Coucou ! :D
Excusez-moi pour la looongue attente, mais j'ai eu un Brevet Blanc et donc des révisions, puis maintenant c'est le stage d'observation et je me retrouve légèrement débordée, plus de temps pour écrire...
Anyway me revoilà avec un chapitre ! :D
Je suis toujours super contente de vos reviews, les ami(e)s ! Votre enthousiasme me fait vraiment plaisir, et n'oubliez pas : j'accepte toutes les critiques, bonnes ou mauvaises ! ;) Et j'encourage également ceux qui lisent ma fic mais ne commentent pas de reviewer, ça me ferait plaisir de voir ce que d'autres pensent.
Que dire d'autre... Ah, oui !
Attention : ce n'est pas parce que deux personnages apparaissent dans un même chapitre (comme Jack et Raiponce dans le précédent) qu'ils seront en couple plus tard... niark.
Pour les suppositions sur le passé de notre esprit du fun : sachez que votre verre est à moitié plein mais également à moitié vide... ^^
Vous savez très bien qui a crée l'idée des Twisted... : the-twisted-big-four sur tumblr, et non moi et mon imagination, bien que j'ai inventé le passé de Meri et de Jack.
Il ne vous reste plus qu'une chose à faire : lire ! :D
Nuances de bleu
Un lourd soleil tombait d'aplomb sur le lavoir ;
Les canards engourdis s'endormaient dans la vase,
Et l'air brûlait si fort qu'on s'attendait à voir
Les arbres s'enflammer du sommet à la base.
~ Au bord de l'eau, Guy de Maupassant.
Elle avait tout vu.
Les soldats s'étaient réanimés, relevés, et retournés vers le château DunBroch en se soutenant, les uns sur les autres. Unis. Des cinquante qui étaient partis, seulement une vingtaine en était revenue.
Ils n'avaient plus de roi. Ils n'avaient plus de reine. Les trois jeunes héritiers s'étaient volatilisés. L'héritière directe du trône s'était envolée.
Certains disaient qu'un dragon avait fondu sur elle pour la dévorer dans son nid géant enterré dans les îles. D'autres maintenaient que l'ourse l'avait dévorée en une bouchée. Le reste n'émettait rien.
Silence.
Plus personne pour les diriger. Ils étaient anéantis, brisés dans leur peine. Il fallait que quelqu'un prenne une décision. Mais qui ?
Personne.
Silence.
Merida avait tout vu.
(Une princesse se doit d'être compatissante...)
Elle n'avait pas bougé lorsque les hommes avaient parlé d'elle sans même voir que la princesse se trouvait tapie dans l'ombre à quelques mètres d'eux. Puis, elle s'était retournée dans la forêt d'un pas incertain.
Les gouttes de son propre sang tombaient sur la mousse du sol.
Elle avait mal. Un marteau, non, une hache lui tambourinait le crâne comme s'il essayait de l'ouvrir, comme lorsqu'on casse un œuf pour libérer le blanc et le jaune. Le blanc serait le sang, le jaune serait le cerveau.
À peine eut-elle pensé cela qu'elle s'en voulut. L'image était dégoûtante.
Sa peau était maintenant aussi blanche que la coquille de l'œuf. Ses taches de rousseur paraissaient ressortir de sa peau et ses yeux bleus étaient fatigués, quoique légèrement révulsés. Ils n'arrêtaient pas de se fermer, et Merida se sentait alors partir en arrière vers un abîme profond, mais alors, elle serrait de sa main sur bras ouvert. Une écharde de douleur la faisait revenir à la raison, et elle reprenait sa marche acharnée.
Un œuf. Un poussin. Une poule. Dans l'assiette.
« Pourquoi est-ce que je pense à ça… Je sais. J'ai faim. »
Oui, c'était bien la faim qui la tiraillait. Elle n'avait pas mangé depuis deux jours. Mais elle se rappelait très bien de son dernier repas : des poissons de la rivière du Feu, celle qui s'écoulait au pied des monts Embrasés.
Et quels poissons...
Son estomac fit entendre à la forêt son mécontentement, mais elle l'ignora et continua de marcher. La faim ne la tuerait pas, mais l'infection ou le manque de sang, si.
