalité était si loin des légendes qu'il fut amené à douter. Un lieu si calme, si tranquille, ça ne pouvait pas être cela. Le néant, ça ne pouvait pas être un village paisible, où flânait une bande d'idiots aussi guillerets. On disait l'Entre-monde entièrement plongé dans les ténèbres. Des ténèbres qui vous prenaient jusqu'aux tripes et vous rongeaient, bien plus que les os.

Cependant, il n'y avait pas que l'apparence du lieu qui l'avait fait réfléchir à sa situation. Se dire qu'il était bel et bien dans l'Entre-monde, ça voulait dire, qu'il pouvait véritablement faire ses adieux à son monde et à tout ce qu'il avait connu. Cela plus que le reste lui le foutait de travers.

Il lui restait tant de choses à faire auprès des siens, il n'avait pas encore pu accomplir tout ce qu'il avait promis d'achever. Il ne pouvait pas finir dans ce lieu sinistre. Pas maintenant, pas avec tout le chemin qui lui restait à faire. Qu'allaient devenir Kuina et son maître ?

Il ne prétendait qu'il était indispensable dans leur vie, mais il s'inquiétait pour eux et pour l'avenir du Dojo.

Un nouveau pique de douleur coupa le cours de ses réflexions. Zoro ferma les yeux et inspira fortement en se massant les tempes. Ce. Ne. Pouvait. Pas. Être. Vrai. Il lui sembla qu'il commençait à vaciller.

«Ce n'est pas le Néant.. marmonna-t-il pour lui, mais le silence qui régnait dans la rue permit à Sanji de l'entendre.

- Bien sûr que si. Regarde autour de toi.

- Justement, les légendes ne décrivent pas tout ça ! Elles ne décrivent pas ce village ou ce gamin bizarre qui sert d'hôte d'accueil !

- Et alors ?! Ce n'est qu'un décor ! Il n'y a personne ! Pas un mouvement aux fenêtres, les portes ne s'ouvrent pas. Il n'y a que nous.

- Ce n'est pas le Néant !»

Cette fois, il avait hurlé et en restait légèrement pantelant, de par sa fièvre. Il ne voulait pas croire qu'il devait faire une croix sur sa vie entière. Le blond soupira longuement alors que la lune prenait la place du soleil et qu'il ne remarqua même pas que sa mémoire venait d'être altérée un peu plus.

«Tu le verras tout seul. Mais je te mets au courant de ceci : tout ce que tu vois n'existe que pour que tu ne te rendes pas compte que tu disparais et que des souvenirs s'effritent.

- Et comment tu le sais, si tu n'es pas sensé t'en rendre compte ? Demanda le vert, qui essaya tant bien que mal de se calmer.

- Parce que tu t'es pointé ici, abruti.»

L'unique iris brillante de fièvre de Zoro s'écarquilla à sa réponse.

«Comment ça ?

- Rien. On rentre, avant que tu t'étales en pleine rue avec ta fièvre de cheval.

- Je vais très bien.

- Parfait, j'aurais pas à te porter pour te ramener. C'est par là. » dit-il avec un geste de la main, en se mettant en route.

Mais le fugueur ne le suivit pas. Il resta tout ce qu'il y avait de plus immobile, à regarder les mains qu'il avait tendues devant lui. S'il retournait dans cet appartement maintenant, ça voudrait dire qu'il devrait abandonner peu à peu sa vie antérieure.

Sans qu'il ne s'en rende compte, l'autre était revenu sur ses pas et, debout devant lui, répondit comme s'il avait lu dans ses pensées :

«On ne remarque même pas quand ça arrive.»

Zoro releva alors vers lui un regard douloureux qui le fit tressaillir et ouvrit juste les lèvres avant de lui tomber dans les bras. Si le quartier avait été réel, l'exclamation de Sanji l'aurait fait trembler tout entier.

«Hé ! C'est pas le moment de s'évanouir, espèce de Marimo atrophié !»

Mais son cri ne le réveilla pas et il dût le transporter jusqu'à l'appartement sans aide et sans plus relever le surnom qu'il n'avait pas employé depuis presque un demi-siècle.

3

Quand ils rentrèrent. Ou plutôt, lorsque Sanji rentra, puisqu'il était le seul des deux conscient, il trouva les lampes éteintes. Tout le monde devait s'être endormi. Il traîna comme il le put le mastodonte qu'il portait sur son dos depuis quatre rues déjà, et l'installa sur le canapé.

