Me revoilà avec un OS encore basé sur un coup de tête. Celui-là prend place trois ans après mon premier OS, durant la chanson "Le Renouveau", mais j'y ai développé des choses.
J'espère que vous aimerez, et n'oubliez pas : j'ai quelque chose pour vous à la fin ;)
Bonne lecture !
Souveraine sans peine...
Son regard bleu gelé affronta le cyan mordoré du gant, le jaugea sévèrement, testant, contrant cette idée absurde qui lui était venue par malchance dans son esprit solitaire.
"Quitte donc ton regard du gant et reviens à la cérémonie, nom de Dieu !"
Elle se mordit la lèvre inférieure qui était garnie de rouge à lèvres violet sombre, ferma ses yeux étincelants, soupira.
Lorsqu'elle les rouvrit, ce fut pour se diriger à pas tremblants vers la fenêtre de sa chambre. Le monde dehors affluait. Elle voyait tout cet amas de personnes grouillantes comme un tas de fourmis agglutinées à un pot de miel particulièrement appétissant ; le problème, c'était que le pot de miel, c'était elle.
Elle soupira une nouvelle fois, tenta de dissiper cette vision affreuse de ces gens en file indienne devant la lourde porte du château, espéra ne plus entendre leurs voix, rires, bousculades, chamailleries, disputes, calembredaines mais, bien évidemment, elle n'y parvint pas.
Elle détestait le bruit. Elle détestait le mouvement.
Non, c'était faux et elle le savait. Depuis toujours, elle avait adoré s'esclaffer bruyamment et sauter dans tous les coins du palais, tout comme sa sœur le faisait.
Anna... Que faisait-elle en ce moment même ? La connaissant, elle devait bien courir partout et hurler de joie. Peut-être même devait-elle se goinfrer de chocolat !
Ou peut-être pas. Peut-être Anna restait seule dans sa chambre, tout comme Elsa, appréhendant la journée d'aujourd'hui. Depuis le temps qu'elles ne s'étaient pas touchées, ni vues... Les choses avaient dû changer.
Elsa se retira de ses pensées moroses et se donna une gifle mentale. Elle sentait son cœur devenir douloureux lorsqu'elle pensait à elle. Anna.
Elle ne savait pas ce que ce sentiment signifiait. Mais elle savait que c'était puissant.
Pas assez pour l'emporter sur ce fardeau, néanmoins.
Elle regarda une dernière fois la foule sous ses yeux puis tourna le dos à la fenêtre.
- Cache tes pouvoirs... récita-t-elle mécaniquement, ses bras enserrées autour d'elle-même comme pour se donner plus de chaleur. Ne les montre pas...
Elle se mit lentement à faire les cent pas dans la pièce, son regard fixé sur le tapis en mousse sous ses pieds et le scrouitch scrouitch que produisait ce même tapis à chacun de ses pas résonnant dans ses oreilles. D'une main – d'un gant ! - fébrile, elle réattacha une mèche rebelle de son chignon strict. Toujours la même mèche pâle qui voulait quitter l'étau.
Son pouvoir était comme cette mèche. Rebelle.
Et elle devait le dompter.
Elle arrêta brutalement de faire les cent pas sur un dernier "reste la bonne fille qu'ils veulent que tu sois !" et posa les yeux sur le tableau à échelle humaine de son père.
Un infime sourire flotta sur ses lèvres. Mélancolique.
Qu'il était robuste. Fier, fort, beau. Qu'Elsa aurait voulu lui ressembler ! Son visage serein immobile dans la peinture semblait guetter l'avenir proche. Dans ses deux mains nues reposaient le sceptre royal et l'orbe d'or.
La même idée folle de tout à l'heure lui revint à l'esprit. Alors, sans même y réfléchir, elle enleva ses gants mordorés et les déposa sur le buffet sous la peinture du roi.
Oui, elle devait être comme lui et le serait.
Les mains tremblantes, les lèvres murmurant une dernière promesse qu'elle espérait de tout son cœur pouvoir tenir – reste sereine, garde ton sang-froid ! - elle saisit le chandelier et sa petite boîte à bijoux ronde.
Elle sentait le toucher frais des objets, le froid métallique du chandelier se répandait dans sa paume et la même sensation se déroulait sur son autre main. Au début, cela lui fut très étrange de tenir quelque chose avec ses mains nues, mais, peu à peu, elle s'y habitua et finit même par ne plus trembler.
Oui, elle allait y arriver. Elle devait y arriver, pour le roi, pour la reine, pour son père et sa mère.