Tiens, et ça brûlait aussi. Le soleil s'infiltrait sournoisement entre les feuilles des arbres qui tentaient de protéger la mousse de ses rayons, qui retombaient en milles gouttes lumineuses de lumière dorée sur Merida, qui se sentait piquée de toutes parts par des aiguilles invincibles.
Des aiguilles.
(Du fil et une aiguille, du fil et une aiguille, du fil et une aiguille...)
Son estomac la torturait, son bras la lançait, sa tête palpitait, et maintenant, ses pensées mêmes étaient contre elle. C'était à en devenir folle.
Merida s'assit contre un arbre particulièrement moussu et reprit son souffle. Elle n'arrivait toujours pas à se défaire de ces pensées idiotes, avec l'œuf, puis les poissons, un petit poussin et une aiguille... Il devait bien avoir un lien entre ces trois-là, non ? Trois... non, ils étaient quatre.
« Quatre comme les doigts de la main »
Elle tendit sa main droite dont la blancheur la fit frissonner. Y avait-il bien quatre doigts ou sa vision lui jouait des tours ?
Récapitulons.
Bras : méchamment transpercé.
Sang : en manque sérieux.
Estomac : en grondement permanent.
Vision : floue.
Esprit : dérangé.
Œuf : dans sa coquille.
- Qu'est-ce que je raconte, moi... murmura Merida d'une voix éteinte.
Sa vue devint alors plus claire alors qu'elle battait des paupières. Alors, elle sourit.
Elle y était finalement arrivée. À la rivière.
Elle était comme dans son souvenir. Verte et bleue. Ruisselante mais sèche. Magnifique. L'eau regorgeait de poissons frétillants. Les algues s'accrochaient désespérément à la roche infiniment présente dans l'eau, alors que le courant entraînait bois, rocaille, ou tout autre élément inanimé et trop faible pour pouvoir affronter l'eau claire.
Merida resta un instant éblouie par le soleil, puis se releva faiblement, son bras droit toujours serré contre sa poitrine. Lentement, elle marcha, trébucha vers la rivière qui semblait l'appeler, charmeuse. La jeune fille ne s'embarrassa pas pour enlever ses bottes ; elle entra dans l'eau entièrement vêtue et laissa le sang disparaître dans l'eau claire. Elle trempa son bras également et se mordit la lèvre lorsque la douleur se fit plus vive, plus mordante.
Un poisson passa à côté d'elle. Elle le regarda un instant nager dans les plis de sa robe qui flottait au-dessus de l'eau et laissait montrer ses jambes ; puis elle tenta de l'attraper.
Évidemment, elle rata son coup. Geste faible. Précision exigüe. Aquaphile prompt.
Le poisson l'évita aisément et reprit sa nage, la narguant. Merida laissa échapper un soupir mécontent et le regarda qui s'enfuyait, ses écailles vertes teintées de bleu scintillantes sous le soleil de feu.
La faim se fit plus présente encore alors qu'il disparaissait entre les algues, et la jeune fille grogna sourdement.
- J'te ferai la peau, lança-t-elle à tout hasard.
Puis elle sortit de l'eau, s'ébrouant comme un animal. Son bras avait arrêté de saigner et elle ne ressentait étrangement plus aucune douleur, et elle osa regarder la plaie.
La chair avait été transpercée par l'épée, déchirant muscle, veines, et la blessure laissait entrevoir le blanc de l'os. Retenant un haut-le-cœur, Merida s'empressa de chercher herbes médicinales et tout ce qui pouvait servir de bandage. Elle recueillit de grosses feuilles bien vertes et se les plaqua contre le bras, les maintenant grâce à des tiges nouées entre elles.
Peut-être cela servait-il à quelque chose, peut-être que cela ne servait à rien ; ses compétences de ce domaine était quasiment nulles. Elle qui avait été élevée avec des soins omniprésents, la voilà qui se retrouvait dans la nature. Et cette fois, sans sa mère.
En pensant à maman, Merida sentit des larmes piquer ses yeux et elle les sécha vivement.
« Montre que tu es forte » se dit-elle. « Cache cela. Ne montre pas. »
Sa vision devint floue de nouveau, et ce n'était pas que de la faute de ses pleurs. La forêt autour d'elle flottait soudain dans les airs. La cime des arbres, dans le vent, touchait le ciel d'été.
Brutalement, sans prévenir, tout tourna.