C'est alors qu'il remarqua la lumière dans la pièce adjacente.

Vivi et Usopp étaient installés sur les matelas et jouaient aux cartes, aussi discrètement qu'ils le pouvaient.

«Luffy n'est pas avec vous ? demanda le blond en s'approchant de son propre matelas, encore contre le mur.

- Bah non. Il est allé dormir dans sa chambre. répondit le métisse tandis qu'il tirait une carte parmi celles de son amie.

- Tu vas dormir avec Zoro ? questionna Vivi alors qu'il commençait à tirer sa couche hors de la pièce.

- Ouais, c'est comme ça que fait Luffy, non ?

- Il faudra changer son bandage, je pense.»

Il prit congé d'eux après leur avoir assuré qu'il s'occuperait de tout et tira son matelas jusqu'au canapé, au pied duquel il le laissa tomber. Alors, il glissa sa main dans une des nombreuses déchirures qui le parsemaient et en sortit un petit carnet.

Sanji l'avait déjà lu, plus d'une fois, depuis le jour où il l'avait trouvé dans le débarras à côté de la cuisine. Mais il lui arrivait presque tous les soirs de l'ouvrir à nouveau.

4

Journal - Partie 1

La volonté du D.

Un ami m'a dit un jour : Personne n'est né pour être seul.

1ère page

Si vous êtes en train de lire cela, c'est que le plan de cet homme a fonctionné et que vous avez bien plus de chance que nous deux. Et avant que je ne me présente, peut-être que cela vous réchauffera le cœur de savoir que ce petit carnet, sur lequel je note tout ceci, vient d'un monde extérieur. Un lieu très chaleureux que j'ai été forcée de quitter, tout comme vous.

J'ai été bannie de mon pays car j'arrive à lire des écritures que peu de personnes arrivent à déchiffrer. Je m'appelle Nico Robin et je vis maintenant dans un endroit vide de tout que l'on appelle le Néant. Je suis peut-être en train de construire une des seules choses durables dans cette absence de monde.

Le Néant absorbe tout. De la lumière aux souvenirs d'une vie. Il ronge tout ce que nous possédons et qui sait s'il ne m'enlèvera pas l'écriture avant que je n'ai le temps de finir ce carnet. Je tacherai de faire vite, l'encre n'est pas une ressource inépuisable.

A mon arrivée, j'ai rencontré cet homme, tout aussi paria que moi aux yeux des dirigeants de son monde, qui a tendu une main que j'ai saisi. Il s'appelle Gol D. Roger et m'a fait la proposition de transformer le Néant.

Voici la première pierre de l'édifice. Gol D. Roger fait preuve d'une volonté incroyable, je me demande d'où il l'a tire et s'il s'agit de la seule chose intacte qu'il lui reste. Il me dit être ici depuis tellement longtemps qu'il ne se souvient de plus rien, ou presque, mais que je lui rappelle pourtant certaines bribes de son passé.

2ème page

Il souhaite, et ce sont ses mots propres, fonder quelque chose dans ce néant et rire à la barbe des gouvernements qui veulent nous voir souffrir. Je ne saurais dire à quand remonte cette phrase, je crois que j'ai perdu la notion du temps.

Mais après qu'il l'ait prononcé, que je lui ai dit que je l'aiderai de mon mieux, une lumière est apparue dans le Néant. Au départ, elle restait distante. Puis, au fur et à mesure que le Néant changeait, qu'on le modelait, elle se rapprochait. Je remarquai qu'elle nous suivait clairement lorsque un ciel bleu et un soleil radieux était apparu et que le sol sur lequel nous marchions était une grande étendue de pavés, comme une place de village infinie.

«Qu'est ce que c'est ? » ai-je demandé, un jour où ma curiosité était plus forte que les autres et que cette boule de lumière brillait au dessus de son épaule.

Il a ricané avant de tendre la main. L'éclat lumineux a semblé lui obéir et s'est mis dans le creux de sa paume.

«Ca, a-t-il expliqué en s'agenouillant à ma hauteur, c'est ma volonté, la volonté du D. C'est ma plus grande force. Elle ne ploie devant rien et s'il devait rester une chose de moi ici, se serait elle. Elle nous aidera à changer les choses.»

La volonté du D. Gol D. Roger m'a raconté tout ce dont il se souvenait à propos d'elle. Peu de personnes la possèdent et en sont dignes, mais ces gens, éparpillés dans tous les mondes existants, ont le pouvoir de changer véritablement les choses.