(puis, soudainement, le pied d'Elsa glissa sur la glace et elle tomba brutalement en arrière, non loin du bonhomme de neige qui les regardait, serein. Elle leva alors les yeux au plafond pour voir sa sœur s'élancer dans le vide, inconsciente du danger. Elle ne réfléchit pas. Sa main se tendit brusquement comme un élan désespéré pour rattraper Anna, et)
le chandelier s'écrasa dans la mousse du sol et la boîte à bijoux se brisa en un fracas assourdissant. Elsa lâcha un cri surpris et recula immédiatement, ses deux mains à présent aussi froides que la mort blotties contre son cœur. Le givre intriguant répandu sur les objets fracassés s'étala dans le tapis, puis se forma comme une sorte de mini-patinoire intérieure. La glace commençait à recouvrir les murs lorsqu'Elsa, terrifiée, brandit ses mains en avant comme pour stopper le désastre.
- NE RESSENT PAS ! hurla-t-elle, paupières fermement closes et cœur affolé.
.
Anna, en vérité, était fort heureuse. Non, pas cet adjectif, il n'est pas suffisamment puissant. Disons qu'elle était ravie, enchantée, éblouie, émerveillée, excitée, absolument folle de ce qui allait arriver.
Les gardes allaient ouvrir les portes ! Pour la première fois depuis... depuis... environ quinze ans, peut-être. Elle avait perdu la notion de temps.
- Je vais pouvoir DANSER ! hurla-t-elle en sautant sur la rambarde de l'escalier et en le dégringolant quatre à quatre, tout en manquant de marcher sur sa robe (ce qui aurait sûrement provoqué sa mort).
Mais Anna s'en fichait cordialement et reprit son équilibre avec une aisance qui témoignait de son habitude à tomber et se relever. Elle déboula en face de la grande statue – Adam, l'avait-elle nommé -, la salua d'un geste guilleret de sa main rose. Elle ne prit pas le temps de souffler qu'elle était déjà à la fenêtre, ses yeux bleu pétillants de joie tandis qu'elle scrutait le moindre navire sur le fleuve d'Arendelle.
- Les invités arrivent ! cria-t-elle à une servante qui passait par là.
La femme n'eut pas le temps de répondre qu'Anna s'était déjà précipitée dans le couloir particulièrement long et, lui semblait-il, indéfini, qui menait à la chambre de sa sœur.
Elle glissa avec légèreté sur le marbre étincelant, pour se poser en douceur pile poil devant la porte d'Elsa.
Deux coups secs à la porte lui semblaient largement suffisants, puis elle entrerait de force, "Va-t-'en Anna" ou pas "Va-t-'en Anna", se dit-elle.
Elle n'en eut guère le temps.
Un bruit de verre brisé et d'objet lourd tombant au sol se fit entendre depuis l'intérieur de la chambre de sa grande sœur, et, surprise, elle colla son oreille à la porte pour écouter la voix d'Elsa, paniquée mais impétueuse, hurler :
- NE RESSENT PAS !
Hébétée, Anna colla de plus belle son oreille rouge d'excitation contre le bois précieux, mais elle n'entendit plus rien.
Silence.
Sinistre.
Silence sinistre.
Puis le scrouitch scrouitch du tapis moussu revint et elle fut d'autant plus surprise que sa sœur se parlait à elle-même.
- Tout doit bien se passer durant cette cérémonie. Je serais reine. Je serais sereine. Souveraine sans peine. Tout va bien se passer. Tout doit bien se passer. Sans gel, sans glace, ni sentiments. Sereine. Sans peine. Mon règne... alors je dois me contrôler !
Anna décida alors qu'elle en avait assez entendu et frappa à la porte. Trois coups résonnèrent, légers, et un silence de mort s'imposa brutalement.
Elle hésita à élever la voix. Et le fit.
- Elsa ? fit-elle, la voix chevrotante. Je... heu... b-bonjour... je pense ?
Elle n'osa alors plus parler de peur que son inquiétude ne la trahisse, et adopta un silence confus en réponse à celui, pesant, que soupesait Elsa dans sa chambre.
La future reine resta un instant figée de stupeur, partagée entre l'envie de répondre à sa sœur et sa peur de ne devoir ouvrir cette porte. Ouvrir la porte.
Elle ne répondit pas.
Anna, de l'autre côté de cette porte qu'elle aurait adoré détruire à coup de pieds, baissa les yeux au fur et à mesure des secondes qui passaient sans réponse.
Alors, elle tourna les talons.
Comme elle l'avait toujours fait.
J'espère que vous avez aimé ! :D
J'ai quelque chose à vous demander, mes chers. D'important, primordial : que dois-je faire pour la suite ? Car ce ne sont que des OS que j'invente à moitié en me basant sur le film. Mais je peux aussi raconter ce qu'il s'est passé avant ou après le film ! Mais je n'ai pas d'idées.
Mettez votre ressenti de cet OS dans votre review et ce que vous voulez que j'écrive dans la même review !
Attention : je ne pourrais pas accepter la demande du couple Elsanna. Je suis définitivement contre. Sinon, je suis ouverte à tout, surtout au Kristanna (cuuuuties ! :D)
Bonne soirée ! ;)