Merida se sentit partir en arrière et rien ne put la retenir. Elle s'affaissa lourdement, son bras enroulé de feuilles bien serré contre sa poitrine, et ce fut pire. L'herbe devant ses yeux ondulait, passant de rouge à violet en un battement de cils, puis les yeux de la jeune fille se posèrent sur l'eau.
Merida poussa un gémissement et ferma ses yeux. La houle s'intensifia soudain et elle se sentit tomber. Mais elle était déjà allongée...
Elle tomba, donc. Tout était noir. Sombre. Une lumière. Rouge, sombre, puis vive, comme dorée, non, d'un bleu foudroyant. Oui, bleu. Comme les yeux de ses frères avant que leur lumière ne s'éteigne.
Elle chuta encore. Ses bras tentèrent de se raccrocher à la terre autour d'elle, ses doigts saisirent l'herbe sans la sentir. Paniquée, la jeune fille cria et s'agita désespérément. Son coude gauche heurta soudain une pierre. Une douleur aiguë remonta le long de son bras et elle hurla de plus belle. Le trou dans lequel elle tombait disparut brutalement et elle ouvrit les yeux, la respiration haletante, pour pousser un long gémissement de souffrance. Elle plaqua son bras contre sa poitrine, faisant remonter une autre flèche de douleur, et s'immobilisa brusquement.
Elle oublia bien vite sa souffrance et loucha alors sur le feu follet qui flottait paisiblement juste au-dessus de sa tête. Elle le suivit des yeux durant quelque secondes, tandis que l'être poussait des sortes de soupirs tout en répandant de son feu bleu et froid au bout du nez de Merida. La jeune fille, qui était alors tétanisée, sembla se réveiller et gémit longuement, sa blessure saignant sur sa robe. De sa main valide, elle tenta alors d'attraper le feu follet mais il disparut rapidement pour réapparaitre à ses pieds avec quelques-uns de ses amis.
Merida ferma étroitement ses lèvres
(Cache ta souffrance, ne montre pas tes faiblesses)
et s'appliqua à ne pas s'appuyer contre le sol pour se relever et, lentement, elle se redressa, tremblante de douleur, exténuée de fatigue. Elle fit un pas vers le feu follet le plus proche… qui disparut.
Elle se dirigea alors vers le prochain, boitant à moitié, qui imita son collègue.
Montrez-moi le chemin, souffla-t-elle aux êtres.
Nouveaux soupirs. Nouveaux arrivants. Nouveau passage. Nouveau destin.
Et celui-là, elle pouvait être sûre qu'elle le tiendrait fermement. Pour ne jamais le laisser tomber.
(On dit que les feux follets t'amènent vers ton destin, ma petite princesse. Y crois-tu ?)
Oh que oui, elle y croyait.
Même si maman avait oublié de préciser que le destin de certains pouvait être injuste.
.
Tout était si beau vu du haut. Tout était si pur, bien plus que la terre. Au moins, les nuages ne parlaient pas. Et le vent ne faisait que murmurer.
Tant qu'il ne hurlait pas, rien de fâcheux ne pouvait arriver.
Le Cauchemar volait toujours. Harold ne savait pas où ils se dirigeaient exactement, mais il savait qu'il avait dépassé les côtes. La mer avait disparu avec l'horizon, laissant loin derrière les îles vikings.
Vikings.
Harold savait qu'Astrid n'était pas morte de ses blessures. Du moins, pas immédiatement. Il l'avait vue, perché sur le toit de la bâtisse, sortir et s'effondrer à terre, agitée de spasmes incontrôlables. Ensuite, et encore une fois, sa vision s'était obscurcie.
Mais c'était pour une autre raison. Le feu était sorti de la gueule du Cauchemar, enflammant le bois, ravageant les corps, ultime enfer se déchaînant au pays des mortels. Thor ne veillait plus ; Loki s'occupait du monde, en compagnie de Widar, dieu de la Vengeance. Et d'Harold. Ne l'oublions pas.
Les flammes s'étaient reflétées dans ses yeux vert sombre, un sourire crispé avait illuminé son visage couvert de suie, tandis que le Cauchemar n'en avait plus pu de vomir sur le village entier, jusqu'à ce que chaque animal meurt, que chaque habitant crève, que chacun s'étouffe.
- Bonne nuit, Beurk, avait murmuré Harold.
Son Cauchemar et lui s'étaient envolés dans la lueur figée de l'espoir mourant.