3ème page

Je n'ai pas le loisir d'écrire autant que je le voudrais et je ne peux plus tout raconter, l'encre me manque, la mémoire aussi. L'homme qui était avec moi ici a disparu. J'ai même oublié son nom et je préfère le mentionner ici avant qu'il ne s'efface totalement de mon souvenir.

Il a beau ne plus être ici, la volonté du D. brille toujours et, chose des plus étonnantes encore, elle a changé de forme. Cela s'est produit sous mes yeux.

Cette boule de lumière a irradié comme jamais avant de s'éteindre brutalement. Puis, un garçon est apparu d'un faisceau lumineux plus important que les autres. Il ricanait stupidement et me fixait avec le plus grand sourire que je n'ai jamais vu.

Il m'a dit s'appeler Monkey D. Luffy et...

5

C'est tout ce que Zoro put lire avant de détourner son regard vers Sanji, à qui il avait subtilisé le carnet alors qu'il s'était réveillé au beau milieu de la nuit et que celui-ci s'était endormi en lisant.

«Je voulais te le montrer une fois que tu te serais reposé. dit le blond, qu'un souvenir de son ancienne vie avait tiré du sommeil.

- Je vois pas pourquoi ça aurait dû attendre.»

Sanji tendit la main, pour reprendre le carnet.

«T'étais inconscient, crétin. Puis avec une tête de mousse comme la tienne, t'aurais certainement pas compris.

-Va te faire, sourcils en vrille. J'peux savoir depuis quand tu es aussi familier avec moi ?»

le dit « sourcils en vrille » resta brièvement bouche bée, à regarder bêtement «tête de mousse ». « Sourcils en vrille ».. C'est comme ça que l'appelait Zoro. Le Zoro de son monde. Et « tête de mousse » était le surnom qu'il lui donnait. Merde. Voilà qu'il était en train de les confondre ! La maladresse le fit rougir et il détourna le regard avec embarras.

«C'était pas voulu !» cria-t-il aussi bas que possible.

Le vert en ricana, se moquant ouvertement de lui et de ses rougeurs. Et, bien loin de lui l'idée de s'arrêter là, il alla chercher la petite bête. Ce blondinet voulait le prendre pour le dernier des crétins, il allait voir !

«Et pourquoi tu ne dors pas avec tes potes, hein ? Ça a un lien avec mon nom que tu as gémit avant de te réveiller ?»

Sanji s'empourpra totalement, à en sentir ses joues le chauffer fortement. Quelle boulette, bon sang ! Pourquoi ce type ne s'était endormi, merde ?! Et pourquoi il avait le même nom et le même visage que Zoro ?!

«Ta gueule ! C'était pas ton nom ! vociféra-t-il en prenant le carnet pour le claquer sur la tête du borgne. Puis il descendit d'un ton et mit le petit cahier sous le nez de son interlocuteur. Alors, tu en penses quoi ?» Il était préférable de changer de sujet pour éviter les railleries.

L'infirme baissa les yeux vers le journal.

«On est vraiment dans l'Entre-monde.» répondit-il.

Il se prit un nouveau coup.

«Parce que tu en doutais encore ?! C'est juste la preuve que tout est faux, ici. Certains passages ont été effacés, mais elle décrit toute la création du village. C'est conçu pour qu'on ne pense plus à notre disparition.

- J'ai pas lu jusqu'au bout, j'en étais à l'apparition de Luffy.. » il s'arrêta tout seul, avant d'écarquiller les yeux. Voilà pourquoi il ne connaissait pas la légende de ce lieu. « Tu veux dire, que le gamin du journal et celui-là sont une seule et même personne ? Il est naît dans cette ville ?

- Plus que ça. Luffy est la volonté du D. Il est la volonté de Roger.»


La volonté du D. est un des très grands points mystérieux du manga qui m'intéresse beaucoup, alors je suis heureuse d'avoir pu l'utiliser (surtout avec Luffy, de qui l'auteur de cette fiction est amoureu..*SBAAAF* ). J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Le prochain sera plus axé sur le passé de Sanji... Peut-être. Je sais pas ! Le plan est là, mais des idées viennent toujours se greffer entre-temps, alors on ne sait jamais !

N'hésitez pas à me laisser vos impressions, vos interrogations ! Je ferai de mon mieux pour y répondre !

A bientôt les kiwis ! :D