Et le soleil avait embrassé la terre.
Tout tournait autour du soleil. Le Soleil. Lui et sa magnificence, sa lumière corrosive, ses rayons de chaleur. Harold était au-dessus de lui. Il voyait tout.
Tout.
Les vents s'étaient débattus ; quoi ? Nul vent ne s'escrimait au-dessus du monde.
La pluie s'était déchaînée ; excusez-moi ? Aucune pluie ne se montrait au-dessous des nuages.
Les éclairs avaient surgi ; répétez un peu pour voir. Jamais les éclairs n'offensaient un dieu.
Dieu.
Harold en était un, en ce moment précis. Le dieu des dieux. Il était de sang encore plus divin qu'Odin lui-même. Thor ne pouvait que s'agenouiller à ses pieds, Loki lui obéissait. Il était libre.
Où aller ? Question sans intérêt. Il ne savait pas où le Cauchemar l'emmenait. Au fin fond du monde, jusqu'à ce qu'ils crèvent et montent à Asgard. Pour régner sur les dieux...
Un hurlement du Cauchemar le fit émerger de sa torpeur. Harold jeta un regard en bas, n'aperçut que les millions de nuages blancs, puis ordonna au dragon de plonger.
Plonger au milieu des nuages, c'était comme de s'immerger dans une mer de glace. Une glace moelleuse, fondante. Mais gelée.
Ils traversèrent les nuages et en ressortirent trempés, mais le vent les sécha bien vite. Ils tombaient. Véritables boulets de canons.
Libérés.
Harold poussa un hurlement exalté mais n'ordonna pas au dragon de planer lorsque la terre se fit proche sous ses ailes.
Très proche.
Trop proche.
Ce ne fut que lorsque l'impact mortel se fit évident qu'il donna un bref coup de talon au ventre écaillé de la bête qui étendit violemment ses ailes de peau, les gonflant douloureusement alors que l'estomac d'Harold se trouvait déjà enterré cinq mètres plus bas. Le jeune adolescent poussa un cri bref. La chute avait été beaucoup trop rapide et la fin beaucoup trop courte pour qu'il puisse récupérer ses esprits rapidement il était sonné. Mais il se ressaisit bien vite et donna un nouveau coup de talon au Cauchemar.
- La prochaine fois, rappelle-moi de ne pas recommencer, d'accord Krokmou ?
Le dragon ne répondit pas, soit par volonté, soit parce qu'il n'avait pas entendu Harold. Ce dernier, soudainement choqué, tourna son regard vers sa main droite, l'observant attentivement, les yeux écarquillés.
Les ongles de sa main était trop courts, sûrement parce qu'il se les rongeait. Il trouvait ses doigts courts, malhabiles, ses lignes de main profondes et irrégulières.
Puis, sans prévenir, il leva haut sa main et se gifla violemment. Harold lâcha alors un long gémissement et plaqua une nouvelle fois sa paume contre sa joue rouge, avec la nette impression de s'être brisé la mâchoire.
- N'parle plus de Krokmou comme ça, tu m'as entendu… ? se murmura-t-il à lui-même, la voix déformée alors qu'une larme roulait sur son visage. Plus… jamais. Plus… lui…
Presque inconsciemment, il se gifla de nouveau, mais moins brutalement que la précédente fois. La joue palpitante, il ferma les yeux et laissa le dragon reprendre les commandes.
« Ne pense plus à lui. Il n'est plus là. Toi, tu es là. Alors arrête tes conneries et ouvre-les yeux. »
Il ordonna alors au dragon de monter en altitude.
.
Et Merida continuait de marcher.
.
Harold continuait de voler.
.
Tout autour d'elle, des feux follets flamboyaient, l'encerclant progressivement jusqu'à ce qu'elle ne sache plus où donner de la tête.
.
Tout autour de lui, les nuages se faisaient plus denses et l'enveloppaient d'un brouillard humide jusqu'à ce qu'il ne sache plus dans quelle direction il se dirigeait.
.
Les feux follets flamboyèrent une dernière fois, puis sa vision entière s'enflamma d'un feu bleuté. Elle ne se vit pas tomber.
.
Les nuages et le vent fouettaient son visage, faisant abondamment couler les larmes. Et, enfin, il les vit.
Le ciel.
L'univers.
Infinis.
Noir d'encre.